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De la liberté à  la soumission de la vérité. Une lecture de l'encyclique "veritatis splendor" de Jean Paul II

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par Daniel KIBAMBA KAHYA
Université catholique du Congo (RDC) - Graduat 2009
  

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I.1.2.c. Le choix fondamental et les comportements concrets

Dans cette partie du chapitre, Jean Paul II parle de la conception qu'ont certains auteurs sur la manière de considérer la liberté. Pour ces derniers, la liberté qu'a l'homme est une `'liberté fondamentale'', plus pénétrante que la liberté de choix, qui est pour l'homme un rôle-clé pour atteindre l' `'option fondamentale'' grâce à laquelle il devient autonome dans ses décisions.

La conséquence qui découle d'une telle manière de considérer la liberté est que l'objet immédiat des actes de l'homme ne sera plus la recherche du bien absolu et transcendantal, mais plutôt celle des biens particuliers. L'homme ne cherchera plus à tendre vers l'Etre Suprême, fin ultime de tout, car lui-même sera cette fin.

L'Eglise catholique, par sa doctrine morale, reconnaît aussi l'importance que revêt le choix fondamental dans la vie humaine. Ce choix engage radicalement la liberté devant Dieu et confirme la vie morale. Et le pape fait allusion ici au choix de la foi ou de l'obéissance de la foi du fait que c'est grâce à ceci que l'homme s'en remet à Dieu dans toute sa liberté. Et dans la Nouvelle Alliance, ce choix fondamental se situe au niveau de la réponse que le jeune homme riche de Mt 19, 21 donne à la question de Jésus '' si tu veux être parfait... viens et suis-moi'', réponse que chaque personne humaine devra donner au Maître. Car par ce choix fondamental, l'homme pourra orienter sa vie vers la véritable fin ultime. Toutefois, cette faculté « s'exerce dans les choix particuliers d'actes déterminés, par lesquels l'homme se conforme délibérément à la volonté, à la sagesse et à la Loi de Dieu » (V.S. n° 67).

Il y a aussi des opinions qui remettent cette conception de l'Eglise en question. Ils séparent le choix fondamental du comportement concret. Cette séparation risque de provoquer une contradiction dans l'intégrité même l'agent moral, c'est-à-dire l'homme. Pour ainsi dire que la moralité des actes humains ne s'arrête pas uniquement à l'intention, à l'orientation ou au choix fondamental mais à l'ensemble de tout ce qui forme l'homme.

I.1.2.d. L'acte moral : téléologie et téléologisme

Les actes humains sont les lieux ou se rencontrent et se manifestent la liberté humaine et la Loi de Dieu. Et c'est à partir de ces actes que l'on peut situer l'évolution de l'homme : s'il se perfectionne ou pas. D'après Jean Paul II, ces actes sont des « actes moraux parce qu'ils expriment et déterminent la bonté ou la malice de l'homme qui les accomplit. Ils ne produisent pas seulement un changement d'état d'éléments extérieurs à l'homme, mais, en tant que délibérément choisis, ils qualifient moralement la personne qui les accomplit et ils en expriment la physionomie spirituelle profonde » (V.S. n° 71). Ils sont ainsi comme des facteurs qui aident à l'observer, à porter un jugement sur lui.

Et pour un chrétien, la moralité de ses actes, dit Jean Paul II, se définit grâce à la Révélation de Dieu et par la foi. C'est pourquoi ils doivent témoigner de leur conformité ou non, avec la dignité et la vocation données par Dieu au moyen de la grâce. Ainsi, le Christ, aîné d'une multitude de frères (Rm 8,29), devient l'image à laquelle tout chrétien doit se conformer.

De ce fait, leur moralité se définie lorsqu'il se crée une relation entre liberté humaine et bien authentique, bien qui en est le fruit de la Loi éternelle ou tout simplement de la Sagesse divine ordonnant tout les êtres. Ainsi, un acte devient moralement bon lorsqu'il est conforme au vrai bien de l'homme et tendant vers Dieu, sa véritable fin ultime. Par conséquent, l'agir de l'homme ne devient bon que lorsqu'il tend vers cette ultime fin, et non pas parce il peut aider à atteindre un but apparemment bon, ou tout simplement parce que l'intention de celui qui la pose est bonne (V.S. n° 72). C'est en ce sens que la vie morale a en elle un caractère téléologique fondamental, « car elle consiste dans l'orientation délibérée des actes humains vers Dieu, bien suprême et fin ultime de l'homme » (V.S. n° 73).

