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Paysages et systèmes agraires

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par Jean Pierre MAHORO
Universite National du Rwanda  - Licence en Geographie  2007
  

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III.3.2. L'évolution vers l'élevage en stabulation

L'élevage périurbain reste généralement fondé sur l'utilisation du pâturage comme facteur principal dans le maintien du bétail. La diminution de la surface agricole a exigé des agriculteurs de développer de plus le système de plantation des plantes fourragères tout le long des parcelles de leurs exploitations. Vu la surface disponible, plusieurs ménages disposent d'un nombre élevé de cheptel qui dépasse leur capacité d'entretien. Cela conduit à l'utilisation des bordures des champs et des routes ainsi que des chemins comme pâturage, ce qui conduit nécessairement à la dégradation du sol.

La stabulation du cheptel, mesure prise par l'Etat pour pouvoir développer le sous secteur de l'élevage en particulier et le secteur primaire en général, se montre comme le seul système qui peut conduire à l'accroissement de la production animale tout en améliorant la fertilité du sol. Le mode d'élevage extensif qui, du fait de la charge de bétail trop importante, contribue à la dégradation des surfaces de pâturage ne pouvant plus être utilisées à des fins agricoles, doit être remplacé par un mode d'élevage en stabulation, complété par des plantes fourragères. Ici l'exploitant est appelé à construire des étables appropriées permettant le maintien en stabulation du bétail et la récupération de leurs déjections.

Photo 13 :L'étable d'un éleveur pratiquant l'élevage en stabulation dans le secteur Gikongoro.

Source : Photo prise en septembre 2006.

Les exploitations des agriculteurs qui ont adopté ce système d'élevage sont identifiées par leur mise en place des plantes fourragères autour des fossés antiérosifs. Dans certaines exploitations, il y a même des parcelles destinées à ces plantes fourragères surtout le pennisetum.

Photo 14 : Une parcelle de pennisetum

Source : Photo prise en septembre 2006.

Ces exploitants affirment qu'avec ce mode d'élevage, la quantité de fumier a considérablement augmenté jusqu'à permettre la fertilisation totale de la surface agricole, c'est aussi le meilleur moyen d'accroître le revenu surtout pour ceux qui ont choisi l'élevage des vaches de race améliorée ou croisée. Les étables sont souvent vidangées au début des saisons culturales pour une incorporation directe du fumier lors de la préparation du sol et le fumier restant est déposé dans la compostière pour être utilisé ultérieurement.

Malgré son importance de production d'une grande quantité de fumier et d'accroissement de revenue des exploitants, ce mode d'élevage reste très peu pratiqué. Les explications avancées par la population montrent qu'il faut encore une campagne de sensibilisation plus profonde sur les avantages, les méthodes d'application de ce mode d'élevage en stabulation et la contribution de ce mode à l'amélioration du niveau de vie.

III.4 LES INFRASTRUCTURES

« Toutes tentatives de développement sont vouées à l'échec si elles sont dissociées de l'instauration préalable de structures permettant l'amélioration des conditions de vie de la population » (MANIRAHO S, 1976). Divers services doivent être mis en place pour permettre à la population de vivre mieux, s'épanouir, tant sur le plan économique, social, et sanitaire, que sur le plan moral et intellectuel. Toutefois, les zones éloignées continuent à être caractérisées par leur faible accès aux services de qualité, aux infrastructures telles que l'eau, l'école, et à la technologie de l'information et de la communication. Ces services sont généralement concentrés dans le centre ville

III.4.1 Les infrastructures sanitaires

Les infrastructures sanitaires sont dominées par les établissements privés. A part le centre de santé de Gikongoro et l'hôpital de Kigeme, les autres sont des cabinets médicaux des particuliers et ces derniers préfèrent installer leurs établissements dans le centre ville pour des raisons non seulement de clientèle mais aussi de manque d'infrastructures de base dans des zones rurales. Cette mauvaise répartition exige à beaucoup de malades de faire plus de 15 km avant d'arriver à un centre de soin de santé. Cela est surtout le cas pour la population des ex-secteurs de Kizi, Kamegeri, et Remera qui se plaint de longues distances à parcourir.

