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Paysages et systèmes agraires

( Télécharger le fichier original )
par Jean Pierre MAHORO
Universite National du Rwanda  - Licence en Geographie  2007
  

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Conclusion partielle

Les systèmes de production des zones périurbaines de la ville de Gikongoro se caractérisent par des petites exploitations familiales extrêmement morcelées. Pour en tirer leur subsistance, les agriculteurs pratiquent une multitude de systèmes et de techniques agricoles adaptés à leurs besoins. La polyculture est le système le plus dominant qui se caractérise par une juxtaposition de différentes cultures vivrières sur une surface. Les techniques culturales sont exclusivement manuelles, ce qui oblige le secteur agricole à utiliser une nombreuse main d'oeuvre. La surface agricole est généralement exploitée dans toutes les saisons. La pression démographique a conduit progressivement à la suppression de la jachère et à la diminution du nombre de bétail possédé par chaque famille. L'agriculture de subsistance accompagnée effectivement par la disposition aléatoire et désordonnée de l'habitat périurbain a un impact sur l'organisation de l'espace agricole.

CHAPITRE III : ASPECTS DE L'EVOLUTION DES SYSTÈMES AGRAIRES

Les paysages agraires des zones périurbaines de la ville de Gikongoro connaissent différentes contraintes liées surtout aux conditions physiques et humaines. Malgré ces différents obstacles auxquels font face les exploitations périurbaines, certaines stratégies sont progressivement développées pour anticiper les conséquences d'une fluctuation des facteurs climatiques, de faire face à la variation saisonnière des revenus agricoles, et de limiter les risques liés à une forte dépendance à des petites surfaces agricoles disponibles. La solution de ces problèmes fondamentaux est à considérer à plusieurs niveaux surtout techniques et économiques.

III.1. LA PROTECTION CONTRE L'EROSION DES TERRAINS AGRICOLES

Dans des zones périurbaines de la ville de Gikongoro, l'érosion hydrique, provoquée par les eaux de pluies, est le principal agent de la dégradation et de l'infertilité des sols cultivables. Il est un symptôme caractérisant l'instabilité de la structure du sol provoquée par les facteurs naturels ou la pression de l'homme. L'augmentation de la population entraîne le recours à tous les moyens possibles pour augmenter la production agricole ce qui favorise la dégradation du sol. Ainsi certaines mesures pour assurer la conservation du sol sont pratiquées afin de pouvoir augmenter la production agricole obtenue.

Tableau 22 : Le taux d'utilisation des techniques de protection du sol dans des zones périurbaines de la ville de Gikongoro.

Techniques utilisées

Exploitants interrogés

Nombre des exploitants pratiquants

%

fossés antiérosifs

96

69

72

Plantations des plantes protectrices

96

46

48

Terrasse radicale

96

8

8

 

Source : Nos enquêtes, 2006.

Figure 22 : Le taux d'utilisation des techniques de protection du sol dans des zones périurbaines de la yille de Gikongoro.

 

8%

 
 

48%

 
 
 

72%

 
 
 
 
 
 

fossés antiérosifs Plantes protectrices

Terrasse radicale

 
 
 

Source : Nos enquêtes, 2006.

III.1.1. Les fossés antiérosifs

Ce type de protection du sol est le plus répandu. Pour 72% des exploitants interrogés, le creusement des fossés antiérosifs est le technique le plus utilisé pour protéger leurs exploitations, un technique permettant le stockage des eaux de ruissellements et des sédiments et qui favorise la formation des terrasses progressives adoucissant le profil de la pente surtout si les talus sont protégés par les herbes fixatrices.

Photo 9 : Les parcelles agricoles protégées par des fossés antiérosifs

Source : photos prises en septembre 2006.

Comme le montre la photo à la page precedante, les fossés antiérosifs bien techniquement creusés et protégés par des plantes fixatrices protègent convenablement les parcelles culturales. Quant les eaux de ruissellement arrivent aux lignes de haies vives, les lignes diminuent sa vitesse en produisant une sédimentation

des matériaux entraînés en ruissellement. Les plus courantes sont le calliandra, le leucaena, le tephrosia, le crotalaria, le morus et le penisetum dont ils sont aussi utilisés dans l'alimentation du bétail.

