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L'audit interne dans les collectivités territoriales, cas de la commune urbaine de Ribat el Kheir

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par Sarra EL IDRISSI Nadir MOUFAKKIR Nadir &
Université Sidi Mohammed ben Abdellah Maroc - Licence fondamentale en économie et gestion 2011
  

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5. Les structures de contrôle, d'audit interne, externe et d'évaluation, dans les différents

niveaux de l'administration territoriale :

A côté des services internes de contrôle et d'audit des collectivités, il existe aussi des entités extérieures en charge de certains contrôles ou qui proposent leurs services aux collectivités. Ces derniers ne peuvent toutefois pas remplacer les services d'inspection et d'évaluation internes, étant donné leurs missions.

Tout d'abord, les tribunaux administratifs interviennent à posteriori : lorsqu'ils sont saisis, ils jugent de la légalité et de la conformité juridique des actes des autorités locales.

Les chambres régionales des comptes ont-elles pour mission de juger les comptes, mais aussi le contrôle budgétaire et la gestion des collectivités. Ainsi, leur approche est essentiellement financière, généralement rapide et a posteriori.

Les cabinets de conseil en organisation et sociétés privées d'évaluation peuvent être appelés par les collectivités pour des missions d'audit, d'évaluation ou de conseil. Ponctuelle et limitée, leur intervention est coOteuse et ne peut s'appuyer sur une connaissance approfondie de la collectivité ni prendre en compte le suivi et les impacts de leurs recommandations.

A l'inverse, les services d'audit et d'inspection internes aux collectivités sont présents de façon constante et régulière. Par ailleurs, ils possèdent une bonne connaissance de la collectivité, de son organisation et de son fonctionnement, mais aussi de son environnement, de sa population et de ses enjeux.

Leur analyse est donc plus poussés, ils peuvent intervenir ponctuellement et inscrivent leurs actions dans la durée, notamment via le suivi des plans d'action.

Enfin, et surtout, comme le souligne Mr Nouailles, ce qui les distingue des autres acteurs,

« C'est le regard qu'ils portent sur leur collectivité : ni extérieur, ni inquisitorial, ni intéressé : ils s'efforcent d'avoir un regard critique dans le cadre d'une démarche positive destinée à faire évoluer le service public et à améliorer le service rendu à la population ».

L'apport de telles structures pour la collectivité est donc multiple :

- Elles sont un outil d'évaluation des politiques publiques, de par leurs missions d'évaluation des politiques, programmes et actions locales. Par ailleurs, elles peuvent mener des missions d'information et d'évaluation des collectivités territoriales, diffusées à plus grande échelle par la suite.

- Elles aident aussi la gouvernance territoriale. En effet, elles examinent les

dysfonctionnements avec une démarche critique et objective mais positive (par la formulation de recommandations) et travaillent conjointement avec les Chambres régionales des comptes.

- Elles sont un acteur de l'évolution et de la modernisation du service public local. De par leur connaissance approfondie de la collectivité et leurs compétences professionnelles, elles sont souvent sollicitées pour des avis et des conseils sur l'amélioration de la gestion, la modernisation des services territoriaux et l'évolution du service public local.

La cour des comptes : l'institution supérieure de contrôle des finances publiques au Maroc :

A- la cour des comptes :

Le contrôle supérieur des finances publiques est dicté par les exigences de la bonne gouvernance, de la transparence et de la démocratie, C'est ainsi que le Maroc a tenu, à l'instar de tous les Etats modernes, à ériger la Cour des comptes en institution constitutionnelle, en lui confiant la mission de contrôle d'exécution des lois de finances, d'assistance au Parlement et au Gouvernement dans les domaines relevant de sa compétence et de rendre compte à sa Majesté le Roi, que Dieu l'Assiste, de l'ensemble de ses activités.

De même, et en vue de promouvoir la politique de décentralisation, la Constitution a institué des Cours régionales des comptes qu'elle a investies des missions du contrôle des comptes et de la gestion des collectivités locales et de leurs groupements.

Les missions dévolues aux Juridictions Financières ont été, ainsi, mieux définies dans l'objectif d'assurer l'exercice d'un contrôle intégré et équilibré sur tous les intervenants dans les différents actes de gestion des finances publiques, à savoir: l'ordonnateur, le contrôleur, et le comptable public.

Il est à signaler qu'à travers ces vérifications, le contrôle exercé par les Juridictions Financières n'est plus focalisé essentiellement, comme par le passé, sur la régularité et la conformité des différents actes de gestion, mais qu'il embrasse dorénavant tous les autres aspects qui leur sont liés, En outre, ce contrôle privilégie l'approche visant l'appréciation des résultats atteints par les entités publiques contrôlées en terme d'efficacité, d'économie, d'efficience, d'environnement et d'éthique (5E).

Tout en poursuivant son objectif fondamental visant à participer activement à la rationalisation et l'optimisation de la gestion des deniers publics, dans un contexte économique et financier en quête de la performance tant à l'échelon national qu'international, ce contrôle s'est élargi à de nouvelles missions portant notamment sur le contrôle des dépenses des partis politiques, le financement des campagnes électorales et la déclaration obligatoire de patrimoine. Cet élargissement va sans aucun doute renforcer la transparence et la moralisation de la vie publique.

B- les cours régionaux : Compétences

Conformément aux dispositions de l'article 98 de la Constitution, les Cours régionales sont chargées d'assurer le contrôle des comptes et de la gestion des collectivités locales et de leurs groupements.