La population des zones périurbaines de la Ville de Gikongoro connaît encore un problème d'accès à l'eau potable, suite à la mauvaise répartition géographique des sources aménagées.

Tableau 26: L'état des sources d'eau par secteur

N

°

Secteurs

Sources aménagées

Sources endommagées

Sources non aménagées

km à parcourir afin d'accéder à l'eau

1

Kamegeri

7

6

9

1 km

2

Gikongoro

11

12

21

1 km

3

Remera

4

1

7

1 km

4

Gasaka

9

13

17

1/2 km

5

Ngiryi

12

11

5

1 km

6

Kizi

5

26

16

1 km

 

Total

48

69

75

Moyenne=1 km

 

Source : Ville de Gikongoro, 2005.

En effet sur 48 sources aménagées, 23 sont concentrées dans le centre ville. A l'opposé, 144 sources endommagées ou non aménagées se trouvent majoritairement dans les zones rurales. Ainsi, certains habitants utilisent l'eau insalubre des ruisseaux ou des sources non aménagées. La population de la ville de Gikongoro fait en moyenne une distance de 1km pour accéder à l'eau potable alors que la norme ministérielle est de 250 m.

III.4.2. Les infrastructures scolaires

Dans la Ville de Gikongoro, chaque secteur dispose au mois d'une école primaire. Pour les écoles maternelles, toute la zone possède actuellement quatre écoles maternelles. A l'exception de celle de Gasaka, les trois autres se trouvent dans le secteur semi- urbain de Gikongoro. Pour les secteurs qualifiés de ruraux comme Kamegeri, Kizi, Remera et une partie de Ngiryi, les enfants ne bénéficient pas de l'éducation dans les écoles maternelles.

Tableau 27 : Les infrastructures scolaires dans la Ville de Gikongoro

Secteur

Ecoles maternelles

Ecoles primaires

Ecoles secondaires

Kizi

 

2

 

Gasaka

1

2

1

Gikongoro

3

3

1

Kamegeli

 

1

 

Remera

 

1

 

Ngiryi

 

1

2

total

4

10

4

 

Source : Ville de Gikongoro, 2005.

Dans des zones périurbaines de la Ville de Gikongoro il y a un grand nombre d'abandons scolaires sans oublier un grand nombre d'élèves qui n'ont pas réussi le concours d'entrée au secondaire et qui n'ont plus de possibilité de continuer les études. Pour trois centres de formation des jeunes (CFJ) se trouvant dans la ville de Gikongoro, seul celui de Mwogo a ouvert ses portes mais il fonctionne avec très peu de moyens. La conséquence des abandons scolaires est qu'un grand nombre de personnes possède un niveau d'étude limité seulement à l'enseignement primaire. Même si la proportion des filles dans les écoles primaires et secondaires monte jusqu'à 53% en 2002, les femmes représentent encore 59.4% de la population qui ne sait ni lire ni écrire.

III.4.3. Les infrastructures routières

Les infrastructures routières sont parmi les facteurs principaux déterminant la vie économique du monde agricole. Les difficultés économiques des agriculteurs et des éleveurs sont le manque d'accès au marché par l'insuffisance des routes de desserte rurale, et les moyens de transport. Dans ces conditions l'échange des produits agricoles devient difficile.

Le centre de la Ville de Gikongoro et ses zones environnantes sont traversés par une grand-route bitumée. Ces zones disposent aussi d'un réseau routier qui assure la liaison entre ses secteurs. Mais la communication reste difficile au niveau des cellules à cause des routes qui sont encore insuffisantes d'une part et, qui d'autre part sont détériorées par l'érosion et le manque d'entretien. En effet les routes ne sont pas suffisamment protégées des eaux qui dévalent les pentes abruptes des collines. Les communications routières étant très difficiles, les produits sont collectés et convoyés à

travers la région par de rares commerçants qui payent le prix le plus bas possible au producteur.

