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La souveraineté de l'état et l'integration sous-regionale en Afrique centrale : le cas de la CEMAC

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par Anderson OUAMBA-DIASSIVY
Université de YAOUNDE II - Institut des Relations Internationales du Cameroun (IRIC) Stage Diplomatique (Master I) - Master I 2009
  

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INTRODUCTION GENERALE

L'analyse de la Société Internationale révèle que celle-ci est composée de plusieurs acteurs parmi lesquels les Etats qui entretiennent des relations entre eux d'une part et avec les autres acteurs de ladite société d'autre part. L'Etat est donc l'acteur principal ou primordial selon que l'on s'inspire de certaines théories des relations internationales ou un acteur essentiel ou régulateur pour d'autres.

L'Etat, perçu comme la forme la plus évidente du pouvoir, classiquement, peut donc être défini à partir de ses éléments constitutifs à savoir : un territoire, une population, un gouvernement souverain et reconnu par la communauté internationale. L'État est une des formes d'organisation politique et juridique d'une société (en tant que communauté de citoyens ou de sujets) ou d'un pays et sa légitimité repose sur la Souveraineté (du peuple ou de la nation par exemple).

La Souveraineté est un critère reconnu à l'Etat. Ce critère peut être récusé à une entité territoriale dépendant d'une autre. C'est ce qui a conduit la doctrine à la considérer comme le synonyme de l'indépendance politique1(*). Toute entité à laquelle est attribué le qualificatif d'« Etat » peut ne pas être souveraine par absence de la personnalité morale sur la scène internationale, corollaire de cette indépendance. Cette Souveraineté systématisée en Occident, en l'occurrence sur le vieux continent, a été exportée de par le monde dans toutes ses conquêtes. « La Souveraineté est la puissance absolue et perpétuelle d'une République2(*) ».

Dans les régimes despotiques, la Souveraineté est le plus souvent détenue par un seul homme. Dans les démocraties, elle est détenue par le peuple, constitué en un corps politique, la nation : on parle dès lors de Souveraineté nationale.

La dimension du pouvoir despotique de l'État est pour ce faire la plus manifeste en Afrique. Dans tous les pays africains, il existe un centre qui engage l'essentiel des moyens de contrainte physique légale. Autrement dit, les forces armées, les forces de l'ordre et les services de sécurité dépendent de ce centre de commandement connu sous l'appellation d'État. Avec l'amorce du processus de démocratisation en Afrique, le contrôle du pouvoir despotique est plus que jamais l'enjeu de nombreux tiraillements au sein des classes dirigeantes des pays africains. Ce moyen permet effectivement aux dirigeants de mater les manifestations populaires lorsque celles-ci leur paraissent porter atteinte à leurs propres intérêts.

Le pouvoir despotique de l'Etat se doit d'être complété par la dimension normative de l'Etat. En clair, il s'agit pour l'Etat d'élaborer les normes devant régir la vie dans la société en même temps qu'il se charge de faire respecter les règles ainsi édictées. Il arrive parfois que les dirigeants légifèrent essentiellement dans le sens favorable à leurs propres intérêts et ce, au détriment de l'intérêt général. Penser par exemple aux dispositions légales ou réglementaires tendant à assurer une plus large protection des dignitaires du régime devant la justice ou encore celles qui leur accordent des avantages fiscaux. Dans ce cas, le rôle normatif de l'Etat est en quelque sorte détourné au profit des animateurs de l'appareil étatique.

La problématique de la Souveraineté des Etats d'Afrique, et plus précisément, celle des Etats de la zone CEMAC est de mise dans cette étude. En effet, ces Etats sont pour près de 90% des anciennes colonies françaises. Leur Souveraineté, découlant du processus de décolonisation, semble être une forme d'Etat importé. Le processus de la mondialisation, qui fait de nos jours, de plus en plus, l'objet de plusieurs débats, entraîne les Etats du sud dans un cercle vicieux, dans lequel, d'ailleurs, ils y sont depuis la période postcoloniale. Comme le souligne Bertrand BADIE, dans son ouvrage intitulé l'Etat importé, il est aisé de constater que « le processus de la mondialisation marque en fait les limites en laissant apparaître plusieurs inconséquences : activant l'importation des modèles occidentaux dans les sociétés du Sud, il en révèle l'inadéquation ; incitant les sociétés périphériques à s'adapter, il suscite des espoirs d'innovation tout en risquant de les tromper ; précipitant l'unification du monde, il encourage la renaissance et l'affirmation des individualités ; dotant l'ordre international d'un centre de pouvoir plus structuré que jamais, il tend à le conflictualiser davantage. En cherchant à mettre un terme à l'Histoire, il lui redonne soudain des sens multiples et contradictoires.3(*) ». Cette assertion explicite la manière dont est calqué le modèle étatique des pays africains en général et ceux de la zone CEMAC en particulier.