Dans la limite de son ressort, la Cour régionale :

Juge les comptes et contrôle la gestion des collectivités locales, de leurs groupements et des établissements publics relevant de la tutelle de ces collectivités et groupements ;

Exerce également une fonction juridictionnelle en matière de discipline budgétaire et financière à l'égard de tout responsable, tout fonctionnaire ou agent :

· des collectivités locales et de leurs groupements,

· des établissements publics relevant de la tutelle de ces collectivités et groupements,

· de toutes sociétés ou entreprises dans lesquelles des collectivités locales ou des groupements possèdent séparément ou conjointement, directement ou indirectement une participation majoritaire au capital ou un pouvoir prépondérant de décision. Le wali et le gouverneur sont soumis à la juridiction de la Cour régionale lorsqu'ils agissent en tant qu'ordonnateur d'une collectivité locale ou d'un groupement.

Contrôle la gestion des entreprises concessionnaires ou gérantes d'un service public local et des sociétés et entreprises dans lesquelles des collectivités locales, des groupements, des établissements publics relevant de la tutelle de ces collectivités et groupements possèdent, séparément ou conjointement, directement ou indirectement, une participation majoritaire au capital ou un pouvoir prépondérant de décision ;

Contrôle également l'emploi des fonds publics reçus par des entreprises, autres que celles citées ci-dessus, des associations, ou tous autres organismes bénéficiant d'une participation au capital ou d'un concours financier quelle que soit sa forme de la part d'une collectivité locale, d'un groupement ou de tout autre organisme soumis au contrôle de la Cour régionale.

Concourt au contrôle des actes relatifs à l'exécution des budgets des collectivités locales et de leurs groupements. A ce niveau, le ministre de l'intérieur, le wali ou le gouverneur, dans la limite des compétences qui leur sont déléguées, conformément à la législation et à la réglementation en vigueur, peut soumettre à la Cour régionale, toute question se rapportant aux actes relatifs à l'exécution du budget d'une collectivité locale ou d'un groupement.

B. QUEL FUTUR POUR LES SERVICES D'INSPECTION OU D'AUDIT : 1. Des besoins insatisfaits et croissants

Les grandes collectivités ont généralement un service d'audit ou d'inspection et à ce titre réalisent elles-mêmes les missions d'investigation et d'inspection. Cependant, elles éprouvent généralement un besoin récurrent en matière d'études (stratégique et/ou prospective), d'évaluation des politiques publiques, de conseil (financier ou juridique notamment pour l'urbanisme, les marchés publics, les partenariats public-privé...) et d'assistance technique (aide méthodologique, rédaction de cahiers des charges) - prestations qui devraient être adaptées à leur situation.

Les points qui déclenchent souvent le recours à un organisme extérieur sont la mise en place de procédures de contrôle interne et de maîtrise des risques, la rédaction des cahiers des charges de leurs dispositifs d'évaluation des politiques publiques, l'identification des marges de progression, la volonté de respecter les normes internationales d'audit interne... La mutualisation des ressources dans ces domaines et le partage d'expériences sont aussi des problématiques fréquentes.

Plus généralement, les grandes collectivités souhaitent une aide pour moderniser leur gestion (en lien avec l'évolution de leur environnement) et conduire le changement.

Les petites et moyennes collectivités n'éprouvent pas le besoin de mettre en place et/ou de conduire des missions d'audit et d'inspection.

Cependant, les plus petites communes expriment un besoin en matière de conseil et d'assistance technique de proximité afin de pallier à leur manque de ressources.

Elles ont aussi « besoin d'une aide administrative, qui leur permette de gérer les procédures administratives liées à l'exercice de leurs missions. L'inadaptation du Code des marchés publics à la réalité des petites communes a été soulignée à plusieurs reprises, ce qui expliquerait l'augmentation du nombre de procédures contentieuses ».

L'aide extérieure est nécessaire pour les investissements importants (réalisation d'infrastructures comme par exemple les parkings, écoles...) et elle est généralement réalisée par d'autres collectivités comme les départements ou par les centres de gestion, les syndicats intercommunaux...

Enfin, les besoins en matière de conseils financiers et juridiques sont aussi très importants, notamment pour l'urbanisme, les questions sanitaires, à la résolution des contentieux ou à la passation de marchés publics. Les communes font ici appel à leurs contacts ou à leur réseau, ou encore aux organes étatiques (Direction Départementale de l'Equipement, préfecture, centres de gestion...), mais le recours à des cabinets de conseil est peu fréquent.

De nouveaux besoins de conseil apparaissent aussi, notamment dans le domaine de l'urbanisme, pour les montages financiers comme les partenariats public-privé. Une expertise en matière de conseil financier leur est donc nécessaire.

Par ailleurs, les conseils juridiques sur les problèmes de contentieux sont de plus en plus demandés.

2. L'Inspection Générale de l'Administration territoriale (comme pole de promotion de la bonne gouvernance au Maroc)

L'Inspection générale de l'administration territoriale (IGAT) a été créée par le décret n° 2-94- 100 le 16 juin 1994.

Aux termes de ce texte, cette institution a pour mission le contrôle et la vérification de la gestion administrative, technique et comptable des services relevant du Ministère de l'Intérieur, des collectivités locales et de leurs groupements. En plus de ces interventions conventionnelles, l'IGAT peut être investie de missions à caractère interministériel.

Objectifs généraux :

Accompagner le Royaume du Maroc dans le processus d'amélioration de ses capacités institutionnelles, pour mieux répondre aux exigences de la démocratie, de l'économie de marché et de la mondialisation.

Renforcer la capacité de gestion des collectivités locales en améliorant le système de contrôle tant financier qu'administratif en conformité avec les normes, les standards internationaux et les bonnes pratiques européennes.

