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Paysages et systèmes agraires

( Télécharger le fichier original )
par Jean Pierre MAHORO
Universite National du Rwanda  - Licence en Geographie  2007
  

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Conclusion partielle.

La Ville de Gikongoro qui était l'une des entités administratives de l'ancienne province de Gikongoro est localisée dans la zone du plateau central avec une altitude variant entre 1500 m et 3000 m car il y a déjà des altitudes amorçant la Crête Congo Nil. La moyenne des précipitations et des températures est respectivement 1332.1mm et 19°c. Les sols sont très acides avec un PH compris entre 4.2 et 5. Avec une population de 32.427 habitants, les hommes sont plus nombreux que les femmes avec 53% contre 47%. Toute cette population est répartie dans 6 258 ménages ce qui donne une moyenne de 5.2 personnes par ménage. L'agriculture qui est la principale activité de la population de cette ville de Gikongoro occupe 77,2% de toute la population active.

CHAPITRE.II. LES SYSTEMES AGRAIRES DES PAYSAGES PERIURBAINS DE LA VILLE DE GIKONGORO

Le paysage est composé par un environnement physique caractérisé par des éléments objectifs tels que sa localisation géographique, son dénivelé, la dimension des parcelles, la diversité des cultures, occupation de l'habitat etc. Selon SIRIEX A (2003) << le paysage est constitué de deux termes de nature profondément différent : le territoire, support du paysage et la perception des populations concernées » Il résulte de l'utilisation du sol et de l'espace. Les modifications importantes et rapides subies par le paysage, obligent à considérer les hommes comme des acteurs responsables de sa formation

La définition du paysage retenue par SIRIEX A (2003): « une structure spatiale qui résulte de l'interaction entre des processus naturels et des activités humaines » souligne le rôle joué par les activités humaines dans la formation de celui-ci. En effet, si le paysage est constitué au départ d'éléments naturels, il est devenu au fil du temps dépendant de la présence humaine. C'est ainsi que l'analyse des relations qu'entretiennent les individus avec le son milieu se montre comme le point essentiel de l étude du paysage.

Dans un pays tel que le Rwanda où un grand nombre de la population oeuvrent dans le secteur primaire, l'agriculture, qui est un activité principale pour plus de 90%, semble un élément essentiel définissant le paysageLe succès de cette activité économique résulte de plusieurs éléments d'ordre humain, écologique, technique que DUPRIEZ H. (1983) a regroupé sous le nom du << systèmes agraires », c'est-à-dire << tous les éléments déterminant la vie d'une communauté vivant de l'agriculture ».

Le système agraire tel qu'il a été défini par MALCOLM H. et al, 2001, est << un modèle d'exploitation du milieu agricole, système de force de production adaptés au conditions bioclimatiques d'un espace donné et qui répond aux conditions et nécessités sociales du moment», qui consiste à décrire les réalités de l'agriculture d'une région en tenant compte de toute la complexité de la production agricole et permet d'entrevoir les perspectives futures pour l'agriculture.

Figure 10 : La combinaison des éléments constitutifs d'un système agraire

SYSTEME SOCIO-ECONO-
MIQUE ET POLITIQUES
Rapports sociaux

 

SYSTEME EDUCATIF

enseignement de base, général
agricole, recherches expérimental

 
 

Mode de consommation (habitudes alimentaires, perception quantitatives,

tables

 
 
 
 

SYSTEME AGRICOLE OU DE CULTURE

FACTEURS disponible pour

MODE DE PRODUCTION

la production agricole

 
 
 
 
 
 
 
 

Travail

 
 
 
 
 
 

Mode de

conditionne ment,

preparation, chauffage

 
 

. Calendrier agricole

Sol Organisa

. Caractéristiques de biomasse tion du

 
 
 
 
 
 

Facteur

d'incertitude . Agrégats d'espèces cultivées Rotation et

Agrégats d'espèces de reconstitution

assolement

 
 
 

Marche des biens de

 
 
 

PRODUCTION AGRICOLE

consommation organisation

de la

distribution

 
 
 

autres productions agricoles utiles

Produit échangé

 
 
 
 

Marché des facteurs de production Organisation de

l'approvision

nement s en facteurs)

 
 
 
 
 
 
 
 

Marché

d'écoulement des
produits agricoles

 
 
 
 
 

Habitat Santé

 
 
 
 
 
 
 
 
 
 

Source : Dupriez H., Paysans d'Afrique noire, l'Harmattan, Paris 1982 P.23

L'agriculture n'est pas une activité réservée exclusivement à la population rurale. Elle est aussi pratiquée à l'intérieur des limites administratives des villes et dans des zones périurbaines. Selon le Comité de l'Agriculture de la FAO (1999), dans le monde entier, quelque 800 millions de citadins sont impliqués dans l'agriculture urbaine et périurbaine, que ce soit pour se procurer des revenus et/ou pour produire de la nourriture. Par agriculture périurbaine on entend « des unités agricoles proches de la ville qui pratiquent des exploitations intensives commerciales ou semi-commerciales en pratiquant l'horticulture (légumes et autres cultures), l'élevage de volaille et

d'autres animaux destinés à la production de lait et d'oeufs » ( FAO, 1999). Cette agriculture périurbaine comprend aussi bien les produits provenant de l'agriculture, de l'élevage et de la sylviculture que leurs fonctions écologiques. Souvent, de multiples systèmes d'exploitation agricole existent déjà dans les villes et à proximité de ces dernières.

Dans les zones périurbaines rwandaises, la majorité des ménages sont engagés dans des activités agricoles qui sont de nature extensive. Une grande partie de la nourriture produite par cette agriculture est destinée à la consommation du ménage et les excédents occasionnels sont vendus sur le marché local. Cette situation donne à ces zones périurbaines un paysage généralement rural.

II.1. LES SYSTÈMES SOCIAUX PRODUCTIFS

L'aspect du paysage agraire est le résultat des plusieurs facteurs combinés pour obtenir une production satisfaisante aux besoins de la famille. La production agricole obtenue est étroitement liée à l'organisation sociale du groupe familial surtout dans la répartition du travail, le temps consacré aux différentes activités selon le nombre d'actifs et la surface agricole disponible, ainsi que les différents processus d'acquisition et d'accroissement des exploitations. C'est à partir de cette organisation que se différencient les exploitations agricoles.

II.1.1. L'organisation familiale face aux activités agricoles

Les activités agricoles sont généralement réalisées grâce à la main d'oeuvre familial. Tous les membres de la famille vivant en permanence de l'exploitation contribuent et profitent aux résultats économiques de cette exploitation. Dans certaines exploitations, la main d'oeuvre familiale est appuyée par de la main d'oeuvre extérieure.

Tableau 7 : La main d'oeuvre utilisée dans les exploitations périurbaines de la Ville de Gikongoro

Secteur

Les exploitations utilisant exclusivement la main d'oeuvre familiale

Les exploitations exigeant le recours à la main d'oeuvre

extérieure

Gasaka

10

4

Kizi

12

2

Gikongoro

22

11

Ngiryi

13

6

Kamegeri

7

1

Remera

6

2

Total

70

26

%

73

27

 

Source : Nos enquêtes, 2006.

Figure 11 : La main d'oeuvre utilisée dans les exploitations périurbaines de la Ville de Gikongoro

Gasaka Kizi Gikongoro Ngiryi Kamegeri Remera

Secteur

Main d'oeuvre familiale Main d'oeuvre extérieure

% de la M.0 utilisee

100

90

70

60

40

30

20

80

50

10

0

Source : Nos enquêtes, 2006.

