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Une action éducative dans le quotidien et en projet : un exemple de prise en charge de l'anorexie mentale de l'adolescente en milieu hospitalier psychiatrique

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par Audrey Marie-France GERARD
Institut Jean-Pierre Lallemand - Graduat Educateur Spécialisé 2011
  

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B. Des éducateurs dans le quotidien des jeunes atteintes d'AM hospitalisées en psychiatrie

Entretiens avec Mesdemoiselles N. Anthierens, E. Dondi et A. Soveges, éducatrices à la clinique La Ramée, réalisés en octobre 2008.

1. Pouvez-vous donner une courte définition de l'Anorexie Mentale ?

C'est une maladie complexe et longue à traiter. C'est une forme de langage adressé à l'autre venant d'une personne souffrante psychologiquement. Elle est caractérisée par la triade symptomatique : Anorexie, Amaigrissement, Aménorrhée.

2. Quelle est la durée de l'hospitalisation des adolescentes atteintes d'AM ?

La durée de l'hospitalisation varie de six mois à un an.

3. Quel autre public fréquente l'unité des TCA de l'adolescence ?

Le groupe «Ados« est formé pour 2/3 de patients atteints de TCA (AM et boulimie) et 1/3 d'autres troubles psychiatriques.

4. Quelles sont les caractéristiques générales des patientes anorexiques ?

C'est un trouble complexe, il y a autant de sortes d'AM que de patientes. Généralement, elles sont très perfectionnistes, hyperactives, elles ne savent pas s'arrêter et manquent de confiance en elles. Le symptôme dépressif est toujours présent.

5. Quelles sont les implications de la patiente dans le traitement, ses réactions ?

Le déni de la pathologie est souvent présent. Une des premières fonctions des intervenants sera de les aider à accepter et à reconnaître leurs troubles.

6. Pouvez-vous décrire le contrat de poids et la procédure d'isolement ?

Le médecin va fixer différents poids. Des poids intermédiaires donnant la permission à des sorties de l'hôpital et des visites ; et un poids définitif de fin de l'hospitalisation. De nombreuses patientes sortent d'hospitalisation d'urgence avant de venir ici. Lors de l'admission, le danger létal est parfois présent. Dans ce cas, la patiente ne pourra pas quitter l'étage durant quelques semaines, ceci dans un but de protection. Les décisions se font au cas par cas, en fonction de l'histoire de chacun. Rien n'est imposé ! On travaille avec le dialogue, ici on ne parle pas d' «isolement« mais plutôt de séparation relative, conseillée. Il s'agit de comprendre la jeune dans son histoire, sa réalité, son milieu.

Les entretiens avec la famille sont réguliers et les visites sont autorisées.

7. Quelles sont vos formations ?

(Pour une) Educatrice SPécialisée et (pour les deux autres) assistantes en psychologie. Nous suivons aussi des formations internes en continu.

8. Pouvez-vous présenter brièvement les membres de l'équipe éducative ?

Nous sommes six éducateurs. Il y a deux équipes éducatives fonctionnant de 7h30 à 23h00 selon deux horaires distincts. Le tout est coordonné par la responsable du groupe «Ados«.

9. Quels sont les autres membres de l'équipe multidisciplinaire et leur principal rôle ?

Médecins, infirmières et kinésithérapeutes s'occupent des problèmes somatiques. Une diététicienne s'occupe des menus alimentaires ; les professeurs de «L'Escale« assurent un soutien scolaire ; une assistante sociale fait le lien avec l'hôpital et l'extérieur, et les animateurs du «SAAT« animent les activités thérapeutiques.

10. Quelle place prenez-vous au sein de l'équipe pluridisciplinaire ?

Nous n'intervenons pas dans la thérapie. Chacun a sa place dans l'équipe et c'est important de garder son rôle d'éducateur tout en étant en complémentarité avec les autres intervenants.

