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Dynamique forestière post-exploitation industrielle: Cas de la forêt dense semi- décidue de Mbalmayo au sud Cameroun

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par Déric KEMADJOU MBAKEMI
Université de Yaoundé I - Master II géographie 2011
  

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4.2. Une diminution des gros arbres et une réduction de la densité du peuplement

La forêt camerounaise renferme environ 300 espèces commercialisables. « Parmi les 300 essences théoriquement commercialisables des forêts camerounaises, seulement 113 sont exploitées dont une quinzaine d'essences représentent à elles seules près de 90 % des volumes prélevés, les cinq essences principales [toutes présentes sur notre site] étant l'Ayous (Triplochiton scleroxylon), le Sapelli (Entandrophragma cylindricum), l'Azobe (Lophira alata), le Fraké (Terminalia superba) et l'Iroko (Milicia excelsa ou Chlorophora excelsa). Ces dernières constituent pour leur part environ 70% de la production en volume »17

Le potentiel exploitable sur la base des conditions actuelles du marché du bois s'élève à environ 750 millions de m3. A côté de cette exploitation pour le bois d'oeuvre, il faut ajouter les autres types d'utilisation des produits forestiers (plantes médicinales, plantes nutritives, plantes de service etc.) aux possibilités tout aussi diversifiées et importantes. Dans cette section, nous ne nous intéressons qu'aux essences prélevées comme bois d'oeuvre.

Pour apprécier les tendances de l'état des essences commerciales après exploitation, nous avons procédé à un recensement systématique des espèces qui présentent une certaine valeur commerciale, les espèces principales (c'est-à-dire les plus sollicitées sur le marché) comme les espèces secondaires (les espèces les moins prisées). Ce recensement a été fait à partir de la liste des essences forestières commerciales établie par les services du Ministère des Forêts et de la Faune (Voir annexe 3).

4.3. Une réduction du volume en bois à court terme

Parmi les espèces à valeur commerciale, seule la catégorie ayant une côte actuelle sur le marché nous a intéressé. La liste de ces espèces actuellement valorisées et qui ont été observées sur nos deux parcelles est présentée par le tableau 16. 72 espèces commerciales ont été ainsi recensées sur l'ensemble des deux parcelles. Parmi elles, 28 sont considérées comme essences commerciales principales. On a compté 65 espèces de bois commercialisables dans la parcelle dite forêt mature contre 60 espèces dans la forêt exploitée. 53 espèces commerciales rencontrées sont communes aux deux sites, preuve qu'il demeure entre eux une certaine similitude au plan floristique. L'exploitation n'a au final eu que très peu d'impact sur la composition spécifique à court terme (7 ans).

Dans la forêt non exploitée, les 7 espèces commerciales abondantes sont par ordre décroissant Desbordesia glaucescens, Celtis zenkeri, Petersianthus macrocarpus, Santiria trimera, Cola lateritia, Coula edulis, Staudtia kamerunensis. Dans la parcelle exploitée par contre, les espèces les plus fréquemment rencontrées sont par ordre Staudtia kamerunensis, Cola lateritia, Coelocaryon preussii, Celtis tessmannii, Santiria trimera, Petersianthus macrocarpus, Eribloma oblonga. Ces espèces commerciales parmi les plus abondantes ne sont malheureusement pas, pour nombre d'entre elles, les plus prisées sur le marché. Néanmoins, même en nombre réduit par rapport au total des effectifs, la majorité des espèces de la forêt dense parmi les plus côtées sur le marché sont présentes. Il s'agit par ordre décroissant de : Triplochiton scleroxylon (Ayous) Entandrophragma cylindricum, Entandrophragma condolei (Sapeli pour les deux), Erythrophleum ivorense (Tali) (photo 9), Lophira alata (Azobé), Milicia excelsa (Iroko), Terminalia superba (Fraké), Diospyros spp (Ebène).

En terme de nombre d'individus ou de densité en essences commerciales, la forêt mature est plus riche que la forêt exploitée. Sur le premier site en effet, on compte 426 individus contre 403 sur le second. Toutefois, lorsque l'on considère uniquement les espèces commerciales principales, la densité est plus importante dans la parcelle exploitée que dans la parcelle témoin. Cette différence est surtout liée au fait que Staudtia kamerunensis est fortement représentée sur la parcelle soumise à l'exploitation. Cette espèce appartient au groupe des principales essences de grande valeur dont l'exploitation est interdite au Cameroun sauf sur dérogation spéciale.

