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Les forces armées camerounaises face aux nouvelles formes de menaces à  la sécurité : d'une armée de garde vers une armée d'avant garde 1960-2010

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par Ernest Claude MESSINGA
Université de Yaoundé II-SOA - Doctorat/Ph.D en science politique 2011
  

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III- L'ÉCONOMIE DE DEFENSE ET DE SÉCURITÉ

Les menaces actuelles exigent une réponse forte, globale et surtout durable. Une réponse efficace passe par des Forces bien équipées. Cela suppose du matériel moderne, mais aussi une véritable politique industrielle et de recherche. Pour traduire cela en réalité, il faut mobiliser d'énormes moyens financiers, ce qui implique une économie de défense. Elle peut être définie comme l'ensemble des moyens investis par un gouvernement pour assurer sa politique de défense. Il s'agit des budgets d'ensemble, des industries militaires sans lesquelles il n'y a ni défense, ni sécurité remplissant leur mission, celle d'une assurance au profit des citoyens. C'est ainsi que tout Etat, pour faire face au défit de l'heure se doit d'élaborer une économie de défense à l'instar de celle de la France élaborée et publiée chaque année par le Conseil économique de la défense. Pour les éditions 2005 et 2006, plusieurs améliorations de méthode et développements sont à chercher, et en particulier :

· Les analyses concernant l'équipement opérationnel des Forces en distinguant les budgets d'acquisition des matériels et systèmes et les budgets de maintien en condition opérationnel ;

· L'analyse des industries concourant à l'économie de la défense autour de quelques grands secteurs, c'est-à-dire à coté des groupes systémiers, le domaine de la propulsion, les industries spatiales, les industries navales et les industries terrestres, et si possible (en 2006), les secteurs « non partie » à la production de l'armement mais, concourant à la technologie et l'économie de la défense et de la sécurité90.

90 http :// www.defense. gouv.fr/ced/layout/set/print/content/view/full/100875

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Il demeure utile et important de progresser dans l'élaboration d'un chiffre objectif crédible et convainquant de budgets pour l'ensemble des économies de la défense prenant en compte la politique de défense, l'état de leurs moyens, leurs objectifs. De ce fait, les Etats africains soucieux de moderniser leurs Forces de Défense se doivent de bâtir une économie de défense et sécurité reposant sur la disponibilité des budgets et la création des industries de défense.

1) LA DISPONIBILITÉ DES BUDGETS DE DÉFENSE.

L'inopération des Forces de Défense est pour la plus part des cas souvent due à l'indisponibilité du budget de défense consécutive soit aux lenteurs administratives, soit au manque de financement. Il s'agit donc de mettre en oeuvre des réformes budgétaires, des financements innovants et l'efficacité économique et opérationnelle des dépenses de défense. Pour ce fait, une question s'impose : comment mettre en oeuvre les réformes budgétaires en améliorant l'efficacité économique et opérationnelle des dépenses de défense ?

Dans la plupart des pays conscients de l'importance de la défense, les ministères de la défense constituent les premiers investisseurs et acheteurs publics. Ils présentent une spécificité au sein de l'Etat, se traduisant par un format défini d'Armée et une planification des équipements militaires. Face à des dépenses publiques déjà difficiles à rationaliser, la réussite des réformes budgétaires est un objectif important pour la défense, qui consent des efforts significatifs pour la mener à bien. Ces réformes concernent les administrations d'Etat dans leur ensemble. Elles visent à améliorer la gestion des actifs publics et à faciliter la décision publique en l'appuyant sur des données comptables fiables et comparables avec celles du secteur marchand. Elles marquent le passage d'une logique budgétaire de caisse à une approche économique et patrimoniale (valorisation des actifs). Elles introduisent une responsabilisation accrue des

