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Difficultés des institutions de microfinance: recouvrement de crédit et gestion de la liquidité

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par Ibrahima Ghindo Diop
Université Cheikh Anta Diop de Dakar - Maitrise en gestion des entreprises 2011
  

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CHAPITRE 2 :

LE DIAGNOSTIC DES RISQUES

 

INTRODUCTION

Les IC font partie des agents économiques qui sont en contact quotidienne de risques qui entravent leur fonction principale de collecte des dépôts et d?octroi de crédit. L'environnement bancaire est très instable et très vulnérable face aux différentes fluctuations de la sphère monétaire. Face à ces différentes perturbations les IC sont de plus en plus menacées par une diversité de risques nuisant à son activité et à sa position sur le marché financier.

Toute IMF est vulnérable aux risques auxquels elle est exposée. Même avec un processus efficace de gestion des risques, elle ne peut les éliminer complètement. Mais elle peut et doit réduire de façon significative leur vulnérabilité car étant parfois la cause de faillite dans certains cas.

Le risque n?est pas un mal en soi, il faut comprendre par ce concept qu?il est l?exposition à une forte probabilité de perte. Et de toutes les relations de crédit, le risque de non remboursement ne peut être écarté, même si les IMF savent parfaitement analyser les informations fournies par les emprunteurs, même si la stabilité des relations de clientèle facilite l?appréciation du risque et mme si des garanties ont été prises, la problématique de défaut de l?emprunteur n?est jamais nulle. Ainsi lorsque l?insolvabilité se manifeste, la banque subit des pertes qui peuvent compromettre sa pérennité.

 
 

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Au Sénégal, chaque IMF élabore sa propre politique de gestion des risques grâce à des experts dans la matière. Cette politique leur permettra de réduire au maximum la probabilité de perte qui pourrait en découler.

Les risques courus par les IMF sont souvent classés suivant leurs domaines en risques de types institutionnels, des types opérationnels, en risques de gestions financières et enfin en une catégorie de risques externes.

Pour une étude beaucoup plus adaptée aux difficultés que rencontre la majeure partie des IMF du Sénégal, nous allons étudier le problème du recouvrement de crédit qui appartient à la famille de risques opérationnels ainsi que la gestion de la liquidité bancaire issu des risques de gestions financières. L?étude particulière de ces deux types de risque suivra celle introductif de l?évaluation des risques dans un cadre plus large.

 
 

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SECTION I : IDENTIFICATION ET EVALUATION DES RISQUES

A : DEFINITION DE RISQUES

Le risque est une exposition à un danger potentiel, inhérent à une situation ou une activité. Mais réduire le danger et réduire le risque sont deux choses distinctes. La réduction des risques est une démarche archaïque par rapport à celle de la réduction des dangers.

Le sens commun fait la confusion entre un danger et un risque. Un risque ou un danger, dans l'acception anthropique la plus commune, est une situation susceptible d'altérer gravement l'intégrité physique d'une personne. On dit par exemple que l'on court le risque De ne pas être remboursé lorsqu'on prête sans études préalables, mais que l'on se met en danger lorsqu'on ne recouvre pas nos créances.

Le danger ou le risque engendre la peur et incite à la prudence, y faire face nécessite du courage ou parfois de l'inconscience.

Le risque peut être défini suivant une acception technique et entrepreneuriale et suivant une définition scientifique.

 

Acception Technique :

Dans le domaine de la sécurité industrielle, le risque se définit comme l'existence d'une probabilité de voir un danger se concrétiser dans un ou plusieurs scénarios, associée à des conséquences dommageables sur des biens ou des personnes.

 
 

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Le niveau de risque se quantifie alors par la combinaison linéaire des multiplications entre la probabilité d'occurrence de chaque scénario et l'amplitude de la gravité des conséquences du scénario associé.

Acception Entrepreneuriale

Le risque est ici la coexistence d'un aléa et d'un enjeu. Lorsqu'une personne prend un risque, elle entreprend une action avec un espoir de gain et/ou une possibilité de perte :

- aléa : les conséquences de l'action entreprise ne sont pas totalement prévisibles ;

- enjeu : il y a espoir de gain et/ou crainte de perte.

On peut appliquer ce concept dans la gestion d'entreprise ou la finance :

- aléa : on ne peut pas prédire totalement comment va évoluer le marché, quelles seront les innovations techniques, comment vont évoluer les besoins des clients,

- enjeu : le gain espéré est un retour sur investissement, un maintien ou une progression de l'activité (prendre des parts de marché) ; la perte peut être une absence de retour sur investissement, une baisse d?activité.

Définition Scientifique

Daniel Bernoulli7, en 1738, apporte la première définition scientifique : « le risque est l'espérance mathématique d'une fonction de probabilité d'événements ». En termes plus simples, il s'agit de la valeur moyenne des conséquences d'événements affectés de leur probabilité. Ainsi, un événement e1 a une probabilité d'occurrence p1 avec une conséquence probable C1 ; de même

7 Spécimen theoriae novae de mensura sortis

 
 

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un événement en aura une probabilité pn et une conséquence Cn, alors le risque r vaudra

r = p1·C1 + p2·C2 + ... + pn·Cn ?pi·Ci. Le produit pi·Ci est appelé valeur de l'aléa i.

