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Les forces armées camerounaises face aux nouvelles formes de menaces à  la sécurité : d'une armée de garde vers une armée d'avant garde 1960-2010

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par Ernest Claude MESSINGA
Université de Yaoundé II-SOA - Doctorat/Ph.D en science politique 2011
  

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CONCLUSION

Face à la montée en puissance et à la permanence de l'insécurité dans le monde, en Afrique en général, dans le Golfe de Guinée et au Cameroun en particulier, les Forces Armées camerounaises comme les Forces Armées du monde, soumises à une redoutable épreuve, sont mises en branle. C'est la « guerre contre le terrorisme »57 ou « guerre contre la terreur »58 développée par l'administration américaine de George W. Bush après les attentats du 11 septembre 2001. Mais, ce terme n'est plus employé dans l'administration américaine depuis l'entrée en fonction de l'administration Obama en 200959. La notion émerge en réalité dès la présidence de Bill Clinton confrontée à la montée du « terrorisme international »602et sous forme de recommandations alarmantes émises dès le mois de juin 2000 qui évoquent déjà les menaces et le scénario qui devaient se concrétiser l'année suivante.

Comme première mesure américaine après le fameux 11 Septembre, le USA Patriot Act, une loi d'exception, limitée dans le temps et votée par le Congrès à la quasi-unanimité le 26 octobre 2001. Elle est destinée à renforcer le pouvoir des agences gouvernementales des États-Unis. Les adversaires du Patriot Act (notamment les associations de protection des libertés individuelles) considèrent cette loi comme liberticide. Le Patriot Act a été prolongé le 21 juillet 2005 (à la chambre des représentants) et le 29 juillet 2005 (au Sénat américain) de façon permanente pour 14 des 16

57 «War on Terrorism », « War on Terror»

58 «Global War on Terror »»

59L'expression "guerre contre le terrorisme" abandonnée, France 24, 31 mars 2009 60 http://fr.wikipedia.org/wiki/guerre contre le terrorisme.

Thèse de Doctorat/Ph.D en Sce Po, UY2, 2011 Ernest Claude MESSINGA 254

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dispositions du Patriot Act et de 10 ans pour les deux autres (sur les écoutes téléphoniques et l'accès au fichier personnel).61

En France, dans le cadre des dispositifs prévus par les plans Vigipirate, Biotox ou Piratox et des missions de la gendarmerie nationale, les Forces Armées protègent la population et les intérêts nationaux. Plus loin de leurs frontières, elle lutte contre le terrorisme par l'engagement des Forces spéciales en Afghanistan et participe à la force navale TF 150 dans l'océan Indien. A l'extérieur du territoire, les Forces françaises sont engagées sur de nombreux théâtres de crises régionales : en Côte d'Ivoire, en Afghanistan, dans les Balkans. Cette implication permanente des Armées est la partie la plus visible de l'action de la France au service de sa sécurité nationale et de la stabilité internationale. Mais, leur réponse aux défis du moment va bien au-delà du seul engagement militaire : elle combine des préoccupations stratégiques, économiques, sociales, diplomatiques. Les menaces actuelles exigeant une réponse forte, globale et surtout durable, elle va le concrétiser en conjuguant des moyens renforcés et une coopération politique relancée.

Des moyens seront renforcés avec des équipements à la pointe de la technologie, des nouveaux Rafale, des hélicoptères NH90, du Tigre, de nouveaux bâtiments de projection et de commandement, des systèmes Félin, la phase de conception du deuxième porte-avions sera lancée, la modernisation de la dissuasion nucléaire avec la mise en place du M51, deux programmes majeurs pour la Marine ont franchi des jalons importants et déterminants. Grâce à la loi de programmation 2003-2008 et à son application rigoureuse, avec le soutien constant du Président de la République, les Forces Armées françaises sont de mieux en mieux

61 http://fr.wikipedia.org/wiki/guerre contre le terrorisme_cite-note-0-cite-note-0 Thèse de Doctorat/Ph.D en Sce Po, UY2, 2011 Ernest Claude MESSINGA 255

