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La place de l'affaire Eichmann dans le processus de construction de la mémoire de la Shoah en France au début des années 1960

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par Patrick Gillard
Université libre de Bruxelles - Licencié en histoire 2009
  

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Contribution à l'histoire de la mémoire de la Shoah

LA PLACE DE L'AFFAIRE EICHMANN

DANS LE PROCESSUS DE CONSTRUCTION

DE LA MÉMOIRE DE LA SHOAH

EN FRANCE

AU DÉBUT DES ANNÉES 1960

Patrick Gillard, historien

Bruxelles, décembre 2009

à la mémoire de Jean Dugnoille

SOMMAIRE

INTRODUCTION 04

LA PLACE DE L'AFFAIRE EICHMANN DANS LE PROCESSUS DE CONSTRUCTION DE LA MÉMOIRE DE LA SHOAH : SURVOL HISTORIOGRAPHIQUE 09

Israël 11

États-Unis 12

République fédérale d'Allemagne 14

France 14

LE RETENTISSEMENT DE L'ANNONCE DE LA CAPTURE ET DU JUGEMENT D'EICHMANN 16

L'énorme médiatisation 18

La double polémique 19

LE RETENTISSEMENT DE L'AFFAIRE PENDANT LA PRÉPARATION DU PROCÈS 21

Les objectifs du procès 22

La mise en scène spectaculaire 25

L'intérêt en France 26

LE RETENTISSEMENT DU PROCÈS 28

Du procès à l'exécution 28

La recrudescence ou non d'actes à caractère antisémite 31

Trois études de cas 33

Le cas de la France 36

La couverture médiatique du procès 38

Israël 44

États-Unis 45

République fédérale d'Allemagne 46

France 47

CONCLUSION 50

La place de l'affaire Eichmann dans le processus

de construction de la mémoire de la Shoah

en France au début des années 1960

« L'oubli qui efface, la mémoire qui transforme (...) Derrière la mince lisière de l'incontestable (...), un espace infini s'étend, l'espace de l'approximatif, de l'inventé, du déformé, du simplifié, de l'exagéré, du mal compris, un espace infini de non-vérités qui copulent, se multiplient comme des rats, et s'immortalisent 1(*). »

Plusieurs moments historiques marqueraient les grandes étapes du processus de construction de la mémoire du génocide des Juifs d'Europe. Selon les pays et les interprétations, le procès Eichmann à Jérusalem en 1961, la guerre des Six Jours en 1967, la guerre du Kippour en 1973, l'arrivée du Likoud au pouvoir en Israël en 1977 et la large diffusion du feuilleton télévisé Holocaust en 1978 et en 1979 en constitueraient les premiers moments clés.

La propension de nombreux historiens à considérer le procès d'Adolf Eichmann comme le tournant de ce processus dans l'État hébreu n'entraîne pas pour autant qu'il ait eu la même incidence mémorielle partout dans le monde.

Or, certains historiens ont apparemment tendance à exagérer et à généraliser sa portée et ses effets. Ne devraient-ils pas plutôt relativiser et singulariser l'importance et l'influence qu'il a eues au début des années 1960 dans des pays diversement touchés par cette affaire -- comme en Israël, aux États-Unis, en République fédérale d'Allemagne (RFA) et en France ?

Objet de cette étude 2(*), la place que l'affaire Eichmann occupe dans le processus de construction de la mémoire de la Shoah en France, au début des années 1960, dépend du retentissement qu'elle y a eu alors 3(*). Or, sa portée dans l'Hexagone n'a visiblement jamais fait l'objet d'un examen spécifique digne de ce nom -- ni dans les années 1960 ni par la suite.

Cette absence d'enquête en France -- que la présente étude entend précisément combler -- est d'autant plus regrettable que des instituts de recherches ont justement ausculté sa couverture de presse dans d'autres pays et que des chercheurs ont même étudié les effets qu'elle a produits sur des groupes sociaux tant aux États-Unis qu'en Israël 4(*).