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gestionnaires. Ces nouveaux instruments devraient contribuer à l'efficacité des dépenses et à la réactivité de l'outil de Défense91. La réforme du cadre comptable et financier doit aussi permettre de renforcer l'efficacité à long terme des dépenses de défense, en les inscrivant dans une optique pluriannuelle. La connaissance du coût des politiques publiques doit s'accompagner d'une évaluation de leurs conséquences financières à long terme. En recourant à des comparaisons internationales, l'on pourra dresser un bilan des processus les plus avancés et proposer des évolutions dans le cadre des réformes en cours. Les réformes entreprises aux USA, en France, au Royaume-Uni et dans d'autres pays de l'Union européenne suscitent des questions quant à l'architecture budgétaire la mieux adaptée et les pratiques les plus efficaces, qu'il s'agisse de la planification des budgets, du contrôle des dépenses ou de la mesure de la performance.

Pour la France, la nouvelle constitution financière, définie par la Loi organique relative aux lois de finances (Lolf) vient d'être mise en place. Son architecture a fait l'objet d'un dialogue approfondi entre le Parlement, le ministère des Finances et le ministère de la Défense. Le projet de loi de finances 2006 a inauguré cette nouvelle structure, dont la pertinence a été éprouvée en fonction de l'exécution budgétaire et vis-à-vis des objectifs des missions et programmes de la Défense.

a) LA REFORME BUDGETAIRE EN FRANCE

Peu de parlementaires ont réalisé les conséquences du vote de l'article 7 de la Lolf (définition et principes des missions et des programmes) sur l'organisation des ministères. Le pilotage par objectifs constitue une réelle nouveauté, qu'aucun pays n'a expérimenté à ce jour. Entre 2001 et 2005, le Parlement s'est concentré sur les indicateurs de performance, qui paraissaient être au coeur de la réforme. Parallèlement, les

91Conseil économique de la Défense français, L'ÉCONOMIE DE LA DÉFENSE 2006 Thèse de Doctorat/Ph.D en Sce Po, UY2, 2011 Ernest Claude MESSINGA 334

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ministères ont décliné leurs programmes en Budgets Opérationnels de Programme (BOP), une subdivision qui n'était pas prévue et définie dans la loi organique. Le Parlement a découvert tardivement ces budgets opérationnels de programme, dont le nombre et la taille variaient considérablement d'un ministère à l'autre. La mise en oeuvre de la Lolf à la défense a du prendre en compte les spécificités propres à ce ministère :

· Il s'agit, et de loin, du premier budget d'investissement de l'Etat, les autres ministères investisseurs (Equipement et Education nationale par exemple) ayant vu leurs crédits transférés aux collectivités territoriales ;

· Hiérarchie militaire et hiérarchie budgétaire doivent coïncider, pour des raisons évidentes de cohérence ;

· L'existence d'un outil particulier, la loi de programmation militaire (Lpm)92.

L'année précédente a été consacrée à la mise en place d'une architecture budgétaire, cette année a été marquée par la mise en oeuvre de l'exécution budgétaire. A l'origine, le Parlement avait recherché une interarmisation étendue. Cette logique achoppait sur les difficultés organisationnelles et pouvait à terme opacifier le contrôle parlementaire. L'architecture budgétaire retenue, fondée sur une analyse fonctionnelle, a cherché à limiter les recoupements. Elle repose sur la notion de mission (35 pour l'ensemble de l'Etat) qui constitue l'unité de vote. La mission se décline en programmes, qui constituent l'unité de spécialité budgétaire. La définition des programmes a fait l'objet d'intenses discussions entre ce qu'il était convenu d'appeler « l'approche bleue » et « l'approche blanche ». Ces deux termes faisaient allusion à la couleur des documents budgétaires : l'approche bleue, couleur des projets de lois de finance, consistait à reprendre l'organisation existante, avec notamment un programme par Armée. L'approche blanche (couleur des anciens budgets de programme)

92Op cit.

