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La gestion des conflits entre agriculteurs et éleveurs dans la commune de Navaka en République Centrafricaine

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par Alain Guy Ghislain GOTHARD
ESD Bangui -  2012
  

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Section II : Plan de sensibilisation

I : Sensibilisation des populations concernées

Les institutions de la société civile, notamment les ONGs, pourront apporter positivement leur concours à la recherche de solutions aux conflits entre agriculteurs et éleveurs. Leur contribution relève particulièrement de leur compétence en matière de résolutions de conflits (par exemple des ONGs religieuses qui interviennent dans ce domaine, ou des organisations socioprofessionnelles). Il n'est pas exclu non plus qu'un projet de développement puisse agir dans le domaine de la sensibilisation des parties prenantes afin de pouvoir agrandir l'impact de ses interventions.

Chez l'ensemble des acteurs, il existe un grand besoin d'information sur les procédures en vigueur en matière de conciliation/gestion des conflits. L'ignorance des procédures constitue un sérieux handicap pour les agriculteurs et les éleveurs quand il s'agit de défendre leurs droits. Aussi, la plupart des citoyens sont très souvent perdus dans leur démarche, avec à terme le découragement et la frustration pour avoir dépensé temps et argent pour rien. La connaissance des procédures pourra être améliorée à travers les ateliers organisés à la demande des associations ou groupements villageois, ou bien diligenté par des organismes comme la FNEC pour les éleveurs.

Il est indispensable d'instruire les acteurs à la base, notamment les éleveurs, sur leurs droits, en identifiant les outils didactiques appropriés). Nombreux sont les acteurs (les éleveurs surtout) qui sont en train de subir des peines ou de s'acquitter d'amendes qu'ils n'auraient pas dû payer s'ils avaient été au courant des textes juridiques en vigueur. L'enseignement des règles élémentaires de droit aux populations villageoises leur permettrait de mieux se défendre des autorités qui

profitent souvent de leur naïveté pour les racketter. Ces enseignements pourraient s'effectuer sous forme ludique (théâtre, sketches,...), de projection de films, etc.

I.1. prévention et résolution des conflits

Les solutions en matière de prévention et de résolution de conflits s'adressent aux sources structurelles des conflits. Elles partent de l'hypothèse qu'une fois les causes des conflits enlevées, leur fréquence diminuerait. Comme précédemment développées, ces causes concernent principalement : (i) la faiblesse des rapports économiques et sociaux, et de ce fait l'absence de contrat social entre les deux groupes, (ii) l'absence des bases consensuelles en ce qui concerne la gestion conjointe des ressources naturelles partagées, et (iii) les inégalités en matière de capacité de s'en sortir face à la détresse actuelle que vit le secteur rural.

Il faudra cependant souligner que les conflits relatifs à l'utilisation des ressources naturelles entre agriculteurs et éleveurs sont et resteront inhérents à la cohabitation de ces deux groupes. Dans un contexte d'utilisation commune des ressources naturelles, la compétition et l'existence des différences socio-économiques entre acteurs sont les paramètres tributaires des systèmes de production et des modes d'exploitation de la brousse en vigueur, qui se rabattent au moins durant certaines périodes de l'année sur les mêmes types de milieu. L'équilibre, qui pourra éventuellement être créé par la mise en oeuvre de certaines mesures palliatives et certains choix politiques, pourra cependant être remis en cause à tout moment, dès qu'un des paramètres qui le soutiennent change (une importante épidémie animale, l'effondrement d'une filière, l'instabilité politique et sécuritaire, etc.). Une solution définitive des problèmes entre agriculteurs et éleveurs, telle que certains acteurs la souhaiteraient, ne pourra donc pas exister.

I.2.1. La création de capital social entre agriculteurs et éleveurs

Rappelons qu'un des principaux constats de notre analyse était la faiblesse de capital social entre éleveurs et agriculteurs, qui a été favorisée par les politiques d'encadrement des mouvements d'éleveurs depuis le temps colonial. Elle a été ensuite aggravée par des choix politiques comme la séparation physique des deux communautés dans l'espace, la gestion administrative à part, etc. Ce manque de « contrat social », accentué par les différences culturelles (langue, religion, valeurs, etc.), se traduit par une très faible réciprocité en matière d'échanges économiques, l'absence de convivialité et d'amitiés individuelles, puis l'inexistence de plates-formes de concertation ou de conventions de bonne cohabitation. Cette situation a quelque peu favorisé l'émergence, puis l'exacerbation, sans vergogne, de certains types de conflits, comme celui des attaques aux biens des autres (tueries de bétail, attaques collectives, etc.), inimaginables auparavant. De plus, elle a découragé le développement de mécanismes pouvant permettre à la majorité dans les villages de s'opposer à de telles pratiques, auxquelles se livrent certains éléments de la société. I.2.2. Renforcer les relations et liens entre les deux groupes