Ainsi, trois chercheurs de l'université de Berkeley (Californie) publient The Apathetic Majority en 1966 5(*). Fondée sur quatre cent soixante-trois interviews réalisées pendant le procès auprès d'un échantillon représentatif de la population d'Oakland (Californie), leur enquête s'efforce notamment de répondre à la question inédite suivante -- valable pour les États-Unis : « Quelle a été l'influence du procès sur l'opinion publique 6(*) ? » [notre traduction]

La réponse nuancée des trois universitaires américains se fonde sur une analyse approfondie qui se veut objective 7(*). L'ampleur quantitative et qualitative de la couverture médiatique du procès aux États-Unis constitue à leurs yeux une de ses principales réussites 8(*). Mais seule la fraction la plus avertie de la population états-unienne s'intéresse, selon eux, au procès et à son message 9(*). Dans cette perspective, le procès n'atteindrait donc pas les ambitieux objectifs éducatifs poursuivis par les autorités israéliennes 10(*).

La réaction de l'immense majorité de la population états-unienne, qui calque passivement son attitude à l'égard du procès sur celle dans l'ensemble bienveillante des médias du pays, lui est quand même globalement favorable 11(*). C'est la raison pour laquelle les trois universitaires californiens retiennent finalement le concept de « majorité apathique ».

En l'absence d'étude similaire pour la France et à condition de les manipuler avec la plus grande prudence, les enseignements tirés des enquêtes et sondages réalisés à propos de cette affaire dans d'autres pays pourraient peut-être éclairer aussi le retentissement qu'elle a eu alors dans l'Hexagone.

Sa portée au début des années 1960 résulte essentiellement de la combinaison de deux facteurs. Son retentissement découle non seulement de l'ampleur de la couverture médiatique dont elle fait alors l'objet mais aussi du contexte réceptif ou non, propre à chaque pays, dans lequel elle s'inscrit au moment où elle éclate.

Qui dit couverture médiatique entend spontanément examen minutieux de la presse. Or, aucun dépouillement des journaux français de l'époque n'a été délibérément entrepris dans le cadre de cette recherche. La raison en est double. D'une part, cette consultation aurait représenté un travail considérable. De l'autre, nos recherches bibliographiques répondaient correctement à nos interrogations.

Ce parti pris ne compromettait-il pas quand même dès le départ toute évaluation sérieuse de la portée de cette affaire en France ? D'un côté, la publication de quelques fragments de sa couverture de presse hexagonale pallie l'absence de tout dépouillement systématique. De l'autre, les spécificités bien connues du contexte politique français dans lequel elle s'inscrit au début des années 1960 influencent, elles aussi, considérablement son retentissement.

De manière générale, les caractéristiques de l'environnement politique propre à chaque pays au moment où cette affaire éclate -- comme le poids de la communauté juive organisée, la proximité ou la divergence de vues avec Israël, la recrudescence ou l'absence d'actes à caractère antisémite -- pèsent sérieusement sur la façon dont les opinions publiques respectives la reçoivent.

Le contexte politique français au début des années 1960, fondamentalement marqué par les péripéties dramatiques liées à la fin de la guerre d'Algérie, entre par conséquent prioritairement en ligne de compte dans notre étude. De même, l'environnement historique des autres pays diversement touchés par cette affaire fera lui aussi l'objet de toute notre attention.

Sauf en Israël où les sessions du tribunal se succèdent pendant quatre mois au cours de l'année 1961, le procès Eichmann agit partout comme un facteur extérieur sur le processus mémoriel de la Shoah. En France comme dans les autres pays, cette donnée essentielle exige la prise en compte prioritaire de tous les éléments internes susceptibles d'influer dans un sens ou dans l'autre sur ce processus. Le cinéma français représente lui aussi un vecteur mémoriel essentiel au tournant des années 1960. Il fera donc l'objet d'une attention particulière.