De ce tableau et du graphique y relatif, il est constaté que les activités agricoles sont exécutées en grande partie par la main d'oeuvre familiale. Pour l'ensemble de ces zones périurbaines de la ville de Gikongoro, 73% des exploitants utilisent exclusivement la main d'ouvre familiale. C'est surtout le cas des exploitants qui disposent la surface agricole réduite ou le revenu limite pour faire appel à la main d'oeuvre extérieur. Seulement 27% des exploitants recourent à la main d'oeuvre extérieure afin de pouvoir exécuter à temps toutes les activités agricoles de leurs exploitations. Au niveau de secteur, ce nombre des exploitations qui recourent à cette main d'oeuvre extérieure est inégal. Dans toutes les zones, trois secteurs se

distinguent à savoir Gikongoro, Ngiryi et Gasaka, et disposent respectivement 33%, 32% et 29% des exploitants qui font appel à la main d'oeuvre extérieure. Ces exploitations appartiennent d'une part, aux exploitants qui ont investi une partie de leur capital dans le secteur agricole et qui y retirent un profit considérable, d'autre part aux exploitants qui disposent d'une grande superficie agricole dépassant la capacité de la main d'oeuvre familiale.

La main d'oeuvre extérieure est en grande partie engagée sous forme de travailleurs salariés. Certaines exploitants font éventuellement recours au système d'entraide soit familiale ou rémunérée par la bière de sorgho ou de banane, « Guhingisha », un système souvent sollicité pour des travaux lourds de préparation du sol mais qui est actuellement très rare.

Le système de recours à la main d'oeuvre extérieure se fait en particulier dans la période de l'année nécessitant une forte intensité de travail. Les membres des familles à petites exploitations agricoles sont souvent contraints de travailler comme salariés sur des fermes plus importantes afin d'obtenir un surplus de revenu. Pourtant, certaines exploitations disposent des travailleurs permanents qui reçoivent un salaire mensuel tout en bénéficiant d'une certaine quantité sur la production obtenue.

Une division du temps travail selon les sexes s'observe au sein de la famille. Cette division du travail ne revêt toute fois pas de caractère exclusif et tend à s'estomper de plus en plus du fait des transformations sociales.

Tableau 8 : Le temps de travail consacré aux différentes activités par sexe et pat jour

Activités

Hommes

Femmes

Moyenne

Occupations non productives

4.7

3.8

4.3

Agriculture

3.1

4.5

3.8

Divers (commerce, activité salariée etc.)

2.0

1.0

1.5

Travaux domestique

0.3

2.4

1.4

Elevage

1.9

0.3

1.1

Total

12.0

12.0

12.0

 

Source : Nos enquêtes, 2006.

Figure 12. Le temps de travail consacré aux différentes activités par sexe et pat jour

Temps d'occupation/heure

Occupations non
productives

4,5

2,5

3,5

0,5

1,5

4

2

0

5

3

1

Hommes Femmes Moyenne

Agriculture Divers

(commerce,
activité salariée
etc.)

Activités

Travaux
domestique

Elevage

Source : Nos enquêtes, 2006.

D'après le tableau N°8 et le graphique ci-dessus, il est constaté que le temps de travail par jour après déduction du temps des occupations non productives comme la loisir, les visites familiales, freination des cabarets, est en moyenne 7.7 heures par jour. Ces occupations non productives prennent plus de 4 heures par jour. Pour les activités agricoles qui se placent au second rang, le temps moyen est environs 3.8 heures par jour.

L'analyse du travail effectivement accompli montre que les femmes consacrent plus 8 heures par jour aux activités agricoles productives alors que pour les hommes ce temps est estimé à 7.3 heures par jour. Cela est expliqué par le fait qu'en plus des activités de préparation du sol qui sont réalisées ensemble avec les hommes, les femmes sont souvent obligées de retourner dans les champs pour le semis. A cela s'ajoute les travaux de sarclage, la récolte et les travaux d'après la récolte en particulier le battage des céréales ainsi que les travaux domestiques englobant la préparation des repas, le ramassage du bois de chauffage et l'approvisionnement en eau.

Les hommes exécutent en priorité les travaux durs comme les travaux de défrichage,
la construction et la réfection de l'habitation, les soins culturaux dans les caféiers et les
bananeraies ainsi que les travaux de lutte antiérosive. La plupart des activités dans le

secteur de la production animale sont du ressort des hommes. Les travaux de traite des animaux et la vente des produits animaux restent encore réservés aux hommes.

Les travaux agricoles sont principalement effectués lors de la période de plantation, de sarclage de récolte ainsi que lors de la récolte de café. Pendant la saison sèche surtout au mois de juillet et d'août, la charge de travail diminue de sorte que les fêtes familiales, les visites et autres obligations sociales se concentrent dans cette période. C'est justement dans cette période que le sorgho récolté et séché permet la fabrication de bière utilisée dans ces différentes fêtes et visites familiales.

II.1.2. Les modes d'acquisition des terres

Les droits de tenure sur les surfaces agricoles sont de nature variée. « Traditionnellement, la grande famille possède un droit d'usage illimité sur la plus grande partie de la surface d'exploitation qui peut être transmise et affermée mais ne peut pas être vendue » (PIETROWICZ P. et al, 1998). Actuellement la volonté de vouloir augmenter la capacité de production agricole a développé le recours à d'autres systèmes d'accès à des terres comme l'achat et la location. A la question de savoir de quelle manière les exploitants des zones périurbaines de la ville de Gikongoro accèdent à des terres agricoles, les réponses obtenues sont représentées dans le tableau suivant.

Tableau 9. Les modes d'acquisition des terres agricoles dans la Ville de Gikongoro.

Secteur

Exploitants
interrogés

Héritage

Achat

Autres

Gasaka

14

14

6

2

Kizi

14

13

8

1

Gikongoro

33

28

19

4

Ngiryi

19

17

5

5

Kamegeri

14

5

4

1

Remera

14

7

2

3

Total

96

84

44

16

Pourcentage

 

58

31

11

 

Source : Nos enquêtes, 2006.

De tableau qui montre les parties composantes des exploitations périurbaines selon le mode d'acquisition des terres, des exploitations composées des terres obtenues par un seul mode d'acquisition sont très peu nombreuses. Dans une seule exploitation, on y trouve souvent une partie héritée, une partie achetée ou une partie obtenue par autre mode. Pour tous ces modes d'accès à des terres, l'héritage semble le mode

presque commun pour toutes les exploitations. Pour 96 des exploitants interrogés, 84 disposent des exploitations qui sont soit en partie ou totalement héritées.

II.1.2.1. L'acquisition par héritage

L'héritage est le mode d'acquisition des terres au niveau de la famille correspondant à la distribution progressive des champs du père à ses descendants, il reste le mode le plus dominant d'accès à des terres. Pour l'ensemble des exploitants enquêtés, ce mode d'héritage présente 58% des réponses obtenues contre 31% pour l'achat et 11% pour des autres modes. Le graphique suivant présente ces différents modes d'accès à des terres suivant le nombre des exploitants enquêtés

Figure 13 : Les modes d'acquisition des terres agricoles dans la Ville de Gikongoro.

120

100

80

60

40

20

0

% des exploitations


·

ts..a A CTI 00 0

0 0 0 0 0 C

 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 

Gasaka Kizi Ngiryi Gikongoro Kamegeri Remera

Secteur

 

Héritage Achat Autres

 
 
 

Source : Nos enquêtes, 2006.