En Afrique, et plus précisément en zone CEMAC, on constate une accaparation de la Souveraineté de l'Etat par le pouvoir exécutif, plus particulièrement par le Chef de l'Etat. En effet, la zone CEMAC est l'une des zones au monde dans laquelle l'histoire du pouvoir politique est celle de sa confiscation, de sa privatisation et de sa sacralisation par un individu ou groupe d'individus. On y retrouve des Chefs d'Etat qui cherchent à « s'éterniser » au pouvoir, manipulant la constitution à leur guise, ayant une influence considérable sur les autres pouvoirs d'un Etat, outre le pouvoir exécutif (pouvoirs législatif et judiciaire voire même les médias qui semblent être le quatrième pouvoir). Dans ces Etats, le Chef de l'Etat semble incarner en lui seul la Souveraineté de l'Etat sinon l'Etat-même.

Au lendemain des indépendances, les pays africains adoptèrent la forme d'organisation de leurs anciennes métropoles : l'État. Deux arguments expliquaient ce choix. D'une part, les pays africains comptaient sur l'assistance de leurs anciennes métropoles pour pouvoir installer et surtout maîtriser l'État naissant. D'autre part, les organisations internationales (ONU, Banque Mondiale, FMI, etc.) ne reconnaissent d'autres acteurs que les États. Alors pour participer à la vie de ces organisations, les pays africains étaient obligés d'adopter l'État. Cette participation leur permettait par ailleurs de défendre leur Souveraineté internationale, longtemps défendue et sauvegardée individuellement par les Etats africains. Ceux-ci, optant pour un mimétisme et un suivisme de leurs anciennes métropoles, vont prendre conscience de la défense de leur Souveraineté de manière collective.

Face aux différents enjeux qui se présentent à eux, il est récurrent, de nos jours, que les Etats soient contraints de se regrouper en union, en communauté ; bref en des organisations tant régionales que sous-régionales en vue de faire un bloc en commun et défendre ensemble leurs intérêts communs. C'est le cas des Etats africains regroupés pour former l'Union Africaine (UA). Et plus restrictivement les Etats d'Afrique Centrale ayant une monnaie unique qu'est le Franc CFA (Coopération Financière d'Afrique) et pour l'essentiel ayant en commun une même métropole qu'est la France, par conséquent une même langue officielle, le français (au moins pour les trois quart de ces Etats), en une Communauté Monétaire des Etats d'Afrique Centrale (CEMAC). Pour ce faire, les Etats membres de ladite Communauté, dans le prolongement de l'action de l'Union Douanière et Économique de l'Afrique Centrale (UDEAC) et dans le souci de consolider les relations entre eux et d'accroître la côte part de la sous région sur la scène internationale, se voient l'obligation d'accélérer les mécanismes qui conduiraient à une intégration sous-régionale digne d'elle.

Aussi, l'intégration comme moyen susceptible de lutter contre la pauvreté des populations de la sous-région repose sur le développement économique qui renferme trois composantes : la libre circulation des biens, celle des capitaux et des paiements et la libre circulation des personnes. Cela n'est envisageable que par l'interaction des différents acteurs présents dans la sous-région. Mais, au regard de la place de choix qu'occupent les Etats, il est vraisemblable que le monopole lui revient de mettre en oeuvre tous les mécanismes nécessaires à l'effectivité de ladite intégration.

Seulement, force est de constater que l'intégration sous-régionale en zone CEMAC semble emboîter le pas d'« escargot » car en fait, au regard des autres communautés ou unions monétaires, à l'instar de l'Union Economique et Monétaire Ouest africain (UEMOA), nous constatons un grand retard de la part de la CEMAC tant au niveau de la circulation des personnes et des biens qu'au niveau des politiques sous-régionales communes. Laquelle Communauté constitue l'objet de notre étude.