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préparées aux exigences du contexte stratégique. Dès lors, la Défense est redevenue une priorité nationale.62

L'Organisation de coopération de Shanghai (OCS), regroupant la Russie, la Chine et les nations d'Asie centrale, va déclarer la guerre contre les « trois Forces du mal » : le terrorisme, le séparatisme et l'extrémisme. Il s'agit de diverses actions policières, politiques et militaires que réalise le gouvernement des États-Unis (appuyé par différents alliés dont l'OTAN) contre différentes organisations liées au terrorisme islamiste appuyés par une coordination au niveau de l'Organisation des Nations unies63de divers comités crée par le Conseil de sécurité des Nations unies. Elle se démarque de la lutte antiterroriste traditionnelle par des actions militaires de grande ampleur à l'étranger et un interventionnisme actif. Elle débouche sur le déclenchement de « guerres préventives » contre les États suspectés d'abriter des groupes terroristes et/ou susceptibles de leur fournir des armes de destruction massive. Cette guerre combine la lutte directe, c'est-à-dire le démantèlement des cellules terroristes, la destruction des camps d'entraînement, et la lutte indirecte. Cette dernière comprend les enquêtes et les pressions sur les gouvernements, organisations et personnes soutenant les organisations terroristes, et le gel des avoirs soupçonnés d'appartenir ou de servir à des groupes terroristes. C'est aussi les aides financières aux pays participant à la lutte contre le terrorisme, l'accroissement de la coopération internationale au niveau du renseignement, de la police et de la justice, la réorganisation politique du Moyen-Orient décidée par l'administration Bush (projet du « Grand Moyen-Orient » porté par les néoconservateurs). Des unités militaires des États-Unis apportent un soutien logistique, aide à la formation des Forces locales et offre des renseignements à plusieurs pays d'Afrique du Nord et l'Ouest (Algérie, Tchad, Tunisie, Mauritanie, Maroc,

62Alloction du Ministre de la Défense, Mme Michele Alliot-marie, Nouvelles menaces, nouvelles réponses, 12ème rencontres parlementaires "Paix et Défense", Lundi 31 Janvier 2005.

63 http://fr.wikipedia.org/wiki/guerre contre le terrorisme_cite-note-0-cite-note-0

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Mali entre autre) pour lutter contre divers groupes Armées (terrorisme et grand banditisme) qui se trouve dans le Sahel dans le cadre de la Trans Sahara counter Terrorism Initiative (TSCT) (anciennement Initiative Pan-Sahel lancé en 2002). 1400 soldats américains sont installés dans la corne de l'Afrique dans le cadre de la Force mixte dans la corne de l'Afrique du Commandement Central (Combined Joint Task Force-Horn of Africa). Leur mission consiste à mener des opérations et à organiser des entraînements visant à « combattre le terrorisme, à sécuriser la zone et à établir la stabilité régionale ». Afin de s'acquitter de cette mission, il organise des opérations civilo-militaires, des opérations relevant des affaires civiles, et des cycles de formation en collaboration avec l'Union africaine. La zone d'opération de cette force combinée comprend les Comores, Djibouti, l'Érythrée, l'Éthiopie, le Kenya, la Somalie, le Soudan, la Tanzanie, l'Ouganda et le Yémen. Un ensemble de mesures visant à lutter contre le terrorisme de manière active ont été prise en l'occurrence l'infiltration des mouvements, guerre de chasse, éliminations préventives, etc.64

La " guerre de chasse " est l'une des méthodes du contre-terrorisme. En ambiance de guérilla, il s'agit de traquer les groupes terroristes afin d'empêcher leur implantation dans un secteur déterminé. On crée ainsi une sorte de " guérilla de contre guérilla ". Elle est pratiquée par des Forces spéciales ou " irrégulières ". En ambiance de terrorisme politique, marginal ou de guérilla urbaine, cette méthode a souvent dérivé vers la constitution d'escadrons de la mort ".

