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Internet et démocratie

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par Lionel VEH
Université catholique de l'Afrique de l'ouest - Maà®trise 2011
  

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SECTION II : LES SPECIFICITES DE L'APPORT D'INTERNET AUX PRINCIPES BASICS DE LA DEMOCRATIE.

Dans le système démocratique actuel, avec tous les mécanismes que nous lui connaissons, la prise de décisions publiques est généralement le fait de corps intermédiaires tels que les syndicats et les systèmes représentatifs (élus locaux, administrations,). Cependant, de plus en plus de questions se posent sur l'évolution de « l'intégration citoyenne dans la décision publique »28(*).

Avec l'avènement des nouvelles technologies, ces questions deviennent tellement récurrentes qu'il s'avère indispensable d'en parler. En effet, Selon Céline Desmarais, Helene Michel, et Jean Moscarola des chercheurs: « ... pour élaborer toute décision publique, la démocratie représentative va traditionnellement recourir à la consultation des corps intermédiaires et au recours des analyses d'experts. La participation citoyenne au débat reste marginale. Nous pouvons trouver plusieurs raisons à ce phénomène : les experts pensent que les problèmes actuels sont trop complexes pour être compris par les citoyens...les élus quant a eux, envisagent les citoyens comme portant peu d'intérêt aux questions politiques ou poursuivant leurs intérêts personnels plutôt que l'intérêt général. Par ailleurs, une implication plus grande des citoyens signifie une redéfinition du rôle des élus dans le processus de décision. Cette position jugée inconfortable est rejetée par de nombreux élus. »29(*)

Toutefois, des auteurs s'insurgent contre cette mise a l'écart du citoyen-profane du processus de décision (Barthe,Callon,lascoumes). Aydelotte et Al d'autres chercheurs voient trois raisons majeures pour mieux prendre en compte l'avis du simple citoyen dans la décision publique30(*).

Tout d'abord, la confiance en l'appréciation administrative dans le processus de décision n'est pas en adéquation avec la démocratie31(*). Ensuite, ceux qui prônent plus de débat et de participation publique affirment que les raisonnements traditionnels, scientifiques ou experts ne doivent plus être privilégiés. Il faut permettre à d'autres raisonnements d'être pris en compte dans le processus de décision32(*).les citoyens-profanes auraient donc un rôle à jouer au coté des experts des projets publics pour les aider à explorer les états possible du monde, et pour favoriser un apprentissage collectif. Or, la société numérique vient bouleverser en quelque sorte l'ordre du système démocratique en tentant de ramener le `'Citoyen-profane'' au coeur du débat public, qui est un autre principe incontestable de la démocratie. Une idée entraînant une autre, il faut relever que si internet permet au citoyen de participer au débat public, cette notio est implicitement liée à celle de participation et de production de contenu.

Cette participation au débat public par les internautes constitue sur internet ce qu'on appelle « Web participatif », une sorte de production de contenu. Car sur internet, la règle c'est la participation, c'est la production de contenu. La production de contenus signifie tout simplement que chaque internaute est appelé à écrire des articles, des commentaires, publier des vidéos, des supports audio etc....et c'est généralement sur cette construction à l'horizontale que de grands moteurs de recherche comme Google ou Yahoo élaborent leur système de recherche. Internet se construit avec et par les internautes. C'est cette participation qui construit l'égalité sur internet.

Internet constitue donc un espace de partage entre les internautes, à tel point qu'aujourd'hui, le débat public est de devenu électronique (PARAGRAPHE I), internet a par ailleurs développé des nouveaux moyens démocratique (PARAGRAPHE II)

PARAGRAPHE I : L'ELECTRONISATION DU DEBAT PUBLIC.

La démocratie électronique, est un nouvel espace public qui facilite le débat .Mais facilite-t-il vraiment le débat public dans l'esprit de la démocratie ? Une chose est sûre ; c'est que si internet facilite le débat public, il le fait d'une manière bien particulière.

En effet sur internet, les internautes ne répondent jamais sinon rarement à des commandes de débat public instruites par les pouvoirs Publics. Les formes de délibérations citoyennes initiées par les institutions publiques sur la toile se sont révélées plutôt décevantes. Elles ne parviennent à mobiliser qu'une fraction minime de citoyens très concernés33(*).

En France par exemple, lors de la consultation en ligne mise en place par La commission nationale du débat public(CNDP) pour définir le lieu d'un troisième aéroport parisien, les participants ont refusé de répondre à la question pour se demander si, en elle-même, la construction d'un troisième aéroport était pertinente. De manière assez ironique, ils critiquaient les raisons mêmes de la consultation dont ils étaient l'objet34(*). Il Convient donc de voir comment internet contribue à sa manière au renforcement de la participation citoyenne (A) et ensuite comment cette participation citoyenne est le symbole d'une plus grande prise en compte de ses aspiration (B).