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visait au contraire à réorganiser la structure du ministère autour des objectifs. Par la suite, un débat s'est fait jour sur le découpage des programmes. Le cas le plus frappant étant celui du programme «gendarmerie», inclus dans une mission interministérielle «sécurité intérieure». Initialement conservés au sein de la mission « Défense », les crédits d'infrastructure et d'informatique de la gendarmerie ont fini par rejoindre la mission « sécurité intérieure ».93 Le découpage actuel des programmes ne devrait pas évoluer. Le ministère de la Défense est partie prenante dans quatre missions, deux à caractère interministériel et deux à caractère ministériel. Les missions Sécurité (partagée avec le ministère de l'intérieur) et Recherche duale (partagée avec le Ministère de la recherche) relèvent de la première catégorie. Parmi les deux missions à caractère ministériel, la mission Défense représente près de 80% des crédits de la Défense, aux cotés d'une mission «renforcement des liens entre la nation et son Armée».94

Dans le cas du chef d'état-major des Armées, elles passent par des contrats opérationnels avec les Armées, exprimés en termes de performances. Le programme « équipement des Forces » est soumis aux mêmes règles que les autres en dépit de ses particularités. On pouvait attendre de la Lolf qu'elle améliore l'efficacité économique de la conduite des programmes, or rien n'a été prévu. On aurait pu, par exemple considérer que les investissements publics, civils et militaires devaient être financés par l'emprunt public. Cette solution aurait pu résoudre le problème des financements innovants. La crainte de l'endettement hors-bilan a conduit dans un premier temps à comptabiliser en autorisations d'engagement l'ensemble des flux des partenariats public-privé. L'application d'une telle règle aurait condamné le nouveau mode de commande publique récemment lancé, le contrat de partenariat. Aussi la Lolf a été modifiée afin que seuls

93 Idem.

94 Ibi dem

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les coûts d'investissement et de financement d'un tel contrat soient comptabilisés, le fonctionnement étant pris en compte sur une base annuelle, au fur et à mesure.

L'autre problématique propre à l'équipement des Forces est celle des reports de crédit. Ces derniers sont limités à 3% des crédits initiaux du même titre du programme concerné. Cette règle est facilement applicable aux dépenses de fonctionnement, mais difficile à respecter lorsqu'il s'agit d'investissement. Il faut en effet prendre en compte l'héritage de la précédente loi de programmation militaire, la fameuse «bosse des programmes», dont les reports de crédits s'ajoutent à l'actuelle programmation. Le vote de la loi de finances rectificative permet de rétablir les crédits, mais dans les faits, il survient trop tard pour que ces derniers puissent être consommés. Un article dérogatoire a été voté pour la Défense, l'affranchissant du respect du plafond des 3% sur ses crédits d'équipement..

En conclusion, le ministère de la Défense a réalisé un travail considérable d'adaptation, même si certains aspects, comme les indicateurs de performance, restent à finaliser. Cet effort doit se poursuivre par le franchissement d'une étape encore plus complexe, la mise en place d'une comptabilité analytique. Il ne faut également pas perdre de vue le rôle de la Lolf dans la modernisation du ministère, qui permet d'associer les instruments budgétaires et financiers. Cette dernière repose sur trois axes : la clarification des responsabilités, l'interarmisation et le recentrage des fonctions militaires.

La pluriannualité reste une problématique particulière à la Défense : elle est nécessaire non seulement pour assurer l'équipement des Forces, mais aussi dans le cadre des réformes de structure. Elle inscrit dans le temps une stratégie. Cette prise en compte du long terme peut se heurter aux limites des instruments existants. La Lpm, et les lois de programmation et d'orientation (sécurité intérieure, Justice, hôpitaux...) posent une question de cohérence budgétaire d'ensemble. Il existe pourtant un programme de

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stabilité, qui doit tracer des perspectives sur l'évolution des finances publiques et pourrait constituer cet instrument de cohérence.

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