Promouvoir les fonctions de contrôle, tant financier qu'administratif et d'au conformité avec les standards internationaux et les bonnes pratiques européennes.

Contribution à la stratégie nationale de développement/Accord d'Association :

a. Contribution au Plan National :

Ces dernières années, l'IGAT s'est engagée, en accompagnement des réformes en cours, dans la démarche initiée par le gouvernement marocain en matière de reconstruction du système de reddition des comptes d'une part et la mise en place de la gestion axée sur les résultats d'autre part. Le présent projet de jumelage permettra à contribuer à la réussite de cette double démarche.

b. Contribution à l'Accord d'Association :

Dans le cadre du Processus euro-méditerranéen de Barcelone, lancé en novembre 1995, l'Accord d'Association entre le Royaume du Maroc et la Communauté européenne est entré en vigueur le 1er mars 2000.

Un Programme d'Appui à l'Accord d'Association (PAAA) financé par le programme MEDA de l'UE a été établi en 2003. Ce programme a pour objet de soutenir et d'accompagner les efforts des administrations marocaines dans la préparation et la mise en oeuvre des divers 2 volets de l'Accord. Plusieurs instruments de mise en oeuvre du PAAA sont disponibles : le recours à l'assistance technique privée (contrats cadres et appels d'offres) ou à l'ingénierie publique (jumelages institutionnels classiques ou légers).

L'accord d'association Euro-méditerranéen, établissant une association entre les Etats membres et le Royaume du Maroc, traite de façon générale le thème de la gouvernance, de la promotion de la démocratie à travers la décentralisation et la déconcentration.

c. Contribution au Plan d'action Maroc-UE :

La nouvelle politique de voisinage de l'Europe élargie a mis en oeuvre des plans d'action avec les pays MEDA afin de permettre d'octroyer des fonds sur les accords existants.

Ces plans d'actions constituent de vastes instruments de coopération économique et politique qui permettent de progresser dans la réalisation des engagements et des objectifs énoncés dans l'AA.

Le plan d'action Maroc-UE adopté en 2005 en vue de la mise en oeuvre de la Politique de Voisinage, exprime une panoplie complète de priorités dans des domaines inclus dans la perspective de l'Accord d'Association et qui reflètent également les priorités du gouvernement du Maroc.

3. Les limites actuelles des contrôles dans les collectivités :

Les besoins des collectivités en matière d'audit, de contrôle et d'évaluation sont freinés par des limites structurelles. En effet, il n'existe pas d'obligation générale de réaliser ce type de mission, malgré l'obligation générale de « rendre compte » inscrite dans la Constitution et complétée par de nombreux textes législatifs et réglementaires. Ainsi, les collectivités peuvent exercer des contrôles facultatifs sur leurs satellites, et elles doivent contrôler les activités de service public qu'elles réalisent (par exemple l'eau et l'assainissement pour les communes ; les établissements et services sociaux et médico-sociaux et l'accueil à domicile de personnes agées et handicapées pour les départements). Il existe un risque pénal fort en cas de recours judiciaire d'un individu ou d'une organisation.

Les interventions des organes d'Etat (préfet, inspection ministérielle, juge des comptes locaux) dans les collectivités ne peuvent pas répondre aux besoins de ces dernières, de par leurs missions et leur positionnement vis à vis des collectivités.

Comme nous l'avons vu précédemment, les chambres régionales des comptes mettent notamment en avant l'importance du contrôle interne dans les collectivités et appellent à sa généralisation systématique.

Les inspections ministérielles, et notamment l'Inspection Générale des Finances et l'Inspection Générale de l'Administration peuvent mener des missions d'inspection dans les collectivités et les intercommunalités. Il est aussi possible que l'Inspection générale des affaires sociales, l'Inspection générale des bibliothèques, l'Inspection générale de l'agriculture réalisent des missions d'audit dans leurs domaines de compétence. Ces missions ne sont pas demandées par les collectivités et peuvent être relativement mal vécues, notamment parce qu'elles ne prennent pas en compte certains besoins locaux.

Ces inspections abandonnent peu à peu leurs missions de contrôle au profit des audits en privilégiant les comparaisons entre collectivités afin de dégager des standards de bonne gestion.

4. Les limites des services d'audit et d'inspection internes aux organisations territoriales :

Aujourd'hui, du fait du principe de libre administration, chaque collectivité a sa propre méthode, organisation et mode de fonctionnement. Cela prive les collectivités de

« Benchmarking » et donc d'une comparaison organisée et rigoureuse des pratiques et des performances entre collectivités territoriales.

Ensuite, les moyens alloués à l'inspection ou à l'audit peuvent s'avérer être insuffisants au regard des enjeux de la décentralisation, puisqu'ils sont généralement proportionnels à la taille de la collectivité.

Il est aussi mis en avant que la nature, les objectifs et les liens des différentes fonctions d'inspection, de contrôle, d'audit et d'évaluation ne sont pas définis clairement et/ou formalisés. Cela est cohérent avec le constat fréquent de juxtaposition de ce type de fonction dans l'organigramme des collectivités territoriales. Cette lacune est liée « à la difficulté de mettre en place un système cohérent de contrôle et d'évaluation sans contrarier les jeux de pouvoir et d'influence ». Enfin le positionnement et le contenu de ces fonctions d'audit et d'évaluation peuvent être fluctuants au fil du temps.

A noter aussi, dans certaines collectivités locales du milieu rural, et péri-urbain l'absence totale de service d'audit interne, ou de contrôle, au sein de ces collectivité vu le manque remarquable d'infrastructures et de moyens.