L'Israël a créé en 1995 l'unité " Egoz ". Egoz est une unité militaire clandestine, qui opère exclusivement au Sud-Liban, dans la zone opérationnelle du Hezbollah. Elle opère par raids aéroportés ou terrestres contre des objectifs terroristes. Une autre unité secrète, " Mista'aravim " issue de la fusion de l'unité " Shimson " (qui opérait dans la bande de Gaza)

64 http://fr.wikipedia.org/wiki/guerre contre le terrorisme

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et l'unité " Duvdevan " (Cisjordanie) opère dans les territoires occupés. Ses membres sont vêtus comme des arabes et évoluent au sein de la population palestinienne pour assassiner leurs " cibles ".

En ex-Rhodésie, des opérations de combat clandestines dans les zones occupées par la Zimbabwe African National Liberation Army (ZANLA) - surnommées " Pseudo Ops " - étaient pratiquées par les Selous Scouts. Une variante de la guerre de chasse, menée par des spécialistes, est de mettre sur pied des organisations autochtones de résistance contre les terroristes. Les Français, puis les Américains ont mis sur pied de tels mouvements de résistance au Vietnam. Toutefois, ceci n'est possible que lorsque la guérilla ou le mouvement terroriste ne bénéficie pas d'un large appui populaire.

La Coopération internationale va s'accentuer avec le Conseil de sécurité des Nations unies qui va renforcer la coordination entre les trois Comités créés pour lutter contre le terrorisme et chargés de surveiller l'application de ses résolutions par les États membres. Les trois Comités concernés sont : le Comité des sanctions contre Al-Qaïda et les Talibans (créé par la résolution 1267 en 1999 appelé aussi Comité 1267)65, le Comité contre le terrorisme (créé par la résolution 1373 en 2001), et le Comité sur la non-prolifération des armes de destruction massive (créé par la résolution 1540 en 2004). La résolution 1624 en 2005 ouvre la voie à l'adoption de mesures anti-terroristes au niveau mondial. Plusieurs accords ont lieu entre États pour lutter contre le terrorisme et renforcer les textes existants tel la convention interaméricaine contre le terrorisme signé par les 34 États de l'Organisation des États américains le 3 juin 200266 et la Convention européenne pour la prévention du terrorisme du Conseil de l'Europe signé en

65 http://www.cicte.oas.org/Rev/en/Documents/Conventions/AG%20RES%201840%2020 02%20francais.pdf.

66Texte intégral de la convention interaméricaine contre le terrorisme

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2005 et entré en vigueur le 1er juin 200767. En 2005, Interpol créé la Notice spéciale Interpol - Conseil de sécurité des Nations Unies concernant des personnes associées à Al-Qaïda et aux Talibans qui figurent sur la liste du Comité 1267 du Conseil de sécurité des Nations-Unis et font l'objet de sanctions telles que le gel de leurs avoirs, une interdiction de voyager et un embargo sur les armes. Les services de sécurité américains multiplient les contacts et les centres de coordination de lutte antiterroriste avec leurs homologues à travers le monde tel l'Alliance Base à Paris. Quel serait donc le bilan de cette croisière contre cette menace « sans visage » ?

672005 : Convention européenne pour la prévention du terrorisme

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CHAPITRE V :
UNE ÉVALUATION OPÉRATIONNELLE DE LA LUTTE ANTI-MENACES

 

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Conduite sous le leadership des Etats-Unis après la tragédie du « mardi noir », « la guerre contre le terrorisme » a été un échec cuisant ; en témoigne la prolifération des attentats meurtriers à l'échelle planétaire, notamment à Bali, Djakarta, Madrid, Istanbul, Islamabad, Bombay, en Afghanistan et en Irak, mais également à Djerba, Casablanca, Mombasa et Charm el cheikh, pour ne citer que ces exemples. C'est la preuve irréfutable que l'Afrique n'est pas véritablement en marge de ce phénomène de propagation de la terreur. Dans ce sens, il est loisible de relever que tant certains de ces actes sont perpétrés par des africains eux-mêmes, expression d'un ras-le-bol incoercible et d'un tissu social en déliquescence, que d'autres, en fait, sont facilités par la fragilité des systèmes sécuritaires, poreux aux incursions extérieures déstabilisatrices.

