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Impact de la mise sous traitements antirétroviraux sur les comportements sexuels des personnes vivant avec le VIH/SIDA au Cameroun (cohorte Stratall-ANRS 12110)

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par Gilbert Ndziessi
Faculté de Médecine de Marseille - Master 2 Recherche "Ingénierie des Systèmes de Santé" 2009
  

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VI-Discussion

Les résultats de notre étude montrent que dans les trois mois avant la mise sous ARV, une proportion importante des PVVS est sexuellement active et révèle que la mise sous ARV favorise la reprise des activités sexuelles chez un grand nombre des PVVS sexuellement inactifs avant traitement. Nous avons mis en évidence une relation de causalité entre la mise sous ARV et la moindre prise de risque sexuel chez les PVVS. La consommation d'alcool et le fait de ne pas connaitre le statut VIH du partenaire sexuel stable jouent un rôle important dans la prise de risque chez les PVVS.

6-1. Activités sexuelles chez les PVVS

Les personnes vivant avec le VIH restent sexuellement actives. Cela a été déjà mis en évidence par des études antérieures [23, 24, 25, 26,31]. Dans notre étude qui portait sur un échantillon de 437 PVVS dont 70,3% étaient des femmes, suivi sur une période de 12 mois, plus de la moitié a déclaré avoir eu au moins une fois des rapports sexuels accours des 3 mois derniers précédent les visites de suivi (T0, M6, M12). Comme déjà le cas dans les études antérieures [23, 26,31] une forte proportion des PVVS sexuellement actifs ne connaissaient pas le statut VIH de leurs partenaires sexuels. Le recours fréquent aux partenaires occasionnels chez les PVVS déjà mis en évidence dans certaines études [23,26] a été retrouvé dans notre étude.

6.2. Evolution des comportements sexuels, sociaux et qualité de vie

Chez les sujets PVVS sexuellement actifs, il n'y avait aucune différence dans la pratique des rapports sexuels non protégés entre 3 mois avant le début de ARV et 3 mois précédent le 12e mois de suivi de ARV. Fortement corrélée à la pratiqué des rapports sexuels non protégés [33,34], il n'y avait pas de différence dans l'évolution de la consommation entre ces deux périodes. De façon générale, les PVVS ont déclaré avoir une meilleure qualité sous ARV. Ces résultats confirment donc l'amélioration de la qualité de vie de PVVS s'ils bénéficient de traitement antirétroviral mais aussi la persistance des rapports sexuels non protégés chez les PVVS sous ARV déjà révélés par des études antérieures [26,31]. La persistance des comportements à risque peut être étayé par le fait que la près de la moitié des PVVS pensent que le VIH peut être guérit par les ARV (le virus disparait) mais aussi du fait d'une proportion non négligeable de PVVS qui pensent que sous ARV, on ne transmet pas la maladie.

Il est primordial de renforcer les activités de prévention ciblant le changement des comportements sexuels à risque chez les PVVS sous ARV.

6.3. Facteurs associés aux comportements sexuels à risques avant ARV

La pratique des rapports sexuels protégés reste le seul moyen efficace pour la prévention de la transmission du VIH par voir sexuelle. Notre analyse montre bien qu'un nombre non négligeable des PVVS, avant initiation des ARV, reste sexuellement. Parmi ces sujets sexuellement actifs, plus de moitié ont eu au moins

une fois des rapports sexuellement non protégés. Il y avait aucune différence dans cette prise de risque entre les sujets qui ont dit être d'accord avec l'affirmation selon laquelle le VIH peut être transmis par des rapports sexuels non protégés et ceux qui ne savaient pas ou bien n'étaient pas d'accord avec cette affirmation. Nos résultats sur la fréquence élevée des rapports sexuels non protégés chez les PVVS corroborent les résultats déjà obtenus dans des études transversales réalisées en Afrique subsaharienne [23, 24, 29,30]. La faiblesse dans la pratique des rapports sexuels protégés est d'autant plus importante que le sujet de ne connait pas le statut VIH de son partenaire sexuel stable.