Ce graphique illustre le fait que plus de 70% des exploitations ont été obtenues par héritage. Même pour certains secteurs comme Gasaka et Kizi, la proportion des exploitations qui disposent au moins d'une partie héritée dépasse 90%. Dans le système traditionnel d'héritage, le chef d'exploitation était en effet habilité à répartir les terres dont il disposait entre ses fils. Ses filles, sauf exception étaient exclues de la transmission foncière. « Les terres étaient presque toujours apportées par le mari » (GOUD B, 1993). Actuellement tous les enfants ont officiellement le même droit d'héritage. Mais ce principe n'est pas correctement appliqué. Le tableau suivant montre la proportion des familles périurbaines de la ville de Gikongoro qui exploitent l'héritage de la femme.

Tableau 10. La proportion des familles qui exploitent l'héritage de la femme

Secteur

Nombre de familles exploitant l'héritage de la femme

%

Gasaka

1

7

Kizi

3

21

Gikongoro

3

9

Ngiryi

5

26

Kamegeri

1

13

Remera

3

38

Total

16

100%

Moyenne

17%

 

Source : Nos enquêtes, 2006

Figure 14 : La proportion des familles qui exploitent l'héritage de la femme

Ngiryi; 3%

Gikongoro;

Kamegeri;

9%

1%

Remera;

 

4%

Gasaka;

7%

 
 
 
 

Gasaka Kizi Gikongoro Ngiryi Kamegeri Remera

 
 
 

Source : Nos enquêtes, 2006

Le nombre de familles qui exploitent l'héritage de la femme reste encore très faible. Comme le montre le tableau et graphique ci-dessous, il représente seulement 17% de toutes les exploitations. Ici la population enquêtée a expliqué que l'exploitation d'une partie des terres héritées d'une femme se montre difficile et même impossible étant donné que les mariés proviennent généralement des endroits géographiquement différents.

II.1.1.2.2. L'acquisition des terres par achat

Le mode d'acquisition des terres par achat est notamment pratiqué d'une part, par les
garçons n'ayant pas pu obtenir une surface suffisante d'installation et possédant les

ressources monétaires indispensables pour accroître leurs exploitations, et d'autre part, par de nouveaux installés qui veulent créer leurs propres exploitations.

Le prix d'achat est généralement variable suivant les zones. Dans les zones du centre ville le prix est élevé ce qui fait que certains exploitants habitant ces zones procèdent à la vente de leurs surfaces agricoles pour acheter et constituer des exploitations dans des zones un peu éloignées où des terres sont moins coûteuses.

II.1.2.3. Les autres modes d'acquisition des terres

Parmi les autres modes d'accès aux terres, le système de location des terres est le plus utilisé par les exploitants. Ce mode est généralement pratiqué par des exploitants disposant d'une surface cultivable trop restreinte. La location d'une parcelle à une autre exploitant se fait comme le moyen d'élargir la gamme des productions vivrières disponibles pour la consommation familiale.

Le prix du bail est en fonction de sa durée, de la surface de la parcelle, de sa fertilité supposée et du type de spéculation prévu par le bénéficiaire. D'une manière générale, la parcelle n'est cédée que pendant une saison ou un an mais rarement plus. Cette durée de bail très courte représente un facteur d'incertitude considérable pour les locataires dans la mesure où ils ne peuvent jamais compter sur une reconduction du contrat de bail lorsque celui ci est arrivé à expiration. Dans ces conditions, les investissements à long terme comme les cultures permanentes, les bandes antiérosives, les cultures d'engrais verts ne sont pas attrayants sur les terres affermées. Le bénéficiaire n'utilise que très rarement des intrants agricoles.

Le système de location des terres est souvent appliqué sur des petites parcelles éparpillées et éloignées de l'assise foncière du locataire. Les terres louées sont surtout les parcelles localisées dans les marais parce qu'ils sont cultivés toute l'année. Pour que le locateur maximise le profit des terres louées, la récolte d'une culture est immédiatement suivie par la plantation d'une autre culture.

Dans certaines exploitations les propriétaires accordent une partie de son espace agricole à leurs travailleurs. C'est surtout le cas des travailleurs permanents. Les autres modes d'accès aux terres sont surtout les dons par certaines gens qui sont chers à d'autres ou parce qu'ils ont été responsables des funérailles d'un proche parent « Inkurarwobo ». Dans certaines situations l'Etat attribue des terres à certaines personnes nécessiteuses mais ces attributions par l'Etat ne sont pas fréquentes, la proportion est très faible.

II.1.2. La diminution des surfaces agricoles

Les ressources en terres sont limitées alors que les demandes humaines les concernant ne le sont pas. Une demande croissante ou une pression sur les ressources en terre se manifeste par le déclin de la production agricole, par la dégradation de la quantité et de la qualité des terres. Suite à la diminution de la surface agricole disponible causée par la pression démographique, la population a opté pour l'utilisation des terres marginales, le raccourcissement de la période de jachère et la conversion des pâturages et des forêts en terres arables. Le partage des bien familiaux a abouti, dans de nombreux cas, à la création de très petites parcelles qui ne permettent pas d'assurer la subsistance d'une famille. Par conséquent, un épuisement du sol et un déclin sérieux et continu de la production agricole sont aujourd'hui observés.

Tableau 11 : Les superficies des exploitations agricoles périurbaines de la Ville de Gikongoro.

Taille des exploitations

Nombre
d'exploitants

%

0-0.5 ha

28

29

0.5-1 ha

54

56

Plus de 1 ha

14

15

total

96

100

 

Source : Nos enquêtes, 2006

Figure 15 : Les superficies des exploitations agricoles périurbaines de la Ville de Gikongoro.

Plus de 1 ha
15%

0.5-1

56%

 
 
 
 
 
 

0-0.5 ha
29%

 
 
 

0-0.5 ha 0.5-1 ha Plus de 1 ha

 
 
 

Source : Nos enquêtes, 2006.

L'interprétation du tableau et diagramme ci-dessus, élaborés à partir des données
estimatives de superficies des exploitations périurbaines, montre que la superficie
agricole pour la majorité de la population périurbaine de la Ville de Gikongoro est

située entre 0.5 à 1 ha. Cette tranche représente 56% de toutes les exploitations périurbaines. Par contre, les exploitations dont la superficie dépasse 1ha est représenté par 15%. 29% des exploitants vivent d'une superficie agricole inférieure à 0.5 ha. Cette situation de la ville de Gikongoro est presque semblable à celle de tout le pays où la taille moyenne des exploitations est inférieure à 0,8 hectare et aussi, plus de 25 % des familles doivent survivre sur moins de 0,4 ha.

La capacité de production et de satisfaction de la famille agricole dépend en grande partie de la taille de la population de la famille. L'enquête faite sur terrain montre que pour la majorité des exploitants agricoles, la vulnérabilité des exploitations est fortement corrélée avec la diminution progressive de la surface agricole. En effet, l'absence de niveaux techniques convenables adaptés à la croissance de la population et la réduction progressive des terres agricoles, limitent considérablement la production agricole disponible tout en provoquant des risques d'érosion et d'épuisement du sol.

La figure de la page suivante montre comment la pression démographique est des causes majeures de la mauvaise production agricole.

Figure 16 : La pression démographique face à la production agricole

Mise en valeur

De la terre arable Manque de

Des parcelles pâturage

A faible vocation agricole

Surexploitation

Augmentation
d'érosion

Diminution de la production agricole

Pression démographique

Rareté de la terre

Baisse de la
Fertilité du sol

Manque des fumiers et
autres intrants agricoles

Source : Nos enquêtes, 2006.

Du fait de la réduction de la surface d'exploitation disponible, un nombre croissant de jeunes soit, n'hérite plus d'aucune terre, soit ne peuvent plus vivre de la surface qui leur a été attribuée. Ils sont donc contraints de se mettre en quête d'un des rares emplois offerts hors de l'agriculture. Obligés de s'orienter très tôt hors de l'agriculture

et hors de l'exploitation de la famille, les jeunes sont de moins à moins motivés à participer aux activités agricoles.

