WOW !! MUCH LOVE ! SO WORLD PEACE !
Fond bitcoin pour l'amélioration du site: 1memzGeKS7CB3ECNkzSn2qHwxU6NZoJ8o
  Dogecoin (tips/pourboires): DCLoo9Dd4qECqpMLurdgGnaoqbftj16Nvp


Home | Publier un mémoire | Une page au hasard

 > 

Exploitations agricoles familiales et projets d'agrocarburants de proximité au Sénégal. Cas du projet Jatropha dans le département de Foundiougne

( Télécharger le fichier original )
par Amadiane DIALLO
Université catholique de Louvain - Master 2 en politique économique et sociale 2011
  

précédent sommaire suivant

Bitcoin is a swarm of cyber hornets serving the goddess of wisdom, feeding on the fire of truth, exponentially growing ever smarter, faster, and stronger behind a wall of encrypted energy

1.4- Point sur la situation des agrocarburants au Sénégal

Traditionnellement, le Jatropha était présent en milieu paysan sénégalais au niveau des clôtures des parcelles maraîchères, des vergers et très rarement des champs des grandes cultures.

La première expérience connue de projet de plantation de Jatropha au Sénégal serait l'oeuvre d'ATI16 (Appropriate Technology International) une ONGD américaine spécialisée dans la promotion des Technologies Appropriées et des Petites Entreprises de production. Ce projet de plantation, d'extraction et d'utilisation de l'huile de Pourghère a été mis en oeuvre entre 1999 et 2000 au niveau des arrondissements de Fimela (région de Fatick) et de Pout

16 Devenue Enterprise Works

(région de Thiès) : 12.000 boutures de Jatropha curcas ont été plantées par des groupements féminins. Avec une presse manuelle mise au point par des artisans locaux, des essais concluants ont été réalisés à partir de graines collectées pour l'extraction de l'huile qui a permis de faire fonctionner des moulins à mil. Malheureusement, après le programme, les quelques plantations ont été délaissées sans suivi et la production de graine a été compromise.

La deuxième expérience avérée est celle du PROGEDE (Programme de Gestion Durable et participative des Energies traditionnelles et de substitution) qui a procédé depuis 2003 à la mise en place d'une plantation de Jatropha curcas sur une superficie de 25 ha. L'objectif était de tester les possibilités de production de biodiesel à partir de l'huile de Jatropha. Les résultats encourageants des premières réalisations ont justifié la généralisation de l'initiative sur l'ensemble des parcelles maraîchères et des vergers sous forme de plantations de haies vives. Avec l'appui technique et financier de la Banque Mondiale et d'une firme norvégienne (GreenTrac), un véhicule multiservices a été conçu pour utiliser l'huile végétale pure comme carburant pour son fonctionnement à l'image d'une plateforme multifonctionnelle. Cette innovation a été primée lors de la tenue du « Development Market Place », organisé par la Banque Mondiale en 2006. Ce prix a permis au projet d'acquérir cinq prototypes de ces véhicules pour les villages encadrés. Le PROGEDE, en rapport avec des artisans nationaux, a aussi mis au point un prototype de réchaud à base d'huile de Jatropha en vue de le substituer au gaz butane pour les ménages. Selon l'actuel coordinateur, les performances énergétiques feront l'objet de tests de laboratoire comparativement aux autres sources d'énergie. Il précise aussi que l'huile de Jatropha n'est pas encore disponible à grande échelle dans leur zone d'intervention.