5. Les recommandations en termes de contrôle interne pour les collectivités locales :

L'Organisation Internationale des Institutions Supérieurs de Contrôle des Finances Publiques(INTOSAI) avait, en 1992, adapté le modèle du COSO au secteur public et publié des guides à destination des managers publics qui souhaitent mettre en place ou renforcer le contrôle interne dans leurs structures.

L'INTOSAI est une organisation non gouvernementale, autonome et apolitique qui a un statut spécial auprès de l'ECOSOC (Conseil Economique et Social) des Nations Unies. Elle regroupe aujourd'hui 189 membres et 3 membres associés. Son but est d'encourager les échanges d'idées et d'expériences entre les Institutions Supérieures de Contrôle des Finances Publiques dans le domaine du contrôle des finances publiques.

Cette association s'est aussi intéressé au contrôle interne et a mis en place des guides, des recueils de bonnes pratiques dans ce domaine.

En 2001, l'INCOSAI (le Congrès de l'INTOSAI) a décidé d'actualiser les lignes directrices de l'INTOSAI de1992 sur les normes de contrôle interne afin d'y intégrer l'ensemble des dernières évolutions pertinentes intervenues depuis et d'y incorporer les conceptions développées par le COSO 2.

Les notions d'éthique, de protection des ressources, l'importance des informations non financières, les systèmes d'information sont autant de notions qui sont venues enrichir les lignes directrices proposées par l'INTOSAI concernant le contrôle interne dans le secteur public. Ces lignes directrices sont destinées aux responsables publics mais aussi aux auditeurs internes pour leur évaluation du contrôle interne.

Ce document intègre les caractéristiques du secteur public, ce qui a conduit la Commission à introduire quelques thèmes complémentaires ainsi que des adaptations ponctuelles. En effet, Mémoire : L'audit interne dans les collectivités territoriales

Master 2 Audit Interne des Organisations 2008/2009 IAE d'Aix en Provence 67 le secteur public présente des spécificités (qui ont déjà été évoquées dans la première partie) comme le caractère social ou politique de certains de leurs objectifs, le recours aux fonds publics, le cycle budgétaire, la responsabilité publique, la complexité de l'évaluation de leur performance - « qui nécessite un équilibre entre, d'une part, des valeurs traditionnelles, telles

que la légalité, l'intégrité et la transparence, et, d'autre part, des valeurs plus modernes du management, telles que l'efficience et l'efficacité » ...

a) Fondements :

La nécessité du contrôle interne dans les collectivités locales semble évidente. En effet, le contrôle interne a pour but d'améliorer l'action et de réduire les risques des collectivités : la réalisation de l'inventaire des risques, la définition des compétences transférées à un EPCI, la définition des décisions qui ne peuvent être prises qu'après l'avis d'une commission...sont autant d'éléments du contrôle interne.

Cependant, et malgré le fait que les décideurs publics sont conscients de l'importance et de la nécessité du contrôle interne, ce dernier est parfois défaillant dans les structures territoriales, comme nous l'avons vu dans l'examen des pratiques de contrôle interne.

Cette analyse montre donc qu'il est nécessaire de se poser la question de la mise en place, de l'animation et du suivi du contrôle interne : son coût par exemple doit être pris en compte, mais il ne faut pas oublier que la contrôle interne est aussi un dispositif de prévention des risques qui vise à assurer une action administrative correcte, légale et efficace, - et il est plus largement un moyen de pilotage et d'animation de la collectivité.

b) Définition, objectifs et périmètre

Fondamentalement, la notion de contrôle interne dans les collectivités territoriales reste la même que celle en vigueur dans le secteur privé.

En effet, c'est un processus intégré mis en oeuvre par les responsables et le personnel d'une organisation et destiné à traiter les risques et à fournir une assurance raisonnable quant à la réalisation, dans le cadre de la mission de l'organisation, des objectifs généraux suivants:

- le respect des obligations de rendre compte : la collectivité doit pouvoir justifier ses actes et l'utilisation des fonds publics - via des informations fiables, pertinentes, disponibles et accessibles pour les parties prenantes ;

- la conformité aux lois et règlements en vigueur (et notamment les lois budgétaires, les normes comptables, les lois réprimant la fraude et la corruption...) ;

- l'application des délibérations de l'assemblée et des arrétés de l'ordonnateur ;

- la réalisation d'opérations ordonnées, économiques, éthiques, efficientes et efficaces permettant d'atteindre les résultats projetés et de fournir des services de qualité correspondant à la mission de l'organisme ;

- la notion d'éthique, qui a pris une grande importance : c'est le fondement de la confiance publique et elle implique une bonne gestion des ressources publiques et le service de l'intérêt public.

- le bon fonctionnement des processus internes, notamment ceux concourant à la sauvegarde des actifs (préserver les ressources de la fraude, du gaspillage, des abus et de la mauvaise gestion - d'autant qu'il s'agit de fonds publics) ;

- la fiabilité des informations financières, de leur élaboration à leur conservation en passant par leur gestion et leur diffusion.

Par ailleurs, l'INTOSAI précise que « le contrôle interne est un processus intégré et dynamique qui s'adapte constamment aux changements auxquels une organisation est confrontée. Le management et le personnel, à tous les niveaux, doivent être impliqués dans ce processus afin de traiter les risques et fournir une assurance raisonnable quant à la réalisation des missions de l'organisation et des objectifs généraux ».

Le contrôle interne est n'est pas une fin en soi, c'est un ensemble de mesures et d'actions (et non une fin en soi ou un évènement isolé), un véritable outil de gestion pour l'exécutif, qui doit être intégré et faire partie de la culture de la collectivité territoriale, et non pas être y ajouté, superposé. L'INTOSAI explique que le contrôle interne « devrait au contraire être reconnu comme faisant partie intégrante de tout système qu'utilisent les gestionnaires pour orienter leurs opérations ».

