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Exploitations agricoles familiales et projets d'agrocarburants de proximité au Sénégal. Cas du projet Jatropha dans le département de Foundiougne

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par Amadiane DIALLO
Université catholique de Louvain - Master 2 en politique économique et sociale 2011
  

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1.3- Politiques agricoles

Après l'indépendance, les politiques de développement rural au Sénégal ont suivi pendant plusieurs années les grandes lignes préconisées dans les plans de développement économique et social. Ces derniers définissent " des grandes orientations qui déterminent, pour un horizon de moyen terme, les stratégies, les objectifs et les programmes à mettre en oeuvre pour développer l'économie aussi bien au niveau national que sectoriel ».

La première période de politique agricole est marquée par la production arachidière qui a représenté 87% des exportations jusqu'en 1965. En effet, durant toute cette période, " l'arachide a exercé sur toute l'économie du Sénégal une écrasante souveraineté ». Le monde rural vivait au rythme de la « traite » de l'arachide qui " a été la seule qui ait donné lieu à des échanges massifs et organisés. .Elle a été le moteur de toute la circulation monétaire intéressant la paysannerie ». (VERHAEGEN E., 1984).

Mais la volatilité de son cours a entraîné une récession au niveau de l'activité du secteur primaire. Les 2è et 3è plans de développement économique et social ont mis l'accent sur la « diversification de la production » pour résorber le déficit vivrier et réduire le déficit du commerce extérieur. A la suite de la sécheresse et son corollaire de baisse des principales productions (arachide, mil, riz), l'état s'est appuyé sur ses relais d'intervention que sont les

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structures d'encadrement pour sensibiliser et encadrer les paysans sur les thèmes techniques relatifs à la diversification et à l'amélioration de la productivité. Ce fut la création des sociétés régionales de développement rural (SRDR) privilégiant ainsi l'approche régionale sur l'approche filière (TOURE, 2002). L'Etat poursuit ainsi des objectifs contradictoires en voulant préserver les recettes tirées de l'arachide tout en visant l'autosuffisance alimentaire. Les producteurs sont encouragés à accroître leurs superficies allouées à l'arachide et les intrants y afférents. Ceci a accentué leur endettement.

La seconde période coïncide avec l'ère des politiques d'ajustement structurel qui marque une rupture d'avec les formulations de plans de développement économique et social. A cause de la baisse des recettes d'exportation, l'état ne peut plus supporter les charges financières nécessaires pour assumer le rôle d'intermédiaire en amont et en aval des productions agricoles. Les attentes des paysans deviennent inadéquates vis-à-vis des possibilités de l'état (GAYE D., 1992). Ce fut la suppression progressive de l'encadrement. L'approche filière s'est imposée dans la formulation de la Nouvelle Politique Agricole (NPA de 1984 à 1994) et du Programme d'Ajustement Sectoriel de l'Agriculture (PASA de 1994 à 1997). C'est le début du désengagement de l'état et de la responsabilisation progressive des paysans avec une redynamisation de l'action coopérative. La politique d'interventionniste de l'état cède la place au mécanisme du marché avec notamment la suppression des monopoles et la libéralisation des importations de riz, principale céréale de consommation au Sénégal.

Le retrait brutal de l'état a fragilisé le monde rural qui n'a plus droit aux subventions d'intrants et de matériels agricoles. Selon GAYE (1992), « en privilégiant le milieu urbain, l'Etat accentue le poids démographique de la ville et, en conséquence, son déficit alimentaire ».

A partir de 1998, l'état, avec l'appui de la banque mondiale, met en oeuvre le Programme des Services Agricoles et Organisations de Producteurs (PSAOP) dont l'objectif principal est de mettre en place un nouveau système d'appui au monde rural comprenant cinq (5) composantes : la Recherche agricole et agroalimentaire, les Organisations de Producteurs, le

Conseil agricole et rural, le Fonds national de recherche agricole et agroalimentaire et le Ministère de l'Agriculture et de l'élevage.

Cependant, toutes ces réformes politiques n'ont pas donné les résultats escomptés. L'agriculture n'arrive toujours pas à assurer une sécurité alimentaire. Le Sénégal fait face à une dépendance aux importations de denrées alimentaires.