Le phénomène est en effet très largement répandu en Afrique sous une forme interne aux Etats. Il y est pratiqué par des mouvements rebelles (Union Nationale pour l'Indépendance Totale de l'Angola UNITA en Angola, Résistance Nationale Mozambicaine RENAMO au Mozambique, Lord's Resistance Army LRA en Ouganda, Patriotes résistants Maï Maï Parema en République démocratique du Congo, Libériens Unis pour la Réconciliation et la Démocratie LURD et Mouvement pour la démocratie au Liberia Model au Liberia, etc.)(Ahouanye M.L 2009 : 26-27). Mais aussi des Forces gouvernementales (Liberia, Zimbabwe, notamment durant la répression dans le Matabeleland des années 1980, Angola, Soudan, etc.), les uns comme les autres recourant largement aux moyens de la terreur et de l'effroi.

Le terrorisme apparaît aujourd'hui comme le symptôme d'une société internationale malade ; malade de ses injustices, de ses disparités et de ses exclusions. Dans des sociétés africaines marquées par des systèmes démocratiques dont la construction reste déficitaire, une inégale répartition des richesses économiques disponibles, l'existence de bidonvilles géants, cimetières vivants de tant d'espoirs déçus, réceptacles de générations

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entières frustrées et en mal d'être, en mal de devenir, bref, en défaut d'avenir, et en fin de compte, creuset idéal pour les sergents recruteurs de l'internationale terroriste, le terrorisme ne peut que y faire son lit. C'est d'ailleurs l'argument majeur qui a été mis en avant lors des attentats de Casablanca au Maroc le 16 mai 2003 où les 14 terroristes étaient marocains, tous issus du bidonville de Sidi Moumen où la police ne pénétrait plus ; ou encore de la prise d'otages au Nigeria le 31 juillet 2004 de 165 travailleurs de la société américaine Mallard Bay, qui opère en sous-traitance avec SHELL, par une trentaine de ravisseurs autochtones qui réclamaient des emplois et une meilleure répartition des revenus issus du pétrole local (Ahouanye M.L. 2009 : 30). L'aspect technologique de la mondialisation reste un facteur important de diffusion de ce terrorisme international : Internet, les téléphones portables et les moyens de transport modernes ont fourni à ce dernier un environnement favorable.

L'URSS retirée d'Afghanistan, la contagion apportée par les anciens combattants afghans se répandit très rapidement en Afrique du Nord (Algérie, Egypte, Soudan). Pour l'Algérie seule, de 600 à 1000 anciens combattants islamistes aguerris regagnèrent le pays entre 1986 et 1989, constituant dès cette époque la base d'une expansion terroriste sur une assise de fondamentaliste islamique. Quant au financement de celle-ci, il fut d'abord assuré par l'Arabie Saoudite, puis par Oussama Ben Laden et d'autres contributeurs privés. C'est ainsi que fut revivifié un extrémisme local prônant la violence, mais en se tournant désormais plus vers l'extérieur. A la fin de la décennie, l'on en verra les effets jusqu'en Afrique du Sud avec l'organisation People Against Gangsterism and Drugs (PAGD) ou dans la partie orientale du continent par une série d'attentats. Mais le détonateur fut bien l'annulation des élections législatives de 1992 en Algérie. Des milliers de personnes furent tuées ou blessées dans l'espèce de guerre civile qui s'ensuivit, dérivant d'une radicalisation favorisée par la stagnation économique et le chômage massif dans les banlieues et les

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bidonvilles. 412 hommes, femmes et enfants furent horriblement taillés en pièces dans trois villages de la région d'Elizane pendant la nuit du 29 décembre 1997 (Ahouanye M.L. 2009 : 32).