On fait le lien avec le projet de la semaine, les cours, les activités et les repas ; et le relais avec le médecin et les infirmières. On veille à maintenir le respect du cadre en le soutenant et en rappelant à l'ordre au besoin. Les rapports et les réunions sont nombreux. C'est essentiel d'être sur la même longueur d'ondes pour faire circuler l'information. Par notre travail de proximité avec les jeunes, nous avons une force de transmission importante. Parfois c'est nous qui donnons des informations précieuses aux médecins.

11. La clinique La Ramée à cette spécificité d'intégrer des éducateurs au sein de son équipe. Dans ce contexte hospitalier, quel rôle particulier l'éducateur a-t-il ?

L'idée d'intégrer des éducateurs dans l'équipe de «La Ramée« vient du Docteur André Passelecq et de l'influence de son collègue français Philippe Jeammet.

Notre rôle, c'est d'accompagner et de soutenir les jeunes dans le quotidien tout au long de la journée, de faire transition avec les autres activités et le relais entre les jeunes et les autres intervenants hospitaliers. L'action éducative est une action sur le moment, dans le quotidien des jeunes. En collaboration avec les infirmières, on effectue le travail de «nursing« : on veille à la bonne hygiène, on accompagne les repas à table et en chambre ... On se porte garant du bon fonctionnement des repas. On apporte du concret à la patiente en étant une sorte d'écho médical. Par exemple, si l'on voit une jeune fille faible, on lui conseille de se reposer dans le calme. Au niveau de la vie de groupe, on veille aux bonnes relations entre les patients. On motive les jeunes à participer aux activités et à suivre le programme scolaire.

Le dialogue et l'écoute sont très importants. Mais on ne parle pas du corps, ni de la nourriture et l'on évite de parler de problèmes personnels en groupe. On discute des problèmes généraux ou de sujets divers. Les sujets personnels et plus précis sont abordés par les psychologues qui animent aussi un groupe de parole une fois par semaine pour approfondir les problèmes collectifs.

12. Chaque jeune a-t-il un éducateur de référence ?

Oui, chaque jeune à un éducateur de référence en ce qui concerne les problèmes personnels au quotidien. Du côté des activités c'est l'animateur qui est la personne de référence du groupe «Ados«.

13. Quels sont les projets éducatifs proposés dans le traitement de l'AM ? Quels sont leurs objectifs ?

En pré-admisssion, le médecin va décider d'un projet d'hospitalisation. Les éducateurs sont porteurs de ce projet de départ et ils participent à son bon déroulement au quotidien. On propose des nouveautés chaque jour allant dans le sens de ce que les jeunes aiment. Les projets d'activités éducatives se font à court terme et ils sont toujours soumis à l'avis du médecin. On vise à créer des moments de détente et à redonner confiance à chaque jeune, le motiver à participer à son traitement et à respecter au mieux son projet individuel d'hospitalisation.

14. Pouvez-vous donner quelques exemples d'activités éducatives qui sont proposées ?

Le mercredi soir, on anime la «Fun Soirée« : c'est un moment de détente où l'on joue, on écoute de la musique. Le jeudi après-midi, c'est l'atelier «Histoire d'Elle« qui est proposé. Il vise à réapprendre à prendre soin de soi (maquillage, parfum, mode...). Lors des temps libres du vendredi après- midi nous organisons des activités suivant les besoins individuels ou collectifs. On peut aussi faire des sorties spéciales avec les jeunes pour faire des visites culturelles ou du shopping durant les soldes. Cela va dépendre de leur motivation et de leurs envies.

15. Comment faites-vous évoluer les projets éducatifs ?

Il n'y a pas une règle de conduite fixe ! Il faut sans cesse réinventer en fonction des différentes personnalités et des besoins.