II.2. LES SYSTEMES DE PRODUCTION AGRICOLE

Le système de production agricole est une combinaison d'éléments d'ordre écologique, technique, socio-économique et culturel, qui déterminent la production agricole. Le souci d'améliorer les moyens de subsistance et de garantir la sécurité alimentaire des ménage, semble être le moteur des différentes méthodes de cultures et des systèmes de production appliqués par les exploitants. Mais c'est aussi à travers ces systèmes de production que les risques de dégradation et d'épuisement du sol apparaissent.

II.2.1. Le mode d'utilisation des sols

Les exploitants des zones environnantes du centre urbain de la Ville de Gikongoro pratiquent une agriculture de subsistance. Les cultures dominantes sont principalement le haricot, la patate douce, le sorgho, le petit pois, le maïs, la banane, le soja, le manioc. Le caféier est la seule culture commerciale pratiquée. A part les cultures permanentes, la banane et le café, la répartition des cultures sur la surface agricole est étroitement liée à la période saisonnière et à l'importance d'une telle culture sur le plan alimentaire.

En termes de surface cultivée, les cultures saisonnières (le sorgho, le haricot et le maïs) s'imposent et peuvent couvrir une superficie moyenne supérieur à la moitié de toute l'exploitation. Les tubercules viennent au second rang. La culture la plus couramment pratiquée est celle des patates douces qui sont cultivées partout. Elles constituent un aliment de base pour la population. Elles sont plantées et récoltées durant toute l'année. Au début de la saison sèche, les patates douces sont surtout cultivées dans les marais. Même les exploitants qui ne disposent pas de champs dans les marais procèdent au système de location de parcelles destinées à cette culture surtout pendant la saison sèche. La culture du manioc est pratiquée surtout sur des espaces marginaux et souvent loin de l'assise foncière.

Pour les cultures pérennes, le bananier est la culture permanente la plus répandue. Elle se trouve dispersée dans presque toutes les exploitations agricoles. Dans certaines exploitations, le bananier occupe plus d'espace que les autres cultures.

Photo 1 : Une exploitation dominée par le bananier

Source : Photos prises en septembre 2006.

A l'exemple de cette photo, il est constaté que les certaines exploitations disposent le bananier comme culture principale parsemée dans presque toutes les parcelles. Ce type de cultures est souvent associé par des cultures vivrières qui s'alternent suivant les saisons culturales.

A part sa consommation comme une nourriture solide et comme source de bière, la culture de bananier sert à d'autres utilisations. Le tronc sert d'aliment au bétail tandis que les feuilles sèches servent au paillage de la bananeraie elle-même ou des champs de café, de combustible, de matière première dans la construction ou l'artisanat, dans divers usages domestiques.

II.2.2. Le système d'association des cultures

« Le système d'association des cultures consiste à la mise en culture, au cours d'une même année de différentes espèces végétales sur le même terrain soit simultanément, soit successivement ou encore avec un décalage entre plusieurs d'entre elles » (PIETROWICS P. et al, 1998). Le tableau montre les réponses fournies par les exploitants à la question de savoir quelles sont les cultures dominantes dans ce système d'association des cultures.

Tableau 12. Les principales cultures associées dans les exploitations périurbaines de la ville de Gikongoro

Cultures associées

nombre d'exploitants

%

1

Sorgho/maïs/ haricots/patates douces

26

27

2

Manioc/patates douces

18

18

3

Bananes/haricot /sorgho/maïs

13

13

4

Haricots/petit pois

8

8

5

Patates douces/haricots/bananes

8

8

6

Haricots /sorgho/pomme de terre

6

7

7

Bananes/patates douce/haricots

6

7

8

Haricots/soja/petit pois

5

5

9

Maïs/manioc/patates douces/haricots

4

4

10

Haricots/maïs/pomme de terre

4

4

Total

96

100

 

Source : Notre enquête, 2006.

Les réponses fournies dans le tableau ci-dessus contiennent des situations multiples. Dans ce tableau, les cultures dominantes de ces différentes associations sont surtout les haricots, les patates douces et le bananier, le maïs et le sorgho. Même sous le bananier, la pratique des cultures saisonnières est courante.

Photo 2 : La culture de banane associée aux haricots

Source : Photos prises en septembre 2006.

Les effets de la diminution de l'espace agricole ont conduit à la suppression du système de paillage dans l'entretien de cette culture et à son introduction dans le peuplement des cultures associées. La culture de haricots occupe aussi une place considérable dans ce système d'association. Ils sont souvent associés aux petits pois, le soja. Pendant la deuxième saison culturale, les haricots sont cultivés en association avec le sorgho. Dans toutes les saisons culturales la majorité des exploitations dispose de parcelles destinées aux cultures des tubercules surtout les patates douces et les manioc soit en culture pure ou associée.

Dans une exploitation des cultures associées, les périodes de récolte sont différentes suivant le cycle végétatif des cultures. La culture récoltée est immédiatement remplacée par une autre. La qualité du sol, les conditions climatiques et la demande des produits agricoles sur le marché, représentent en l'occurrence les principaux critères guidant les choix des cultures de remplacement.

La décision de réaliser certaines cultures en association ou en culture pure est également influencée par la qualité du sol et l'éloignement des champs. Sur les sols de qualité médiocre le manioc et les patates douces sont plus rencontrés en cultures pures. Sur les champs éloignés, les agriculteurs préfèrent installer des cultures pures pour des raisons d'économie de travail. Dans des parcelles proches de l'habitation, les agriculteurs affirment qu'ils y récoltent une production élevée comparablement à des surfaces agricoles éloignées parce que c'est dans ces parcelles proches qu'ils versent les fumures organiques disponibles. A la question de vouloir connaître l'importance des associations de cultures dans l'agriculture et de mieux cerner les arguments plaidant en faveur ou contre les cultures associées, les réponses obtenues sont synthétisées dans le tableau ci-dessous.

Tableau 13 . Les raisons de l'association des cultures.

Raisons

Première raison

Deuxième raison

Troisième raison

Total

La maximisation du rendement agricole

15

22

26

63

L'autosuffisance alimentaire

26

20

12

58

La diminution des risques

18

16

9

43

La protection du sol

10

8

13

31

 

Source : nos enquêtes, 2006

A cette question beaucoup d'exploitants interrogés ont donné plusieurs raisons ce qui fait que le nombre de réponses obtenues est de loin supérieur au nombre des exploitants interrogés. En considérant l'importance que les exploitants donnent à ces différentes raisons, les réponses qui ont été obtenues comme première raison de l'association des cultures montrent que l'autosuffisance alimentaire et la diminution des risques, qui surtout lié aux changement climatiques et à l'attaques des maladies, sont les plus dominantes. Elle représente respectivement 38% et 26%. Mais cette situation diffère de la situation globale. Le diagramme suivant montre globalement l'importance que les exploitants donnent à ces différentes raisons d'association des cultures.

Figure 17 : Les différentes raisons d'association des cultures

La maximisation du rendement agricole L'autosuffisance alimentaire

La diminution des risques La protection du sol

22%

16%

30%

32%

Source : nos enquêtes, 2006

Le diagramme de la page précédente montre que la maximisation de rendement et l'autosuffisance alimentaire ont été plusieurs fois évoquées par les exploitants comme les principales raisons de pratique des cultures associées. Ces deux raisons présentent respectivement 32% et 30% de toutes les réponses obtenues. Pour chaque raison, les exploitants ont toujours donné des explications :

II.2.2.1. La maximisation du rendement agricole

Selon les explications accompagnant les réponses fournies en faveur de cette raison, la pratique des cultures différentes dont le cycle végétatif est également différant permet de maximiser le rendement de la surface agricole disponible parc que la culture récolté est immédiatement remplace par une autre tout en attendant que les autres cultures arrivent à leurs maturité. Ce qui permet de tirer un profit maximum de la période de végétation sur un minimum de surface. Pour ces exploitants, ce système est surtout plus efficace pour les exploitations de superficie agricole réduite.

