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Les enseignants marocains, entre engagement et prise de distance

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par Rabia EL ANTAKI
Université de Rouen - M1 2010
  

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3.1.2.4 Données concernant le vécu quotidien de l'enseignant

L'examen de la relation qui peut exister entre Le vécu quotidien de l'enseignant et son engagement ou son désengagement a fait ressortir les résultats suivants : 93,75% disent que c'est un vécu « pénible sans issues qui se déroule dans un climat de non confiance et de tensions, de mauvaise foi, conflits... » ; 6,25% cependant, pensent qu'il s'agit d'un vécu plus au moins agréable. Pour 68,75% de ces interviewés, ce vécu a changé en pire à cause de la politique éducative, du boom technologique et des nouveaux rôles que doit jouer l'enseignant. En revanche, pour 6,25% le vécu a changé en mieux car il ya des réformes en faveur de l'enseignant « plus de responsabilités incombent aux élèves qui sont devenus responsables de leurs propres apprentissage, donc moins de taches pour l'enseignant ». Il demeure que 25% des enseignants disent qu'il n ya pas eu de changements.

D'autres questions étaient posées sur l'environnement scolaire dont lequel ce vécu se façonne. Il a été question d'abord d'environnement physique à savoir : l'infrastructure du lycée, les équipements et les supports éducatifs. 100% des enquêtés ont affirmé « qu'il n ya pas d'équipements et qu'il ya dégradation du peu d'équipement qu'il ya. Les méthodes, les

programmes, les outils ont changé mais pas l'équipement. Par exemple, les élèves grandissent, mais ils s'assoient sur les mêmes tables durant toute leur scolarité (de 6 à 18 ans). On nous demande beaucoup, mais on n'offre aucuns moyens : c'est un environnement physique catastrophique». En ce qui concerne l'environnement socio-affectif 93,75% voient que « tout le monde fuit ses responsabilités et il n ya aucune coopération entre les collègues » les 6,25% restants disent qu'il ya une coopération moyenne.

La coopération avec l'administration a été aussi l'une des questions clés de cette recherche. Il en ressort que 81,25% confirment que « L'administration ne fournit jamais d'aides, c'est une administration très conservatrice qui n'accepte pas l'innovation » « la relation entre l'enseignant et l'administration est une relation verticale ». Toutefois 18,75% des enseignants considèrent que l'administration fournit parfois de l'assistance « si je suis malade, je téléphone, et le proviseur me donne le temps d'apporter un certificat médical » « quand j'ai besoin de la télé, l'intendant me la donne sans problème». Et sous ce même angle de coopération, les enseignants étaient interrogés sur leur coopération avec les parents d'élèves. 100% disent qu'ils n'ont jamais pu collaborer avec aucun des parents de leurs élèves.

Est-ce que ce vécu se façonne également par un autre facteur qui est l'emplacement du lycée ? Est-ce que le fait de travailler dans la périphérie ou dans le centre est important ? Dans quel sens ? 81,25% révèlent que le vécu de l'enseignant se trouve influencé par l'emplacement « dans la périphérie les élèves sont plus disciplinés : (même si leur niveau est bas), ceci facilite le travail de l'enseignant, par contre dans le centre même si le niveau des élèves est bon, ils sont indisciplinés, ce qui influe négativement sur le travail de l'enseignant. Il ya moins de discipline dans le centre mais les élèves sont plus éveillés, plus audacieux et plus entreprenants» « L'image de l'enseignant est moins valorisée dans le centre ». 12,5% avancent que la périphérie est marginalisée : « La périphérie est stagnante, rien ne bouge. Les filles ne continuent pas car elles doivent se marier. Les élèves dans le centre sont au courant de ce qui se passe, des nouveautés. Dans La périphérie tout le monde est marginalisé ». Néanmoins 6,25% disent qu'il n'ya aucune différence entre le centre et la périphérie « dans les deux, l'enseignant travaille dans les mêmes conditions : un tableau noir et de la craie »

Il est quand même assez important de noter qu'entre le travail de l'enseignant dans la périphérie ou dans le centre, il ya des différences très significatives. 92,18% des enquêtés qui travaillent dans la périphérie se disent déçus, méfiants et pessimistes. Seulement 7,14% d'entre eux se disent optimistes. En revanche, dans le centre 50% des interviewés disent

pouvoir implémenter des changements et adoptent une vision plus optimiste en se disant plus au moins satisfaits de leur travail et de leur vécu.

