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Cosmologie de l'émergence et pensée du chaos : au-delà  de la science classique..

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par Bernard Coly
Université Cheikh Anta Diop de Dakar - Maà®trise 2005
  

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Introduction

Qu'est-ce que le temps ? Une telle question est une préoccupation de premier ordre pour la philosophie. Pour autant, une réponse certaine ne peut en être retenue, et ce, malgré celle proposée par Pucelle Jean pour qui, « Le temps, est comme les langues d'Esope, la meilleure et la pire des choses, l'agent de la création et de la destruction. Il suscite le neuf et accumule les ruines. C'est lui la matrice du monde et le grand ravageur, et c'est sous l'aspect du changement qu'il apparaît d'abord. »1

Par cette définition, on voit se dessiner une sorte d'ambiguïté liée à la problématique que soulève la pensée du temps. Frappée de bonne heure par cette réflexion, la pensée humaine depuis l'époque grecque a tenté si bien que mal de répondre à cette interrogation. En effet, depuis les mythes cosmogoniques grecs jusqu'à l'avènement des conceptions scientifiques au 17ème siècle, la réflexion sur le temps a revêtu au cours de son histoire des interprétations qui varient d'une époque à une autre.

De ce fait, nous pouvons, dans l'antiquité déjà, retenir, l'affirmation par Platon du temps réversible soutenu par le mythe de Chronos. Sans entrer dans les détails, nous pouvons retenir l'idée d'aprés laquelle ce mythe conclut une équivalence temporelle entre le passé et l'avenir. A cette conception, viendront s'ajouter deux autres pensées qui méritent une considération particulière : il s'agit de la conception du temps développée par Kant et de la théorie de la Relativité découverte par Einstein.

En effet, Kant considère l'Espace et le Temps comme étant les formes a priori de toute connaissance sensible ; ce qui leur vaut le caractère absolu qu'il leur assigne. D'ailleurs elle sera retenue jusqu'au 19ème siècle et servira de base à la physique newtonienne. Cependant dans la seconde moitié de cette même période, Einstein va découvrir une nouvelle théorie qui remettra en cause les fondements sur lesquels a reposé la science jusque là. La conclusion qu'Einstein tire de la théorie de la relativité, consiste à dire qu'il n'y a plus un temps unique et absolu comme le pensait Newton, mais il faut plutôt parler de temps locaux et relatifs, qui varient suivant la position et la vitesse de déplacement de l'observateur considéré.

1 Pucelle jean, Le temps, Paris, PUF, 1959, p 1

Toutefois, malgré les différences qui puissent les opposer, toutes ces pensées partagent un point de fusion qui réside dans leur négation commune de l'irréversibilité du temps jusque là écartée du domaine de la science. En effet la science postulait l'idée du déterminisme universel, lequel pouvait se réduire au seul principe de causalité. Selon ce principe, dans le monde physique, rien n'est fortuit, tout y est prévisible : en somme, tout phénomène est porté dans une cause qui le précède, et de ce fait, il est légitime de déduire de la connaissance de celle-ci, celle de l'effet.

La conséquence d'un tel principe conduit à affirmer l'idée selon laquelle l'univers est constitué suivant un ordre immuable dont les lois déterministes peuvent être décrites par l'esprit humain. Or, une telle conception du réel, laisse sous-entendre que rien de nouveau ne se produit dans la nature, parce que celle-ci est donnée de toute éternité. C'est ainsi donc que du point de vue de la science classique, devenir et éternité semblaient s'identifier. Dés lors nous pouvons comprendre cette idée de Platon, affirmant dans le Timée que le temps n'est qu'une ombre, c'est-à-dire « l'image mobile de l'éternité ». C'est ainsi que l'on peut saisir l'enjeu pour lequel la science classique, à l'instar de la dynamique procédait à la négation pure et simple du temps, réduisant celui-ci à la manifestation répétitive de la même réalité.

Dans son ouvrage intitulé L'évolution créatrice, Henri Bergson nous fait remarquer l'idée selon laquelle, la connaissance scientifique ne considère pas le temps comme une réalité, mais plutôt les différentes unités de temps que nous pouvons, par l'observation phénoménologique, décrire dans la durée de mouvement d'un être. Il écrit à ce propos : « C'est dire que le temps réel, envisagé comme flux ou, en d'autres termes, comme la mobilité même de l'être, échappe ici aux prises de la connaissance scientifique. »2

La conséquence qu'implique une telle remarque, nous permet de mieux comprendre l'enjeu qui se jouait avec cette négation du temps tel que la considère la science classique. En effet, l'interprétation que Prigogine et Isabelle Stengers ont fait de cette remarque de Bergson, consiste au propos d'après lequel : « La science a été féconde chaque fois qu'elle a réussi à nier le temps, à se donner des objets qui permettent d'affirmer un temps répétitif, de réduire le devenir à la production du même par le même. Mais lorsqu'elle quitte ses objets de prédilection, lorsqu'elle entreprend de ramener au même type d'intelligibilité ce qui, dans la

2 Bergson. H, L'Evolution créatrice, Paris, PUF, 1948, p 336

nature, traduit la puissance inventive du temps, elle n'est plus que la caricature d'ellemême. »3

En affirmant un temps répétitif, la science classique réfute toute conception évolutionniste de l'univers, et nie par là même, l'activité créatrice de la nature. Or une telle position scientifique, implique l'idée que la nature est un tout homogène au sein duquel nous ne pouvons faire la différence entre un état passé et un état futur. Cette conviction de la science est la conséquence d'une perspective dans laquelle le temps semble être aboli, d'où la diversité des processus temporels devait être niée, réduite à une apparence.