Il est donc primordial de renforcer la sensibilisation sur l'utilisation du préservatif avec partenaire sexuel de statut VIH inconnu ou avec des partenaires sexuels occasionnels aussi bien en population générale que chez les PVVS.

6.4. Facteurs associés aux comportements sexuels à risque sous ARV

Car fortement déterminée par la qualité de vie, nombre de PVVS initialement sexuellement inactives avant ARV reprenne leurs activités sexuelles sous ARV. Cependant, chez ces sujets, la proportion des visites sans prise de risques était quasiment le double de la proportion des visites avec déclaration de prise de risques. On note donc qu'il y a reprise d'activités sexuelles sous ARV et généralement, les sujets concernés pratiquent plus des rapports sexuels protégés si l'on compare à la situation chez les sujets PVVS dans les 3 mois avant initiation du traitement par ARV.

Après analyse multivariée, donc après ajustement, deux facteurs apparaissent associés à la pratique de rapport sexuel à risque chez les PVVS sous thérapie ARV suivi pendant 12 mois: le binge drinking et le fait de ne pas connaitre le statut VIH du partenaire stable. Cette analyse confirme que même sous ARV, ne pas connaitre le statut du partenaire stable reste fortement associé à la pratique de rapports sexuels non protégés avec partenaire sérodiscordant, de statut VIH inconnu ou avec partenaire occasionnel comme déjà obtenu précédemment chez les PVVS qui n'étaient sous ARV, donc avant initiation du traitement par ARV.

6.5. Lien ARV et comportements sexuels à risque

Nous avons étudié la relation entre la prise de risque sexuel et le traitement par ARV ajusté sur les facteurs comportementaux (binge drinking, partenaire occasionnel), facteurs psychosociaux (connaissance du statut du partenaire stable, avoir informé de son statut don partenaire) et la qualité de vie, les facteurs associés à la prise de risque parmi les PVVS demeuraient le binge drinking et ne pas connaitre le statut du partenaire stable.

Notre étude montre l'impact positif des ARV sur une moindre prise de risques sexuels chez les PVVS au Cameroun confirmant ainsi les résultats déjà trouvés par une méta-analyse dans les pays du Nord [21].

Nos résultats ne sont pas compatibles avec les précédents résultats montrant une association positive entre les ARV et la pratique des rapports sexuels non protégés dans certains pays développés [8, 9, 10, 11, 12, 13, 14,15]. Toutes ces études concernent des populations dont les principaux modes de contamination sont des

rapports sexuels homosexuels ou l'injection des drogues, tandis qu'en Afrique subsaharienne, le principal mode de transmission est hétérosexuel. Dans ce cas, il est plausible qu'il ait une différence dans la prise de risque sexuel entre les populations africaines et les populations européennes.

La quasi-totalité des études transversales réalisées en Afrique montrent que les comportements

Sexuels à risque parmi les PVVS n'étaient pas associés aux ARV [23, 24, 25, 26, 27, 26, 28,30]. A notre connaissance, seulement deux études prospectives quantitatives sur le sujet ont été menées en Afrique subsaharienne dont une en Côte d'Ivoire [26] et l'autre en Ouganda [31]. Nos résultats à propos du lien entre la mise sous ARV et les comportements sexuels à risque chez les PVVS ne sont pas compatibles à ceux obtenus en Cote d'Ivoire. Cette contradiction peut s'expliquer par le fait que l'étude en Côte d'Ivoire n'était pas menée en parallèle à une intervention d'accès aux ARV et il s'agissait d'une étude monocentrique, recrutant les patients à partir d'une seule clinique, donc avec un risque de biais de sélection. La durée de suivi des sujets peut aussi justifier l'issue des études car les comportements peuvent variés selon la durée d'exposition à un stimulus. En Côte d'Ivoire, les patients ont été suivis sur une période courte de 6 mois tandis que cette durée était de 12 mois dans notre étude. Par contre, nos résultats corroborent ceux obtenus dans une étude longitudinale réalisée en Ouganda dans le cadre d'un essai thérapeutique qui n'avait pas trouvé une augmentation de la prise de risque sexuel après initiation de traitement ARV. Cependant, en projetant qu'avec l'approche de santé publique prônée par l'OMS [7 ], plusieurs milliers de PVVS auront bénéficié des ARV et avec la persistance des rapports sexuellement non protégés chez ces derniers, bien que les résultats de notre étude ne soutiennent pas un rapport de causalité entre la mise sous traitement ARV et une augmentation de la prise de risque sexuel, le poids du nombre des PVVS à la longue pourra en puissance modifier la tendance que nous avons observé sur un échantillon de 242 patients sexuellement actifs. L'impact à long terme, en Afrique, du large accès aux ARV sur les comportements sexuels à risque nécessite d'être élucider.