Cette définition implique, pour le calcul du risque, la connaissance d'une suite statistique d'événements ou pour le moins une estimation approchée ou subjective des diverses plausibilités (probabilités supposées) et des conséquences des aléas imaginés, lorsque l'on ne dispose pas d'historiques d'événements et que malgré cela on souhaite évaluer un risque.

Si l'on a fait une analyse exhaustive, alors, toutes les situations ayant été identifiées, on a

?pi = 1 et donc

 

.

Le risque est donc le barycentre des événement, ou, pour prendre une métaphore tirée de la physique, il apparaît comme le centre de gravité des conséquences des événements pondérés par les probabilités d'occurrence.

On notera avec intérêt que le risque est la somme des aléas et que le produit de la fréquence et de la gravité souvent évoqué ne représente nullement le risque mais seulement la valeur d'un aléa déterminé

La difficulté est souvent de chiffrer les probabilités pi et les conséquences Ci.
Cela est simple dans certains cas, par exemple pour les jeux de loterie, il est en
revanche plus compliqué de chiffrer la probabilité d'occurrence d'événements

 
 

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rares ou d'événements probables mais n'ayant jamais eu lieu (domaine innovant), et de chiffrer les conséquences en général : quelle chiffre mettre derrière une blessure, un décès, une atteinte morale, une pollution de l'environnement ?

En définitive, connaissant les différentes définitions du risque, l?IMF devra ensuite pouvoir les identifier et bien les percevoir dans son milieu.

 

B : IDENTIFICATION ET PERCEPTION DE RISQUE

On a vu que la sensation de risque est un phénomène très subjectif, voire irrationnel, lié à la façon qu'a un individu de percevoir une situation dans son environnement, ce qui dépend pour une bonne part du capital culturel de l'individu et de ses intérêts. Ces perceptions diffèrent d'un individu à un autre. Il peut d'ailleurs exister un décalage d'appréciation entre les dirigeants et les employés, ces derniers ayant une vision nécessairement plus opérationnelle. Différents facteurs peuvent entrer en ligne de compte pour entraver la perception collective d'une situation : des raisonnements fallacieux, des sophismes, des biais cognitifs (illusion, ...) qui, selon les cas, peuvent être conscients ou inconscients.

Pour que la perception du risque ne soit pas entravée par ces phénomènes, il est tout-à-fait souhaitable que l'entreprise mette en place un dispositif de veille, de manière à détecter les signaux faibles le plus tôt possible.

La perception du risque porte dans un premier temps essentiellement sur les facteurs de risque (ou périls). Le dispositif de veille doit prévoir un partage des signaux perçus pour en valider les traits principaux.

Ainsi, la gestion du risque, ou la prise de risques calculés, réduit la probabilité
de réaliser des pertes et minimise le degré de la perte au cas oil celle-ci
arriverait. La gestion de risque implique la prévention des problèmes potentiels

 
 

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et la détection anticipée des problèmes réels quand ceux-ci arrivent. En tant que telle, la gestion des risques est un processus continu à trois étapes8:

2- Concevoir et

mettre

en oeuvre les
contrôles

actuelles et futures

1- Identifier les

vulnérabilités

pour mitiger les
risques

3- Suivre l'effectivité

des
contrôles

Figure 1: Processus de Gestion des Risques à trois étapes

Identifier les Vulnérabilités : Avant de gérer des risques au sein d'une organisation, il est important d?identifier au préalable les faiblesses, limites et menaces actuelles et potentielles de l?organisation. Un aspect important de gestion de risques est de prévoir les risques probables de l'organisation à court, moyen et long terme.

&10IvoUL17It17PIttrI 17In17oeXvII 17dIs 17TyAPII 17TI 17cUtrôlI1 17:17Une fois que l?IMF ait identifié ces points vulnérables, elle peut concevoir et mettre en

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MANUEL DE GESTION DES RISQUES EN MICROFINANCE, Craig Churchill et Dan Coster

 
 

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exécution des mesures de contrôles afin d?amoindrir ces risques. Les responsables des IMF devraient pouvoir adapter les différents systèmes de contrôle à leur typologie particulière ainsi qu'à leur environnement. Par exemple, le recours préalable à une garantie physique peut représenter une solution alternative pour minimiser les risques sur créances dans un environnement financier particulier alors que la caution solidaire peut être un recours approprié dans d'autres environnements.

Suivre l'efficacité des systèmes de contrôle en place : Les IMF doivent pouvoir suivre et apprécier son degré de fonctionnalité et son efficacité. Les outils de suivi consistent avant tout en un tableau de bord d'indicateurs de performance que les Directeurs et Administrateurs doivent établir et suivre afin de s'assurer de la bonne gestion de l?IMF.

