WOW !! MUCH LOVE ! SO WORLD PEACE !
Fond bitcoin pour l'amélioration du site: 1memzGeKS7CB3ECNkzSn2qHwxU6NZoJ8o
  Dogecoin (tips/pourboires): DCLoo9Dd4qECqpMLurdgGnaoqbftj16Nvp


Home | Publier un mémoire | Une page au hasard

 > 

Implications du clientélisme politique dans la gestion du port autonome de Cotonou

( Télécharger le fichier original )
par Mathieu SAHGUI
Université d'Abomey-Calavi, Bénin - Maitrise de Socio-Anthropologie 2009
  

précédent sommaire suivant

Bitcoin is a swarm of cyber hornets serving the goddess of wisdom, feeding on the fire of truth, exponentially growing ever smarter, faster, and stronger behind a wall of encrypted energy

Chapitre I :

Construction théorique

I - 1. Problématique 

Entreprise publique, le Port Autonome de Cotonou n'échappe pas à la "culture politicienne1(*)" en cours au Bénin. Dès son élection et après son investiture en avril 2006, le Président de la République a nommé expressément un nouveau DG au Port Autonome de Cotonou. Quelques mois plus tard, celui-ci est limogé. Un autre est nommé mais il ne passera pas plus de sept mois à la tête de l'entreprise. En moins de deux ans, trois directeurs généraux se sont succédé à la tête de l'entreprise publique. Pour un pays dont les recettes sont essentiellement fiscales, une telle instabilité ne permet pas d'atteindre la performance économique tant prônée. Déjà cité parmi «les principaux lieux d'institutionnalisation de la corruption au Bénin » (Bako-Arifari, 2001 : 38), le Port Autonome de Cotonou vient de battre le record d'instabilité jamais atteint auparavant. Comment faire du Port de Cotonou, un port de référence en Afrique si sa gestion laisse à désirer2(*). Qu'est-ce qui justifie cela ?

Une fois nommé, le Directeur Général du Port Autonome de Cotonou forme son cabinet. Les agents ne sont pas toujours promus en fonction de leurs compétences, mais plutôt en fonction de leurs affinités avec le pouvoir. Ils sont parfois nommés en fonction de ce qu'ils peuvent apporter aux gouvernants en termes d'audience politique et non en fonction de ce qu'ils peuvent apporter au pays. Une fois nommé, le Directeur Général se doit de faire la politique du pouvoir en place. On assiste alors à des meetings de soutien aux actions du gouvernement. Ainsi, le DG doit tout faire pour, en ce qui le concerne, satisfaire à tous les moindres désirs des hommes politiques aux affaires. Et dans cette optique, la grande machine clientéliste s'installe, vu que « la politique, c'est le lieu d'acquisition de la fortune et du prestige, du pouvoir de distribuer des avantages sous la forme d'emplois, de marchés, de bourses, de dons en espèces, etc., à des parents et à des amis politiques (...) » (Tangri, 1982 :6). Des nominations sont faites à des postes stratégiques, des recrutements se font mais surtout sur des bases clientélistes. Il faut accumuler des ressources afin de pouvoir les redistribuer au cours des échéances électorales. Car c'est « la redistribution qui conditionne fortement les perceptions du pouvoir légitime » (Banégas, 2003 :449).

Etant donné que « la politique n'est plus un moyen d'accéder au pouvoir pour servir le peuple et l'Etat » et qu'elle est devenue « un moyen rapide pour devenir riche. » (Tangri, 1982 :5), les tentatives de lutte contre la corruption et le clientélisme n'y ont jamais rien changé.

Le président de la République en personne prend le Port comme sa première préoccupation. Il initie un séminaire gouvernemental sur la compétitivité du Port en 2007, quelques mois seulement après son accession à la magistrature suprême. De nombreuses fois, il s'est rendu au Port en visite de travail. Il a, accompagné des ministres et des "cadres compétents"3(*), effectué des voyages dans certaines grandes villes connues pour la réputation de leurs ports (Amsterdam, Singapour...) toujours dans le cadre de la modernisation du Port Autonome de Cotonou, afin de le rendre compétitif. Il ira plus loin lorsqu'il va créer un ministère chargé du transport maritime et de l'économie portuaire. Ainsi, d'énormes réformes sont engagées pour la modernisation du Port de Cotonou.

Malgré cette détermination politique du gouvernement, les résultats ne sont pas au rendez-vous. On assiste quelques fois à des dénonciations et murmures au sein des agents. Si dans son article sur la corruption à la douane, Bako-Arifari écrit : « En panne d'alternative, l'Etat est presque condamné à avaliser la situation en laissant fonctionner le port comme un espace d'autorégulation autonome, un « Etat d'illégalité dans un Etat légal » ayant sa propre production de normes parallèles et de substitution aux normes officielles » (Bako-Arifari, 2001 : 38), il est nécessaire de se poser la question de savoir ce qu' il en est du clientélisme politique au Port. Peut-on le concilier avec le désir du gouvernement de faire du Port de Cotonou une référence en Afrique ? Si non comment peut-il constituer un frein pour le développement du Port Autonome de Cotonou malgré cette détermination politique des autorités de tutelles ?

Les réponses à ces questions nécessitent des travaux empiriques, ce qui implique le recours à une démarche méthodologique. C'est à cet effet que des hypothèses de travail sont formulées comme suit : 

* 1 -ce que nous entendons par culture politicienne est le fait que les nominations et embauches répondent aux questions : qu'est-ce qu'il peut m'apporter ? En quoi me serait -il utile ? Et non qu'est - ce qu'il peut faire pour le pays ?

* 2 - Il s'agit ici de la gestion qui est faite des ressources humaines, surtout de l'instabilité des Directeurs généraux.

* 3 - les cadres compétents dans le cas d'espèces sont des cadres qui ont été nommés à des postes concernés. Ici, il s'agit des ministres concernés, des directeurs généraux et des cadres dont le domaine d'intervention à avoir avec le Port de Cotonou.

précédent sommaire suivant






Bitcoin is a swarm of cyber hornets serving the goddess of wisdom, feeding on the fire of truth, exponentially growing ever smarter, faster, and stronger behind a wall of encrypted energy








"L'imagination est plus importante que le savoir"   Albert Einstein