I. Objet de l'étude

Conservant les liens qui les unissaient sous l'Administration coloniale, les Etats de la Centrafrique, du Congo, du Gabon et du Tchad vont créer en juin 1959, l'Union Douanière Equatoriale (UDE) à laquelle adhérera en 1961 l'Etat du Cameroun.

Dès leur accession à l'indépendance, certains pays d'Afrique Centrale (Cameroun, République Centrafricaine, Congo, Gabon et Tchad) prennent conscience de créer une institution de coopération régionale. A ce titre, ils signent le 08 décembre 1964 le Traité instituant l'UDEAC. Par la suite, les 22 et 23 novembre 1972, ces États signent deux conventions de coopération monétaire, l'une entre eux, l'autre avec la France, et se dotent ainsi d'une monnaie commune (le franc de la coopération financière en Afrique). La Guinée Equatoriale adhère à l'UDEAC le 1er janvier 1985, devenant ainsi le sixième membre.

La coopération monétaire a fonctionné à la satisfaction des États membres, mais elle est restée déconnectée de la coopération économique. En effet, le bilan de trente années de coopération sous l'enseigne de l'UDEAC paraît modeste et les États membres doivent faire face à de nouveaux défis internationaux. Dans cette optique, la CEMAC, qui remplace l'UDEAC, voit le jour le 16 mars 1994 à N'djamena. Les Chefs d'État et de gouvernement des pays membres, ont officiellement lancé les activités de la Communauté Économique et Monétaire de l'Afrique Centrale le 25 juin 1999, avec la nomination des responsables des divers organes créés et l'adoption d'un plan d'action dit « Déclaration de Malabo ».

Depuis le lancement officiel des activités de la CEMAC, cette union ne semble pas prendre son envol pour multiples causes évoquées, parmi lesquelles on citerait les égoïsmes des Chefs d'Etat, les obstacles forestiers qui empêchent la connexion des différentes capitales des Etats membres devant favoriser la libre circulation des personnes et des biens. La Souveraineté des Etats d'Afrique Centrale constitue également un véritable frein au processus d'intégration.

Notre étude prétend donc à analyser les alentours de ces égoïsmes, les raisons des Etats et leurs motivations à être égoïstes ou à faire prévaloir leur intégrité et leur Souveraineté au détriment de la sous région. D'où le thème : « la Souveraineté de l'Etat et l'intégration sous-régionale en Afrique Centrale : cas de la CEMAC».

II. Intérêt, motivation et Objectif de l'étude

Le processus d'intégration en zone CEMAC est la première des intégrations enregistrées en Afrique. En effet, de par ses diverses facettes qu'elle a revêtues, cette intégration ne semble pas se concrétiser pour diverses causes. L'enjeu d'un regroupement des Etats d'Afrique Centrale ayant en commun une même monnaie qu'est le Franc CFA est majeur, car plusieurs acteurs interagissent tant pour l'aboutissement que le ralentissement et/ou le freinage de ladite intégration. C'est dans cette optique qu'une réflexion approfondie sur ce phénomène est intéressante, surtout à une époque où la mondialisation bat son plein et la course au regroupement est accélérée à l'instar de l'Union Européenne (UE). Il est donc indispensable de pendre conscience des enjeux que comporterait la mise effective sur orbite de la CEMAC sur la scène internationale.

Cette étude invite tant les responsables, dirigeants ou personnalités influentes que les populations de la zone CEMAC à une rétrospection quant à la volonté de s'intégrer.

Par ailleurs, cette étude nous interpelle personnellement. En effet, nous terminons notre formation à l'IRIC en Stage Diplomatique et la maîtrise des enjeux inhérents au processus d'intégration en zone CEMAC s'impose à nous, afin de répondre efficacement aux nombreuses exigences qui jalonneront notre parcours professionnel. De même, au regard de notre appartenance à la sous-région et en rapport avec nos emplois antérieurs qui consistaient à porter une étude sur le processus d'intégration en Afrique Centrale ainsi que ceux dans l'avenir, les motivations sont immenses en vue de mieux appréhender cette intégration dans la CEMAC en qui la réalisation semble être problématique.