II.2.2.2. L'autosuffisance alimentaire

L'association des cultures est l'un des moyens permettant de garantir la sécurité alimentaire au sein de la famille. La disposition des cultures variées dans le champ permet à la famille de bénéficier d'une nourriture équilibrée. Ici la famille s'arrange pour disposer dans son exploitation d'une parcelle destinée aux tubercules et d'une autre dans la quelle elle pratique l'association des autres types de cultures surtout les

légumineuses. Cette méthode facilite l'approvisionnement de la famille en produits nécessaires à une alimentation complète voir même équilibrée.

II.2.2.3. La protection du sol

De ce point, les exploitants affirment que l'association des différentes cultures dans la même parcelle est l'un des systèmes contribuant à la protection du sol contre l'érosion. Comme la capacité de fixer le sol n'est pas la même pour toutes les cultures, les exploitants préfèrent associer les différentes cultures afin de garder l'équilibre de protection entre ces cultures.

II.2.2.4. La diminution des risques

L'agriculture est toujours soumise au hasard et à la variation du climat que

l'agriculteur ne maîtrise pas. La variation des quantités des précipitations et l'attaque des plantes par des maladies sont les principaux facteurs d'incertitude pour les exploitants. Le système d'association des cultures est un des moyens permettant d'empêcher la dégradation totale de toutes les cultures dans une exploitation. Lors de la variation climatique comme la diminution de précipitations certaines cultures sont plus résistantes que les autres. Il peut même arriver qu'une telle culture soit attaquée par une maladie. Ainsi par la pratique des cultures différentes, l'agriculteur espère un certain rendement de la part des cultures résistantes.

II.2.3. Le calendrier agricole

Généralement les activités agricoles rwandaises se font suivant les deux principales saisons : les saison A et B dont les périodes sont respectivement de septembre à janvier et de février à juillet. Pendant la grande saison sèche, les exploitants se concentrent sur la mise en valeur des marais. Cette période appelée saison C commence au mois de juin pour se terminer en octobre.

Tableau 14. Les saisons culturales rwandaises

Saison B (Grande saison des pluies)

 

Saison A (Petite saison des

pluies)

Plantation

Récolte

 

Plantation

Récolte

fév

Mar

Avr

Mai

Juin Juil

Août

Sept Oct

Nov

Dec

Jan

 
 
 
 

Plantation

Récolte

 
 
 
 
 
 
 

Saison C (marais)

 
 
 
 

Source : http://www.sisa.africa-web.org/rubrique, mars 2006.

Dans ces différentes saisons, les cultures dominantes sont surtout le haricot pour la saison A, le sorgho pour la saison B et les tubercules ainsi que les légumineuses durant la saison C. Ces cultures saisonnières sont pratiquées en association ou en culture pure.

II.2.3.1. La culture des haricots de la première saison

Pendant la première saison, la culture des haricots s'impose partout dans les exploitations. Les activités de préparation du labour et du semis de cette culture se font couramment au mois de septembre jusqu'au début d'octobre. Comme son cycle végétatif est généralement de trois mois, la récolte se fait au début de janvier. Pendant cette saison, le haricot est souvent cultivé en culture pure. Les principales variétés pratiquées sont regroupées en deux catégories à savoir les haricots volubiles et les haricots nains.

Photo 3 : Les variétés de culture de haricot

Haricot volubile

Haricot nain

Source : Photos prises en novembre 2006.

Ces deux variétés pratiquées dans les exploitations périurbaines sont différentes selon leur production. Comme le montre la photo ci-dessus, le haricot volubile est de type rampant et comporte plusieurs gousses comparablement au haricot nain. « Le haricot volubile est le plus productif et ses rendements vont jusqu'à doubler ceux du haricot nain » (BAZIVAMO, 2002). Malgré sa production considérable, cette variété de haricot reste la moins pratiquée dans la zone périurbaine de Gikongoro.

Tableau 15 : Les variétés de culture de haricot pratiquées.

Secteur

Population enquêtée

Haricot nain

Haricot volubile

Combiné

Gikongoro

33

21

3

9

Kamegeri

8

5

1

2

Ngiryi

19

10

4

5

Remera

8

5

2

1

Kizi

14

9

2

3

Gasaka

14

7

3

4

Total

96

57

15

24

%

100

59

16

25

 

Source : Nos enquêtes, 2006

Figure 18 : Les variétés de culture de haricot pratiquées.

% 100

40

20

90

80

70

60

50

30

10

0

haricot nain Haricot volubule combiné

Secteur

Source : Nos enquêtes, 2006.

Les réponses présentées dans le tableau N° 15, illustrées dans graphique ci-dessus, affirment que la culture de haricot nain est plus dominante par rapport à la culture de haricot volubile. Pour l'ensemble, 57% de tous les exploitants cultivent le haricot nain contre 15% pour les variétés des haricots volubiles. Par contre 24% des exploitants préfèrent combiner les deux variétés de haricot tout en disposant une parcelle de haricot nain et une autre pour le haricot volubile soit en culture pure ou en association à d'autres cultures. Même dans ces exploitations où ces deux variétés sont combinées, le haricot volubile occupe une petite superficie comparablement à la variété de haricot nain.

La raison avancée pour expliquer cette situation est que les haricots volubiles sont plus
attaqués par les animaux nuisibles comparablement aux haricots nains. A cela s'ajoute
le problème de manque de petits arbres servant comme tuteurs de ce type de culture.

Suite à son rôle important dans l'alimentation, le haricot est cultivé presque toute l'année. Durant la saison B destinée normalement à la culture du sorgho, le haricot est cultivé sur une superficie égale ou même supérieure à celle du sorgho. Cette situation a été particulièrement remarquable au cours de l'année 2005. A la question de savoir s'il y a une certaine pression de pratiquer plus la culture du haricot, la réponse donnée est que durant cette année, la saison culturale des haricots a été désastreuse de façon que plusieurs exploitants n'ont rien récolté. C'est ainsi que les agriculteurs ont dû nécessairement essayer de compenser cette quantité de haricot perdue pendant la saison B afin d'atténuer le déficit alimentaire.

II.2.3.2. La culture de sorgho de la deuxième saison

Le sorgho est la culture le plus pratiquée pendant le deuxième saison culturale (saison B). Le semis se fait généralement au mois de février. Pendant cette saison, le sorgho est couramment semé en culture pure. Dans certaines exploitations, il est associé avec le maïs, les haricots ou les patates douces. Le cycle végétatif de sorgho est variable suivant les variétés mais il est généralement d'environ 160 jours. Les variétés pratiquées sont généralement identifiées à partir de leur couleur et sont groupées en deux suivant leur utilisation. Les variétés destinées à la transformation de la boisson fermentée sont souvent de couleur rouge tandis que celles destinées à la consommation directe sont blanchâtres. A la récolte, l'exploitant s'arrange pour réserver une certaine quantité qui sera utilisé à la saison suivante comme semence.

A la récolte, les éteules de sorgho sont utilisées dans certaines activités surtout le paillage des caféiers et la construction des enclos. Comme pour le bananier, son important rôle dans la vie sociale lui confère une place de choix dans l'agriculture malgré ses faibles rendements dans certaines zones d'altitude élevée (BAZIVAMO, 2002). Le premier désherbage intervient 5 à 6 semaines après le semis. En cas de semis très dense, il est couplé avec le démariage lors du deuxième désherbage.