Cette procédure de gestion de risques à trois niveaux est un processus continu en raison notamment de la grande variabilité de la vulnérabilité dans le temps. Egalement, les risques varient sensiblement selon l?étape de développement de l?institution. Une IMF avec 2.500 emprunteurs va connaître des défis différents d?une organisation avec un portefeuille de 25. 000 clients.

En tant que participants dans une nouvelle industrie, les IMF ne peuvent pas se permettre de se laisser aller à l?autosatisfaction si elles veulent éviter d?être surprises par des innovations, la concurrence et les nouvelles réglementations et bien d?autres facteurs.

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Parallèlement à l?analyse de l?état actuel de l?organisation, la gestion des risques implique également l?utilisation des méthodes d?anticipation des changements probables dans l?environnement interne et externe dans le court, moyen et long terme. Puisque personne ne peut prédire avec exactitude l?avenir, il est recommandé d?utiliser différents cas de figure ou hypothèses, des plus optimistes, raisonnables aux pessimistes sur chacune des trois périodes précédemment décrites. Quoiqu'il soit inconfortable d'envisager également le

 
 

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pire des scénarios dans cet exercice, la gestion des risques suppose une approche conservatrice dans l'estimation des résultats.

Il est très important de noter que les IMF ne pourront pas complètement échapper à l'ensemble des risques auxquels elles sont exposées. Tout effort d'anticipation et de gestion de l'ensemble des risques potentiels générerait d'importants coûts d'opportunité et exposerait ainsi l'IMF à d'autres catégories de risques. La gestion de risques requiert également la recherche d'équilibre approprié entre les coûts engagés et l'efficacité du système de contrôle, ainsi que leurs effets nets sur la clientèle et le personnel de l'IMF.

 

C: EVALUATION DES RISQUES

L'évaluation des risques est le facteur déterminant de toute prise de décision. Elle est bien trop souvent intuitive dans nos actions de tous les jours, mais gagne à être formalisée dans le cadre d'un projet industriel qui comporte une dimension financière.

Donc le risque apparaît comme l'un des défis actuels des dirigeants pour le définir, le mesurer et le gérer pour améliorer la performance. On note en général quatre types de risques : institutionnels, opérationnels, externes et de gestion financières. Bien que notre travail soit essentiellement axé sur deux catégories de risques (le recouvrement de crédit et la gestion de la liquidité) appartenant respectivement aux risques opérationnels et aux risques de gestion financière, il serait important d?avoir des notions sur l?ensemble des risques que peuvent courir les IMF.

 
 

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RISQUES

INSTITUTIONNELS

OPERATIONNELS

RISQUES

RISQUES DE GESTION

FINANCIERE

RISQUES
EXTERN ES

Figure 2: Catégories des Risques en Micro finance

i. RISQUES INSTITUTIONNELS

Le succès d'une institution de micro finance est défini comme la capacité de cette dernière à fournir, de façon indépendante, des services financiers à un nombre important de personnes à faibles revenus, et ce de façon durable. L?évaluation des risques par rapport à cette définition expose l?organisation à trois niveaux de risques institutionnels : risques liés à la mission sociale, risques liés à la mission commerciale et risque de dépendance.

ii. Risques Externes

Bien que les directeurs et les gérants des IMF aient moins de contrôle sur les risques externes, ils doivent néanmoins évaluer les risques externes auxquels ces dernières sont exposées. Une institution de micro finance peut disposer d'un personnel et d'un système de gestion et de contrôle très performant, mais elle pourrait cependant être confrontée à d?énormes problèmes provenant de son environnement. Les risques externes échappent le plus souvent au contrôle

 
 

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interne de l?IMF concernée, cependant il est nécessaire que ces risques soient perçus comme des défis auxquels l?IMF doit faire face au risque d?être exposée à de faibles performances.

iii. Risques Opérationnels

Le risque opérationnel est la vulnérabilité à laquelle est confrontée l?IMF dans sa gestion quotidienne ainsi que la qualité de son portefeuille (risque de crédit), le risque de fraude et le vol (risque de sécurité).

iv. Risques de gestion financière

La vulnérabilité financière d?une IMF se résume aux risques réels subis par ses emplois (actifs ou patrimoine) ou ses ressources (passifs ou dettes). Elle est composée de risques liés aux taux d?intérêts, des risques de liquidité et risques de change avec les devises étrangères. En plus l?inefficience et l?intégrité du système font aussi parti de ces types de risques de gestion financière.

En fin, il serait important de noter que la direction et le conseil d?administration d?une IMF doivent considérer chacun des risques comme des points vulnérables. C?est leurs responsabilités d?évaluer le niveau d?exposition de l?institution aux risques, d?hiérarchiser les domaines les plus vulnérables et de s?assurer qu?un système de contrôles des normes est mis en place pour minimiser les risques de l?IMF. Dans la section suivante, nous nous imprégnerons dans le but même du sujet à savoir comprendre le recouvrement de crédit et la gestion de la liquidité

bancaire pour mieux réduire leur vulnérabilité dans les IMF du Sénégal.

 
 

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"Ceux qui vivent sont ceux qui luttent"   Victor Hugo