III.5. LE CENTRE VILLE FACE A L'AGRICULTURE PERIURBAINE

Il existe de fortes interactions entre les zones périurbaines et les centres ville, qui requièrent des concepts conjoints de développement régional. L'agriculture périurbaine contribue de différentes façons à la sécurité alimentaire de la population habitant le centre ville. Elle permet d'accroître la quantité d'aliments disponibles sur le marché central de Kabacuzi.

III.5.1. L'approvisionnement du centre urbain en produits agricoles

La production agricole est généralement orientée vers la satisfaction des besoins alimentaires de la famille. Le surplus représente encore un pourcentage très faible. Toutefois les produits vivriers vendus sur le marché ne correspondent pas toujours à des surplus réels de la production agricole. Ainsi la raison principale de la vente des produits vivriers sur le marché n'est pas généralement le souci de faire des transactions commerciales. Les agriculteurs vendent une partie de leur production vivrière surtout pour pouvoir acheter d'autres produits ou biens ménagers dont ils ont besoin.

Le centre de la ville de Gikongoro dispose d'un grand marché qui assure la coordination de tous autres petits marchés se trouvant surtout dans des centres de négoce. Les produits vivriers disponibles sur le marché sont en grande partie fournis par les agriculteurs individuels. Même si les zones agricoles de la Ville de Gikongoro englobent 132 associations oeuvrant dans l'agriculture, leur participation dans l'approvisionnement du marché central reste faible surtout parce qu'elles sont encore nouvelles.

Les produits agricoles acheminés vers le marché sont surtout transportés sur la tête dans des sacs ou des paniers. Dans le cas où les quantités des marchandises sont importantes la bicyclette est aussi utilisée. Aux petits marchés locaux, les agriculteurs peuvent vendre leurs produits vivriers soit aux consommateurs directs ou aux commerçants intermédiaires qui les collectent pour les vendre à leur tour sur le marché central. Les produits commercialisés les plus importants provenant des zones périurbaines sont les patates douces, le manioc, le sorgho, le haricot, le mais, la banane, et la pomme de terre. A part les cultures vivrières, l'agriculture périurbaine

approvisionne le centre ville de Gikongoro en légumes. Dans plus de 32% des exploitations visitées la production de légumes a pris de l'ampleur surtout qu'elle est réalisée sur des lopins de terre, en utilisant efficacement les ressources limitées en eau et en terre. Plusieurs espèces de légumes sont récoltées entre 60 et 90 jours après les semis et ce cycle végétatif court représente une solution rapide pour satisfaire les besoins alimentaires d'urgence. Selon les exploitants, les légumes permettent de gagner rapidement de l'argent et d'acheter de quoi nourrir le ménage. Comme elle sont particulièrement périssables, elles sont transportées vers le marché juste après la récolte pour réduire les pertes éventuelles.

Même si la production agricole périurbaine se montre considérable sur le marché du centre ville, elle reste encore insuffisante pour satisfaire d'une part aux besoins alimentaire de ceux qui vivent de revenus tirés dans des activités non agricoles et d'autre part en produits nécessaire pour l'échange entre les agriculteurs eux même. Certains produits proviennent des régions éloignées du centre ville. C'est le cas des pommes de terre qui proviennent en grande partie de l'ancien district de Mudasomwa. Cela est aussi le cas pour l'approvisionnement de certains ménages collectifs comme les écoles secondaires où les commerçants sont obligés d'avoir recours à d'autres grands marchés du pays. C'est à travers un réseau de commerçants disposant des moyens de transport appropriés que se réalise l'échange des produits agricoles de région à région grâce aux revenus substantiels qu'ils tirent de leurs transactions. Cela permet aussi la valorisation de la production agricole.

