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Genre et lutte contre la pauvreté dans la ville de Lubumbashi. Essai d'analyse des manifestations de l'autonomisation de la femme Lushoise à  travers le microcrédit.

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par Modeste DIKASA ENGONDO
Université de Lubumbashi - Diplôme d'études approfondies 2010
  

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3.3. La répartition sexospécifique du travail à Lubumbashi

Dans les régions de patriarcat strict d'Afrique et de la République Démocratique du Congo, en général, et de Lubumbashi en particulier, le confinement des femmes induit généralement un faible taux d'activités féminines. L'emploi dans la sphère publique représente un discrédit social pour la femme comme pour sa famille,

surtout s'il s'agit d'un travail salarié fourni pour autrui, « mwanamuke kani wa kwenda ku wayawaya na kutumikiya wengine inje ya jamaa yake ». Dans ce même cadre, elle est considérée, par des mentalités et pratiques culturelles traditionnelles qui l'avilissent et l'infériorisent toujours, comme une chèvre devant brouter l'herbe à coté de la maison « mwanamuke iko sawa buzi anapasha kula mayani karibu na nyumba». Ce qui revient à dire qu'elle ne peut pas travailler hors du toit conjugal.

La femme congolaise joue un rôle très important dans l'économie du pays, plus de 70% des femmes vivant surtout en milieu rural travaillent dans le secteur agricole. Elles participent à tous les travaux allant du nettoyage des champs jusqu'à la récolte en passant par le labour, le semis et le sarclage, alors que les hommes se limitent seulement à l'abattage de gros arbres. Ce sont encore les femmes qui assurent elles-mêmes le transport des récoltes, leur commercialisation ou leur transformation. La commercialisation des produits agro- alimentaires est assurée à 80% par les femmes(1). C'est grace à la femme rurale que les centres urbains, comme Lubumbashi, sont approvisionnés en produits agricoles. En ville, la pauvreté contraint souvent les femmes à travailler à l'extérieur de leur domicile, mais toute augmentation des ressources du ménage les incite ensuite à se retirer du marché de la main d'oeuvre. Le travail dans le secteur public de l'économie représente une exception à cette règle en ceci qu'il constitue une source d'emploi acceptable pour les femmes instruites. Par ailleurs, le rôle que jouent les femmes dans l'activité économique réalisée à domicile, même dans les ménages les mieux nantis, reste le plus souvent invisible et moins valorisé, autant socialement que statistiquement. Il est considéré comme un prolongement des taches domestiques féminines, ce qui a deux conséquences. Premièrement, le taux d'activités des femmes est extrêmement faible quand on le calcule selon la définition restrictive de l'organisation internationale du travail (OIT), car cette définition ne tient compte que des activités effectuées en contrepartie d'une rémunération ou d'un profit. Deuxièmement, le travail rémunéré des femmes et la pauvreté des ménages sont fortement corrélés.

(1) Programme national de promotion de la femme congolaise, septembre 1999, p.10

L'analyse de quelques statistiques de la République Démocratique du Congo nous permettra d'illustrer cette corrélation et de souligner certaines contraintes qui limitent la contribution des femmes, selon le principe d'égalité entre les hommes et les femmes. L'article 14 de la constitution de la République démocratique du Congo stipule ; ( la femme a droit à une représentation équitable au sein des institutions nationales, provinciales et locales. L'Etat garantit la mise en oeuvre progressive de la parité homme-femme dans lesdites institutions ». A l'occasion de la journée internationale de la femme le 8 mars 2010, l'observatoire de la parité a dressé un bilan à travers un rapport biennal de l'état de la mise en oeuvre progressive de la parité homme-femme dans les institutions nationales, provinciales et locales. Ce triste bilan se présente de la manière suivante : - pouvoir exécutif national, le pourcentage de la femme dans le premier gouvernement national issu des élections générales de 2006 était de 10,9%, ce qui est évidemment un score très faible. Le remaniement ministériel de fin février 2010 n'a malheureusement pas amélioré la situation puisque s'il a réduit le nombre de ministres de 54 à 43, il a également fait passer le nombre déjà faible de 6 femmes ministres et vice-ministres à 5. Au pouvoir législatif, 8,6% des femmes députés et 5,5% de femmes au sénat. Dans l'exécutif provincial, aucune femme Gouverneur, aucune femme vice-gouverneur de province. Au niveau des gouvernements Provinciaux 20 femmes ministres sur 110, pour l'ensemble de provinces, au Katanga 10%. Au niveau des assemblées provinciales, le pourcentage de la représentation des femmes est encore très faible, Maniema 0%, Kinshasa 18,7%, nord Kivu 2,3%, Equateur 2,7%, Katanga 14,7%.(1) Au niveau de l'administration territoriale au Katanga, la présence de femmes désignées dans les fonctions de responsabilité en tant que Maire 50%, Commissaire de district 50%, Bourgmestre 15,4%, Administrateur du territoire 0%, Chefs de Division provinciale 2,27% et responsables d'entreprises publiques 16,67%. Au niveau de l'armée et de la police au Katanga du Général au Colonel 0% des femmes, Lieutenants colonels 20%, Majors 5%, Capitaines 29,4%, Lieutenants 40%.(2)