C'est donc sous cet ancrage philosophique que la science classique va jusqu'au 19ème concevoir la pensée du temps. Cependant, à partir de la seconde moitié du 19ème, vont se produire des découvertes inédites, qui vont irréductiblement conduire à l'effondrement du paradigme de la science classique. Pour rappel, en1865 Rudolf Clausius annonce à partir du second principe de la thermodynamique, l'idée de la croissance irréversible de l'entropie. Ce concept scientifique d'entropie, va établir un hiatus entre la manifestation du réel sensible et les principes de la dynamique classique.

Par ailleurs, c'est avec la découverte du second principe de la thermodynamique, que la physique va pour la première fois intégrer l'irréversibilité dans le champs de pertinence de la science. Toutefois, cette reconnaissance n'a pas été automatique comme nous serions amené à le croire. D'abord, c'est avec l'affirmation de la croissance continue de l'entropie que le temps s'introduit en physique, soulevant de ce fait l'idée de l'évolution vers l'homogénéité et la mort thermique. C'est seulement par la suite, et avec la découverte de l'expansion continue de l'univers, que la physique va abandonner cette idée, en affirmant en lieu et place l'existence d'une flèche du temps commune à tout l'univers. Ainsi nous pouvons affirmer avec Prigogine et Isabelle Stengers : « L'entropie devient ainsi un « indicateur d'évolution » et traduit l'existence en physique d'une flèche du temps : pour tout système isolé, le futur est la direction dans laquelle l'entropie augmente. »4

Cette conception du temps irréversible, va s'étendre comme par l'effet d'un écho au niveau des autres domaines de la science. Car c'est aussi à cette même période, que nous commençons à comprendre que les phénomènes de culture tels que les langues, les

3 Prigogine et Stengers, Entre le temps et l'éternité, Flammarion « champs », 1992, p 19 4Prigogine & Stengers, La nouvelle alliance, Gallimard « folio », 1986, p 189

institutions politiques, les sociétés etc sont des produits de l'histoire. Dans le domaine de la cosmologie, deux découvertes, parmi celles qui ont le plus marqué l'histoire de cette discipline, vont attirer le plus notre attention. Nous voulons ici parler de la découverte faite par Penzias et Wilson du rayonnement fossile, et celle de l'éloignement inexorable des galaxies, mise à jour par Hubble. Ces deux découvertes ont profondément bouleversé l'histoire de la cosmologie. En effet, par ces découvertes, la physique moderne va définitivement reconnaître l'irréversibilité du temps, longtemps considéré comme la marque de notre ignorance.

Ainsi va naître au sein de la physique, une nouvelle manière d'appréhender le réel. En effet, celle-ci consiste à substituer à l'ancien paradigme de l'ordre, un nouveau type de rationalité qui, tout en montrant le caractère particulier de l'ordre, va intégrer dans le domaine de la science tout ce qui jusqu'alors était considéré comme relevant de celui de l'irrationnel à savoir les concepts d'indéterminisme, de chaos, de hasard, d'incertitude etc.

Pour mieux élucider les interrogations que soulève notre sujet, nous avons établi un plan de travail qui obéit l'ordre qui suit. Dans la première partie consacrée pour l'essentiel au paradigme classique, nous montrons d'abord comment, à partir du 17ème siècle, les spéculations sur la nature ont conduit, philosophes et scientifiques à considérer l'univers comme un tout ordonné dont l'esprit humain peut déchiffrer le secret. Il en ressort qu'il existe une sorte de correspondance entre la structure de la nature et les catégories de l'entendement humain. Ensuite nous verrons comment à partir de la croyance à l'ordre éternel, la science classique va nier le temps, liant celui-ci à une illusion de notre esprit.

Dans la seconde partie, nous tentons de montrer comment à partir de la thermodynamique, la science va progressivement renoncer au postulat de l'éternité, lui substituant l'idée d'une histoire de l'univers. Or, une telle conception scientifique, ne peut être soutenue que si nous reconnaissons au préalable le caractère créatif du temps. C'est ainsi que nous examinons dans un second moment, la manière par laquelle la science et la physique vont réhabiliter la pensée du temps, liant celle-ci à la production de nouveauté, ce qui en fait correspond le mieux avec la manifestation du réel.

Enfin, dans une troisième partie essentiellement centrée sur le paradigme du chaos, nous allons voir comment la physique contemporaine va penser en terme de science, les notions de

hasard, d'incertitude, d'indéterminisme ; sachant que ces dernières étaient pendant longtemps écartées des champs de la rationalité.

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"Qui vit sans folie n'est pas si sage qu'il croit."   La Rochefoucault