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La médiation sanitaire: une réponse à  l'insatisfaction du patient

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par Isabelle Jeanneret
Institut universitaire Kurt Bosch IUKB, CH-Sion - Master européen en médiation 2009
  

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3. LA MÉDIATION SANTÉ : LE MODÈLE VAUDOIS

Comme nous venons de le voir dans l'analyse précédente, le Bureau cantonal de médiation santé (BCMS) est un fait unique en Suisse romande. Ouvert en 2004, son champ d'activité s'étend au domaine de santé public ou privé, offrant des prestations de médiation entre patients et professionnels de la santé en situation de conflit, des entretiens d'évaluation et d'orientation et des séances de promotion des droits des patients au sein de la collectivité associative et professionnelle. Unique en son genre par son caractère indépendant au niveau fonctionnel et environnemental, le BCMS respecte l'entière confidentialité, exempt de tout droit de regard étatique sur le traitement des dossiers de

plaintes. Seul un rapport annuel renseigne les autorités sur le fonctionnement global du service et sur ses activités. Le modèle de médiation utilisé poursuit les objectif centraux de restauration du lien social entre le soignant et le soigné ou ses proches et l'amélioration de la qualité des prestations de soins. L'action du tiers favorise la communication, l'instauration d'un dialogue équitable entre les parties et l'action commune de recherche de solutions. Les protagonistes se réapproprient leur conflit et co-construisent de nouvelles normes par l'élaboration d'accords qui les engagent dans l'avenir à des modifications d'attitudes, de comportements et, au niveau des professionnels de la santé, des améliorations organisationnelles ou communicationnelles au sein des structures prestataires de soins. Enfin, le BCMS est un des rares lieux de stages pratiques qui accueille une vingtaine d'étudiants en médiation par an. Nous avons personnellement bénéficié d'une semaine de stage, d'un encadrement formateur et participé à huit séances de médiation.

Pour ces raisons, nous présentons ce modèle de service institutionnalisé qui, nous le verrons dans le prochain chapitre, répond en grande majorité aux attentes des plaignants, à la nécessité de l'«établissement de passerelles» comme l'entend Guillaume-Hofnung entre les différents acteurs du domaine sanitaire en crise mais également aux attentes de l'Etat en termes de régulation sociale et de prévention du non respect des droits des patients.

3.1. L'origine de la demande de médiation santé

Au début des années 90, plusieurs affaires traitant de maltraitance sur des personnes âgées institutionnalisées furent dénoncées par voie de presse. Fait d'urgence, l'Etat mit sur pied une unité de surveillance des prestations de soins dans le cadre des 150 établissements médico-sociaux (EMS) vaudois, ainsi qu'une commission d'examen des plaintes. Plusieurs cantons romands suivirent cette initiative dont Neuchâtel qui créa, en 1992, un poste d'infirmière de santé publique. En 1996, la médiatisation de nouveaux actes de malveillants et des abus financiers dans certains EMS ébranlèrent le canton. Le mode de gestion des plaintes et de surveillance ne suffirent manifestement pas à éviter ces dérives. L'Etat, garant du respect de la dignité de ses citoyens, fut remis en

question. Une enquête parlementaire menée entre 1997 et 2001 mit en lumière des problématiques jugées «sérieuses». Le rapport de la commission releva entre autre :

o une méconnaissance du phénomène de la maltraitance; o une inadéquation de l'appareil légal et réglementaire;

o une sous-dotation en personnel des services concernés;

o un manque de contrôle, une réaction tardive du Conseil d'Etat99.

Ses propositions et recommandations visaient à garantir la protection des personnes très âgées, notamment par le biais d'un renforcement en dotation soignante et en surveillance, d'une amélioration des conditions de travail du personnel, de l'interdiction des mesures de contention et du traitement forcé, de l'instauration d'une Commission d'examen des plaintes (COP) avec anonymisation du plaignant et la mise en place de la médiation, sans oublier l'adaptation des textes de loi et la demande d'une étude universitaire sur la maltraitance. D'autres cas graves émanant d'institutions mirent en exergue la nécessité globale d'une cohérence dans le traitement des problématiques, soit la création d'une deuxième commission destinée à traiter les plaintes émanant du domaine hospitalier aigu. Du point de vue de Pierre-Yves Maillard, actuel chef du DSAS, l'instauration du nouveau dispositif de recours s'imposait : «Il existe une évolution de la société face à l'autorité. On ne peut plus traiter les patients comme avant100». Dès 2002, une commission parlementaire fut chargée de réviser la loi selon les recommandations du rapport d'enquête : accorder plus d'importance aux droits des patients, de leurs proches et définir clairement la mission des commissions d'examen des plaintes et celle du médiateur. Elle fut acceptée en mars 2003. Jean Martin, ancien médecin cantonal, se souvient : «Je n'ai eu aucun problème à passer le projet au parlement [...]. Mais il fallait un service indépendant ! C'était important. Aussi au niveau architectural, hors Etat101». La même année, la commission d'examen des plaintes «Patients» entra en fonction, suivie de peu par l'ouverture du bureau cantonal de médiation santé, le 1er mai 2004.

99 «Rapport de la Commission d'enquête parlementaire sur les EMS», 30 janvier 2001, page 185

100 P.-Y. Maillard, «Entretien du 22 août 2008», Extraits

101 J. Martin, «Entretien du 7 février 2008», Extraits

Par respect des notions de neutralité et de confidentialité propres à la déontologie de la médiation, des locaux détachés de l'appareil étatique furent loués au centre de Lausanne. C'est donc une conjonction d'éléments qui amena la médiation santé à s'inscrire dans le champ sanitaire vaudois : les scandales médiatisés, la pression de mouvements sociaux, la mise en lumière des problématiques, la volonté politique d'y remédier et l'apparition des droits des patients.

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"Ceux qui rĂªvent de jour ont conscience de bien des choses qui échappent à ceux qui rĂªvent de nuit"   Edgar Allan Poe