L'objectif de l'étude s'agit ici, pour nous, de répondre, avec les outils des sciences sociales et en prenant appui, autant que faire se peut, sur des observations directes et indirectes, aux questionnements soulevés par les obstacles au processus d'intégration en zone CEMAC. Lesquels obstacles sont tant objectifs que subjectifs. La problématique de l'intégration en zone CEMAC étant d'actualité, nombre d'ouvrages, articles et bien d'autres documents scientifiques furent réalisés et d'autres sont en cours de réalisation en vue de stigmatiser lesdits obstacles. Dans la perspective de mieux assermenter notre étude, nous nous proposons de passer en revue quelques ouvrages que nous avons eu l'occasion de consulter, la liste n'étant sans doute pas exhaustive.

III. Revue de la littérature

Il s'agit de faire un tour d'horizon sur les études portant sur le processus d'intégration dans la zone CEMAC. En effet, force est de constater qu'au regard de l'encours même de la question, la problématique sur l'intégration en zone CEMAC recense une très peu abondante littérature. A cet effet, au nombre d'ouvrages consultés, nous avons celui écrit par Jean-François BAYART, « L'Etat en Afrique » qui mène une analyse sur les groupes sociaux qui se disputent l'Etat postcolonial et des différents scénarios qui ont prévalu depuis la proclamation des indépendances en vue d'avancer des hypothèses neuves sur : la formation d'une classe dominante, la dépendance des sociétés africaines vis-à-vis de leur environnement international, la place déterminante en leur sein des stratégies individuelles et des modes populaires d'action politique, l'importance des réseaux d'influence et des territoires historiques dans le déroulement des conflits, la récurrence des conduites, souvent religieuses, de dissidences sociales, et l'émergence de cultures politiques originales. De même, le livre de Bernard BADIE intitulé « L'Etat importé, l'occidentalisation de l'ordre politique » ou l'ouvrage écrit par Philippe HUGON « Géopolitique de l'Afrique », ouvrages qui nous relatent la forme et le type d'Etat qu'on retrouve en Afrique et donc en zone CEMAC.

Une autre catégorie d'ouvrages nous a permis d'appréhender le processus d'intégration en zone CEMAC. Entre autres, nous avons le livre écrit par Alain BECART intitulé « Intégration et Développement : Bilan et Perspectives de la zone Franc en Afrique », ou encore l'oeuvre de Marc-Louis ROPIVIA intitulé « Géopolitique de l'intégration en Afrique », ouvrage qui examine d'abord les carences conceptuelles et méthodologiques, puis déconstruit les postulats sur la base desquels les premières élites dirigeantes et intellectuelles avaient voulu édifier l'unification politique de l'Afrique noire.

Une plus ample compréhension de la problématique de la CEMAC nous a été possible grâce à la consultation de certains ouvrages concernant directement le processus d'intégration en Afrique Centrale (CEMAC). Au titre de cette catégorie, nous pouvons citer le livre de Daniel ABWA « Dynamique d'intégration Régionale en Afrique Centrale », en deux (2) Tomes. Cet ouvrage fait la synthèse des travaux de réflexion réalisés par des scientifiques des universités d'Afrique centrale, en vue d'aider les décideurs à prendre des options positives pour une intégration africaine ou une unité africaine. L'intégration régionale est en effet chose trop sérieuse pour être laissée aux mains des seuls politiques. Dans cet ouvrage, il est question de répondre à nombre de questions que l'on pourrait se poser à perpétuité sur l'Afrique centrale : l'Afrique centrale dispose-t-elle d'atouts historiques, physiques et humains pour réaliser son intégration régionale ? Quels en sont les obstacles ? Quel bilan peut-on faire des 35 années de l'UDEAC ? Quelles solutions peut-on proposer pour une meilleure intégration régionale en Afrique centrale ?

Nous avons aussi le livre de HAKIM BEN HAMMOUDA, « L'Intégration régionale en Afrique centrale. Bilan et Perspectives ». Cet ouvrage constitue une contribution à la réflexion sur les questions d'intégration régionale en Afrique Centrale. Il reprend les travaux du Bureau de l'Afrique Centrale de la Commission Economique des Nations Unies pour l'Afrique qui a appuyé le processus d'intégration dans la sous-région. Nous pouvons citer également les ouvrages comme « L'Afrique Centrale » de Philippe DECRAENE, « Les Avatars de l'Etat en Afrique » de GEMDEV, « La Zone Franc à l'heure de l'Euro » de Philippe HUGON, « La Question de la Souveraineté. Droit naturel et contrat social » de Robert LEGROS ou « L'Intégration économique. Les Enjeux pour l'Afrique Centrale » de Claude NKODIA. Ouvrages qui nous ont permis d'aborder notre étude.