(1) Observateur Kongo en ligne

(2) Division Provinciale Genre, femme et enfant, 3 novembre 2008 (table ronde sur la politique Genre au Katanga

Dans le même ordre d'idée, Ernest WAMBA DIA WAMBA écrit, « aujourd'hui, on ne voit pas que la politique de l'Etat de la 3e République s'inscrit dans la promotion de l'égalité ou encore moins de la parité entre homme et femme. Sur 60 membres du gouvernement, il n'y a que 10 femmes et sur 608 membres du parlement, il y a au moins 43 femmes.(1) Pour sa part Christine KAMBA MUKUNDI, analysant les retombées du dialogue inter congolais à travers les institutions de la transition, note que sur 35 ministres, 5 sont des femmes et sur 25 vice-ministres, une seule est une femme ; sur 4 vice-présidents, aucune femme ; sur 114 sénateurs, 5 sont femmes. Ce qui amène à une moyenne de 9,5% de la représentation des femmes au gouvernement de transition. Elle est finalement arrivée à la conclusion qu'en RD Congo, un homme vaut 9 femmes, en d'autres termes il faut 9 femmes pour réaliser ce que ferait un homme(2). Un raisonnement certes très dur mais qui traduit quand même une conception discriminatoire à l'égard de la femme. « Hakili ya bibi iko sawa ya mutoto kidogo », en comparant l'intelligence de la femme à celle d'un petit enfant, on n'est pas en train de vouloir soutenir que la femme est 9 fois moins que l'homme ? « Kolia na mwasi kolia na doki » qui signifie manger avec une femme c'est manger avec un sorcier, ne dénote --il pas le refus de l'homme d'associer la femme aux affaires ?

En plus de restrictions préalablement mentionnées qui entravent la plupart des femmes, un autre facteur explique la corrélation très forte que l'on constate entre la pauvreté des ménages et le travail féminin : les femmes pauvres sont encore plus mal payées que les hommes pauvres. Leurs gains servent à combler certains des besoins fondamentaux de la famille mais ne suffisent pas pour la faire sortir de la pauvreté, surtout quand elle ne compte aucun homme gagnant un revenu.

En général, les recherches effectuées dans les zones urbaines de l'Afrique subsaharienne montrent que les femmes travaillent plutôt dans l'économie informelle que dans l'économie formelle et, dans cette sphère informelle, plutôt comme travailleuses autonomes que comme employées. A l'inverse, des hommes sont plus

(1) Ernest WAMBA DIA WAMBA, La parité homme-Femme, en RDC, comme spécificité de la 3e République, Kinshasa, le 28 juillet 2007, p.31

(2) htt://www.missions africaines.net 09/11/2010

susceptibles d'occuper des postes dans le secteur public et des emplois salariés dans le secteur formel, mais aussi informel.

Dans la plupart des régions de cette partie du monde, l'instruction détermine en grande partie l'accès aux emplois non agricoles mieux rémunérés. Elle s'avère encore plus déterminante dans le secteur formel que dans le secteur informel, et plus dans les zones urbaines que dans les zones rurales. Pour les hommes comme pour les femmes, elle accroit les chances d'accéder aux emplois du secteur public. Cependant, des études réalisées dans plusieurs pays (Cote d'ivoire, Ghana, Guinée, Ouganda) montrent que, à niveau d'instruction égal et quel que soit ce niveau les hommes ont plus de chances d'obtenir un emploi dans le secteur public que les femmes- et ils sont généralement mieux rémunérés qu'elles. C'est dans le travail autonome, un secteur qui regroupe la plupart des femmes, que l'impact de l'instruction est moins flagrant. Non seulement les femmes ont moins de chances que les hommes d'accéder aux emplois du secteur public dans ces régions mais, de plus elles sont très nombreuses à avoir été licenciées lors des vagues de suppressions de postes pratiquées dans le secteur public dans la foulée des politiques d'ajustement structurel (PAS). Car elles occupaient pour la plupart des postes peu qualifiés et mal rémunérés, précisément le type d'emploi le plus visé par ces compressions. Toutefois, il est probable que cette observation s'applique uniquement dans le secteur formel car, beaucoup d'analystes pensent que l'économie informelle urbaine africaine rassemblait ceux et celles qui n'avaient pas réussi à trouver un emploi formel mieux rémunéré et offrant de meilleures possibilités d'avancement(1). C'est ainsi que les hommes et les femmes des ménages pauvres, qui n'ont ni qualification, ni instruction, ni capital, sont présents depuis toujours dans l'économie informelle. Ils y accomplissent des taches très diverses en contrepartie d'un revenu. Cette économie informelle non seulement confère assez d'autonomie pour les femmes mais aussi leur procurent une certaine flexibilité par rapport à leurs responsabilités domestiques.

Les programmes de microcrédit s'adressant aux femmes des ménages pauvres visent cette économie informelle de façon à promouvoir les activités destinées au marché, à accroître l'autonomie de celles-ci et à contribuer à l'augmentation de leurs revenus pour lutter contre la pauvreté.

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"I don't believe we shall ever have a good money again before we take the thing out of the hand of governments. We can't take it violently, out of the hands of governments, all we can do is by some sly roundabout way introduce something that they can't stop ..."   Friedrich Hayek (1899-1992) en 1984