III.1.2. L'aménagement du sol en terrasse

Les terrasses radicales sont les plus efficaces pour lutter contre l'érosion là où elles sont applicables. Grâce au nivellement de la superficie, les terrasses radicales arrêtent l'érosion à 100% et il n'y a pas des pertes de fertilisants organiques et chimiques causées par l'érosion. Elles augmentent la disponibilité de l'eau pour les plantes et améliorent l'efficacité des intrants qui ne sont pas entraînés par le ruissellement.

Tableau 23. La superficie aménagée en terrasses radicales dans les secteurs de la Ville de Gikongoro

Secteur

Terrasse radicale en

ha

1

Kizi

19

2

Kamegeri

66

3

Gasaka

34

4

Remera

20

5

Gikongoro

28,7

6

Ngiryi

27

 

TOTAL

194,7

 

Source : Ville de Gikongoro, 2005.

Dans tous les cas aucun groupement ne pratique les terrasses radicales de sa propre initiative et pourtant certains en possèdent la technique. La population dit que les travaux de terrassement radical sont trop lourds et nécessitent beaucoup de gens. C'est ainsi que toute cette superficie en terrasses radicales est totalement aménagée par des ONG comme World Vision dans le cadre du projet Area Development Programme (ADP) sous le système de Food for work (FFW) pour les gens qui le demandent et laissent faire des terrasses radicales dans leurs propres champs. Le principe de participation des bénéficiaires est en porte-à-faux concernant cette activité, et certains cultivateurs attendent que ça soit leur tour, plus motivés par le Food For Work que par la protection de leurs terres.

Les terrasses aménagées sont généralement inexploitées parce que les propriétaires de ces terrasses aménagées disent que, après le terrassement, les travaux d'entretien sont durs. La fertilisation demande des apports massifs d'intrants.

Le terrassement radical reste le moyen le plus efficace pour le maintien de la fertilité du sol. Dans les exploitations où les terrasses radicales sont valorisées, la production est vraiment considérable et l'entretien devient finalement moins coûteux. Même les talus sont aussi valorisés par la production fourragère permettant l'élevage en stabulation qui est la plus génératrice de fumier.

Photo 10 ; Les terrasses radicales exploitées et plantées de haricot

Source : photo prise en septembre 2006

A l'exemple de cette photo, les terrasses exploitées sont toujours protégées par des plantes fourragères permettant non seulement la protection des talus mais aussi l'alimentation du bétail à l'étable surtout pour l'élevage en stabulation qui est le plus générateur de fumier organique. Dans les terrasses radicales exploitées, on pratique souvent la culture saisonnière. Dans la plupart des cas chaque terrasse est occupée par une seule culture.

Malgré toutes ces pratiques de lutte contre l'érosion, les traces de dégradation du sol sont encore partout remarquables dans le paysage agricole périurbain de la Ville de Gikongoro. Même dans certaines zones, l'érosion est poussée jusqu'à un niveau profond.

Photo 11 : Les surfaces attaquées par l'érosion dans le secteur de Gikongoro

Source : photo prise en septembre 2006

Comme le montre la photo ci-haut, la surface agricole est profondément attaquée par l'érosion, ce qui fait qu'il n'y a plus de couche arable. Les sols à cultiver perdent régulièrement des matériaux suite au processus d'entraînement, de lessivage, et de transport d'éléments en solution. Cela provoque sur les collines l'arrachement des affleurements supérieurs humifères dont les matériaux se déposent dans les bas fonds de faible pente. Les sols en place deviennent alors couverts par des matériaux venant d'abord de l'horizon de surface, et ensuite de l'horizon de profondeur des sols des collines qui sont gravement menacées par l'érosion. Ainsi les collines perdent des couches arables plus appropriées à l'agriculture et leurs sols deviennent de plus en plus minces.