L'intégration du contrôle interne a un impact non négligeable sur les coOts. Il est préférable d'examiner les opérations de contrôle existantes et leur contribution au système de contrôle interne, puis d'intégrer des procédures de contrôle aux activités, plutôt que d'ajouter de nouvelles procédures à celles déjà existantes.

Le contrôle interne n'est pas simplement un ensemble de manuels, de procédures et de documents : c'est l'affaire de tous, de l'exécutif aux cadres en passant par les autres membres du personnel de la collectivité. En effet, ce sont les individus qui fixent les objectifs et mettent en place les contrôles. Sans eux, le contrôle interne ne peut fonctionner, d'où l'importance que les personnes connaissent leurs rôles et responsabilités. Le management détermine les objectifs, supervise le contrôle interne et en est responsable. C'est donc un échelon déterminant de son efficacité.

Le contrôle interne ne donne cependant qu'une assurance raisonnable sur la maîtrise des risques et donc sur la réalisation des objectifs. L'assurance sera donc relative à un certain degré de confiance, pour un niveau de coûts, de bénéfices et de risques donné : il s'agit d'un jugement du niveau de risque acceptable pour l'organisation.

L'idée d'assurance raisonnable est aussi liée au fait que le coOt du contrôle interne ne doit pas dépasser le bénéfice qu'il apporte. Les coOts du contrôle interne sont les suivants : coût financier, coOt d'opportunité, impact sur la qualité des services et le moral des agents. Le bénéfice réside dans la diminution du risque de non atteinte de l'objectif. Ainsi, « le contrôle interne produit un bénéfice si la probabilité de détecter les fraudes, le gaspillage, les abus ou erreurs, de faire obstacle à une activité inappropriée s'en trouve accrue, ou si l'exigence de respect de la réglementation est mieux assurée ».

Il existe malgré tout un certain nombre de limites au contrôle interne. Ainsi, les facteurs qui ont une influence négative sur ce dernier sont les suivants :

- L'erreur de conception, de jugement ou d'interprétation : lors de la prise de décisions sous contrainte (en temps limité, à l'aide d'informations incomplètes), il est possible que des erreurs humaines aient un impact sur les processus et les contrôles.

- Les dysfonctionnements : il s'agit par exemple d'une interprétation erronée des instructions, d'un manque d'attention, des remplaçants manquant de formation...

- Le contournement des contrôles par les agents, pour tirer un profit personnel ou dissimuler une activité illégale.

- La collusion : dans ce cas, plusieurs individus vont agir collectivement pour accomplir et dissimuler une action et ils vont ainsi fausser les informations financières ou de gestion pour que leur action ne soit pas détectée.

- La subjectivité de l'évaluation du rapport coOt/bénéfice : lors de la mise en place d'un nouveau contrôle, l'évaluation de son opportunité repose sur des critères subjectifs, d'où un risque d'erreur de jugement qui peut altérer la qualité du contrôle interne.

En annexe, se trouve une check list, élaborée par l'INTOSAI, à destination des gestionnaires souhaitant faire le point sur leur structure de contrôle interne.

Les objectifs de la collectivité devraient être fixés et déclinés dans différents domaines et à tous les niveaux de la structure. Le contrôle interne va aider la collectivité à atteindre ces objectifs qui peuvent être de nature différente :

- Stratégique : mise en place des compétences de la collectivité territoriale

- Opérationnel : utilisation efficace et efficiente des ressources

-Reporting : fiabilité du reporting

- Conformité : conformité aux lois et aux réglementations en vigueur

- Protection des actifs

Ce classement dans les différentes catégories mentionnées ci dessus permet de mieux identifier et donc de mieux gérer les risques de la collectivité.

Le périmètre du contrôle interne est fonction des engagements de la collectivité vis-à-vis de ses satellites et partenaires. En effet, les collectivités agissent de plus en plus en coopération avec divers acteurs pour la réalisation des missions qui leur sont confiées - d'où la nécessité de na pas se cantonner à la seule sphère de la commune, du département, de la région, de l'EPCI ; et donc de prendre en compte la situation et les décisions de l'ensemble des parties prenantes. Les décideurs et leurs partenaires ont besoin d'une vision claire des engagements actuels et futurs des collectivités.

Le périmètre d'analyse des risques est donc très large, puisque dès lors que la collectivité a une obligation vis à vis d'une autre entité, cette dernière doit être prise en compte dans l'analyse.

c) Acteurs, rôles et responsabilités

Si le contrôle interne est l'affaire de tous, l'implication de chacun est différente selon son rôle.

1. L'assemblée délibérante

L'assemblée délibérante a pour rôle d'approuver et de revoir les grandes stratégies et les principales politiques de la collectivité territoriale, mais aussi d'apprécier les risques substantiels que la collectivité encourt, de fixer des niveaux acceptables pour ces risques et de s'assurer que l'ordonnateur prend les dispositions nécessaires pour identifier, mesurer, surveiller et contrôler ces risques. Enfin, elle approuve la structure organisationnelle et veille à ce que l'ordonnateur surveille l'efficacité du système de contrôle interne. L'assemblée délibérante est responsable en dernier ressort de l'existence et du respect d'un système de contrôle interne adéquat et performant.

Les membres de l'assemblée délibérante doivent donc « se montrer objectifs, compétents et scrupuleux et connaître les activités de la collectivité territoriale ainsi que les risques qu'elle encourt ».

