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Les forces armées camerounaises face aux enjeux militaires dans le golfe de Guinée: le cas du conflit de Bakassi

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par Ernest Claude MESSINGA
Université de Yaoundé II-SOA - Master en science politique 2007
  

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III- UNE ESQUISSE DE COMPARAISON DES FORCES ARMÉES CAMEROUNAISES ET NIGÉRIANES

Ces forces belligérantes peuvent être présentées ainsi qu'il suit :

Tableau 4 : Les effectifs des forces camerounaises et nigérianes en 1994.

Défense

Cameroun

Nigeria

Effectif total

28000

85000

Armée de terre

14000

62000

Armée de l'air

1500

7300

Garde nationale

/

7000

Gendarmerie

11000

/

Marine nationale

Effectif total

1600

9500

Frégates

/

2

Corvettes

/

2

Vedettes lance missiles

/

6

Garde côtes

2

53

Navire porteur de mines

/

2

patrouilleurs

1

/

Patrouilleur porte-missiles

1

/

Source : Tableau conçu à partir des données recueillies de l'article d'Emmanuel Éla Éla(2000), page 68.

D'après ce tableau, le Nigeria compte au total en 1994, 85000 hommes sous les drapeaux dont 62 000 pour l'armée de terre, 7300 pour l'armée de l'air, 9500 pour la marine et 7000 pour la garde nationale ; disposant d'un matériel lourd assez impressionnant en nombre. Le déséquilibre est frappant à l'observation des forces armées camerounaises qui comptaient un total d'environ 28000 hommes dont 14000 pour l'armée de terre, 1500 pour l'armée de l'air, 1600 pour la marine et 1100 pour gendarmerie ; disposant de moins en moins de matériel lourd. Le déséquilibre se fait encore sentir avec acuité si l'on prend en considération le seul équipement de la marine. La marine nigériane dispose au total de 65 navires (2 frégates, 2 corvettes, 6 vedettes lance missiles, 53 garde côtes, 2 navires porteurs de missiles). Celle du Cameroun n'en dispose que quatre

(2 gardes côtes, 1 patrouilleur, un patrouilleur porte missiles ainsi que quelques embarcations amphibies).

Potentiellement, sur le plan militaire, le Nigeria représente une force de frappe indéniable tant sur le plan humain que matériel devant le Cameroun. De ce fait, on ne saurait penser que l' « Opération Delta » pouvait assurer la pérennité de la souveraineté camerounaise sur la presqu'île querellée. Cette réalité est confirmé par les données du ci-dessous.

Tableau 5 : Etat des défenses nigériane et camerounaise en 2006.

Défense

Cameroun

Nigeria

Effectif total

14000

78500

Budget

$197 millions

$572 millions

Dépenses militaires

1,63% de PNB

1,92% du PNB

Evolution du budget de la défense

+ 5%

+22.58%

Dépenses militaires par habitant

$12

$4

Dépenses militaires par militaire

$14.071

$7.287

Armée de terre

effectifs

12.500

62.000

Véhicules blindés

110

250

Forces aériennes

effectifs

300

9.500

Avions de combat

4

50

Marine nationale

Effectifs

1.300

7000

Sous marins

2

/

Corvette

/

5

frégates

/

1

Source : Tableau conçu à partir des données recueillies dans l'ouvrage de Boniface (2006), pp. 438 et 364.

D'après ce tableau, la défense nigériane présente un effectif de 78500 hommes dont 62000 pour l'armée de terre équipée de 250 véhicules blindés, 9500

pour l'armée de l'air équipée de 50 avions de combat, 7000 pour la marine équipée de 5 corvettes et d'une frégate.

La défense camerounaise représente les 1/6ème de la défense nigériane soit un total de14000 hommes dont 12500 pour l'armée de terre équipée de 110 véhicules blindés, 300 pour l'armée de l'air nantie de 4 avions de combat, 1300 pour la marine nationale équipée de sous marins.

Cette réalité n'est que le reflet de la valeur du budget de la défense qui est de 572 millions de Dollars pour le Nigeria contre 197 millions de dollars pour le Cameroun. Il reflète également le taux d'évolution du budget de la défense qui est de 22,58% pour le Nigeria contre 5% pour le Cameroun.

Ce déséquilibre flagrant entre la défense nigériane et camerounaise ne pouvait que conforter la thèse de ceux qui pensaient que le Cameroun est un « nain » devant le Nigeria et par conséquent, ne pouvait résister devant la deuxième puissance militaire africaine après l'Afrique du sud. Alors, comment comprendre que le Cameroun ait tenu ses positions jusqu'au bout ? Ou encore, pourquoi malgré le déséquilibre du rapport de force, le Cameroun a pu résister à la force de frappe nigériane ?

La résistance camerounaise malgré ce déséquilibre du rapport de force (basé sur la supériorité numérique nigériane en hommes et en armes) a remis en cause « la loi du carré » de Lanchester (loi qui rend le résultat du combat plus sensible au nombre qu'à la performance (Caplow et Vennesson 2000 : 172)). L'issue de cette guerre repose sur l'efficacité politique et stratégique, l'efficacité opérative, l'efficacité tactique des forces camerounaises et sur les faiblesses nigérianes.

- L'efficacité politique et stratégique camerounaise s'est observée par la fermeté des objectifs de sécurité définis par le gouvernement et l'engagement des moyens pour les atteindre. Pour mener à bien leurs missions, les forces camerounaises ont disposé des ressources considérables notamment du budget, des armements, des ressources

humaines. Ces ressources ont été obtenu par une franche collaboration entre les chefs des armées et les décideurs politiques et administratifs.

- L'efficacité opérative des Unités camerounaises quant à elle s'est observée par l'excellente planification, conduite et du parfait soutien des opérations dirigées par l'Opération Delta divisée en trois Groupements Opérationnels le GOS en poste avancé, le GOC et le GON. Ce succès a été du aussi à l'excellente coopération et coordination des actions interarmes et interarmées, dont la responsabilité incombait au Commandant de l'Opération Delta, le Capitaine de Vaisseau Oyono Mveng. Aussi, la sélection et la formation rigoureuses, fondées sur le travail physique et intellectuel se sont avérées un facteur déterminant de la victoire camerounaise.

- L'efficacité tactique camerounaise s'est manifestée par l'excellente préparation, conduite et exécution des manoeuvres définies par le Capitaine de Vaisseau Oyono Mveng visant à empêcher l'avancée des forces nigérianes à l'intérieure du territoire camerounais.

Enfin, la victoire camerounaise a reposé sur les faiblesses nigérianes à savoir une direction politique déficiente, un commandement hésitant, une mauvaise planification, la formation au rabais des forces armées etc. Ces manquements ont réduit à néant les bénéfices issus de cette supériorité numérique et technologiques. Cette défaite nigériane vient conforter l'hypothèse selon laquelle, la supériorité numérique et technologique à elle seule n'est pas une garantie de succès à la guerre. A notre avis, la stratégie vaut son pesant d'or dans l'issue de toute guerre.

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"Les esprits médiocres condamnent d'ordinaire tout ce qui passe leur portée"   François de la Rochefoucauld