C'est à la suite de ces premières expériences, que le gouvernement du Sénégal a lancé un programme spécial biocarburants qui a pour objectif d'atteindre l'autosuffisance énergétique nationale, et de permettre par ricochet la réduction des importations de pétrole qui absorbent à elles seules 40% des bénéfices d'exportations du pays. Il vise des plantations de Jatropha d'une superficie globale de 321.000 ha et des prévisions de récoltes de 3.210.000 tonnes de graines par an permettent d'assurer la production de 1.190.000.000 litres d'huile brute et de 1.134.000.000 litres de biodiésel suffisant aux besoins nationaux actuels estimés à 1.095.500.000 litres. Comme indiqué supra, l'option de l'espèce Jatropha curcas a été prise pour réaliser des plantations massives, des haies vives, en bordures des concessions et des routes, délimitation des parcelles de cultures dans les zones du Centre, de l'Est et du Sud du pays. Il est prévu d'emblaver une superficie de 321 000 ha à répartir par communauté rurale.

40

Mémoire Master Amadiane DIALLO

(MDRA, 2008). Pour ce faire, une distribution de plants aux producteurs et aux porteurs de projet selon les superficies demandées a été faite. Les réalisations de la campagne agricole 2008-2009 ont porté sur la plantation de 5 000 ha à partir de 5 555 000 plants de Jatropha fournis aux producteurs (individuels et organisations de producteurs, secteur privé) soit sous forme de plants âgés de 4 à 8 mois, soit sous forme de semences importées. Ce matériel végétal a été produit à partir de graines collectées dans différentes régions du pays (Thiès, Fatick, et Diourbel notamment), d'une part, et d'un stock de 128 tonnes de graines importées, d'autre part. (ANSD, 2008). Les résultats n'ont pas été à la hauteur des attentes jusqu'à présent.

Toutefois, grâce à un appui du gouvernement de Ténériffe, une station de serre déjà opérationnelle d'une capacité de production minimale de 500.000 plants tous les deux mois, est implantée à Sangalkam. Elle va renforcer l'approvisionnement en plants aux producteurs de Jatropha du pays. Selon le point focal du programme, si la production atteint sa vitesse de croisière, il est prévu l'installation de mini-industries de transformation dans les sites de production.

Malgré les résultats mitigés obtenus et les mouvements contestataires de certaines plateformes paysannes, force est de reconnaitre que le programme spécial Jatropha a suscité une certaine curiosité, voire engouement d'une frange de la population rurale. C'est ce qui a, sans doute, facilité la tâche aux différents promoteurs de projets de Jatropha qui sont parvenus à disposer de terres au niveau des communautés rurales pour s'implanter et développer leurs activités.

La situation des agrocarburants au Sénégal permet de distinguer quatre types d'intervenants.

1) Les investisseurs privés nationaux et internationaux, voire les multinationales qui s'implantent pour faire de la monoculture en régie sur de grandes superficies dans des zones favorables à de meilleurs rendements. La production est exclusivement destinée à l'exportation. C'est le cas de la présence, dans les zones les plus humides du Sénégal, à savoir la vallée du Fleuve et les rives du fleuve Gambie, zone de production de bananes, d'investisseurs nationaux et de grandes multinationales telles que Trans Danubia, Agro Africa, Afrique Energie Développement, African National Oil Corporation.

2) Les investisseurs privés nationaux et internationaux qui s'introduisent dans les communautés rurales par le biais des fils du terroir (eux-mêmes impliqués) pour se faire

affecter des terres : ils emploient les populations locales comme ouvriers agricoles ; la production est aussi destinée à l'exportation mais des promesses d'investissements sociaux sont faites aux populations locales. En 2008, dans la région orientale du pays (Tambacounda), les superficies affectées à des acteurs étrangers pour la seule culture du Jatropha sont de 23.438 ha. Dans la même région, plus précisément dans la communauté rurale de Nétéboulou, un projet Italien de plantation de Jatropha y a été lancé en 2010. Il s'agit d'un holding italien, Tozzi Renouvelable Energie, qui veut financer la plantation de 50.000 ha de Jatropha dans la zone en collaboration avec un fils du terroir lui-même membre d'une structure spécialisée dans la technologie du Jatropha. Ces investisseurs disent avoir signé un protocole d'accord avec l'état leur permettant d'exporter les 80% de la production d'agrocarburants. Seule, les 20% seront mis à la disposition du Sénégal à un prix négocié. D'autres investisseurs agissant de la même manière sont signalés dans des communautés rurales du nord au Sud du Sénégal où des milliers d'ha de terres leur ont été affectées pour la culture du Jatropha principalement.