En population générale, les recherches menées en Tanzanie [33] et au Kenya [34] ont signalé des taux plus élevés de risque sexuel chez les personnes qui consomment de l'alcool, comparativement à ceux qui n'en consomment pas. Comme déjà démontré par les deux précédentes études longitudinales réalisées en Ouganda [26] et en cote d'ivoire [31], la consommation de l'alcool est un facteur associé à la pratique des relations sexuelles non protégés chez les personnes vivant avec le VIH au Cameroun. Il est une certitude que l'alcool agit physiologiquement sur le système nerveux et peut induire un effet euphorique si une certaine dose est dépassée. Dans ce cas, la consommation de l'alcool peut entrainer la déshinibition de comportements de prévention que la personne peut avoir dans les conditions normales [33]. Notons que dans notre étude, le binge drinking n'était associé à la prise de risque chez les PVVS sans ARV (129 observations). Par contre, chez les PVVS sous ARV (267 observations) ou bien quand on considérait à la fois des PVVS sous ARV et des PVVS sans ARV (396 observations), le binge drinking était associé à la prise de risque sexuel. Cela parait logique vu que dans les deux derniers cas la puissance statistique est plus grande.

Le fait de ne pas connaitre le statut VIH du partenaire est un facteur fortement associé à la prise de risque sexuel chez les PVVS au Cameroun comme c'est le cas dans d'autres pays Africains [23, 24]. Dans notre étude, le fait que les femmes ont été les plus concernées semble soulever un problème de communication dans le couple et de négociation du préservatif lors des rapports sexuels. Il sied de noter que, de façon générale, les coutumes et les pratiques traditionnelles diverses basées sur le genre en Afrique font obstacles à la communication en matière de sexualité et surtout limitent les droits en santé sexuelle et reproductive de la femme africaine. Il est évident que si les femmes ne jouissent pas de leurs droits en santé sexuelle et reproductive, il est peut probable que ces femmes aient la liberté de demander le statut VIH de leurs conjoints par peur des représailles. Il serait très important de renforcer la promotion des droits sexuels et reproductifs des femmes dans le contexte du VIH/sida en Afrique subsaharienne.

Le niveau d'éducation a été trouvé comme facteur associé à la prise de risque en Afrique subsaharienne [26,31]. Notre étude ne l'a pas confirmé. L'une des raisons pourrait être la distribution du niveau d'éducation dans l'échantillon. Dans le présent échantillon, la majorité des répondants avaient au minimum le niveau d'éducation secondaire. Une autre explication peut être liée à la sélection des patients. L'association peut être importante dans une zone rurale où la proportion des femmes ayant le niveau d'enseignement supérieur est faible comme ce fut le cas pour l'étude réalisée en Ouganda [26].

Dans les études antérieures, le diagnostic récent de la séropositivité (< 9 mois) [23,24], l'expérience des rapports sexuels forcés [27] et ne pas divulguer son statut VIH positif au partenaire sexuel [28] étaient des facteurs associés à la prise de risque sexuel chez les PVVS. Notre étude n'a pas mis en évidence ces facteurs. Cela peut s'expliquer par la définition de la variable réponse qui est différente souvent d'une étude à l'autre qui elle-même influence le choix des variables explicatives à utiliser dans les différents modèles de régression.

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"I don't believe we shall ever have a good money again before we take the thing out of the hand of governments. We can't take it violently, out of the hands of governments, all we can do is by some sly roundabout way introduce something that they can't stop ..."   Friedrich Hayek (1899-1992) en 1984