Une commercialisation de faible volume de produits agricoles est marquée par d'importantes fluctuations ainsi que par la forte dispersion spatiale des exploitations et le faible degré d'organisation des producteurs. Ce sont autant de facteurs faisant obstacle à la création des réseaux groupés de ramassage des produits et renforçant ainsi la position influente des commerçants qui n'ont pas pour leur part à faire face à une très forte concurrence.

Les prix des produits vivriers sont sujets à d'importantes fluctuations en relation avec la période de végétation. Ceci concerne en particulier les produits saisonniers, les prix les plus élevés étant pratiqués dans la période précédent la récolte et les prix les plus bas dans la période suivant immédiatement la récolte. Par contre les prix de certaines cultures restent toujours élevés. Cela est en grande partie la conséquence de la perturbation des temps climatiques menant à une mauvaise récoltée saisonnière.

III.5.2. L'agriculture et le revenu de la population périurbaine

Comme l'agriculture est l'activité principale pour plus de 71% de la population périurbaine, la plus grande partie de leur revenu monétaire provient généralement de la vente des produits agricoles. Ces produits vendus contribuent efficacement à l'approvisionnement du centre urbain parce qu'ils sont principalement transportés vers le marché central de la Ville de Gikongoro.

Selon la population locale, le café et la banane sont les principales cultures génératrices de revenu monétaire. Le caféier est l'un des cultures les plus pratiquées dans cette zone. Cela est dû à l'importance économique de ce dernier. Sur des stations de lavage, le café est vendu à l'état de cerises. Ainsi l'agriculteur n'a pas beaucoup de peine et le traitement à la station de lavage donne la bonne qualité du café.

La banane a également une importance économique considérable. Parmi les variétés de bananiers cultivées, plus de 90% servent à la fabrication de bière. La bière de banane est en grande partie vendue et permet de réaliser une marge brute dépassant de loin celle de toutes les autres cultures vivrières. Toutefois la vente occasionnelle du bétail représente également un revenu non négligeable. L'augmentation du nombre d'exploitations qui ne sont plus en mesure d'assurer la subsistance de la famille et la variation des prix des produits agricoles incite la population à vouloir recourir aux autres travaux que l'agriculture. Même si ces travaux se font généralement à titre d'activités accessoires, leur contribution au revenu de la famille est considérable. La majorité des exploitants interrogés affirment que la production agricole est souvent complétée par un certain revenu provenant de l'extérieur.

Dans ce domaine, les activités réalisées sont d'une part des activités salariées et d'autre part le petit commerce. Pour la majorité des exploitants disposant de petites surfaces agricoles, la principale activité salariée a lieu sur de grandes exploitations appartenant à d'autres personnes. Dans ce processus d'obtention de revenu supplémentaire, les zones périurbaines profitent de leur cohabitation avec le centre ville parce que la majorité de ces activités se font dans le centre ville, c'est le cas des activités de construction, de commerce, de gardiennage, de propreté, de travaux domestiques.

III.5.3. Les investissements agricoles

Le centre de la Ville de Gikongoro regroupe un certain nombre d'exploitants qui pratiquent l'agriculture à temps partiel. Ces exploitants disposent d'autres sources de revenu (travail salarié, le commerce) dont une partie est investie dans l'agriculture. Ce capital investi rend leurs exploitations plus efficaces et la productivité est de loin supérieure à celle des autres exploitations de toute la zone dont le rendement souffre souvent d'une quantité inférieure ou insuffisante d'intrants, d'une utilisation de variétés mal adaptées, d'une mauvaise gestion de l'eau ainsi que du manque de connaissances dans le domaine de l'agriculture améliorée. Les gens du centre ville font souvent recours à des techniques de transformation et de stockage permettant la valorisation de leur production sur le marché. C'est surtout dans ces exploitations que se rencontre le petit nombre des vaches améliorées.

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"Il faut répondre au mal par la rectitude, au bien par le bien."   Confucius