Pour le Souverain Pontife, l'agir libre de l'homme dépend des sources même de la morale, notamment l'intention, la circonstance et l'objet, pour reprendre la doctrine thomiste des sources de la morale. Cette conception permettra le développement des certaines théories se montrant attentives à la conformité des actes humains avec des fins poursuivies par l'agent et avec les valeurs qu'il admet. Toutefois, ces critères seraient obtenus par la pondération des biens moraux à atteindre. Ce téléologisme, définit comme méthode de découverte de la norme morale, peut alors définir les critères de justesse d'un agir déterminé à partir du seul calcul des conséquences prévisibles de l'exécution d'un choix, et peut même pondérer entre eux les valeurs de ces actes et les biens poursuivis, afin de s'intéresser à la proportion entre les effets bons et les effets mauvais (V.S. n° 75).

Pour le pape, il existe ici aussi certaines tendances qui voudraient libérer les contraintes d'une morale de l'obligation, volontariste et arbitraire, mais qui se révèle toutefois inhumaine. Ces tendances peuvent avoir une certaine force de conviction par leur affinité avec la mentalité scientifique, préoccupée d'ordonner les activités techniques et économiques en vue des ressources et des profits. Elles « croient pouvoir justifier, comme moralement bons, des choix délibérés de comportements contraires aux commandements de la Loi divine et de la loi naturelle » (V.S. n° 76). Elles veulent partir de la casuistique de l'ancien temps, tout en oubliant que ces cas ne concernaient que la loi qui paraissait douteuse et qu'elle ne remettait pas en cause la validité absolue des préceptes moraux négatifs. De ce point de vue, « la moralité de l'acte humain dépend avant tout et fondamentalement de l'objet raisonnablement choisi par la volonté délibérée »8(*), comme le dit saint Thomas.

I.B.4. « Pour que ne soit réduite à néant la croix du Christ » (1Co 1, 17) : Le bien moral pour la vie de l'Eglise et du monde

Le troisième chapitre de l'encyclique Veritatis Splendor est une piste d'atterrissage de toutes les théories que le Pape Jean Paul II a développé dans le chapitre précédent. Ici le Pape tire, en quelques sortes, certaines conclusions pour la vie du chrétien, de la société, de la nouvelle évangélisation ainsi que du théologien moraliste.

De ces conclusions, soulignons le problème fondamental qui est en ces jours menacé. Celui-ci consiste dans le rapport entre la liberté humaine et la Loi de Dieu, problème qui définie au fait le rapport entre la liberté et la vérité. Car la liberté, pour qu'elle soit effective, doit tenir compte de ce qu'exige la vérité. La foi chrétienne ainsi que la doctrine de l'Eglise ne disent-elle pas que « seule la liberté qui se soumet à la Vérité conduit la personne humaine à son vrai bien. Le bien de la personne est d'être dans la Vérité et de faire la Vérité »9(*) ?

En effet, cette conclusion ressort de la confrontation entre la position de l'Eglise Catholique avec la situation sociale et culturelle actuelle. Cette situation sociale et culturelle contemporaine a perdu en elle le lien essentiel entre le trinôme vérité-bien-liberté en le substituant par une morale erronée de la liberté humaine. Cette nouvelle conception amène malheureusement l'homme à une autodestruction progressive. Le mépris de la vie symbolisé par l'euthanasie par exemple, la violation de droits fondamentaux de la personne humaine, l'avortement, ne sont-ils pas des signes alarmants provenant de cette nouvelle conception ? « Et même, dit le Pape, il est arrivé une chose plus grave : l'homme n'est plus convaincu que c'est seulement dans la vérité qu'il peut trouver le salut. La force de salvifique du vrai est contestée et l'on se confie à la seule liberté ; déracinée de toute objectivité, la tâche de décider de manière autonome de ce qui est bien et de ce qui est mal » (V.S. n° 84).

Maîtrisant la réflexion rationnelle et ne jugeant tout que par elle, l'homme croit aujourd'hui être le maître de tout. Il n'accepte comme vrai que ce qui est prouvé par la raison et par son expérience. Et pourtant, démontre Jean Paul II, cette « réflexion rationnelle et l'expérience quotidienne montrent la faiblesse qui affecte la liberté de l'homme. C'est une liberté véritable, mais finie : elle n'a pas sa source absolue et inconditionnée en elle-même, mais dans l'existence dans laquelle elle se situe et qui, pour elle, constitue à la fois des limites et des possibilités » (V.S. n° 86).

