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La nature, le fonctionnement et les implications sociales, économiques et politiques de la microfinance en RDC

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par Denis Mushiya
Université de Kinshasa - Licence 2006
  

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I.2.3. les risques et trappes à pauvreté.

L'absence d'assurance et de protection face aux risques est une autre défaillance du marché ayant un impact disproportionné sur les pauvres. L'existence des marchés d'assurance parfaits (ou pour être techniquement plus précis, des marchés subordonnés à l'Etat) est une hypothèse qui est rarement respectée dans la pratique.

Les problèmes d'asymétrie de l'information et ceux liés aux aspects de mise en oeuvre peuvent, à l'instar de ceux qui entraînent la défaillance du marché de crédit, être là encore tenus pour responsables du faible recours aux mécanismes d'assurance en République Démocratique du Congo. Même s'ils le souhaitaient, les pauvres ne pourraient pas s'assurer contre la plupart des risques qu'ils encourent au Congo.

Les risques non assurés sont à l'origine des véritables détresses chez les pauvres. Les PED en général et la République Démocratique du Congo en particulier sont souvent confrontés aux catastrophes naturelles, à la sécheresse ; aux conflits armés et à l'insécurité, ainsi qu'aux chocs économiques comme les fluctuations des prix des matières premières ; hyperinflation et variation de change.

Mais, on a tendance à considérer ces difficultés comme ponctuelles et à estimer que, des solutions « provisoires » de type de « filet de sécurité » suffisent pour mieux pouvoir se concentrer ensuite sur les enjeux de développement plus sérieux.

Les décideurs congolais n'y voient souvent qu'un enjeu social qui ne doit plus les détourner des considérations macro-économiques plus cruciales, comme les mécanismes permettant de stimuler la croissance économique à deux chiffres.

17 PAUL A.POPIEL, Système financier en Afrique subsaharienne ; Etude de la Banque Mondiale, Washington D.C. 1995 P.201-02.

Cette vision est cependant trompeuse : on dispose aujourd'hui de plus en plus d'éléments attestant le rôle fondamental des risques et chocs dans le ralentissement de la croissance sans parler de leur impact sur le revenu des pauvres et sur l'émergence éventuelle de trappe à pauvreté. Le fait d'accorder davantage d'attention aux pauvres pourrait donc une fois encore contribuer à la croissance et à l'équité.

Dans les PED, comme la République Démocratique du Congo, les ménages ont mis au point des mécanismes sophistiqués pour faire face aux risques. Typiquement deux types des réponses sont envisagées, : des stratégies de gestion des risques et stratégies des réponses aux risques. Avec les premières, ils cherchent à s'adapter aux risques qui les menacent, soit en se lançant dans les activités moins risquées, soit en diversifiant les risques (petit commerce, ramassage des bois de chauffe...).

Les stratégies des réponses aux risques impliquent quant elles des activités qui permettent de réagir à l'impact des risques sur le revenu dont deux sont très fréquentes : l'auto-assurance par le biais de l'épargne (élevages bétail ou des petits ruminants qu'ils peuvent vendre si nécessaire...) ; et le mécanisme de soutien informel, grâce auquel les membres d'un groupe ou d'une communauté effectuent des transferts entre-eux quand ils en ont besoin, en général selon un principe de réciprocité.

Ces mécanismes ont cependant un coût : les stratégies de gestion du « risque-revenu » réduisent le revenu moyen disponible, pour faire face aux risques et à la variabilité du revenu, par ce que l'ajustement des portefeuilles d'actifs pour gérer les risques implique en général d'investir dans les actifs liquides dont la rentabilité est inférieure à celle d'immobilisations productives. Cette stratégie affecte le revenu à long terme et pèse sur les chances d'échapper à la pauvreté. De fait, on constate de plus en plus que ce type des stratégies entraîne des substantielles pertes d'efficacité pour les pauvres, pertes que les riches, en général, mieux protégés par leur assurance, leurs actifs et leurs crédits n'ont pas à subir18

Tous ce qui précède prouvent l'impact considérable et en particulier pour les pauvres, de l'absence de mécanisme d'assurance viable et de protection en République Démocratique du Congo, par ce que les défaillances de marché, exacerbées par les inégalités et la pauvreté sont à l'origine de cette situation, il serait

18-DERCON S. , « Growth and stocks : Evidence from Rural Ethiopia. », Journal of Development Economics, 2004,vol.74,n°2 p.309-29 .

-MORDUCH, J., »Income smoothing and consumption smoothing » in Journal of Economics Perspectives. Vol.9 p. 103-14 été 1996.

judicieux d'opter pour les initiatives susceptibles de stimuler à la fois l'efficacité et la croissance tout en consolidant l'équité.

Les pays développés, du moins en Europe, surmontent en grande partie les imperfections de marché de l'assurance grâce à une sorte de sécurité sociale universelle et à des transferts directs de revenu sous contraintes des ressources. Pour la République Démocratique du Congo , un PED, ce type d'initiatives ne seraient pas rentables du fait des coûts administratifs élevés et des besoin immenses en information. En d'autres termes les moyens nécessaires pour mettre en place de tels systèmes ne sont pas réunis dans notre pays.

Cependant, les programmes de transfert et d'autres « filets de sécurité »19 ne sont pas les seuls instruments à la disposition de décideurs, car ce sont des mécanismes ex-post ; or, de nombreuses solutions ex-ante sont également envisageables. Etant donné que la défaillance sous-jacente du marché tient à l'absence du système d'assurance, il faudrait s'intéresser davantage à des dispositions qui inciteraient les pauvres à mieux se protéger contre l'adversité.

On pourrait ainsi concevoir des produits d'assurance adaptés aux pauvres, renforcer les mécanismes existants des réponses aux risques (en soutenant notamment l'auto-assurance par le biais de l'épargne ou les systèmes communautaires) ; et contribuer à la gestion des risques en accordant un accès au crédit.

Enfin, la crédibilité est une composante essentielle des politiques visant à limiter les risques encourus par les pauvres. Rappelons que l'une des raisons qui empêchent les pauvres de se lancer dans les activités rentables est le fait que malgré leur situation de pauvreté, ils ne peuvent pas prendre le risque d'aggraver encore leur dénuement.

Un programme combinant des mécanismes ex-ante et ex-post (offrant une assurance ex-ante et une protection ex-post contre une aggravation de la pauvreté) pourrait contribuer à exploiter le potentiel de nombreux pauvres et leur ouvrir des perspectives plus indispensables à la réalisation d'activités et d'investissement plus risqués et plus rentables. Autrement dit, un tel programme pourrait être le facteur déclenchant d'une sortie de la pauvreté.

Cependant, pour que les pauvres l'acceptent, ce programme doit être crédible, en garantissant le respect de tous les engagements, ce qui signifie qu'en cas de crise, les assurances respecteront les contrats et les transferts seront fournis comme prévus.

19 STIGLITZ, J. , « Distinguished lecture on Economics in Government : the private uses of public interests : incetative and institutions », in Journal of Economics prospective, USA 1998 vol..12,2 :3-22

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"Il faut répondre au mal par la rectitude, au bien par le bien."   Confucius