Dans l'État hébreu, là où l'importance de sa portée ne fait pourtant aucun doute, l'affaire Eichmann ne déclenche pas à elle seule le processus mémoriel. Certes, comme le signale le journaliste Amos Elon dans le portrait de son peuple, le rapport en 1962 d'une enquête pour évaluer « l'impact du procès Eichmann sur les étudiants de l'université hébraïque de Jérusalem » arrive à la conclusion « que le procès a provoqué un cas presque unique «d'intérêt élevé» à propos d'un problème public » 12(*).

Mais, comme l'explique le journaliste israélien ensuite : « À l'époque où ils devinrent publics, les résultats de cette enquête furent reçus avec suspicion. (...) On estimait alors que cet intérêt diminuerait après la conclusion de ce procès sensationnel 13(*). » Or, comme le souligne toujours Amos Elon : « Cela n'a pas été le cas. Les effets de l'Holocauste nazi sur la psychologie nationale ont atteint un nouveau point culminant pendant les semaines précédent la guerre des Six Jours 14(*) » -- c'est-à-dire au cours des premiers mois de l'année 1967.

Dans cette perspective, l'affaire Eichmann inaugurerait plutôt une série de moments de l'histoire israélienne qui, étape après étape, alimenteraient le processus de construction de la mémoire de la Shoah. Est-ce également le cas en France ? Où en est l'élaboration de ce processus dans l'Hexagone lorsque cette affaire éclate au grand jour ?

La présente recherche entend donc avant tout -- c'est d'ailleurs son objectif premier -- déterminer la place que cette affaire occupe dans le processus de construction de la mémoire de la Shoah en France, au début des années 1960. L'hypothèse selon laquelle une partie la communauté historique aurait tendance à donner trop de poids mémoriel à cette affaire fera également l'objet d'un examen minutieux.

La rencontre de notre objectif principal et la vérification de notre hypothèse exigent l'évaluation préalable de la portée que cette affaire a eue alors en France. À défaut de dépouillement de la presse française contemporaine, la lecture dans ce sens d'une partie de l'abondante littérature qui lui est consacrée palliera aussi l'absence d'étude spécifique sur son retentissement dans l'Hexagone. Le Mémorial de la Shoah à Paris ne conservant apparemment aucun dossier de presse sur le procès 15(*), le dépouillement systématique de plusieurs numéros spéciaux de la revue du Centre de documentation juive contemporaine (CDJC) -- Le Monde Juif -- comblera en partie cette lacune.

Tout au long de cette étude, il nous faudra également répondre à plusieurs questions concrètes. Combien de temps la philosophe Hannah Arendt couvre-t-elle les sessions du tribunal ? Quel est le rôle du CDJC dans cette affaire ? Combien de témoins représentent la France à ce procès ? Combien d'envoyés spéciaux le couvrent pour les médias hexagonaux ? Combien de ménages français possèdent un récepteur de télévision au début des années 1960 ? Quelles sont alors les principales préoccupations des Français ?

Nos recherches portent essentiellement sur deux années. Elles s'ouvrent le 23 mai 1960 avec l'annonce officielle de la capture d'Eichmann et de son jugement en Israël et se terminent deux ans plus tard avec l'exécution de l'ancien colonel SS -- le 31 mai 1962. La vive controverse que provoque la publication des écrits d'Hannah Arendt par la suite n'entre donc pas en ligne de compte ici 16(*).

Un bref rappel des faits à l'origine de cette interminable polémique s'avère toutefois nécessaire. Envoyée spéciale à sa propre demande par le magazine The New Yorker, Hannah Arendt couvre les premières semaines du procès qui s'ouvre à Jérusalem en avril 1961. Deux ans plus tard, elle publie son reportage dans une série de cinq articles du New Yorker qui seront très rapidement réunis dans un ouvrage intitulé : Eichmann in Jerusalem : A Report of the Banality of Evil 17(*).