A la faveur de l'alternance politique de 2000, le nouveau président a voulu marquer son passage en mettant en oeuvre des programmes spéciaux tout azimut pour faire face à des difficultés conjoncturelles. C'est ainsi que les programmes de relance des filières maïs, manioc, bissap ont été déroulés de 2004 à 2008.

Face à l'émigration clandestine et à l'exode rural galopant, le Plan de Retour Vers l'Agriculture (Plan REVA) a été mise en oeuvre par les pouvoirs publics appuyés par des partenaires extérieurs. Ce plan ambitionne de développer l'agro-industrie avec des fermes pilotes comme base des productions et d'impulser la commercialisation et la transformation de la production agricole, animale et halieutique.

A la suite du renchérissement des prix des céréales au niveau mondial en 2008, le président lance le programme GOANA (Grande Offensive pour l'Agriculture, la Nourriture et l'Abondance) qui avait pour objectif global « d'assurer une production suffisante en nourriture afin d'assurer la souveraineté alimentaire du pays en ce qui concerne tout au moins les principaux produits agricoles consommés par les sénégalais et en s'appuyant sur les potentialités de chaque région ».

La dernière trouvaille de ces programmes spéciaux est celui des biocarburants qui a été lancé durant la campagne agricole 2007-2008. Le Président sénégalais, Abdoulaye WADE a convoqué en 2006 à Dakar une conférence internationale des Pays Non Producteurs de Pétrole (PANPP) en vue de définir une stratégie commune face à la flambée des prix du pétrole et de ses conséquences négatives sur leurs économies. C'est ainsi qu'un comité pluridisciplinaire chargé de la promotion des biocarburants a été mise en place. En novembre 2006, le Sénégal a créé un Ministère chargé des Biocarburants. En conséquence, il s'est lancé dans la production de biocarburants en mettant l'accent sur la promotion du Jatropha curcas (Pourghère en Français et Tabanani en wolof) qui est une espèce poussant naturellement dans le pays.

Malgré tout, le secteur agricole souffre de beaucoup de maux. Selon la publication de la situation économique du Sénégal de l'Agence Nationale de la Statistique et de la Démographie de 2008, la production agricole nationale demeure limitée par : la dépendance à un régime pluviométrique marqué par son irrégularité impliquant une faible activité saisonnière en milieu rural (quatre mois) ; la faible productivité des systèmes de production dominés par une agriculture de subsistance ; la vétusté et l'insuffisance du parc de matériel agricole ; la faible qualité du capital semencier ; sa désarticulation par rapport au régime alimentaire national (riz, légumes, autres céréales) largement dépendant des importations.

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Une étude sur le profil sécurité alimentaire du Sénégal (CSAO-CILSS, 2008) a permis de faire les constats suivants :

? la production agricole assure de moins en moins la couverture des besoins nationaux : le taux de couverture est passé de 64% pour la campagne agricole 1987/88 à 43% en 2006/2007 du fait surtout du désengagement de l'état par rapport aux ressources allouées (semences, engrais) durant le plan d'ajustement structurel. En outre, il faut remarquer la diminution des superficies par actif agricole qui a chuté de moitié entre 1960 et 1998 suite à la multiplication des micro-exploitations agricoles.

? par conséquent, le pays fait un recours croissant aux importations commerciales pour combler le déficit : le Sénégal importe plus de 600.000 tonnes de riz par an

? dès lors, la pauvreté gagne du terrain en milieu rural et touche davantage les ménages dépendant strictement des activités agricoles, une situation qui les expose à une insécurité alimentaire.

Cet état de fait maintient le Sénégal dans une dépendance inquiétante des importations de vivres. Pour renverser cette tendance, les politiques agricoles doivent mettre plus l'accent, dans leurs orientations, sur la dynamisation de la production, de la transformation et de la commercialisation des produits agricoles afin d'améliorer la sécurité alimentaire des populations.

Au final, il est clair que la priorité du Sénégal en matière de développement agricole et rural est le renforcement de la sécurité alimentaire par le biais d'un secteur primaire productif, assurant des revenus substantiels aux ruraux.

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