Chercher coûte que coûte à séparer radicalement la liberté et la vérité entraîne des conséquences graves. Parmi ces conséquences, il y a une qui revêt d'une importance capitale : la foi même de la morale. Plusieurs personnes vivent en ce moment comme si Dieu n'existait pas, ils ont, en un certain sens, vendu leur foi. Et même parmi les chrétiens, la foi de quelques-uns est affaiblie et a perdu son originalité de critère nouveau d'interprétation et d'action pour l'existence personnelle, pour celle de la famille, ainsi que celle de toute une société. De ce fait, l'Eglise a l'obligation de retrouver et de présenter à nouveau le vrai visage de la foi chrétienne, une foi qui n'est pas uniquement un ensemble de propositions à accueillir et à ratifier par l'intelligence, mais au aussi une connaissance et une expérience du Christ, une mémoire vivante de ses commandements, une vérité à vivre (V.S. n° 88).

Parvenir à vivre une telle expérience, dans le monde actuel, peut devenir comme ramer à contre courant. Là où la majorité veut aller, le chrétien doit faire le contraire, si ce chemin là l'empêche à atteindre la Vérité, même s'il faut arriver jusqu'au martyre. L'Ancien Testament est riche exemple, lorsqu'il retrace la vie des certains personnages qui ont cherché la Vérité au dépend de leur vie. L'histoire de Suzanne (Cfr. Dn 13), en est un cas. Et même dans le Nouveau Testament, Jean Baptiste, contre toute attente, n'a pas préféré sacrifier la vérité au dépend du mensonge. Et le Pape encourage même les fidèles, s'il est nécessaire, d'arriver jusqu'au martyre s'il le faut pourvu que la vérité triomphe. Car le monde n'a pas besoin de mensonge. Les saints, nos frères, ne sont-ils pas un exemple pour nous ?

Cette morale que le Souverain Pontife propose, a aussi une dimension sociale et politique. De nos jours, plusieurs formes d'injustice sociale et économique ou de corruption politique sont venues à l'existence. Le bas peuple, victime de cette cupidité des puissants, en paye le pot cassé. Il devient même bafoué et humilié dans ses droits les plus fondamentaux. Les plus nantis ne recherchent que leurs propres biens. Et pourtant, Dieu étant le Bien suprême veut le bonheur de chacun. De ce point de vue, le Pape combat farouchement certains systèmes qui aident à avilir l'homme, notamment le totalitarisme, système qui nie, à sa racine, la dignité et l'aspect transcendantal de l'homme, et pourtant il est un être créé à l'image et à la ressemblance de Dieu.

Il est vrai, reconnaît le Pape, qu'il est difficile d'atteindre l'objectif que la morale chrétienne s'est assignée. C'est pourquoi il demande au monde de compter sur la grâce divine. Et pour symbole de reconnaissance par rapport à celui qui accorde cette grâce, il faudrait obéir à sa Loi. Une loi qui ne recherche que le bien de la personne. Pour lui, afin d'atteindre cet objectif, « les possibilités concrètes de l'homme ne se trouvent que dans le mystère de la Rédemption du Christ » (V.S. n° 103).

Outre ces sujets abordés, Jean Paul II a développé également l'idée que la morale chrétienne doit accompagner la nouvelle évangélisation. Elle doit être elle-même cette « évangélisation porteur de nouveauté, une évangélisation qui doit être nouvelle en son ardeur, dans ses méthodes, dans son expression » (V.S. n° 106). Et les théologiens moralistes, tout comme l'ensemble de l'Eglise, sont appelés à porter une main forte à cette évangélisation par le témoignage d'une vie de foi, en proposant une réflexion toujours plus approfondie sur le contenu de la foi, sous la conduite de l'Esprit Saint. Et les évêques, premiers gardiens du dépôt de la foi, ont cette obligation d'assumer la lourde responsabilité de la foi du peuple de Dieu ainsi que de toute la vie chrétienne.

Comme conclusion, le Souverain Pontife confie toutes les personnes, les épreuves et les joies que l'existence humaine peut connaître ainsi que la vie morale même des fidèles sous la protection de Marie, mère de miséricorde, elle qui accompagne toujours l'Eglise. Au fait, le Pape appelle ainsi Marie Mère de miséricorde parce qu'elle est la mère de Jésus, l'Homme-Dieu qui a été envoyé par le Père pour révéler au monde la miséricorde. Elle porte également ce titre parce que sur la croix, c'est à elle que Jésus confia l'Eglise naissante (Lc 23, 34). De ce fait, le choix fait par Jean Paul II de confier toutes les personnes ainsi que leur vie à Marie a sa raison d'être.

* 8 SAINT THOMAS D'AQUIN, Somme théologique, I-II, q. 18, a. 6, cité par V.S. n° 78

* 9 Discours aux participants du Congrès international de la théologie morale (10 avril 1986), n.1 : Insegnamenti IX, 1 (1986), p.970, cité par V.S. n°84

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"Je voudrais vivre pour étudier, non pas étudier pour vivre"   Francis Bacon