3) Les promoteurs de projets d'agrocarburants qui, en synergie avec les producteurs locaux, veulent introduire le Jatropha dans le système de production traditionnel et envisagent la transformation sur place en huile végétale pure pour satisfaire les besoins locaux en énergie. L'ADG17 s'inscrit dans cette mouvance, en appuyant une organisation paysanne partenaire dans la zone de Dialakoto au Sud-est du pays où elle menait déjà des actions. Elle a fait le choix d'accompagner les producteurs afin de voir avec eux les avantages et inconvénients liés à l'augmentation de ces plantations de Jatropha dans le cadre d'un projet intitulé " Validation du Système Jatropha en milieu rural sénégalais » mis en place en 2008. Il ne vise pas " une production massive d'agrocarburants à base de Jatropha mais à analyser les avantages éventuels de l'intégration de cette plante dans les systèmes culturaux et dans la dynamique villageoise. » Les premiers tests d'utilisation de la plante qui ont été effectués, ont abouti déjà à la réalisation d'une lampe à huile de Jatropha. Le projet qui fait l'objet du cas d'étude de ce mémoire peut être classé dans la même catégorie.

4) Les promoteurs « hybrides » qui veulent travailler d'une part en régie pour sécuriser leur production destinée à l'exportation et d'autre part, collaborer avec les organisations des producteurs en signant des contrats de production. C'est la stratégie adoptée par le projet «Green Oil Development» qui compte travailler directement avec les coopératives agricoles et avec les groupes d'intérêt économique sur la base d'un contrat entre la société

17 Aide au Développement Gembloux (ONG belge)

42

Mémoire Master Amadiane DIALLO

SBE18 Sénégal et les diverses communautés rurales concernées. Le projet négocie des contrats exclusifs d'achat de graine de Jatropha curcas à un prix fixe n'étant pas sujet aux fluctuations du marché.

Au-delà de ces acteurs, certains industriels sénégalais essaient de se mettre au diapason de l'énergie verte pour suppléer aux énergies fossiles. En effet, deux projets de biocombustibles ont été lancés et méme introduits dans le portefeuille des projets MDP dirigé par l'Autorité Nationale Désignée (AND). Cette dernière est chargée des aspects réglementaires et promotionnels du MDP pour attirer des financements et favoriser les investissements sous ce mécanisme au Sénégal (confère annexe).

Le premier projet agro-industriel inscrit à l'AND pour l'étude d'éligibilité aux MDP est celui de la SOCOCIM (Société Ouest africaine des Ciments). Il consiste à utiliser des fruits de Jatropha et autres biomasse en substitution aux combustibles fossiles dans la cimenterie de SOCOCIM Industries. L'objectif dans le moyen terme est d'atteindre un taux de substitution thermique d'environ 40% dans la cimenterie grace à l'utilisation du Jatropha.

Le deuxième projet est initié par la CSS (Compagnie Sucrière Sénégalaise) pour la production de bioéthanol. L'objectif visé est la production d'éthanol à partir des déchets de canne à sucre. Le bioéthanol sera mélangé avec du diesel et utilisé dans le transport. La proportion de bioéthanol envisagé est de 10%. Le projet a une capacité annuelle de production de 10 000 tonnes soit 60 000 litres/jour.

précédent sommaire suivant






Bitcoin is a swarm of cyber hornets serving the goddess of wisdom, feeding on the fire of truth, exponentially growing ever smarter, faster, and stronger behind a wall of encrypted energy








"Aux âmes bien nées, la valeur n'attend point le nombre des années"   Corneille