`

II.2.3.3. Les cultures de la troisième saison

La production agricole de la troisième saison, appelée aussi saison C, est pratiquée
habituellement dans les marais et les bas fonds qui retiennent une certaine humidité
pendant la période sèche de juin à septembre. Les semis de la saison C dépendent de

la performance et du calendrier de la saison B. Si les pluies s'arrêtent tard en saison B, comme ce fut le cas en 2005, le semis commence tard.

Tableau 16. La situation des marais dans la Ville de Gikongoro

Noms

Localisation (Secteur)

Superficie

1

Nkungu

Ngiryi

21 ha

2

Mwogo

Kizi - Kamegeri

40 ha

3

Muzirantwago

Gikongoro

10 ha

4

Nyamugari

Ngiryi

12 ha

 

Total

 

83 ha

 

Source : Ville de Gikongoro, 2003

Comme le montre le tableau ci-dessus, la Ville de Gikongoro possède 4 marais qui occupent une superficie de 83 ha. Les principales cultures qui y sont pratiquées pendant la saison C sont les légumineuses, les patates douces et le manioc.

II.2.4. Les cultures de rente

Le café est la seule culture industrielle pratiquée dans les zones de la Ville de Gikongoro. Dans l'année 2003, la Ville de Gikongoro avait 593.454 caféiers répartis dans les anciens secteurs comme suit :

Tableau 17. Le nombre de caféiers par secteur

Secteur

Nombre de caféiers

1

Kamegeri

179.911

2

Kizi

108.299

3

Gikongoro

117.363

4

Gasaka

26.176

5

Ngiryi

101.824

6

Remera

59.881

 

TOTAL

593.454

 

Source : Ville de Gikongoro, 2003

De ce tableau, la répartition des caféiers est inégale. Le secteur de Kamegeri dispose
d'un grand nombre et possède à lui seul 30.3% de tous les caféiers de cette zone. A
l'opposé, le secteur Gasaka qui dispose d'un petit nombre des caféiers présente

seulement 4.4%. La culture du café est généralement faite en pure mais dans certaines parcelles de café, les exploitants y introduisent des cultures vivrières intercalaires.

Photo 4 : Le café en culture pure et en association à d'autres cultures

Source : photos prises en novembre 2006.

L'entretien des caféiers se fait par le paillage qui consiste à entretenir une couverture végétale morte dans la plantation. Ce technique permet la fertilisation du sol en le protégeant contre l'évaporation au niveau du sol et en éliminant les effets adventices. Le paillage de café est généralement assuré au mois d'août après la récolte de sorgho pour bénéficier de la biomasse provenant de cette culture. Dans les exploitations disposant d'arbres comme le grevellia autour de leurs parcelles, les branches enlevées à ces arbres lors de leur entretien sont aussi utilisées pour le paillage de caféier.

Il est important de souligner le rôle des usines de café dans la promotion de cette culture commerciale. L'installation d'une station de lavage a provoqué l'augmentation des prix du café. Le café est actuellement une culture de valeur avec un revenu très important. Cela encourage les agriculteurs dans leurs activités d'entretien des plantations des caféiers. Certains exploitants réservent une partie du revenu du café pour pouvoir payer un ou plusieurs ouvriers qui assurent ce paillage.

II.2.5. Les outils agricoles

Le matériel agricole rwandais est généralement élémentaire et manuel. Les principaux outils restent partout la houe, la machette et la serpette. Ils permettent aux agriculteurs de mener presque toutes les activités agricoles principales depuis la préparation du sol jusqu'à la récolte c'est à dire le labour, le semis, le sarclage et la récolte. Les autres outils comme les pics, les pelles sont particulièrement utilisés pour

certaines activités comme le creusement des fossés antiérosifs et l'aménagement des terrasses radicales.

Tableau 18. L'outillage utilisé dans l'agriculture périurbaine de la ville de Gikongoro.

Matériel

Durée moyenne d'utilisation

Les ménages possédant le matériel

% des ménages possédant le

matériel

Houes

6 mois

96

100

Serpette

4ans

95

99

Machette

3ans

92

96

Pelles

5ans

18

19

Pics

5ans

13

14

Brouettes

5ans

6

6

Pulvérisateur

4ans

2

2

 

Source : nos enquêtes, 2006

Figure 19 : L'outillage utilisé dans l'agriculture périurbaine de la ville de Gikongoro.

%

100

40

20

90

70

60

50

30

80

10

0

Matériels agricoles utilisés

Source : nos enquêtes, 2006

La possession du matériel au niveau des ménages est étroitement liée à son importance dans les activités agricoles. Certains outillages de base sont particulièrement présents dans tous les ménages. La houe est l'outil agricole le plus représenté dans tous les ménages Pour 59% des ménages enquêtés, chacun possède au mois plus de deux houes et deux serpettes et une machette. Les autres outils comme la brouette et le pulvérisateur sont généralement rares. En cas de besoin, les exploitants procèdent au système de prêt ou de location.

L'absence quasi-totale d'une trace de mécanisation ou de culture par traction animale résulte de plusieurs raisons. Aux effets du relief accidenté, s'ajoute le problème de la surface disponible qui est très réduite et du faible revenu des agriculteurs pour se lancer dans ce système de production, l'absence des connaissances en matière d'agriculture attelée. Pour plus de 60% des chefs d'exploitations interrogés, ils affirment que la main d'oeuvre disponible au sein de leur famille est satisfaisante.

Le secteur agricole dispose d'une main d'oeuvre suffisante et même excédentaire de façon que le développement de ce secteur n'implique pas nécessairement le recours à la mécanisation ou à la culture attelée. Par contre les agriculteurs ont besoin de certains matériels particuliers comme le pulvérisateurs à main, les rayonneurs, les tridents pour certains activités post culturales comme la protection des produits stockés, la lutte contre les ennemis des plantes, le semis en ligne et l'élimination des mauvaises herbes.

II.2.6. Les techniques culturales

Les techniques culturales appliqués dans des zones périurbaines de la ville de Gikongoro sont généralement les mêmes que celles des autres zones agricoles du Rwanda. Il s'agit de la préparation du sol, le semis, le billonnage, le sarclage, le binage, et la récolte. Ces techniques se conforment aux caractéristiques du milieu, du type de culture, et au calendrier agricole.

II.2.6.1. La préparation du sol

La préparation du sol est fonction du type de culture à faire et des cultures récoltées. Sur des terres qui sont continuellement cultivées, le semis se fait immédiatement après un seul labour. En cas de semis après une courte jachère ou après une culture de saison A, l'agriculteur pratique couramment deux labours : l'un pour retourner le sol, l'autre pour préparer le lit de semis.

Sur les versants, les activités de préparation des champs que ça soit le billonnage, le sarclage et le binage se font en commençant sur le pied du champ. La principale technique pour cultiver le champ est de haut en bas dans le sens de la pente et l'agriculteur fait une ligne des plantes fourragères sur ce pied pour protéger le sol contre les effets de l'érosion favorisés par cette technique de culture. Pour des champs aménagés en terrasses radicales le labour des terres se fait à contre pente.

Du point de vue fertilisation, la surface agricole est généralement située à proximité immédiate de l'habitation et cela facilite la surveillance des cultures et le transport vers le champs, de fumure organique résultant des déchets domestiques et des déjections du bétail. L'accroissement du groupe familial qui s'accompagne d'une forte pression sur les terres disponibles, ne permet pas la mise en place d'un période de jachère : la totalité de l'espace agricole est exploitée à chaque saison. L'apport de fumures est soit répété à chaque saison culturale ou espacé de manière à ce qu'une culture en place bénéficie de l'arrière effet de la fumure précédente.