Il est donc recommandé que l'assemblée délibérante :

- soit forte et active

- soit correctement informée et par des moyens appropriés

- soit associée aux organes financiers, juridiques et d'audit interne de la collectivité

- soit en relation avec l'ordonnateur quant à l'efficacité du système de contrôle interne - examine, dans les meilleurs délais, les évaluations des contrôles internes

- s'assure que l'ordonnateur ait rapidement pris en compte les recommandations et préoccupations (émanant des autorités de contrôle, de la préfecture - dans le cadre du contrôle de légalité et du contrôle budgétaire - ou de la chambre régionale des comptes, dans le cadre du contrôle juridictionnel et de l'examen de gestion)

2. L'ordonnateur

Dans les collectivités territoriales, l'ordonnateur est l'exécutif26 (c'est à dire le maire, le président du conseil général, le président du conseil régional ou le directeur de l'établissement public local) et il est élu par l'assemblée délibérante.

Ainsi, l'exécutif est chargé de mettre en oeuvre les stratégies et les politiques approuvées par l'assemblée délibérante, mais aussi de fixer clairement les rapports de responsabilité et d'autorité de la structure organisationnelle, et enfin de mettre en place un dispositif pour identifier, mesurer, surveiller et contrôler les risques encourus.

Il doit garantir l'exercice effectif des responsabilités déléguées, définir des politiques de contrôle interne appropriées et veiller à l'efficacité du dispositif de contrôle interne. Généralement, l'ordonnateur délègue la responsabilité de mettre en oeuvre les mesures spécifiques de contrôle interne aux personnes chargées d'une unité particulière. Ainsi, les responsables des différents services doivent gérer la mise en place et l'animation (actualisation, évolution) des procédures de contrôle interne destinées à permettre la réalisation des objectifs de leur service - mais aussi s'assurer qu'elles sont cohérentes avec les objectifs généraux de la collectivité. A noter que la coordination est cruciale : il est important que chaque responsable impliqué dans le processus de contrôle interne rende compte régulièrement.

De façon plus générale, l'INTOSAI considère que les gestionnaires doivent être conscients de l'importance du contrôle interne et sont responsables de la mise en place de ce dernier : « Le responsable de tout organisme public doit veiller à ce qu'une structure de contrôle interne appropriée soit créée, examinée et adaptée pour garder son efficacité ». Les gestionnaires devraient aussi être personnellement et professionnellement intègres, et maintenir leur niveau de compétence afin de comprendre l'importance du système de contrôle interne.

Les notions de répartition des tâches et des responsabilités sont aussi fondamentales : la structure organisationnelle doit être transparente et connue de l'ensemble du personnel - pour éviter des ruptures dans la chaîne hiérarchique et faciliter la communication.

3. Le comptable public

Les collectivités territoriales, comme les entreprises font l'objet d'un contrôle externe au niveau de leur comptabilité : dans ce cas, le commissaire aux comptes de la collectivité est une personne morale, distincte de l'ordonnateur (cela est aussi lié à la séparation historique au sein de l'Etat entre les fonctions d'ordonnateur et de collecteur de l'impôt) : le comptable contrôle l'utilisation des fonds publics, gérés par l'ordonnateur.

Cependant, les liens entre ces deux fonctions doivent être renforcés. Ainsi, la Direction de la comptabilité publique prône « un véritable partenariat entre les ordonnateurs et les comptables (en tant que) prolongement nécessaire au rôle de conseil traditionnel des comptables ». Il s'agit alors de contractualiser leurs relations et de favoriser les échanges de données entre les ordonnateurs et les comptables.

L'INTOSAI met l'accent sur le fait que l'auditeur externe peut examiner et suggérer des améliorations à apporter au contrôle interne du service public

4. Les agents de la collectivité territoriale

Le contrôle interne, étant l'affaire de tous, concerne aussi le personnel de la collectivité. Il serait alors envisageable de mentionner cette responsabilité dans la description de poste de chaque agent.

En effet, les agents réalisent pou la plupart des contrôles (rapprochements, contrôles physiques, suivi d'anomalies, analyse de variations ou d'indicateurs de performance...). Ils doivent aussi communiquer à leur supérieur hiérarchique tout problème ou dysfonctionnement constaté ou potentiel.

Les mesures à prendre pour assurer le bon fonctionnement du contrôle interne de la part des agents sont multiples : recrutement et formation appropriés, remise à niveau des compétences régulière, politiques de rémunérations et de promotions récompensant les comportements adéquats et réduisant au maximum les incitations...

5. Le service d'audit interne :

S'il existe, le service d'audit interne de la collectivité examine l'organisation et le fonctionnement du contrôle interne ; et il recommande si besoin des améliorations.

Les missions de l'audit interne couvrent toutes les activités de la collectivité territoriale et comprennent notamment les vérifications suivantes :

· La fiabilité et de l'intégrité des informations financières, mais aussi les moyens utilisés pour identifier, mesurer, classer et diffuser ces informations.

· Les dispositifs mis en place pour vérifier la conformité aux normes, ainsi que des

procédures et directives (il s'agit de s'assurer que celles-ci se conforment aux lois et réglementations)

· Les dispositifs visant à protéger et vérifier l'existence des actifs

· L'utilisation des ressources (qui doit être efficace et efficiente). Le service d'audit interne devrait être indépendant des activités qu'il est chargé d'auditer.

Cette indépendance est liée à sa position dans l'organigramme de la collectivité, mais aussi à ses pouvoirs et à sa la reconnaissance. Afin d'assurer l'indépendance, il est possible de mettre en place une commission d'audit indépendante pour assister l'assemblée délibérante dans l'exercice de ses responsabilités, et qui serait responsable du système de contrôle interne. Dans le cadre de cette responsabilité, elle serait attentive aux activités du service d'audit interne de la collectivité territoriale, auquel elle sert de contact direct.