En Tunisie, en Libye, en Egypte et dans certains Etats subsahariens, seules des mesures de sécurité rapides et efficaces colmatèrent la situation. Malgré cela, 58 touristes étrangers furent massacrés à Louxor en novembre 1997 et les deux ambassades américaines de Nairobi et de Dar es-Salaam furent détruites simultanément le 7 août 1998 (sans parler d'une tentative avortée à Kampala et d'autres à Bangkok et Tirana). Le caractère international du phénomène était souligné, dès le 20 août 1998, par une attaque de représailles américaine près de Khartoum contre une usine chimique incriminée. Précédemment, la tentative d'assassinat de l'été 1995, contre le président égyptien Hosni Moubarak à Addis-Abeba, avait déjà fait monter la tension entre l'Egypte, le Soudan et l'Ethiopie (Ahouanye M.L. 2009 : 33).

Rétrospectivement, les attaques terroristes dans cette région du monde apparaissent comme une esquisse des événements du 11 septembre 2001. Les attentats anti-américains du Kenya et de Tanzanie avaient surpris, et pourtant des signes inquiétants apparaissaient bien dès la guerre du Golfe : le 25 janvier 1991, par exemple, le département d'Etat américain invitait les familles de ses diplomates et les personnels non indispensables à quitter la Tanzanie en raison de menaces terroristes liées à ce conflit. Parallèlement au recours local ou régional à la terreur, une vague mondiale de terrorisme prenait corps, en fait, depuis plusieurs décennies, et ce, bien avant les attaques dont le World Trade Center fut par deux fois l'objet, en 1993 puis en 2001, pour incarner les nouveaux dangers de l'après-guerre froide. Ces derniers événements ne font, en réalité, que refléter l'aggravation d'un problème mondial de sécurité, qui exige une réaction également de portée mondiale, dans laquelle devront s'inscrire l'Afrique et les différents Etats qui la composent.

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Comme le reste du monde, le Cameroun connaît son lot de menaces de divers ordres, entre autre le phénomène des coupeurs de route responsable de la criminalité transfrontalière et les « loups de mers » responsables des risques et pratiques illicites en mer : piraterie, terrorisme, trafic divers, pêche illicite, immigration illégale et pollution.

I- LES « COUPEURS DE ROUTE » ET LA CRIMINALITÉ TRANSFRONTALIERE

Dans les régions septentrionales, le phénomène a trouvé un terrain particulièrement fertile dans certaines parties du territoire national notamment là où les populations estiment se trouver dans quelque obligation morale de participer au rayonnement de l'administration traditionnelle locale par le paiement d'une dîme reconnue de fait et estimée indispensable au fonctionnement des structures de la cour. Des comportements qui mettent parfois en complicité plus ou moins ouverte les populations et les coupeurs de routes.

Le phénomène devient très complexe quand il peut éclater à l'intérieur d'un territoire donné et avoir des répercussions regrettables sur un ou plusieurs autres, rendant ainsi difficile l'identification des assaillants. Ses manifestions sont variées. Ici, certains chefs traditionnels se croient investis de l'obligation d'organiser des razzias pour devoir assurer leur autorité et leur droit à la dîme... Ailleurs, des groupes de bandits s'organisent plus ou moins professionnellement et opèrent aussi bien à l'intérieur qu'à l'extérieur d'un territoire. Le pire est constitué des bandes de milices, voire de rebelles qui opèrent occasionnellement pour chercher des subsides là où elles croient pouvoir les trouver pour vivre et parfois survivre. Les attitudes ainsi affichées ont partout entraîné la mise en oeuvre et l'usage sans foi ni loi d'une vaste panoplie d'armes, allant des armes blanches (couteaux, machettes, lances, flèches, arbalètes...), aux armes de

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guerre (AK47, PA, MP5) ainsi qu'un éventail notable des moyens de communication modernes et puissants, causant çà et là au patrimoine humain et matériel des Etats des préjudices très importants et souvent inestimables (Nkoa Atenga 2007 : 18).