Cette double publication déclenche sur-le-champ une polémique si vive dans la communauté juive des États-Unis que, comme le souligne Peter Novick dans son ouvrage de référence déjà cité : « Pendant un temps, la philosophe juive allemande émigrée allait devenir l'ennemi public numéro un des Juifs Américains 18(*). » Les accusations portées contre Hannah Arendt visaient surtout son traitement prétendument bienveillant d'Eichmann, sa critique du procès et sa façon de présenter le comportement des Juifs pendant le génocide 19(*).

Si cette controverse est tellement importante, pourquoi alors ne pas la prendre en considération dans notre recherche ? Deux raisons ont essentiellement motivé notre choix. La première est qu'elle a déjà fait couler beaucoup d'encre. Un nombre incalculable de publications lui sont d'ailleurs consacrées ou s'y réfèrent 20(*). La seconde réside dans le fait qu'elle ne touche globalement la France qu'assez tardivement -- en 1966 21(*). Même si les rédacteurs de la revue du CDJC s'efforçaient depuis un certain temps de la faire connaître dans le cercle restreint de leurs lecteurs, elle n'atteint véritablement l'Hexagone qu'à partir de la fin du mois d'octobre 1966 lorsque les éditions Gallimard sortent la première version française du livre controversé d'Hannah Arendt 22(*).

Avant de procéder à l'évaluation des effets que chaque phase de l'affaire Eichmann replacée dans son contexte a eus alors en France, comme dans les autres pays qu'elle a diversement touchés 23(*), une partie de l'impressionnante bibliographie qui lui est consacrée fera l'objet d'un examen destiné à déterminer la place que les historiens lui réservent en général dans le processus de construction de la mémoire de la Shoah. Ce survol historiographique permettra également d'étayer l'hypothèse selon laquelle une partie de la communauté des historiens aurait tendance à exagérer et à généraliser le poids qu'elle a eu alors dans ce processus mémoriel.

* 1 Milan KUNDERA, Le Rideau : essai en sept parties, Éditions Gallimard, Paris, Collection « folio » n° 4458, 2006, pp. 180-181.

* 2 Ce travail s'inscrit dans le cadre de recherches qui portent sur l'histoire de la mémoire de la Shoah dans quatre pays : Israël, les États-Unis, l'Allemagne et la France. Il doit beaucoup aux études d'autres chercheurs. Il a fait l'objet de plusieurs relectures. Emmanuel Wathelet et les autres lecteurs qui se sont pris au jeu trouveront ici le témoignage de notre gratitude.

* 3 Une remarque préliminaire s'impose. Elle concerne la portée sémantique exacte de l'expression «affaire Eichmann» dans notre étude. De même que Peter Novick prend en compte le « prélude angoissé et [l]es suites triomphales » des opérations militaires, lorsqu'il évalue dans son ouvrage de référence l'influence de la guerre des Six Jours sur le processus de construction de la mémoire de l'holocauste aux États-Unis, les événements antérieurs (la capture d'Eichmann, entre autres) et postérieurs (son exécution, par exemple), intimement liés au procès, entrent ici aussi en ligne de compte. (Peter NOVICK, L'Holocauste dans la vie américaine, Éditions Gallimard, Paris, 2001, p. 210) Aussi pour éviter toute confusion, l'expression «procès Eichmann» et le mot «procès» s'appliqueront-ils exclusivement aux audiences du tribunal de Jérusalem en 1961. Par contre, la formule «affaire Eichmann» et le vocable «affaire» recouvriront l'ensemble de la période qui s'étend, procès compris, de la capture du criminel nazi en mai 1960 jusqu'aux ultimes controverses au milieu des années 1960 --même si ces dernières ne sont pas traitées en tant que telles dans ces pages. Sur les limites chronologiques de notre recherche, voir infra.

