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Politique fiscale et informalités économiques au Niger

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par Moussa Sahirou Tchida
Institut universitaire d'études en développement de Genève - Diplôme d'études approfondies (DEA) 2005
  

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3.2 Ren forcement des canacités de l'administration fiscale

L'administration publique en général et fiscale en particulier, est confrontée a un déficit en ressources humaines et matérielles dans l'accomplissement de sa mission. En effet, en 2002, pour un besoin en ressources humaines de mille cent cinquante (1150) agents pour la Direction Générale des Impots, celle-ci n'en comptait que cinq cent douze(512), soit 45% des besoins135. Pour pallier cette insuffisance en personnel, l'administration fiscale fait recours a l'appui des bénévoles, des appelés du service civique national, aux agents de collectivités et aux agents de force de l'ordre. Cependant, le cas de certaines catégories de ce personnel d'appui n'est pas sans conséquence sur le bon fonctionnement des services, car au-dela de la question de compétence, il se pose aussi un probléme d'éthique, comme l'ont dénoncé le personnel titulaire, notamment dans la procédure du recouvrement.

132 Ceci Vieira Jurua(Coord.), op.cit, p.9.

133 Ibidem, p.10

134 Chambas, G., (2004), op.cit., p.22

135 Dan Badaou née Fassouma Ali, Oumarou née Zeinabou Hassane & Boubacar Abdoulaye, Les stratégies d'amélioration des recettes a la DGI de 1998 a 2002, op.cit. p.44

Graphique 3 : E ffectif du personnel de la DGI au niveau central et dans les directions
regionales par grades en 2002

100%

40%

80%

60%

20%

0%

Cadres A1,A2,A3 Cadres B1,B2 Auxilliaires Catégories C1, Categories D1,D2

L'observation de ce graphique nous indique clairement une administration a pyramide renversée avec une prédominance des cadres supérieurs par rapport aux cadres moyens et agents d'exécution. En outre, il se manifeste une concentration d'agents au niveau de l'administration centrale et de la direction régionale de la Communauté Urbaine de Niamey, donc une répartition inéquitable dans l'espace. Mais, la véritable difficulté ne vient pas nécessairement de l'effectif ni de sa répartition, mais de la compétence des agents et des méthodes de travail. Il se pose alors un besoin en renforcement de capacités des agents a tous les niveaux et a quoi, l'Etat du Niger s'atéle avec le concours du FMI, en particulier.

Ainsi, depuis 1998, dans le cadre de l'assistance technique au Niger et convaincu de « l'incidence des faiblesses des institutions et des capacités sur les perspectives macroéconomiques et la réduction de la pauvreté au Niger », le FMI a fait de l'assistance technique a l'administration des impOts un de ses axes prioritaires d'intervention. De 1999 a 2003, le FMI a consacré prés de 50% de son assistance technique a l'administration des impots en vue d'améliorer les recettes fiscales. A la demande des autorités nigériennes, le FMI a mis a la disposition du Niger un expert-résident en 2001 afin « d'aider la direction des impots a améliorer le rendement des impots et l'imposition des PME et a renforcer le suivi des contribuables, les contreiles fiscaux et le recouvrement des impots ainsi que la gestion des exonérations. »136 Les objectifs ainsi déclinés de cette assistance témoignent, si besoin en est, des faiblesses de capacités des services des impots dans l'accomplissement de leur mission.

En évaluant les recettes fiscales enregistrées pendant la durée du contrat de l'expert de 2000 a 2003, le FMI impute en partie leur augmentation de 48% en valeur nominale et de 1,6

points du PI13 a cette assistance technique. Le rapport indique, comme pour corroborer cette hypothése que «plus récemment, et a la suite du depart de l'expert en recettes fiscales, l'amelioration des résultats des recettes du Niger a perdu un peu de son élan. »137 Au regard de ce constat, il apparait que toute assistance technique qui n'intégre pas dans son schéma un réel transfert de connaissance, est forcément vouée a l'échec, surtout lorsque « la cooperation, pressée de montrer des résultats visibles, s'est [...] substituée aux acteurs locaux »138. Il apparait alors qu'aucune assistance technique ne peut remplacer un bon plan de formation des agents appelés a servir l'Etat au quotidien dans ses efforts de mobilisation des ressources. L'assistance technique doit en principe favoriser l'autonomie a moyen et long terme de l'Etat demandeur et non de créer une autre dépendance comme l'atteste la demande des autorités nigériennes de la mise a leur disposition d'un autre expert.