Emplacement

Vécu agréable

Vécu pénible

Périphérie

7,14%

92,18%

Centre

50%

50%

Tableau décrivant le vécu quotidien des enseignants selon l'emplacement de l'établissement

Les enseignants étaient loquaces sur la question de l'instauration d'un bon climat plus propice à un travail efficace. 56,25% pensent qu'il faut instaurer le dialogue et la coopération professionnelle en impliquant tous les acteurs du champ éducatif y compris les parents « Il faut onjuguer les efforts de tous les acteurs sociaux, répandre une culture positive qui valorise l'enseignant ». 37,5% disent qu'il faut « réduire la surcharge des élèves dans les classes, adapter les méthodes et les programmes aux réalités du lycée Marocain et impliquer les enseignants dans la prise de décisions éducatives » « il faut travailler au niveau national et local pour la résolution des problèmes. Il faut opter pour une bonne orientation des élèves, imposer la discipline, réduire les leçons et changer les programmes actuels par des programmes qui sont en harmonie avec la réalité du pays, il faut aussi changer des méthodes incompatibles avec la réalité de la classe Marocaine » « il faut arrêter d'aggraver les problèmes des enseignants avec des affectations qui perturbent les familles des enseignants, les enseignants ne se concentrent pas sur leur travail ». 37,5% disent qu'il est temps de « Valoriser l'enseignant matériellement et l'accompagner moralement « l'accompagnement de l'enseignant est une urgence, il ne faut plus qu'il soit isolé : par exemple quand l'enseignant a des problèmes avec un élève, on n'arrête pas de dire que l'élève est un gentil, qu'il faut l'excuser. L'administration est toujours à coté de l'élève » 31,25% des enseignants disent qu'il faut que les enseignants doivent se dresser comme des agents de changements, de liberté et d'ouverture et introduisent dans leurs pratiques des innovations. 25% croient qu'il faut déstresser l'environnement scolaire, encourager le parascolaire, soutenir les projets éducatives et offrir des équipements adéquats. 18,75% pensent qu'il faut offrir une formation de qualité avec des visées pragmatiques bien claires, ce même pourcentage des enquêtés évoque le fait qu'il est indispensable d'imposer la discipline aux élèves.

L'analyse des données a révélé que le parcours professionnel, la pratique, la perception et le vécu quotidien sont vus tantôt de la même façon par tous les enseignants, tantôt vus différemment selon l'ancienneté dans le métier.

Ancienneté

Parcours professionnel

Pratique

Perception

Vécu quotidien

Parcours professionnel plutôt

formateur

Parcours non

formateur

Réflexive mais rarement

évolutionniste

Diverses mais traditionnelle pas de
supports technologiques

Moins valorisante

idéaliste

agréable

pénible

Enseignants entre 5-10
ans

d'ancienneté

20%

80%

10%

90%

80%

20%

10%

90%

Enseignants entre 10-15
ans

d'ancienneté

0%

100%

50%

50%

0%

100%

0%

100%

Enseignants entre 15-20
ans

d'ancienneté

10%

90%

40%

60%

0%

100%

10%

90%

Tableau récapitulatif des 4 facteurs influant l'engagement ou le désengagement des enseignants selon l'ancienneté

Il est important de noter que le parcours professionnel et le parcours de formation de tous les enseignants est plutôt non formateur puisque seulement 20% des enseignants qui sont au début de leur carrière, 10% des enseignants expérimentés disent avoir un parcours professionnalisant. Ceux qui sont à la mi-carrière avouent que leur parcours est non professionnalisant. Les enseignants les plus expérimentés présentent un pourcentage assez conséquent quant à la réflexivité qu'ils introduisent dans leurs pratiques 40%, ceux qui sont à la mi-carrière affirment également adopter cette démarche 50%. Cependant, les nouveaux venus dans le métier affirment que leurs pratiques manquent de réflexivité et d'innovations. Les enseignants dont l'ancienneté varie entre 10 et 20 ans affirment qu'ils sont satisfaits de leurs image à 100%, il n'ya que ceux qui sont dans le début de leur carrière qui disent douter de cette image idéale 80%. Quant au vécu quotidien, tous les enseignants sont d'accord qu'il s'agit d'un vécu pénible, un pourcentage infime renvois à un vécu plus au mois agréable 10%.

Une analyse croisée permet, en fait de monter que les enseignants dont la formation est quasi absente, malgré une pratique que 50% d'entre eux disent non traditionnelle, mettent en avant une image de soi trop idéaliste et soufrent énormément d'un vécu pénible à 100% (les enseignants entre 10-15 ans d'ancienneté). Ceux, qui ont un parcours professionnel relativement formateur mais dont la pratique est traditionnelle, ont une perception réaliste de

leur métier et leur vécu est un peu moins pénible (90%) (Enseignants entre 5-10 ans d'ancienneté). Ceux dont le parcours n'est pas vraiment professionnalisant (seulement 10% ont reçu des formations) mais dont la pratique présente un taux assez important de réflexivité (40%) disent également souffrir d'un vécu pénible (90%). Leur perception est aussi trop idéaliste (Enseignants entre 15-20 ans d'ancienneté)

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"Il ne faut pas de tout pour faire un monde. Il faut du bonheur et rien d'autre"   Paul Eluard