Dans certaines exploitations agricoles, la dégradation du sol est à l'origine de l'entretien insuffisant ou la manque de technicité pour le creusement des fossés antiérosifs.

Photo 12 : Une parcelle agricole menacée par l'érosion

Source : photo prise en septembre 2006

De cette photo de la page précédente qui montre une parcelle agricole menacée par l'érosion, les fossés antiérosifs ne sont pas protégés et suffisamment entretenus, ce qui provoque le débordement des eaux de pluies et arrachement des plantes cultivés

Chacun de ces deux types de lutte antiérosive présente des avantages mais peut aussi avoir des effets négatifs s'ils sont mal réalisés. A titre d'exemple, les fossés antiérosifs doivent être proportionnels à la surface cultivable, car s'ils sont très serrés, ils diminuent la surface de cultures. En outre l'espacement exagéré peut anéantir leur efficacité et provoquer la création des talus peu stables. Ainsi l'assistance continuelle des agriculteurs par des techniciens est recommandée afin de pouvoir atténuer les effets pervers de ces méthodes.

III.2. LES METHODES DE RENOUVELLEMENT DE LA FERTILITE DU SOL

Un espace agricole extrêmement exploité nécessite non seulement d'être protégé contre l'érosion mais aussi les techniques appropriées d'amélioration du sol qui doivent y être appliquées. Vu l'acidité des sols périurbains de la Ville de Gikongoro, et la réduction progressive de l'espace agricole disponible, la fertilisation est exigée pour pouvoir couvrir les besoins alimentaires de la famille.

Tableau 24 : Les modes de fertilisation du sol périurbain de la ville de Gikongoro

Amendement utilisé

les exploitants pratiquants

Pourcentages

Fumier organique

87

76

Chaux

15

13

NPK

13

11

TOTAL

115

100

 

Source : Nos enquêtes, 2006

Figure 23 : Les modes de fertilisation du sol périurbaine de la ville de Gikongoro

 

11%

13%

 
 
 
 
 
 
 

76%

 

Fumier organique Chaux NPK

 
 
 
 

Source : Nos enquêtes, 2006

II.2. 1. La fertilisation organique

La fertilisation organique est le mode le plus dominante dans l'amélioration du sol. Pour 96 exploitants interrogés, 76% des réponses obtenues sont en faveur de ce mode de fertilisation. Le renouvellement de la fertilité du sol est généralement assuré par le fumier provenant des déjections du bétail, des déchets domestiques et des résidus de récolte. Les principaux fournisseurs de ces différents éléments composant la matière organique sont d'une part les résidus de récolte surtout le sorgho, le maïs, les haricots et les patates douces, et d'autre part les plantes fourragères servant d'alimentation au bétail.

La fertilisation par la matière organique impose aux exploitants de disposer d'une compostière dans laquelle les déchets doivent être rassemblés et compostés. « La compostière est un fossé dont la profondeur est comprise entre 50 et 60 cm et qui est protégé par une couverture végétale morte afin d'éviter la fermentation anaérobie et

réduire les pertes des compostage » (GOUD. B, 1993) Pour des raisons culturales et environnementales la population estime nécessaire de disposer, dans chaque ménage, d'une compostière dans laquelle elle déverse les résidus organiques de l'exploitation et les déchets domestiques. A la maturité, le fossé est vidangé et le compost est épandu sur les terrains mis en culture. La compostière est aussi utilisée pour accueillir les déjections provenant de l'étable. Les résidus de la récolte sont soit directement déversés à la compostière ou transitent par l'étable. Les méthodes de creusement et l'utilisation de la compostière sont généralement appliquées correctement de façon qu'elles procurent une importance considérable dans la fertilisation du sol et dans l'amélioration de la production agricole.

II.2. 2. Les autres amendements utilisés dans la fertilisation du sol

A part les déjections du bétail, les déchets domestiques et les résidus de récolte, certains exploitants font aussi recours à d'autres amendements chimiques mais la proportion reste faible. Les plus couramment utilisés sont la chaux et le NPK qui représente respectivement 11% et 13% (tableau 24) parce que ce sont eux qui sont disponible sur le marché.