Tableau 16 : Essences forestières commerciales relevées sur le site de Faékélé II

Nom scientifique

Nom commercial

Parcelle non
exploitée

Parcelle
exploitée

Côte des
essences

sur le
marché

 

Nbre d'indiv

 

Essak / Alow kouaka

1

1

*

2. Albizia zygia

Ouochi

1

1

*

3. Alstonia boonei

Emien

4

1

**

4. Amphimas pterocarpiodes

Lati parallèle

4

1

*

5. Aningeria altissima

Aningré A

1

1

***

6. Aningeria robusta

Aningré R

6

0

***

7. Anopyxis klaineana

Bodioa

1

0

*

8. Anthonotha fragrans

Kibakoko

3

0

*

9. Antiaris welwistchii

Ako W

0

3

*

10. Berlinia grandiflora

Ebiara Yaoundé

2

0

*

11. Canarium schweinfurthii

Aiélé / Abel

1

5

***

12. Carapa procera

Crabwood d'Afrique

12

7

*

13. Celtis adolfi-friderici

Diana parallèle

4

2

*

14. Celtis tessmannii

Diana T

14

19

*

15. Celtis zenkeri

Diana Z

32

12

*

16. Coelocaryon preussii

Ekouné

19

22

*

17. Cola lateritia

Efok ahié

22

24

*

18. Coula edulis

Coula

21

8

*

19. Dacryodes igaganga

Assa mingoung / Igaganga

7

9

*

20. Desbordesia glaucescens

Alep

35

13

***

21. Dialium bipindense

Eyoum rouge

6

5

*

22. Diospyros crassiflora

Ebène

4

1

***

23. Discoglypremna caloneura

Dambala

0

2

*

24. Distemonanthus benthamianus

Movingui

0

7

**

25. Duboscia macrocarpa

Akak

6

3

*

26. Enantia chloranta

Moambé jaune

7

2

*

27. Entandrophragma angolense

Tiama

1

0

***

28. Entandrophragma candolei

Kossipo

5

3

***

29. Entandrophragma cylindricum

Sapelli

3

1

***

30. Eribloma oblonga

Eyong

6

16

**

31. Erythrophleum ivorense

Tali

1

1

***

32. Funtumia elastica

Mutondo

3

10

*

33. Fagara macrophylla

Bongo brousse

1

0

*

34. Fagara tessmannii

Bongo T

1

0

*

35. Gambeya africana

Longhi

5

8

**

 

Tableau 16 (suite) : Essences forestières commerciales relevées sur le site de Faékélé II

Nom scientifique

Nom commercial

Parcelle non
exploitée

Parcelle
exploitée

Côte sur
le marché

 

Nbre d'indiv

 