* 4 L'examen le plus important de sa couverture de presse est celui qui a poussé, ainsi que le note l'historien israélien Yosef Gorny dans son ouvrage consacré à la relation complexe qui unit la Shoah à la création d'Israël, « l'American Jewish Committee [AJC] à suivre sur deux années (de l'enlèvement d'Eichmann en mai 1960 à son exécution en juin 1962) les articles publiés sur ce sujet dans la presse. Cette recherche portait sur 2 000 journaux et n'incluait pas la presse juive. » (Yosef GORNY, Entre Auschwitz et Jérusalem. Shoah, sionisme et identité juive, In Press éditions, Paris, 2003, p. 48) Pour quelques commentaires sur les résultats de cette recherche, voir ibid., pp. 49-52 ; Akiba A. COHEN, Tamar ZEMACH-MAROM, Jürgen WILKE et Birgit SCHENK, The Holocaust and the Press : Nazi War Crimes Trials in Germany and Israel, Hampton Press, Cresskill, 2002, p. 16. Sur l'AJC, une des plus anciennes organisations de défense des Juifs américains, voir Naomi W[iener] COHEN, Not Free to Desist, The American Jewish Committee 1906-1966, The Jewish Publication Society of America, Philadelphia, 1972, XIII et 652 p.

* 5 Charles Y. GLOCK, Gertrude J. SELZNICK et Joe L. SPAETH, The Apathetic Majority. A Study Based on Public Responses to the Eichmann Trial, Harper & Row, New York, 1966, XII et 222 p. « En 1962, une équipe de psychologues sociaux étudia l'impact du procès Eichmann sur les étudiants de l'université hébraïque de Jérusalem. » (Amos ELON, Les Israéliens. Portrait d'un peuple, Éditions Stock, Paris, 1972, p. 300) Sur les résultats de cette étude, voir infra.

* 6 Charles Y. GLOCK, Gertrude J. SELZNICK et Joe L. SPAETH, op. cit., p. 1.

* 7 Ibid., pp. 129-180. Pour des commentaires relativement critiques sur le travail de ces chercheurs, voir Jeffrey SHANDLER, While America Watches : televising the Holocaust, Oxford University Press, New York, 1999, pp. 127-128 ; Françoise S. OUZAN, « La mémoire de la Shoah dans le vécu des Juifs aux États-Unis jusqu'au procès Eichmann (1945-1961) », dans Françoise S. OUZAN et Dan MICHMAN (dir.), De la mémoire de la Shoah dans le monde juif, CNRS éditions, Paris, 2008, pp. 308-309.

* 8 Charles Y. GLOCK, Gertrude J. SELZNICK et Joe L. SPAETH, op. cit., p. 168. Voir aussi Akiba A. COHEN, Tamar ZEMACH-MAROM, Jürgen WILKE et Birgit SCHENK, op. cit., p. 17.

* 9 Charles Y. GLOCK, Gertrude J. SELZNICK et Joe L. SPAETH, op. cit., p. 168. Pour une interprétation diamétralement opposée, voir Françoise S. OUZAN, loc. cit., pp. 308-309.

* 10 Charles Y. GLOCK, Gertrude J. SELZNICK et Joe L. SPAETH, op. cit., pp. 168-169. Voir aussi Judith E. DONESON, The Holocaust in American film, The Jewish Publication Society, Philadelphia, 1987, p. 183. Sur les objectifs du procès, voir infra.

* 11 Charles Y. GLOCK, Gertrude J. SELZNICK et Joe L. SPAETH, op. cit., pp. 170-171. En réalité, l'enquête menée par l'équipe de l'université de Berkeley cherche avant tout à mesurer les effets du procès dans le combat mené contre l'antisémitisme aux États-Unis. De ce point de vue, la conclusion des trois chercheurs est sans appel : « Que le procès Eichmann ait remporté une bataille est discutable ; qu'il n'ait pas gagné la guerre est certain. L'antisémitisme n'a pas encore disparu de la société occidentale. » (ibid., p. 167) [notre traduction]

* 12 Amos ELON, op. cit., p. 300.

* 13 Ibid., p. 301.

* 14 Ibid.

* 15 Courriel de Cécile LAUVERGEON, 18 mai 2009.