La période allant de novembre à décembre est généralement considérée comme la haute saison pour les « coupeurs de route ». La fête du mouton, principale célébration religieuse dispendieuse, suivie de la fête de Noël et du Nouvel An fait monter la menace. 15 morts, 20 attaques pour le seul mois de novembre 2009. L'attaque la plus meurtrière aura été celle du campement de Mbororo de Bloho, dans le parc national de Waza ou les assaillants ont froidement abattu 5 bergers, le 21 novembre 2009. L'accalmie observée, ces dernières semaines a été heureusement imposé par le déploiement impressionnant des Forces de Défense sur le terrain. Selon diverses sources, plus de 5 milliards de francs de rançon ont été versé, ces dernières années, aux « coupeurs de route ». Près de 300 personnes ont été tuées et plus de 50.000 têtes de bovins ont disparus. Ce triste bilan des attaques des « coupeurs de route » ne concerne que les régions du septentrion.

Cagoulés et armés à point et toujours promptes à tuer, les « coupeurs de route » ont semé la terreur ces dernières années le long des frontières qui lient le Cameroun à la République Centrafricaine, au Nigeria et au Tchad. En une dizaine d'année, ces bandits de grand chemin ont délesté de leurs biens, des populations déjà écrasées par le poids des difficultés de la vie quotidienne. Dans la région septentrionale frontalière aux trois pays voisins, ces attaques plombent les activités économiques, aggravant la misère des populations. Elles hypothèquent l'éclosion de l'activité touristique alors que le septentrion possède d'énormes potentialités.

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1) MODES ET MECANISMES OPÉRATOIRES EN PERPETUELLE MUE

La porosité des frontières et surtout la prolifération des armes de guerre et de petits calibres provenant des pays en instabilité récurrente, ont dopé l'activité de ces criminels qui écument les zones frontalières. En quelques années, leur modus operandi a énormément évolué, les moyens d'attaque aussi. Au Cameroun, le phénomène des coupeurs de route se manifeste principalement à travers trois modes :

· Des embuscades classiques sur les axes routiers contre des convois, même si ceux-ci sont escortés ne faisant plus recette;

· Les bouclages des villages, des prises d'otages avec demande de rançon dans les villes ou les localités rurales sont dans l'air du temps;

· Des rapts de bétail avec détournement d'itinéraire des troupeaux ;

Toujours à base des renseignements et des reconnaissances préalables sur le terrain retenu, le mécanisme des coupeurs de route s'articule en six phases :

> Se regrouper ;

> Frapper par surprise ;

> Arracher ou rapter (tuer éventuellement) ;

> Eclater ;

> Se regrouper à un endroit fixé à l'avance (en vue du partage du butin et de la cache des armes utilisées éventuellement) ;

> S'évanouir dans la nature ambiante après avoir planifié une nouvelle action (Nkoa Atenga 2007 : 19).

a) EMBUSCADES SUR LES AXES ROUTIERS

Il s'agit d'attaques perpétrées sur les convois, même escortés. Le phénomène bancaire n'étant pas encré dans les mentalités locales, le jour du marché, les malfrats tentent des embuscades pour s'approvisionner de

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l'argent des commerçants et autres agriculteurs avant de s'évanouir dans la nature à l'intérieur ou à l'extérieur du territoire. Toute résistance ou tentatives de reconnaître un assaillant est synonyme de suicide instantané. Ces attaques, souvent sur renseignement et de très courtes durées dans leur déroulement, sont plutôt rares sur les grands axes, fréquentes par contre sur les pistes rurales et axes secondaires.

Signalons cependant ici que les véhicules de transport des fonds et même des transports publics ne sont pas toujours épargnés (Nkoa Atenga 2007 : 18).

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"L'ignorant affirme, le savant doute, le sage réfléchit"   Aristote