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Impact des bons BRH (Banque de la République d'Haà¯ti) sur le crédit en Haà¯ti: une modélisation du Vecteur Auto Régressif (VAR) d'octobre 1996 à  septembre 2010

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par Albert Pierre Louis
Universite d'état d'Haiti - Licence en sciences économiques 2011
  

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2.2. Les théories du crédit

Il n'y a pas vraiment une théorie traitant les bons BRH et le crédit, plus haut nous avons pris le soin de présenter deux approches fondamentales de la politique monétaire ayant rapport avec le crédit. Dans cette sous-section nous aurons à présenter des théories élaborées sur le concept crédit.

2.2.1. La répression financière

McKinnon et Shaw (1973) développèrent un cadre d'analyse dont la repression financiere constitue la toile de fond. Selon ces deux auteurs, l'intervention des pouvoirs publics dans le fonctionnement du marché financier conduit à un découragement de l'épargne, un rationnement du crédit et l'affectation non optimale des ressources. Si l'État fixe arbitrairement les taux d'intérêt réels (à travers la fixation des taux d'intérêt nominaux) au-dessous de leurs valeurs d'équilibre de marché, il réduit la croissance économique dans la mesure où :

- Cela réduit la quantité de fonds disponibles (crédit) pour l'investissement via la baisse

des dépôts bancaires ;

- Cela affecte la qualité de l'investissement par la modification de comportement des intermédiaires financiers.

L'analyse de McKinnon et Shaw vise donc à montrer que, dans le cadre d'une économie réprimée financièrement, la fixation des taux au-dessous de leur valeur d'équilibre :

n réduit l'épargne (baisse des dépôts bancaires) au profit de la consommation courante;

n fixe l'investissement au-dessous de son niveau optimal;

n détériore la qualité de l'investissement réalisé dans la mesure où les banques sont forcées par le gouvernement de financer des projets à faibles rendements (secteurs prioritaires...).

Dans ce contexte, libérer le secteur financier, principalement, réviser le niveau des taux d'intérêt réels servis sur les dépôts (par une augmentation des taux nominaux ou par une baisse de l'inflation) stimulera l'accumulation de l'épargne, une augmentation des fonds prêtables (crédit) et donc permettre la croissance de l'investissement.

L'approche de McKinnon et Shaw conclut donc, invariablement, à souligner le caractère néfaste de la répression financière sur l'investissement via le crédit. Au contraire, la liberalisation financiere, parce qu'elle permettrait le développement financier, serait à même d'accélérer le développement économique.

2.2.2. Les imperfections des marchés financiers

L'approche de McKinnon et Shaw sur libéralisation financière portant sur le fait que le marché du crédit est purement concurrentiel et donc qu'il ne peut exister de rationnement lorsque

les taux d'intérêt sont fixés à leur niveau d'équilibre. Stiglitz et Weiss (1981) furent l'un des premiers auteurs à montrer que la remise en cause de cette hypothèse compte tenu du déséquilibre structurel des marchés financiers serait la cause de l'échec des politiques de libéralisation financière. Les marchés financiers ne sont pas aussi parfaits que l'estimerait l'approche développée par Mac Kinnon et Shaw. Ils sont des marchés particuliers et non comparables avec le marché des biens et services par exemple pour répondre à l'ironique question de Diaz Alejandro (1985, p. 2) : Are banks special, and really all that different from butcher shop ? Sur les marchés financiers, les crédits sont échangés contre des promesses futures de remboursement. Le non-respect de cette promesse accroît le risque lié à l'emprunt.

