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Les forces armées camerounaises face aux nouvelles formes de menaces à  la sécurité : d'une armée de garde vers une armée d'avant garde 1960-2010

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par Ernest Claude MESSINGA
Université de Yaoundé II-SOA - Doctorat/Ph.D en science politique 2011
  

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4- LES ATTEINTES A LA SURETÉ DE L'ÉTAT DES ANNÉES 1990

Au Cameroun, le processus de démocratisation, entendu comme le cheminement de l'autoritarisme vers la démocratie multipartisane en tant qu'idéal de gestion de l'Etat s'est déroulé en plusieurs étapes. D'abord, une métamorphose du parti unique le Rassemblement Démocratique du Peuple Camerounais (RDPC), ensuite la mise en place d'un cadre juridique avec la session des libertés de décembre 199045 et le renouvellement de la classe politique nationale par l'organisation de consultations électorales à divers niveaux.

Cette mutation socio-politique ne s'est pas passée sans heurts comme dans d'autres pays, au point de menacer substantiellement l'existence même de l'Etat. Mais les Forces Armées vont s'employer pour restaurer l'autorité

45 Il s'agit notamment des lois 90/055 relatives au régime des réunions et manifestations et 90/056 relative aux partis politiques.

Thèse de Doctorat/Ph.D en Sce Po, UY2, 2011 Ernest Claude MESSINGA 178

Les F.A.C. face aux nouvelles formes de menaces à la sécurité : d'une Armée « de garde » vers une Armée « d'avant-garde » 1960-2010

de l'Etat bafoué par des revendications qui portaient atteinte à la sûreté de l'Etat.

Face à la « méthode du pas à pas » (Essissima 1998 : 21) adoptée par le gouvernement et le refus du Chef de l'Etat d'organiser une « conférence nationale souveraine »46 principale revendication des partis politiques, l'opposition camerounaise regroupée autour d'une superstructure dénommée « collectif des partis de l'Opposition » puis « coordination nationale des partis d'opposition et des associations » va mener une insurrection et une véritable guérilla urbaine dans certaines grandes villes du pays.

Les méthodes choisies par les leaders de l'opposition sont tout d'abord les « villes mortes - pays mort »47 qui visent sous l'effet conjugué de la crise économique et des programmes d'ajustements structurels, à essouffler l'économie camerounaise et, ainsi faire plier la politique du parti au pouvoir. Ensuite, le corollaire de ces dernières était de susciter l'incivisme fiscal à travers le non payement d'impôts, des quittances d'électricité, d'eau, de téléphone, etc. ; la destruction du tissu économique à travers les actes de vandalisme48. Seule la capitale du Cameroun ne sera pas atteinte par cette vague de désobéissance civile, Douala la capitale économique étant à feu et à sang. Enfin, la violence va monter d'un cran avec l'attaque du patrimoine national et les symboles même de l'Etat. Des assassinats des représentants de l'Etat ont lieu. Des velléités sécessionnistes

46 Le 27 juin 1991, le Président Paul Biya, devant l'Assemblée nationale, déclare que la conférence nationale au Cameroun est « sans objet » pour le Cameroun.

47 « Il y'a cinq ans ...les villes mortes », Mutations, Dossier spécial n°016 du 22 octobre 1996.

48 Incendie de l'usine des brasseries du Cameroun à Limbé, le 12 avril 1991 ; le blocage des lieux de marché ou d'écoulement des produits de consommation ; des voies de communication et l'intimidation des commerçants ; le non respect de la réglementation avec l'importation frauduleuse des produits pétroliers et autres produits de consommation, etc.

Thèse de Doctorat/Ph.D en Sce Po, UY2, 2011 Ernest Claude MESSINGA 179

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apparaissent dans les provinces anglophones du pays orchestrées par la SCNC en vue de créer un Etat indépendant dénommé « Ambazonie ».

Prenant acte de cette montée de la violence, Paul Biya affirme en juin 1991 que « (...) violence, vengeance, haine, vandalisme, terrorisme risquent de devenir des valeurs en hausse (...). Intimidation, menaces, grèves illégales, tout est bon pour déstabiliser notre pays »49. Il va donc à cet effet prendre des mesures exceptionnelles en impliquant les Forces Armées camerounaises dans les missions de maintien de l'ordre public.

Pour mettre fin à la déliquescence de l'Etat, les Commandements Opérationnels seront crées sur l'ensemble du territoire camerounais conformément à l'article 26 de la loi n°67/LF/9 du 12 juin 1967 portant organisation générale de la Défense. Le territoire national est dès lors réorganisé en huit régions militaires, ou sont respectivement nommés les commandants opérationnels avec pour mission « rétablir l'ordre dans les plus brefs délais dans les provinces prises dans l'engrenage du vandalisme ». Ces commandements opérationnels disposent de toutes les Forces de Police, de Gendarmerie et des Armées de Terre, Air et Mer. Le commandant agit sur instruction du gouverneur, représentant du Chef de l'Etat dans la région et responsable du maintien de l'ordre dont il est conseillé militaire.

Sans verser dans l'excès, nous pouvons affirmer que les Forces Armées camerounaises ont, malgré quelques incidents de parcours au début du processus démocratique, maintenu et assuré la stabilité des institutions républicaines et, favorisant par là un développement réfléchi de la « démocratie camerounaise » (Ela Ela 2000 : 268-269).

49 Le quotidien national Cameroon Tribune, n°4916 du 21 juin 1991, pages 12-13 Thèse de Doctorat/Ph.D en Sce Po, UY2, 2011 Ernest Claude MESSINGA 180

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