Les auditeurs devraient être indépendants du directeur général des services de la collectivité territoriale et n'avoir d'autres fonctions que celles d'auditeur. Ainsi, le temps de latence entre l'exercice de fonctions opérationnelles et la réalisation de missions d'audit sur ces services devrait être suffisant pour assurer l'objectivité et l'indépendance.

Par ailleurs, le responsable de l'audit devrait dépendre directement du dirigeant de l'organisme et être choisi sur des critères d'expérience et de qualification. Par ailleurs, il est nécessaire que ce dernier dispose de ressources (financières et humaines) suffisantes pour mener ses missions.

Une collaboration étroite devrait exister entre les auditeurs et le dirigeant de la structure pour identifier les risques, créer des contrôles correctifs, mais aussi identifier les déficiences et y remédier. Ainsi, la section d'audit devrait avoir le soutien du dirigeant.

Il est aussi précisé que « les auditeurs appartiennent au cadre de contrôle interne d'un organisme public, mais ne sont pas responsables de la mise en oeuvre des procédures spécifiques de contrôle interne dans un organisme contrôlé ». En effet, ce sont les gestionnaires qui doivent mettre en place le système de contrôle interne.

Les auditeurs vont alors contrôler les politiques, les méthodes et les procédures de contrôle interne d'un organisme afin de vérifier si les contrôles appropriés sont en place

- et donc si les objectifs peuvent être atteints.

Il existe d'autres recommandations et bonnes pratiques relatives à l'audit interne dans les collectivités territoriales, qui seront examinées plus en détail par la suite - mais l'existence d'un service d'audit interne est un élément crucial pour le bon au bon fonctionnement du système de contrôle interne - d'où la présentation, à ce niveau, de ces quelques principes constituants une base essentielle.

d) Le dispositif de contrôle interne

Le COSO 2 adapté au secteur public par l'INTOSAI représente un bon modèle pour le contrôle interne au sein d'une collectivité territoriale ou d'un EPCI. Les cinq composantes sont les suivantes : environnement de contrôle, évaluation des risques, activités de contrôle, information et communication, et enfin pilotage.

1. Environnement de contrôle

L'environnement de contrôle est le fondement de l'ensemble du système de contrôle interne:

Il influence la qualité globale du système de contrôle interne et à ce titre la détermination des objectifs et la structuration des activités de contrôle.

La culture de la collectivité est un élément très important de l'environnement de contrôle, puisqu'elle détermine le niveau de sensibilisation du personnel au besoin de contrôles.

Les facteurs constitutifs de l'environnement de contrôle sont les suivants :

- L'intégrité et les valeurs éthiques des responsables et du personnel : il est nécessaire de respecter le code de conduite, de signaler tout conflit d'intérêt, de déclarer ses intéréts financiers personnels, les dons perçus (s'ils proviennent d'élus ou de hauts fonctionnaires)... - L'engagement à un niveau de compétence : le personnel doit avoir le niveau de connaissances et les aptitudes nécessaires pour assumer ses responsabilités (notamment celles liées au contrôle interne) - d'où l'importance de la formation.

- Le style de management : il s'agit notamment de l'adhésion au contrôle interne, l'indépendance, la compétence et la volonté de montrer l'exemple. L'importance donnée au contrôle interne par le management peut passer par la création d'un service d'audit interne. - La structure de l'organisation : la délimitation des pouvoirs et des domaines de responsabilité doit être claire, et ce doit aussi être le cas des délégations de pouvoirs et des obligations de rendre compte, et enfin des canaux d'information.

- Les politiques et pratiques en termes de ressources humaines : il s'agit du recrutement, de la dotation en personnel, de la gestion des carrières, de la formation, des évaluations, de la rémunération et des mesures correctives.

Les instruments de l'environnement de contrôle sont le code de déontologie, les descriptions de postes, ou encore l'intégration systématique des nouveaux collaborateurs à la culture de la collectivité territoriale.

2. Evaluation des risques

L'évaluation et la gestion des risques constituent le deuxième pilier du système de contrôle interne. Il s'agit ici d'identifier et d'analyser les facteurs susceptibles d'affecter la réalisation des objectifs, et ainsi de déterminer comment ces risques devraient être gérés.

Le processus de gestion des risques est le suivant :

- Identification des risques : liés aux objectifs de l'organisation, elle doit être exhaustive, prenant en compte les risques liés aux facteurs internes et externes. Il est préférable pour cela de partir d'une feuille blanche plutôt que de se baser sur les analyses précédentes. Les outils les plus utilisés sont la commande d'une analyse des risques (approche top-down : une équipe examine l'ensemble des activités et opérations et en déduit les risques) et l'autoévaluation (approche bottom-up : chaque partie de l'organisation analyse son activité et remonte les risques identifiés). Ces deux approches ne s'excluent pas et il est souhaitable d'exploiter les données combinées pour une meilleure identification des risques.

- Analyse des risques : par l'évaluation de la probabilité de survenance et l'impact possible du risque. A noter que la méthodologie est variable : on peut distinguer les risques financiers et non financiers, agglomérer les risques dans des catégories ou réaliser une cartographie.

- Evaluation du degré d'aversion au risque de l'organisation, qui dépend de sa perception de l'importance des risques. Cette évaluation est subjective mais c'est une étape importante dans la formulation de la stratégie globale en matière de risques.