Cependant, force est de remarquer que tous ces ouvrages ne relatent pas la vrai corrélation qu'il y ait entre la Souveraineté de l'Etat, l'égoïsme des Chefs d'Etat et le processus d'intégration en zone CEMAC. Ainsi s'articule le dépassement de notre centre d'intérêt dans cette étude. Outre quelques travaux et revues sur la question, la particularité de notre recherche réside dans l'explication, l'analyse même de ce qui lie la Souveraineté des Etats et le processus d'intégration en zone CEMAC. Afin de réaliser cet objectif, il sied de poser la problématique générale de l'étude.

IV. Problématique

Contrairement à l'UEMOA qui bat son plein et avance dans le bon sens dans son processus d'intégration, la CEMAC, elle, marche à « pas d'escargot », d'autant plus que son intégration, malgré les changements des différents modes de gestion, ne semble pas évoluer.

De ce fait, ne peut-on pas envisager une autre lecture du processus d'intégration dans la zone CEMAC en mettant l'accent sur le mode de renonciation d'une partie de la Souveraineté des Etats membres de la CEMAC ? Dans cette optique, existe-t-il concrètement un lien entre l'égoïsme de ces derniers et le retard au processus d'intégration en zone CEMAC ? En d'autres termes, les obstacles inhérents à ce processus d'intégration ne peuvent-ils pas être levés par d'autres moyens ? Comme nous pouvons le voir, une telle problématique doit reposer sur des hypothèses précises.

V. Hypothèses

Ce sont des réponses provisoires aux questions fondamentales de la recherche. Celles-ci pourront être confirmées ou infirmées au terme d'une analyse approfondie des faits. Les hypothèses de cette étude se déclinent ainsi qu'il suit :

1. Le processus d'intégration en zone CEMAC aurait du mal à suivre son chemin car en fait, les Etats de la sous-région ont la ferme crainte quant à la cession d'une partie de leur Souveraineté d'une part, et d'autre part en fonction de leur mode de gestion respectifs tout en étant des véritables chasses-gardées des anciennes métropoles. Ils développent une forme d'égoïsme subjective et personnelle au détriment du bien-être de la population de leurs pays et par conséquent de la sous-région.

2. Les obstacles à l'intégration sous-régionale en Afrique centrale, et précisément en zone CEMAC, ne sauraient être seulement le simple fait du refus à la renonciation d'une partie de la Souveraineté des Etats membres mais aussi l'absence d'une véritable conscientisation des peuples et des brassages culturels. Plus encore, l'hypothèse selon laquelle une certaine maniaquerie des responsables et grands hommes de décision de la sous-région envers les idéologies des anciennes métropoles.

VI. Choix Théoriques

Ce sont les diverses théories qui seront convoquées pour analyser cette problématique au processus d'intégration dans la zone CEMAC dans la mesure où elles montrent les diverses facettes d'une seule réalité faite à la fois, à l'instar de toute réalité sociale, d'harmonie et de conflit, d'équilibre et de changement. Étant donné que les acteurs dont il faudra décrire les comportements sont des Etats, nous feront appel à la théorie réaliste pour illustrer notre propos.

1. Le réalisme

Le réalisme est l'approche traditionnelle des relations internationales. Elle privilégie l'Etat et en fait l'acteur essentiel, voire exclusif4(*), de la Société Internationale. Dans cette perspective ouverte par l'Etat et ses gouvernants, les relations internationales se définissent comme des relations entre sociétés politiques organisées dans le cadre d'un territoire déterminé. Parallèlement, l'histoire diplomatique est réduite à l'histoire des relations entre Etats.

La scène internationale reste encore, en bien des points, tributaire de la marque des acteurs étatiques. Ils sont affaiblis certes, mais ils restent incontournables5(*). Le réalisme permettra de comprendre le comportement et le positionnement de certains Etats quant à la préservation de leur Souveraineté nationale au détriment de la sous-région. Toutefois, bien circonscrire le cadre théorique de cette étude passe aussi par la conceptualisation d'une méthodologie.

VII. Méthodologie

Notre cheminement a alterné réflexion théorique et travail empirique. Nous ne nous sommes pas dispensés de faire l'économie de tout ce qui jusqu'à présent est su sur le processus d'intégration en zone CEMAC. Nous nous sommes appuyés pour cela sur deux types de supports.