Le renforcement des relations/liens entre les deux groupes et l'établissement des plates-formes d'échanges et de coopération sont des conditions indispensables pour asseoir les bases d'une cohabitation pacifique, mais en deuxième instance aussi pour soutenir un développement harmonieux, consensuel et équitable. En fonction de la situation de départ (importance /ampleur relative de certains types de conflits, historique de cohabitation, etc.), les stratégies pour cette mise en relations peuvent être très variées.

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I.2.2.1. Promouvoir et restaurer un climat de paix civile entre agriculteurs et Eleveurs

La restauration de la paix civile entre les deux communautés s'impose comme préalable à toute autre activité de développement, notamment dans les zones où les manifestations de conflit ont largement dépassé les simples querelles autour de la dévastation des champs et où celles-ci ont pris une certaine ampleur, avec des tueries d'hommes, actes de vengeance, etc. Les phénomènes comme la mobilisation collective afin de s'emparer des biens des éleveurs, puis le sentiment de complicité au niveau des autorités locales, des familles notables, puis des autres citoyens qu'on croyait indemnes de ce genre de phénomènes, ont laissé des empreintes profondes, qu'il s'agira de surmonter.

La mesure la plus évidente pour parvenir à un climat de paix sociale est celle de la facilitation des ateliers ou fora locaux entre agriculteurs et éleveurs. En effet, l'historique de l'encadrement des populations rurales montre bien que l'habitude courante est celle d'aborder les deux groupes de manière séparée (on « sensibilise » les uns et les autres successivement). Le clivage s'opère déjà par rapport au fait que les uns, les encadreurs de l'élevage, se sentent comme protagonistes des éleveurs, et les autres, les agents de l'agriculture, ceux des agriculteurs. Certains soupçonnent que pour des questions d'intérêts divers (les rentes...), une grande partie des agents de l'Etat et des autorités locales n'auraient jamais porté un intérêt à la « concertation », ils préfèreraient « gérer le désaccord » (c'est plus rentable). Les deux parties sont unanimes sur le fait qu'ils ne puissent pas y arriver par leurs propres forces. Il faudra l'appui d'une tierce instance pour faciliter les réunions de concertation entre elles. Si les acteurs locaux préconisent l'intervention de l'Etat (les maires, etc.), nous pensons plutôt à des instances neutres, comme les ONG, les projets, puis d'autres acteurs de la société civile - l'Etat pouvant se limiter à un rôle

de tutelle. Les ateliers (fora, réunions) devront porter sur le diagnostic des problèmes opposant les deux parties, puis sur l'ébauche de solutions visant la conciliation et la cohabitation pacifique et mutuellement respectable entre les deux groupes.

En cas de conflits et de situations violentes graves persistantes, les ateliers de concertation pourraient être précédés par des initiatives de médiation des conflits. Cette approche, qui vise la réconciliation entre les groupes concernés à partir d'une démarche active de consultation et de négociation, exige l'intervention des personnes expérimentées dans le domaine. Les outils des « commissions de vérité », puis des « pardons collectifs », expérimentés dans un certain nombre de pays en Afrique, pourraient servir d'une certaine inspiration. En Centrafrique, l'opportunité pour des interventions en termes de médiation de conflits ne se présente que très localement.

Cette approche locale pourrait dans un deuxième temps être complétée par la facilitation, toujours par des institutions neutres, de fora ponctuels à un niveau supérieur (sous-préfecture, préfecture, région, commune) en réunissant autour d'une table l'ensemble des acteurs concernés au niveau rural (autorités politiques, administratives, coutumières, tribunaux, gendarmerie, plates-formes villageoises, techniciens, organisations socioprofessionnelles, etc.). Ces réunions, pour lesquelles l'approche « table ronde » pourrait être adoptée, devraient permettre de faire table rase sur les malversations de part et d'autre du passé et de discuter sur les principes de bonne cohabitation entre éleveurs et agriculteurs d'un coté, mais aussi entre ces deux parties conjuguées et les différents acteurs de l'Etat.

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"Soit réservé sans ostentation pour éviter de t'attirer l'incompréhension haineuse des ignorants"   Pythagore