16. Proposez-vous des animations artistiques ?

Non, c'est l'équipe du «SAAT« qui dirige les activités d'expression artistiques. Ces activités sont nombreuses : théâtre, sport, informatique, groupe de parole... Elles sont fortement conseillées par le médecin, pas obligatoires ! Notons, que les ateliers proposés ne sont pas des lieux de thérapie. On peut accompagner la jeune à ces ateliers. Mais on n'analyse pas, on n'interprète pas les créations des patients car ce n'est pas le travail de l'éducateur. Par contre en réunion, c'est intéressant de communiquer les résultats de ces ateliers qui pourront être utilisés ailleurs par le médecin ou psychologue par exemple.

17. Comment évaluez-vous l'action éducative ?

Un ensemble d'observations sont réalisées quotidiennement. On rédige un rapport trois fois par jour, où l'on parle de l'ensemble des comportements au cas par cas. Une fois par semaine, on fait le bilan du groupe et une réunion d'équipe.

18. Quelles sont les difficultés rencontrées durant l'action éducative et les solutions apportées ?

En cas de problèmes, on cherche une solution au cas par cas. Au niveau des repas par exemple, une jeune fille refusait de manger et de boire, il fallait l'accompagner durant deux à trois heures pour qu'elle termine son repas. Son éducatrice de référence devait faire preuve d'une grande patience chaque jour et l'aider à ce qu'elle s'engage sans la forcer. Tout un travail relationnel et de dialogue a été réalisé avec succès afin d'expliquer le besoin de ce soin essentiel. On travaille sans obliger, tout en étant directives. Ici, on n'utilise pas de sonde nutritive. L'usage du canard est parfois nécessaire en cas de grave comportement régressif et les boissons nutritives sont très utiles.

19. Quels sont les signes d'évolution pris en compte ?

L'indicateur qu'est la courbe de poids est important pour évaluer l'évolution de la patiente au niveau médical. Mais aussi la présence aux activités, le comportement social et la place de la jeune dans le groupe.

20. Comment se déroule le travail éducatif avec le groupe des jeunes ?

Le groupe est porteur d'une identité sociale. On le considère comme un groupe de jeunes, et non de malades. On ne sépare pas les patients par pathologie. On ne travaille pas seul avec un groupe, il y a toujours au moins deux intervenants. C'est très délicat comme travail, il faut une grande expérience.

21. Quels sont les risques du travail collectif, pour un groupe constitué de jeunes atteints d'AM ? Comment les éviter ?

Les jeunes vont se comparer, chercher qui est la plus mince et échanger des conseils sur le poids. On va associer différents patients en évitant l'effet miroir. En cas de problème avec un membre du groupe, on va travailler avec ce membre en individuel.

22. Quelles sont les mesures prise au vue de la scolarité ?

Nous travaillons avec l'école «L'Escale« qui est subventionnée par la «Communauté Française«. Trois professeurs (Sciences, Lettres et Langues) dispensent les cours. Ils sont très apaisants et encourageants et veillent à ce que les jeunes gardent le niveau scolaire de l'extérieur et restent intégrés dans le circuit. Les adolescentes suivent des cours collectifs une à deux heures par jour et ont la possibilité de suivre des cours particuliers. Chaque jeune à un titulaire assistant social qui va avec l'éducateur référent faire le lien entre l'école de la patiente, «L'Escale« et notre service.

23. Peut-on parler d'un échec scolaire lié à l'isolement hospitalier ?

Parfois le parcours scolaire doit être suspendu si la santé du jeune est en péril. On explique à la patiente que sa santé passe avant ses études et donc qu'elle doit se soigner. Ce qu'elle accepte difficilement vu son investissement scolaire. Les professeurs aident beaucoup à dédramatiser l'échec, ils sont très positifs.

24. Les éducateurs posent-t-ils une action en milieu ambulatoire ou post-hospitalière ?

Non, nous n'agissons pas en milieu ambulatoire. C'est l'assistante sociale qui s'occupe du suivi avec d'autres intervenants.

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"Les esprits médiocres condamnent d'ordinaire tout ce qui passe leur portée"   François de la Rochefoucauld