Stiglitz et Weiss (1981) montrent que l'espérance de rendement de la banque croît moins vite que le taux d'intérêt. De ce fait, il n'y a pas de mécanismes compétitifs qui puissent établir l'égalité entre l'offre et la demande de fonds prêtables et le crédit sera en permanence rationné puisque l'offre de fonds prêtables est fonction de l'espérance de rendement tandis que la demande dépend du taux d'intérêt. Le taux d'intérêt qui maximise le profit de la banque est inférieur au taux d'intérêt d'équilibre et par conséquent, certains emprunteurs seront rationnés. En effet, les banques sont préoccupées par les intérêts du prêt, mais aussi le niveau de risque encouru. Ainsi, le taux d'intérêt fixé par la banque peut affecter le risque global qu'elle encoure soit par l'effet de sélection adverse qui se traduit par l'exclusion des emprunteurs potentiels ou soit par l'effet d'incitation. Ces deux effets liés aux problèmes d'asymétrie d'information sur les marchés financiers sont résolus par les banques selon Stiglitz et Weiss (1981) en rationnant à chaque date certains agents même si ces derniers sont prêts à payer des taux d'intérêt plus élevés. Les banques ne feront donc pas de crédit puisque la probabilité de défaut associée aux nouveaux prêts est élevée.

Bien que le rationnement de crédit à la Stiglitz-Weiss (1981) soit une illustration pratique des problèmes d'asymétrie d'information sur le marché financier, son existence (du rationnement) semble être un phénomène intrinsèque au fonctionnement du secteur financier selon les auteurs. En effet, Bester (1985) propose une solution aux problèmes de rationnement de crédit en permettant aux banques d'utiliser de façon compétitive le taux d'intérêt et les garanties pour sélectionner les emprunteurs ; ce qui n'est pas le cas chez Stiglitz et Weiss où le rationnement se fait en fonction du taux d'intérêt qui maximise le profit de la banque. De façon spécifique, les

emprunteurs moins risqués acceptent des garanties élevées contre des taux d'intérêt faibles. Aussi les banques peuvent utiliser les collatéraux pour permettre aux entrepreneurs non risqués de se révéler. L'équilibre de rationnement est souvent mélangeant (le cas de Stiglitz et Weiss, 1981), alors que le mécanisme d'auto-sélection proposé par Bester (1985) à travers les garanties11 et le taux d'intérêt permet à la banque de sélectionner le bon risque du mauvais, et d'obtenir un équilibre séparateur sans rationnement de crédit12.

Par contre, Hellwig (1987) montre qu'une légère modification dans la séquence des jeux peut avoir des implications majeures en ce qui concerne l'équilibre de Bester. Hellwig considère un jeu à deux étapes de Rothschild et Stiglitz (1976) et Wilson (1977) dans un modèle comparable à celui de Bester, où dans un premier temps la partie non informée (les banques) offrent des contrats de dettes aux emprunteurs, qui choisissent parmi les offres disponibles dans un second temps. Les résultats obtenus montrent que le seul candidat pour l'équilibre séquentiel dans des stratégies pures de cette mise en oeuvre est l'équilibre séparateur de Bester (1985). Cependant, si la proportion des bons risques dans la population est élevée, l'équilibre séparateur n'est pas Pareto optimal par rapport à l'équilibre mélangeant. Hellwig (1987) étend le processus à un jeu à trois étapes, et montre que si dans un premier temps les banques annoncent leur préférence en ce qui concerne les taux d'intérêt, l'équilibre mélangeant domine l'équilibre séparateur13. Ainsi, l'équilibre de rationnement de Stiglitz et Weiss peut persister malgré l'existence d'un mécanisme séquentiel de sélection du risque.

L'asymétrie d'information sur le marché peut avoir d'autres conséquences que le rationnement de crédit comme l'évoquent les auteurs précédents. Une contribution intéressante a été réalisée par De Meza et Webb (1987), qui va dans ce sens. Les deux auteurs construisent un

11 Il serait intéressant de faire remarquer qu'il y a une hypothèse sous-jacente au modèle de Bester (1985), qui est que les bons risques disposent de fortes garanties. Cette hypothèse, propre à tous les modèles avec collatéraux est discutable.

12 Toutefois, étant donné que le niveau de taux d'intérêt débiteur ne peut être infini tout comme la richesse des individus (collatéraux), il subsiste des situations pour lesquelles les contrats incitatifs séparateurs cessent d'être optimaux (Deshons et Freixas, 1987).