II.2.6.2. L'organisation des parcelles agricoles

Le foncier est le facteur principal pour la constitution des parcelles agricoles. L'accès aux terres pour les nouveaux exploitants qui se fait surtout entre les parents et leurs descendants ou entre le vendeur des terres et l'acheteur conduit progressivement au morcellement de l'assise foncière regroupant un noyau sur lequel l'agriculteur est établi et des parcelles périphériques parfois éloignées du noyau. Comme dans les autres zones agricoles le paysage périurbain est caractérisé par la juxtaposition sur des versants, de parcelles souvent délimitées par les arbustes et sur les quelles les exploitants ont construit leurs demeures.

« La parcelle est une aire d'une surface matérialisée dans des principales cultures ou associations des cultures de l'exploitant » (GOUD B, 1993). La forme et la disposition des parcelles dépendent des caractéristiques du système de production de l'exploitant, de la surface agricole disponible ainsi que des besoins à satisfaire au sein de la famille.

En observant les espaces agricoles des zones périurbaines de la Ville de Gikongoro, on constate que les parcelles cultivées sont toujours entourées par des passages permettant l'écoulement des eaux de ruissellement. Dans des parcelles mises à nu, ces ruisselets grossissent énormément et sans frein, ils creusent leurs lits se ramifiant ou se multipliant en lignes parallèles.

Photo 5. Les parcelles délimitées par des barrières des pennisetum

Source : photo prise en novembre 2006.

Les zones de délimitation des champs sont les principaux passages des eaux de ruissellement. Les barrières sont confectionnées avec un mélange de végétaux vivants et morts. La distance entre les barrières construites dans les ravines dépend de la pente, de la structure du sol et de la quantité d'eau. Entre les barrières, les agriculteurs plantent des herbes fixatrices surtout les cétaria, le pennisetum.

Les parcelles sont organisées suivant des courbes de niveau. Pour les espaces à pente moyenne, surtout au milieu des versants, le paysage se caractérise par la juxtaposition sur des versants, des parcelles délimitées par des herbes fixatrices sur les fossés antiérosifs. C'est à l'intérieur de ces parcelles constituant l'exploitation que les exploitants construisent leurs maisons d'habitation.

II.2.7. Les espaces non cultivés

Même si la végétation des zones périurbaines de la Ville de Gikongoro est fortement dominée par des cultures vivrières aux quelles s'ajoute le culture de caféier, il s'y remarque aussi une superficie non cultivée considérable qui est généralement occupée par des boisements ainsi que par des pâturages mais sur une très petite échelle.

II.2.7.1. 1. Les boisements

Le bois est la principale source d'énergie pour la grande masse de la population rwandaise. Le quasi totalité de la consommation énergétique est couvert par le bois. Selon le rapport annuel de 2004, les zones environnantes de la Ville de Gikongoro disposent d'une superficie de 390 ha couverts par le boisement. Le tableau suivant montre la situation des boisements par secteurs de la Ville de Gikongoro.

Tableau 19. L'état des boisements dans la Ville de Gikongoro

Secteur

Boisements/ ha

Besoins en reboisement/ ha

1

Kizi

44

15

2

Kamegeri

61

20

3

Gasaka

74

10

4

Remera

91

15

5

Gikongoro

83

1

6

Ngiryi

37

2

 

Total

390

63

 

Source :Ville de Gikongoro, 2004

Ce boisement anthropique est constitué en grande partie d'eucalyptus, qui sont la variété la plus répandue dans toute la zone. « L'eucalyptus est un arbre à croissance rapide qui s'adapte à tous les types de sol bien qu'il pousse mieux sur les sols profonds. C'est ainsi que les paysans le préfèrent aux autres espèces d'arbres » ((NDUWAYEZU, 1983.).On peut aussi trouve d'autres variétés comme le pinus, le grévillea, et des arbres fruitiers dont l'avocatier, le goyavier, l'oranger, le citronnier qui dans l'ensemble ne sont pas bien entretenus.

La production de bois est actuellement insuffisante pour couvrir les besoins. La dégradation de l'environnement forestier a été souvent liée à la coupe désordonnée du bois et elle a été aggravée par le fait de ne pas remplacer les arbres coupés. La région du Sud du pays dans laquelle se situe la Ville de Gikongoro était l'une des plus productrices du bois et de ses dérivées surtout le charbon et les planches. Actuellement, la surface boisée est généralement composée de rejets d'arbres coupés. Sur certaines surfaces, des grandes plantations s'observent mais elles appartiennent généralement soit à l'Etat, et/ou soit à des institutions religieuses.

La pression démographique a provoqué l'extension de la surface agricole jusqu'à la mise en culture des espaces à vocation forestière au vu des pentes. Le résultat de cette dégradation est la montée exagérée des prix des produits du bois. Dans le but d'augmenter la surface boisée, les dirigeants locaux prévoient la plantation d'arbres sur une superficie de 63 ha à laquelle s'ajoutent 191 ha appartenant à l'Etat ou à la ville et nécessitant d'être reboisés aussi.

II.2.7.2. La jachère

« La jachère, période pendant laquelle la terre se repose des effets néfastes de la culture, occupe une place importante dans la tradition agricole du sud du Rwanda ». (PIETROWICS P et al, 1998). « Dans le système de culture alternante, apparemment stable sur le plan écologique, les champs exploités de un à trois ans étaient mis en jachère pendant quatre à dix ans ou plus » (RUTHENBERG, 1980 ; SANCHEZ, 1976 cité par PIETROWICS P et al , 1998). La rareté accrue des terres causée par la croissance démographique a provoqué un raccourcissement des temps de jachère et une diminution des surfaces mise en jachère. L'importance de la jachère comme élément de repos des terres a actuellement disparu. Pour des terres à sol pauvre, les gens préfèrent souvent y pratiquer des cultures moins exigeantes comme le manioc.

Tableau 20 : Les exploitants qui pratiquent le système de jachère

Secteur

Exploitants qui pratiquent la jachère

%

Gikongoro

5

15

Kamegeri

1

13

Ngiryi

2

11

Remera

 

0

Kizi

1

7

Gasaka

2

14

Total

11

11

 

Source : Nos enquêtes, 2006

Figure 20 : Les exploitants qui pratiquent le système de jachère

Gasaka
23%

Kizi

 

Gikongoro
25%

 
 
 

Kamegeri
22%

12%

Remera

 
 
 
 

Ngiryi Remera

Kizi Gasaka

 
 
 
 

Source : Nos enquêtes, 2006

Le tableau de la page précédente et diagramme ci-dessus, montrent que les
exploitants qui pratiquent encore le système de jachère sont très peu nombreux. Ils
représentent seulement 11%. Ces exploitants sont d'une part des éleveurs qui utilisent

cette surface réservée comme pâturage et d'autre part les ménages qui disposent une surface agricole encore suffisante ou même dépassant la capacité de la main d'oeuvre familiale. Dans ces différentes exploitations, la surface mise en jachère reste généralement petite comparablement à la surface cultivée. Pour des exploitations disposant d'une surface agricole très réduite, le système de jachère n'existe plus parce que les efforts de vouloir satisfaire les besoins de la famille ne permettent pas de respecter une période de jachère. Même si le système de jachère devient de plus en plus impossible, les exploitants sont vraiment conscients de son importance. La disparition de ce système de jachère est même évoquée dans les principaux problèmes d'épuisement du sol.