36. Garcinia kola

Onié

2

0

*

37. Gossweilerodendron joveri

Odouma

1

0

*

38. Guarea cedrata

Bossé clair

1

0

**

39. Guarea thompsonii

Bossé foncé

2

2

**

40. Irvingia gabonensis

Andok

7

6

*

41. Irvingia grandifolia

Andok ngoé

0

1

**

42. Khaya anthotheca

Acajou blanc

4

7

***

43. Khaya ivorensis

Acajou de bassam

6

3

***

44. Klainedoxa microphylla

Eveuss

0

1

*

45. Lannea welwitschii

Kumbi

2

2

*

46. Lophira alata

Azobé

2

3

***

47. Lovoa trichilioides

Dibétou

9

3

**

48. Maranthes inermis

Assila omang

7

3

*

49. Nauclea diderrichii

Bibinga

1

0

***

50. Nesogordonia papaverifera

Kotibé

1

2

**

51. Ongokea gore

Angueuk

1

1

*

52. Parkia bicolor

Lo

3

3

*

53. Parkia filicoidea

Eseng grandes feuilles

0

5

*

54. Pentaclethra macrophylla

Mubala

1

6

*

55. Petersianthus macrocarpus

Abalé

28

17

*

56. Piptadeniastrum africanum

Dabéma

1

8

***

57. Pteleopsis hylodendron

Osanga

4

7

*

58. Pterocarpus mildbraedii

Padouk blanc

9

2

***

59. Pterocarpus soyauxii

Padouk rouge

3

3

*

60. Pycnanthus angolensis

Ilomba

11

6

**

61. Ricinodendron heudelotii

Essessang

1

4

*

62. Santiria trimera

Ebap / Adjouaba

23

19

*

63. Staudtia kamerunensis

Niové

21

63

*

64. Sterculia mildbraedii

Efok ayous nkol

0

2

*

65. Sterculia rhinopetala

Lotofa / Nkanang

5

7

*

66. Sterculia tragacantha

Efok afum

3

7

*

67. Syzygium rowlandii

Bibolo afum

1

1

*

68. Terminalia superba

Fraké / Limba

1

2

***

69. Tetrapleura tetraptera

Akpa

3

2

*

70. Trichoscypha acuminata

Amvout

21

16

*

71. Triplochiton scleroxylon

Ayous / Obeche

1

0

****

72. Vitex grandifolia

Evoula / Evino

1

1

*

 

Total 426 403

Probablement, les ouvetures provoquées par les coupes d'arbres ont favorisé la multiplication de cette espèce héliophile à cet emplacement. On peut donc considerer que la forêt non exploitée limiterait le développement de certaines espèces de lumière à forte valeur économique et écologique.

Photo Kemadjou, Décembre 2009

Photo 9: Un gros pied d'Erythrophleum ivorense (Tali) de 119 cm de diamètre dans la forêt mature

Notes : L'espèce est considérée par les exploitants comme une essence noble du fait de la grande densité de son bois.

NB. La bouteille plastique au pied de l'arbre indique l'échelle

Photo Kemadjou, Décembre 2009

Photos 10: Un gros pied de Gambeya africana de 98 cm de diamètre dans la forêt exploitée

4.3.1. Les indices de la surface terrière

La surface terrière des espèces commercialisables en forêt non perturbée est plus importante comparée à celle de la forêt exploitée. On a en effet 217391,68 cm2 contre 168107,095 cm2. Cette différence est le fait de la forte densité des essences à bois précieux et de l'importance des individus de gros diamètre en forêt mâture. La faiblesse de la surface terrière en parcelle exploitée peut être attribuée au prélèvement de 3 gros individus par l'exploitation sélective mais aussi à la destruction de certains individus lors des manoeuvres des engins pendant le débardage. De nombreux individus ont été détruits pendant la création des pistes et leur absence affecte la surface terrière de la parcelle soumise à l'exploitation forestière.

La répartition de l'ensemble des individus ligneux répertoriés sur les deux sites signalait la
domination de la parcelle non exploitée en terme de densité dans la classe de diamètre 5-10. La
prise en compte des seules espèces commerciales établit actuellement la forte domination de la

parcelle exploitée (191 individus) sur celle non exploitée (154 individus) dans cette même classe de diamètre que l'on considère comme la classe rassemblant les individus de la régénération naturelle c'est-à-dire les individus qui pourront à terme contribuer au renouvellement de la forêt (Figure 25). La régénération des espèces commerciales est donc stimulée par l'exploitation forestière. Ces essences sont pour la plupart héliophiles et profitent ainsi des changements induits par l'ouverture de la canopée pour se développer. En ceci, l'exploitation forestière sélective constitue une chance d'épanouissement pour les essences commerciales qui s'adaptent un peu plus que les autres aux modifications des conditions du milieu. C'est surtout le cas de Staudtia kamerunensis.

Deux des plus gros arbres encore présents en forêt exploitée sont certainement restés parce que leur abattage est interdit. Il s'agit de Ricinodendron heudelottii (Djanssan), arbre dont les fruits servent d'assaisonnement pour les populations locales et d'Irvingia gabonense (mangue sauvage) dont les fruits servent également à l'alimentation des hommes.

Stre (cm2

250000
200000
150000

 
 
 
 
 

Stre (cm2

100000
50000
0

 
 
 

Forêt mature Forêt exploitée

 
 
 

Figure 24 : La variation des surfaces terrières des espèces commerciales sur les deux sites

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"En amour, en art, en politique, il faut nous arranger pour que notre légèreté pèse lourd dans la balance."   Sacha Guitry