- Mise au point des réponses à apporter : transfert, tolérance, traitement ou suppression du risque. L'INTOSAI préconise le traitement du risque par le contrôle interne, afin de le ramener à un niveau acceptable pour l'organisation

L'évaluation des risques devrait être un processus continu et itératif, étant donné l'évolution permanente de l'environnement économique, du contexte légal et réglementaire ainsi que des conditions de travail. La modification du contrôle interne doit être effectuée en conséquence.

Cela implique d'avoir un personnel possédant les compétences requises pour identifier, apprécier et traiter les risques potentiels selon le rapport coût-bénéfice.

3. Activités de contrôle

L'intégration des activités de contrôle dans les processus consiste à appliquer des contrôles dans les procédures pour garantir l'atteinte des objectifs. Ces activités de contrôle visent à minimiser les risques identifiés et qualifiés, par la prévention ou la détection (à cet égard, il est préférable de respecter l'équilibre entre prévention et détection). Il est à noter que le coOt des activités de contrôle ne devrait pas dépasser le bénéfice qui en découle (rapport coût efficacité).

Les activités de contrôle sont menées à tous les niveaux hiérarchiques et fonctionnels de la collectivité et comprennent des actions variées comme :

- des procédures d'autorisation et d'approbation

- la séparation des fonctions (entre autorisation, traitement, enregistrement et analyse)

- les contrôles portant sur l'accès aux ressources et aux documents (limitation aux personnes habilitées, restriction des accès selon la vulnérabilité de la ressource)

- les vérifications (pour les transactions et évènements importants)

- les réconciliations

- les analyses de performance opérationnelle

- les analyses d'opérations, de processus et d'activités

- la supervision (affectation, analyse et approbation, directives et formation)

Les activités de contrôle devraient :

- être appropriées : le bon contrôle, au bon endroit et dans une juste proportion au regard du risque)

- être scrupuleusement respectées par les agents,

- respecter l'équilibre entre coOt et bénéfice

- être exhaustives, raisonnables et directement liées aux objectifs du contrôle.

Des actions correctives sont nécessaires pour assurer de l'efficacité du système de contrôle interne.

4. Information et communication

Une information et une communication efficaces sont cruciales pour la gestion et le contrôle des opérations. Ainsi, la communication doit être pertinente, exhaustive et fiable quelque soit le type d'événement concerné.

L'information pertinente doit être identifiée, recueillie et diffusée sous une forme et dans des délais qui permettent à chacun d'assumer ses responsabilités.

Les systèmes d'information produisent et traitent de nombreuses données : opérationnelles, financières, liées au respect des obligations légales et réglementaires... Ces systèmes permettent de gérer et contrôler l'activité, mais aussi de prendre des décisions.

Par ailleurs, la communication doit pouvoir être ascendante, descendante et transversale :

« L'exécutif doit transmettre un message très clair à l'ensemble du personnel sur les responsabilités de chacun en matière de contrôle. Les agents doivent comprendre le rôle qu'ils sont appelés à jouer dans le dispositif de contrôle interne, ainsi que la relation existant entre leurs propres activités et celles des autres membres du personnel. Ils doivent être en mesure de faire remonter les informations importantes ».

La communication externe doit aussi être prise en compte, notamment pour le recueil d'informations pouvant influencer la réalisation des objectifs.

L'archivage est aussi un thème crucial : le classement des informations et la documentation doivent être clairs, pertinents et organisés. La documentation du système de contrôle doit aussi répondre aux critères généraux édictés ci-dessous.

En résumé l'information doit être :

- adéquate, présente

- disponible en temps voulu

- à jour

- exacte

- accessible.

5. Pilotage

Enfin, le système de contrôle interne doit être suivi et piloté afin de maintenir sa qualité dans le temps. Cela permet notamment de l'adapter en cas de changements dans l'environnement de l'entité, ou encore dans ses objectifs, ses moyens et ses risques.

En effet, des changements brusques et/ou pouvant passer inaperçus peuvent invalider l'ensemble du système de contrôle interne. C'est pourquoi ce dernier doit être actualisé, évalué et contrôlé. Le pilotage consiste ainsi à effectuer de façon permanente et/ou périodique des contrôles (réalisés par l'exécutif ou le personnel).

Le pilotage permanent s'inscrit dans les activités courantes de l'organisation et comprend les contrôles effectués par le management, la direction, et plus largement le personnel.

Les évaluations ponctuelles portent sur le fonctionnement, la pertinence et l'efficacité du système de contrôle interne. Ces évaluations ponctuelles peuvent être des autocontrôles ou des audits internes et/ou externes. L'étendue et la fréquence des évaluations dépendront essentiellement du niveau de risques et de l'efficacité du processus de surveillance permanente. Les faiblesses détectées doivent être signalées et faire l'objet de recommandations et de plans d'action qui seront suivis dans le temps.

En conclusion, la mise en place d'un dispositif de contrôle interne efficace nécessite de créer un environnement de contrôle adéquat, d'établir une bonne gestion de l'information et de la communication, de modéliser ses processus, de définir ses objectifs, et d'évaluer les risques de

ne pas atteindre de tels objectifs. Il faut aussi intégrer dans les processus les actions de contrôles destinées à minimiser ces risques.

Ensuite, le dispositif doit vivre : il doit être actualisé en fonctions des évolutions de l'environnement interne et externe, mais aussi être évalué pour rester efficace et efficient. L'audit interne est une activité qui permet d'évaluer le système de contrôle interne, d'où sa nécessité au sein d'une collectivité ou d'un EPCI.

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"Les esprits médiocres condamnent d'ordinaire tout ce qui passe leur portée"   François de la Rochefoucauld