II.3. L'HABITAT PERIURBAIN DE LA VILLE DE GIKONGORO

Le concept "Habitat" ne concerne pas uniquement le logement ou "l'habitation", il englobe aussi l'ensemble des caractéristiques techniques et culturelles qui contribuent à l'amélioration sinon à la dégradation de l'environnement humain. Généralement le rôle de l'habitat est de protéger l'homme contre les dangers, les intempéries et de favoriser son développement voire son épanouissement familial, social, intellectuel, culturel et économique. Les systèmes de répartition, de distribution et de construction des maisons répondent à conditions climatiques, techniques et économiques.

II.3.1. Les caractéristiques de l'habitat

En général la maison d'habitation occupe la position centrale dans la parcelle principale de l'exploitant. L'unité d'habitat coïncide avec l'unité de production. L'unité d'habitation est souvent cernée par un enclos dans le but de la protéger contre les intrus. Ces enclos sont souvent constitués par les haies vives ou les éteules de sorgho après la récolte. Pour quelques ménages, les clôtures sont construites par les briques adobes ou cuites selon les moyens financiers de la famille. L'habitation comprend généralement la demeure proprement dite et ses dépendances c'est-à-dire la cuisine, l'étable et le grenier.

Les demeures actuelles sont majoritairement rectangulaires avec des murs en torchis ou en briques adobe et des toits en tuiles ou en tôles. Selon les matériaux de construction, les maisons en pisé couvertes des tuiles sont plus nombreuses bien qu'il existe également des maisons en briques adobes ou cuites. Ces derniers types de maisons sont faiblement représentés et se situent surtout dans des zones les plus

proches du centre ville. Dans presque toutes les habitations, les matériaux de construction utilisés sur la demeure principale sont différents des ceux utilisés sur ses dépendances comme la cuisine, la toilette, l'étable et le grenier.

Photo 6: Une habitation composée de deux maisons différemment construites

Source : Photos prises en septembre 2006

A l'exemple de cette photo, la demeure principale de forme rectangulaire est couverte de tuiles alors que la cuisine est une hutte ronde couverte de paille. Ainsi pour bien présenter la situation des ménages périurbains en matière de construction de leurs habitations, le tableau ci-dessous présente les matériaux de construction de la demeure principale des ménages périurbains de la ville de Gikongoro.

Tableau 21 : Les matériaux de construction des maisons

Secteur

Echantillon

Matériels de couverture des maisons

Matériels des murs

 

Tuile

Paille

Brique cuite

Brique adobe

Pisé

Gasaka

14

3

10

1

2

1

11

Kizi

14

6

8

0

1

4

9

Gikongoro

33

11

22

0

4

8

21

Ngiryi

19

4

13

2

2

3

14

Kamegeri

8

2

6

0

0

3

5

Remera

8

4

3

1

1

1

6

Total

96

30

62

4

10

20

66

%

 

31

65

4

10

21

69

 

Source : Nos enquêtes, 2006.

Figure 21 : Les matériaux de construction des maisons

% des maisons

100

40

90

80

70

60

50

30

20

10

0

Brique cuite

Matériels de couverture des maisons Matériels des murs

Tôle

Brique adobe

Tuile

Paille

Pisé

Source : Nos enquêtes, 2006.

Concernant le matériel du toit des maisons, la couverture en tuile est plus dominante. Elle représente 65% de la totalité des habitations ce qui est presque le double des maisons couvertes de tôles qui représentent 31%. La hutte ronde couverte de paille qui correspondait à la forme d'habitat la plus répandue dans les années 50 est très faiblement représentée avec seulement 4% de toutes les maisons. Dans le peu de ménages où elle existe encore, elle est souvent utilisée comme cuisine.

Photo 7 : Une maison d'habitation couverte de paille

Source : Photo prise en septembre 2006.

Dans ce petit nombre d'habitations des maisons qui sont toutes couvertes de paille, toutes ces maisons ne sont pas toujours des huttes rondes. Comme le montre la photo ci-dessus, la maison principale est de forme rectangulaire, même si elle est aussi couverte de paille.

En matière de construction des murs des maisons, le pisé s'impose avec 69% de toutes les habitations. Les briques cuites et adobes sont aussi utilisés mais leur part reste faible. Ils présentent respectivement 10% et 20%- de toutes les habitations. Suite à la déforestation qui a provoqué le manque des produits du bois, l'utilisation des briques adobes est actuellement préconisée pour limiter la quantité de bois utilisés sur une maison.

II.3.2. La répartition de l'habitat

La distribution des ménages est facteur de la structure agraire. Elle témoigne du processus de densification de l'espace. Elle commande la répartition des cultures selon le plus ou moins grand morcellement des exploitations. Trois modes de répartition de l'habitat se distinguent :

II.3.2. 1. L'habitat dispersé

La dispersion de l'habitat est la forme la plus dominante des zones périurbaines de la Ville de Gikongoro. Elle ne suit aucune norme pouvant répondre à une disposition régulière. Cela est l'une des caractéristiques générales des zones rurales rwandaises. Plusieurs ménages, vivant à l'intérieur de leurs exploitations qui, elles-mêmes, n'ont pas toujours une forme régulière.

Pour expliquer la raison de cette dispersion, la population donne des arguments différents. Certains affirment que cette situation a été longtemps favorisée par le mode d'acquisition des terres par héritage. Dans la répartition des terres, il n'y a pas un espace défini pour la construction des demeures pour des nouvelles familles. Dans la parcelle obtenue, chaque descendant décide du choix de la position de sa maison qui est généralement centrale. Pour les autres, les agriculteurs ne veulent pas s'éloigner de leurs terres pour pouvoir contrôler de près leurs champs et éviter des longues marches qui sont pénibles surtout dans des zones très accidentées.

II.3.2. 2. L'habitat groupéL'habitat groupé est moins représenté par rapport à l'ensemble des habitations

dispersées à travers les champs et les exploitations disséminés sur toute la zone. Ce mode d'habitat englobe la population habitant d'une part les centres de négoce et d'autre part les villages (imidugudu).

Photo 8 : L'habitat groupé (Umudugudu)

Source : Photo prise en septembre 2006.

Le regroupement de la population a été favorisée surtout par la disposition des infrastructures de base (les écoles, l'eau, l'électricité, la route) installés par l'Etat ou les confessions religieuses. Pour les cas des villages (Imidugudu), ils sont construits sur des zones déterminées, de préférence les moins favorables aux cultures.

II.3.2.3. L'habitat linéaire

L'habitat linaire est surtout pratiques par la population qui possède les exploitations proches de la route. Cette forme d'habitat qui a été longtemps favorisé encouragé par des sensibilisations politiques est observé sur la grande route asphaltée ainsi que d'autres routes reliant les secteurs, la où les formes topographiques sont favorables. Dans d'autres zones, la volonté de vouloir placer les demeures au centre de l'exploitation ne permet pas la mise en place de ce mode d'habitat.

II.3.3. Les problèmes de l'habitat

La topographie et les fortes pentes empêchent l'existence de sites relativement étendus devant servir de zone d'accueil aux établissements humains importants. La faiblesse des revenus des ménages fait que les constructions réalisées sont d'une qualité précaire. En raison d'une production agricole limitée, les opérations d'amélioration de l'habitat sont en concurrence directe avec la subsistance des paysans. A cela s'ajoute actuellement le problème du manque des produits de construction dû à la diminution et la dégradation des boisements.

Pour les jeunes en âge de fonder leurs familles, les possibilités de construire leurs
propres maisons deviennent de plus en plus réduites parce que cela demande
beaucoup de moyens financiers. Pour les zones les plus proches du centre urbain,

l'extension se fait dans le désordre total. L'éparpillement des parcelles construites provoque la diminution et le morcellement de la surface agricole et engendre l'anarchie dans l'occupation des sols.

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"Aux âmes bien nées, la valeur n'attend point le nombre des années"   Corneille