Le premier, essentiellement des documents, est composé d'une part des ouvrages généraux, des traités et additifs, des règlements et directives de la CEMAC, des comptes rendus et des communiqués finaux des rencontres de la CEMAC, et les travaux académiques. Le second est constitué des sources électroniques : Internet, les bases de données spécialisées, notamment celles de la Commission de la CEMAC et autres supports.

Au-delà des supports sus-cités, nous nous sommes appuyés également sur nos propres réflexions et expériences professionnelles pour comprendre ce phénomène.

VIII. Plan

L'ossature de ce travail est binaire, chaque partie comprenant deux chapitres. La première partie, mettant l'accent sur la corrélation entre les Etats et le processus d'intégration en zone CEMAC, analyse d'une part, la spécificité de la Souveraineté des Etats d'Afrique Centrale, notamment ceux de la zone CEMAC en y évoquant leurs limites, et d'autre part, étudie le processus même de l'intégration en zone CEMAC en faisant une historicité du passage de l'UDEAC à la CEMAC, de même qu'une présentation et un état des lieux. Dans une seconde partie analysant la CEMAC et les politiques internes de ses Etats membres, nous porterons notre étude dans un premier chapitre, sur l'éventuel rôle que jouerait l'égoïsme des Etats membres de la CEMAC et, dans un second chapitre, nous nous focaliserons sur la problématique de l'intégration sous-régionale ainsi que sur les perspectives d'une véritable intégration dans ladite zone.

PREMIERE PARTIE :

LES ETATS ET L'INTEGRATION EN AFRIQUE CENTRALE

Pour la plupart des Etats d'Afrique et plus précisément ceux de la CEMAC, il est à noter que leur création fait suite à une décolonisation. Cependant, il existe une particularité dans ces nouveaux Etats (Cameroun, Centrafrique, Congo, Gabon, Guinée Equatoriale et Tchad) nés au lendemain des indépendances, qui se regroupent en une Communauté par le biais d'une monnaie unique qu'est le Franc CFA (monnaie à essence coloniale).

Depuis sa création, force est de constater que, malgré qu'elle soit l'une des Communautés la plus ancienne, la CEMAC ne semble pas réaliser tout au moins ses objectifs. Elle tarde à se concrétiser ou à s'affirmer. Elle demeure l'une des intégrations les moins effectives.

Pour ce faire, peut-on assimiler cette non-effectivité à l'altérité des Etats membres de ladite Communauté ? Ou peut-on croire que c'est du fait du bornage de la Souveraineté de ces Etats ? Ou encore, est-ce le mode de gestion de cette Institution avec ces diverses facettes (UDEAC hier et CEMAC aujourd'hui) qui favorise ce ralentissement ?

Répondre à cette série d'interrogations passera d'abord par l'étude et l'historicité de la Souveraineté de ces Etats regroupés au sein de la CEMAC de manière générale en vue de mieux appréhender la spécificité de la Souveraineté de ces Etats ainsi que les exceptions à cette dernière (chapitre I). Cette réponse ne saurait expliquer à elle seule ce phénomène. Il nous revient aussi le soin d'expliciter ce que l'on entend par « CEMAC » dans la perspective de montrer la différenciation dans ses diverses facettes (passage de l'UDEAC à la CEMAC ou du Secrétariat Général de la CEMAC à la Commission, etc.) et faire un état des lieux du processus d'intégration dans la zone CEMAC (chapitre II).

* 1 J. Combacou et S.Sur, Droit International Public, 2ème éd. Paris, Mont chrétien, 1995, p. 23.

* 2 J. Bodin, Les Six Livres de la République, Reproduction de l'édition de Lyon: de l'imprimerie de Jean de Tournes, 1579, 759 p. (BNF, Gallica, mode image, format PDF)

* 3 B. Badié, L'Etat importé, Paris, Fayard, 1992, p.10

* 4 A. Gazano, Les Relations internationales : les données, les acteurs et les règles, les enjeux et les défis, Paris, Gualino Editeur, 2001, pp : 22-23 ; également P. Braillard, M.-R. Djalili, Les Relations Internationales, Paris, PUF, 1988, p. 51.

* 5 B. Jacqhier, Relations internationales. Les Acteurs du système international, T. 1, Grenoble, PUG, 1993, p. 139.

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