13

Par contre lorsque la séquence de révélation des préférences est inversée entre les entrepreneurs et la banque dans le modèle de Hellwig (1987), c'est-à-dire que les entrepreneurs annoncent le montant de garantie qu'elles sont prêtes à offrir dans un premier temps ; dans un deuxième temps, compte tenu des garanties offertes par les entrepreneurs, les banques annoncent le niveau de taux d'intérêt. Enfin dans l'étape 3, les entrepreneurs choisissent parmi les contrats compétitifs. Dans ce jeu, l'équilibre séquentiel est l'équilibre séparateur.

modèle, où l'asymétrie d'information entre prêteurs et emprunteurs n'entraîne pas le rationnement de crédit, mais conduit à un excès d'investissement par rapport à son niveau socialement admissible. La différence fondamentale entre le modèle de De Meza et Webb et celui de Stiglitz et Weiss (1981), est que la rentabilité moyenne des projets varie dans le premier, alors qu'elle est constante dans le second. Aussi, contrairement à Stiglitz et Weiss (1981), dans le modèle de De Meza et Webb, les taux d'intérêt élevés n'attirent pas les mauvais risques. Par conséquent, ce n'est pas l'asymétrie d'information qui conduit au rationnement du crédit dans le modèle de Stiglitz et Weiss (1981) selon De Meza et Webb, mais plutôt la nature du contrat de dette comme le suggère également Williamson (1986, 1987).

Cho (1986) réalise une contribution alternative qui justifie en partie l'échec des politiques de libéralisation financière en prenant en compte les imperfections des marchés financiers sans faire référence au rationnement du crédit à la Stiglitz et Weiss (1981). En effet, il estime que l'échec des politiques de libéralisation financière est surtout lié à l'inefficience des marchés boursiers. Cho (1986) avance que le déficit économique à lui seul ne saurait expliquer les politiques de répression financière, mais plutôt le faible niveau de développement, les problèmes structurels, les imperfections du marché boursier et la prépondérance des prêts bancaires dans le financement des entreprises. Il identifie 2 types de contraintes sur le marché du crédit où différents taux d'intérêt peuvent s'établir suivant les caractéristiques des emprunteurs : les contraintes exogènes qui sont d'ordre légal ou institutionnel, comme le plafonnement des taux d'intérêt ; les contraintes endogènes liées aux coûts de l'information qui permettent d'appréhender le risque de chaque client. Pour Cho (1986), même si la libéralisation bancaire supprime le plafonnement des taux d'intérêt et assure la compétitivité bancaire, l'amélioration de l'efficience de l'allocation du capital n'est pas garantie si les contraintes informationnelles ne sont pas levées. Ces imperfections au niveau du système d'information peuvent faire que l'espérance de rendement du prêt octroyé par la banque à une entreprise i peut être supérieure à celle d'une entreprise j, malgré que l'entreprise j soit plus productive que l'entreprise i. Cho (1986) conclut qu'en absence de marché boursier, si le gouvernement n'est pas corrompu et a le même niveau d'information que les agents économiques, il pourrait accroître l'efficience de l'allocation du crédit en obligeant les banques à emprunter aux groupes d'entrepreneurs rationnés. Mankiw (1986), montre aussi que l'inefficience dans les mécanismes d'allocation du crédit sur le marché financier due au fait que les emprunteurs ont plus d'information sur leur risque que les prêteurs,

peut être améliorée par l'intervention de l'Etat. Il fustige les augmentations de taux d'intérêt liées à la libéralisation financière en avançant que de faibles variations du taux sans risque peuvent entraîner de grandes modifications dans la prise du risque, dans l'allocation du crédit et dans l'efficience de l'équilibre du marché. Enfin, Mankiw (1986) suggère que les marchés financiers ne peuvent pas fonctionner de façon libre comme le préconisent certains auteurs et que l'intervention de l'Etat est très importante, surtout pour assumer la fonction de prêteur en dernier ressort.

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"La première panacée d'une nation mal gouvernée est l'inflation monétaire, la seconde, c'est la guerre. Tous deux apportent une prospérité temporaire, tous deux apportent une ruine permanente. Mais tous deux sont le refuge des opportunistes politiques et économiques"   Hemingway