A.INTERNET SERT A RENFORCER LA PARTICIPATION CITOYENNE

Sur internet, le débat public a une façon particulière de se construire.il ne construit pas tel que nous le connaissons dans le rituel démocratique habituel. Certes, il sert à la démocratie, mais sous sa propre forme et selon ses règles de fonctionnement. Ici, c'est très souvent les internautes eux-mêmes qui élaborent des cadres de discussions sur les forums et les blogs et ceci de façon délibérée. A ce titre, en plus d'un élargissement de l'espace public, internet diversifie les espaces, c'est sa particularité.

Les nouvelles formes d'expression de l'internet...pluralisent et distribuent autrement les formes de la parole en public en empruntant des langages et en habitant des espaces que la politique conventionnelle, bien souvent, ne sait pas reconnaître.35(*) Les débats se font donc par groupe et dans des espaces restreints. Cependant, il faut souvent multiplier par mille ces différents espaces, pour dire que les délibérations sur internet ne se font pas, sur de grands espaces lors des grands débats solennels comme on a l'habitude de le voir dans les medias de masses. Ils se font, « hors temps, et hors espaces », mais ils sont tout aussi efficaces que les grands débats solennels ultras médiatisés,c'est l'avantage des délibérations public sur internet.

La plupart du temps, ces débats ou conversations peuvent tourner autour : « d'un chanteur à la mode, d'un film qui vient de sortir, d'une recette de cuisine, d'un problème technologique ou juridique, de vacances ou d'animaux domestiques... »36(*) Mais ils peuvent tout aussi être sérieux et aborder des thèmes importants qui concernent : « toute une série d'enjeux publics : les politiques locales, les controverses environnementales, les inégalités salariales, la place des femmes dans la politique, les conflits à l'école, l'insécurité, etc. » 37(*)

Avec le développement d'une culture du remix et du détournement créatif, notamment a base de vidéos, ce sont aussi de nouveaux modes d'expression, ironiques et contestataires, qui se développent en marge et à distance de la politique officielle.38(*) Ces discussions et débats publics sont très souvent susceptibles de mobiliser physiquement les internautes. C'est le cas des « rencontres Facebook » qui sont susceptibles de mobiliser des milliers de personnes dans de grandes villes. C'est ainsi qu'après de nombreux débats, une manifestation a été organisée le 15 février 2003 contre la guerre en Irak. Près de 10 millions de personnes furent mobilisées dans 600 villes du monde et ceci grâce aux relais fait sur internet par les organisations altermondialistes.

C'est aussi grâce à internet et au mobile que se sont organisées, en Mars 2004, les manifestations espagnoles réclamant la vérité sur les attentats de la Gare d'Atocha.39(*)

Internet permet aussi de désacraliser les thèses des `'experts'' et de faire de la place aux citoyen-profane(B)

* 28 Dahmani(A), Do-Nascimento(J), Ledjou (J-M), Gabas (J-J), « La Démocratie à l'épreuve de la société numérique », Ed Karthala, Paris 2007, p150

* 29 idem

* 30 Callon (M). Lascoumes (P), Barthe (Y), « Agir dans l'incertain », Essai sur la démocratie technique, Ed du Seuil, Paris 2001.

* 31 Reich(R), «the power of public ideas», MA Ballinger Publishing Company, Cambridge 1998.

* 32 Farmer(D), «The language of public administration : Burocracy modernity, and postmodernity,'' Tuscaloosa, AL,

the university of Alabama Press,1995

* 33 Cardon(D), « La démocratie internet » ,Ed du Seuil, et la république des idées, Paris 2010 p84

* 34 Monnoyer-Smith (L), «être créatif sous la contrainte. Une analyse des formes nouvelles de la délibération publique: le cas DUCSAI», Politix, numéro 75, 2006 p75-101.

* 35 Cardon(D), « La démocratie internet » ,Ed du Seuil, et la république des idées, Paris 2010,p70

* 36 Idem,

* 37 ibidem

* 38 Allard (L), « l'impossible politique de communauté de l'âge de l'expressivisme digital », sens Public, numéro 7-8, 2008, p105-126.

* 39 Castells (M), «communication power», Oxford, Oxford University Press, p349 et suiv.

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"Là où il n'y a pas d'espoir, nous devons l'inventer"   Albert Camus