Le succès du système de régénération du sol est généralement défavorisé par le manque des amendements suffisants. Le fumier organique, qui provienne généralement des déjections des déchets du bétail n'est pas disponible en quantité suffisante. Pour les autres amendements comme la chaux et le NPK, ils sont souvent utilisés sur des cultures particulières comme les légumes, les pommes de terre, parce que les moyens économiques des exploitants ne permettent pas de se procurer d'une quantité suffisante pour toute la surface agricole.

III.3 L'INTEGRATION DE L'ELEVAGE DANS L'AGRICULTURE

L'élevage a des effets fortement considérables sur l'évolution de la production agricole. D'une part, il permet de valoriser les résidus de récolte et la végétation des dispositifs antiérosifs qui sont affouragés aux animaux. D'autre part les animaux produisent du fumier, qui contribue directement au maintien de la fertilité du sol et en même temps à l'amélioration de la production agricole.

rapidement mobilisable en cas de besoins monétaires soudains et fournit en même temps un engrais hautement apprécié. La production laitière revêt dans la plupart des cas une importance secondaire.

Tableau 25. La distribution du cheptel dans les secteurs de la Ville de Gikongoro

Secteur

Vaches de

race locale

Vaches croisées

chèvres

Moutons

Porcs

Poulet

Lapin

Gikongoro

614

17

843

147

695

814

522

Ngiryi

569

9

802

155

789

668

582

Kizi

451

21

489

247

642

561

362

Gasaka

368

30

550

139

295

675

257

Remera

419

6

345

135

600

440

488

Kamegeri

633

10

572

285

596

657

332

Total

3054

93

3601

1108

3617

3615

2543

Possession par ménage

0.54

0.01

0.64

0.19

0.64

0.64

0.45

 

Source : Ville de Gikongoro, 2005

Le système d'élevage extensif reste généralement le plus répandu. Les bovins sont menés au pâturage et gardés par de jeunes garçons. Dans la période de pénurie fourragère, les bovins reçoivent une alimentation complémentaire sous forme de résidus de récolte. L'élevage en stabulation est encore l'exception ce qui fait qu'une grande partie de fumier n'est pas récupérée.

Dans les exploitations possédant peu de surface, les caprins et les ovins remplacent les bovins. Les chèvres sont les plus répandues et appréciées pour leur viande. Elles sont normalement mise au piquet , le long des champs et sur le bord des chemins et des pistes, tandis que les moutons sont gardés en même temps que les bovins. Les porcs sont relativement rares. Ils se trouvent en concurrence avec l'homme pour leur alimentation. Les lapins et la volaille sont aussi disponibles surtout dans les exploitations dotées de surfaces agricoles peu étendues.

III.3.1. L'association de l'agriculture et de l'élevage

Le système d'association de l'agriculture et de l'élevage joue un rôle essentiel dans l'évolution du paysage agraire au Rwanda. Comme le souligne MANIRAHO S (1976), "la meilleure source d'humus la plus abondante, du moins potentiellement, c'est le fumier du bétail spécialement les vaches», apport appréciable pour les zones

périurbaines de la ville de Gikongoro constitués par des sols acides fortement exploités.

Le système d'association de l'agriculture et de l'élevage intervient alors dans la remédiation à la dégradation du sol. Les agriculteurs savent que le fumier organique est l'un des moyens essentiels pour l'accroissement de la production agricole. Malgré tout, la quantité des fumures disponibles n'est pas satisfaisante comparablement au degré d'exploitation des surfaces agricoles. La diminution des surfaces destinées au pâturage et à la culture des plantes servant à l'alimentation du bétail limite la capacité de maintenir un nombre de bétail nécessaire à la fertilisation de la surface agricole.

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"Un démenti, si pauvre qu'il soit, rassure les sots et déroute les incrédules"   Talleyrand