En outre, en plus de la formation des compétences et des programmes de perfectionnement des cadres, la bonne et saine gestion des carriéres des agents en termes de « profil-poste » reste une condition sine qua non de la réussite de toute politique de renforcement des capacités. Pourtant, la politisation de l'administration et une mauvaise gestion des ressources humaines disponibles sont des facteurs limitant pour un meilleur rendement de toute administration, malgré les efforts de formation et de perfectionnement qui peuvent <tre déployés. Par ailleurs, au-dela de tout programme de renforcement des capacités, la volonté politique de mettre en oeuvre des réformes conséquentes avec des objectifs clairement définis et compris de tous, est un facteur supplémentaire voire déterminant dans la performance de toute administration.

La position centrale et stratégique de l'administration fiscale dans un pays pauvre comme le Niger qui a besoin de mobiliser toutes les ressources disponibles et imaginables doit amener les autorités a initier et mettre en oeuvre une bonne politique de renforcement des capacités de cette institution. Le renforcement des capacités ne peut pas se limiter aux seules ressources humaines, il doit consister également en une dotation de ces services en équipement et moyens conséquents de travail. Dans ce contexte de développement des nouvelles technologies de communication, l'informatisation des services fiscaux et leur mise en réseau constitue un pas important en avant et une impérieuse nécessité. Mais pour <tre efficace, il ne doit pas s'agir d'une informatisation des mesures obsolétes, mais celles de

137 Ibidem, p.11

138 Daniel FINO, (1996), « De l'aide internationale au renforcement des capacités nationales », Impasses et promesses. L'ambigulte de la cooperation au developpement, Nouveaux Cahiers de l'IUED, N° 4, Paris, PUF ; IUED Geneve, p.16

nouvelles procédures, simplifiées et appropriées pour une meilleure gestion des contribuables, car l'expérience aurait montré o que tout développement d'un systeme informatisé doit etre fondé sur une refonte de l'organisation de l'administration et des procédures fiscales. »139

A cet égard, il s'agira d'axer les efforts d'amélioration des procédures sur les aspects liés essentiellement a « l'immatriculation des contribuables [..1, la mise en place d'un numéro d'identification fiscal unique, l'amélioration des dispositifs de recensement, et la création d'un fichier central des contribuables régulierement tenu a jour »140, pour ne citer que ceux-là. Toutes ces mesures doivent etre précédées ou suivies d'une meilleure information des contribuables pour mieux connaitre et comprendre les mécanismes d'imposition ainsi que les procédures de recouvrement et du contentieux. En effet, l'adhésion du contribuable au systeme fiscal mis en oeuvre est une des clés de réussite de toutes les actions visant a améliorer l'administration fiscale. Aussi, l'amélioration des recettes fiscales selon les conclusions d'une mission du FMI au Niger en fin septembre 2003, repose également sur, entre autres, o l'engagement ferme des autorités de promouvoir la transparence et la bonne gouvernance. »141

Il apparait essentiel que les gouvernants subsument la gestion de la chose publique sous le signe de la transparence et surtout d'un devoir de rendre compte aux populations de la maniere dont les affaires de l'Etat son gérées. L'opacité dans la gestion des biens publics est une des causes du faible engagement des populations a répondre promptement a l'appel des gouvernants, notamment en ce qui concerne l'amélioration des finances publiques par la mobilisation de l'impôt, en particulier. Il est donc important que les gouvernants s'attelent a instaurer ou restaurer la confiance avec les citoyens en vue de promouvoir un développement participatif et harmonieux au nom de l'intérêt général. A cet égard, o toutes les mesures prises dans le cadre de la bonne gouvernance doivent tendre a réconcilier les populations avec les valeurs cardinales que sont le travail, l'honneteté et l'intégrité. Par ailleurs, l'administration doit asseoir une bonne culture de service public faite de probité, de sérieux dans le travail et du sens de l'Etat. »142

139Olivier Benon(consultant, basé au siege du département des finances publiques du FMI) & Jean-Paul Bodin(chef adjoint de la division de l'administration fiscale de ce meme département), Améliorer l'efficacité du systeme fiscal -- Cas des pays d'Afrique francophone, janvier 2002, p.29

140 Ibidem, p.29

141 Rapport de mission FMI au Niger, op.cit, p.12

142Daniel Kablan Duncan(ex Premier ministre de Cote-d'ivoire) In, Renforcement des capacités, gouvernance et réformes économiques en Afrique, Rapport du séminaire organisé par l'Institut Multilatéral d'Afrique du 2 au 3 novembre 1999 a Abidjan(Cote-d'ivoire), Ed. Michel A. Dessart & Roland. E.Ubogu sous l'égide du FMI, de la Banque Africaine de Développement(BAD) et de la Banque Mondiale(BM), 2001, p.29

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