* 16 Ce n'est pas la seule polémique en relation avec la Shoah qui éclate au début des années 1960. Le thème du silence de Pie XII pendant le génocide, repris et développé à partir de 1964 dans la pièce Le Vicaire du dramaturge allemand Rolf Hochhuth, déclenche lui aussi une vive controverse dans plusieurs pays. Pour plus de détails sur cette polémique, voir Peter NOVICK, op. cit., pp. 202-205.

* 17 Cet ouvrage a fait l'objet d'une traduction en français par la suite : Hannah ARENDT, Eichmann à Jérusalem. Rapport sur la banalité du mal, Éditions Gallimard, Collection « folio histoire » n° 32, Paris, 1997, XXX et 485 p.

* 18 Peter NOVICK, op. cit., p. 190.

* 19 Sur la polémique provoquée par la publication de ses écrits, voir Hannah ARENDT, op. cit., pp. I-XI et 453-457 ; Elisabeth YOUNG-BRUEHL, Hannah Arendt. Biographie, Calmann-Lévy, Paris, 1999, pp. 441-496 ; Peter NOVICK, op. cit., pp. 190-202 ; Shoshana FELMAN, « Théâtres de justice : Hannah Arendt à Jérusalem. Le procès Eichmann et la redéfinition du sens de la loi dans le sillage de l'Holocauste », dans Les Temps Modernes, vol. 56, n° 615-616, septembre-novembre 2001, pp. 23-74. Voir aussi Yosef GORNY, op. cit., pp. 75-94.

* 20 Une biographe d'Arendt prétend même que « presque toutes les études portant sur l'holocauste publiées depuis 1963 se sont implicitement ou explicitement référées à cette controverse, et aux violentes passions qu'elle a déchaînées. (...) En 1969, un chercheur qui avait tenté de rassembler une bibliographie exhaustive sur le cas d'Eichmann ne parvint qu'à maîtriser une toute petite partie de la somme des publications américaines, israéliennes et européennes qui s'y rapportaient. » (Elisabeth YOUNG-BRUEHL, op. cit., p. 444)

* 21 En France, cette polémique s'inscrirait donc plutôt dans le calendrier de la guerre des Six Jours en 1967 que dans celui du procès à propos duquel elle éclate.

* 22 Adversaire déclaré des thèses défendues par Arendt, Le Monde Juif publie dès 1964 un texte de Jacob Robinson, un des adjoints du procureur général au procès Eichmann, intitulé : « Les vertus des criminels et les crimes des victimes. Réplique à Mme Hannah Arendt ». (Le Monde Juif, vol. 19, n° 1 (36), janvier-mars 1964, pp. 21-33) En 1965, la revue du CDJC fait paraître un compte rendu du nouveau livre de Robinson (And The Crooked Shall Be Made Straight. The Eichmann Trial, the Jewish Catastrophe, and Hannah Arendt's Narrative -- Et le tordu sera redressé. Le procès Eichmann, la catastrophe juive, et le récit de Hannah Arendt) qui est signé par Robert M. W. Kempner, ancien substitut du procureur général des États-Unis aux procès de Nuremberg. (Le Monde Juif, vol. 20, n° 6 (40), septembre-décembre 1965, pp. 33-35) Et à la fin de l'année 1966 -- soit au moment même où la version française de l'ouvrage controversé d'Arendt voit le jour --, Le Monde Juif signale à ses lecteurs que le CDJC se charge de la traduction en français du livre de Robinson dont la sortie est prévue au début de l'année 1967. (Le Monde Juif, vol. 21, n° 10 (44), octobre-décembre 1966, p. 9)

* 23 Trois phases chronologiques organisent notre travail et notre récit. La première phase se limite au moment de l'annonce officielle du 23 mai 1960, la deuxième couvre la petite année de préparation du procès (24 mai 1960 - 10 avril 1961), la troisième commence avec l'ouverture du procès à Jérusalem et se termine avec l'exécution d'Eichmann (11 avril 1961 - 31 mai 1962).

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