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Dynamique forestière post-exploitation industrielle: Cas de la forêt dense semi- décidue de Mbalmayo au sud Cameroun

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par Déric KEMADJOU MBAKEMI
Université de Yaoundé I - Master II géographie 2011
  

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CONCLUSION GENERALE

Le grand bloc forestier sud-camerounais recèle une importante biodiversité qui justifie autant les intérêts économiques que l'attention de la communauté scientifique internationale. Si l'exploitation industrielle de la forêt permet une rentrée considérable de devises au plan national, en même temps, elle favorise une recomposition de la biodiversité floristique. Le prélèvement des essences forestières et les aménagements de pistes et autres parcs à bois contribuent à un éclaircissement parfois poussé du couvert. A priori, une contradiction apparaît entre les objectifs économiques et la nécessité de préserver l'environnement. Comment exploiter la forêt sans la détruire ou la dégrader de façon irréversible? C'est en ces termes que se posent les problèmes liés à l'exploitation industrielle des forêts dans les pays pauvres en ces temps où la protection de la forêt loin d'être un luxe est devenue un enjeu économique. La recherche d'une réponse à cette question nous a emmené à envisager l'étude de l'évolution de la forêt au lendemain de l'exploitation au Sud Cameroun conscient que la connaissance de cette évolution peut permettre de mieux orienter et planifier son exploitation. Ainsi nous avons mené l'étude de la dynamique forestière post-exploitation industrielle avec pour ambition non seulement d'évaluer l'impact de l'exploitation forestière sur la végétation mais aussi d'étudier l'évolution de la structure et de la dynamique des peuplements forestiers après exploitation, pour en déduire des règles de gestion durable de ces écosystèmes forestiers. Il a fallu choisir une parcelle exploitée il y a 7 ans et une parcelle restée « intacte » qui a servi de placette témoin ou de site de référence pour les comparaisons.

Tout au long de cette étude, nous avons essayé de répondre à la question de savoir quels sont les effets du prélèvement des ressources ligneuses sur l'évolution de la forêt? Quelles sont les caractéristiques aux plans floristique et physionomique au lendemain de l'exploitation forestière? Ce questionnement nous a conduit à formuler les hypothèses suivantes :

· l'exploitation industrielle de l'écosystème forestier entraîne un éclaircissement et une réduction de la surface terrière et du volume en bois.

· les prélèvements d'arbres conduisent à une recomposition de la biodiversité floristique et à la raréfaction des individus de gros diamètre.

Au plan méthodologique, l'analyse synchrone basée sur des relevés floristiques d'une parcelle "vierge" d'un hectare et d'une autre de même dimension exploitée en 2002 a été privilégiée. Sur le terrain, la collecte des données s'est appuyée sur la mesure des paramètres de la structure spatiale (densité, Dbh, surface terrière) et des données de la biodiversité (richesse et diversité

spécifiques, abondance, IVI...). Sur l'ensemble des deux placettes, 2123 arbres de dbh supérieur à 5 cm ont été recensés dont 990 sur la parcelle exploitée et 1133 sur la parcelle non exploitée. Les observations croisées de ces différents paramètres ont permis d'établir les constats suivants :

· Les impacts structurels post-exploitation industrielle : l'étude révèle que l'exploitation forestière sélective ne modifie que très légèrement la structure de la parcelle exploitée. Les valeurs obtenues à partir de la mesure des paramètres de la structure spatiale sont dans l'ensemble à l'avantage de la forêt non exploitée, même si la différence avec la parcelle exploitée est parfois peu sensible. Ainsi, avec 1133 individus contre 990, la plus forte densité caractérise la forêt mâture. De plus, la surface terrière est de 28,33 m2 dans la forêt exploitée contre 36,38 m2 pour la parcelle non exploitée. Le recouvrement des couronnes est presque discontinu en forêt exploitée, alors qu'il est très peu perforé par les chablis dans la forêt mature. Le taux de recouvrement des couronnes des individus varie entre 80 et 150 % dans la placette non exploitée alors qu'il ne varie plus qu'entre 40 et 150 % dans la parcelle exploitée. Autrement dit, en plus des chablis, la parcelle exploitée est affectée par des trouées artificielles occasionnées par les coupes d'arbres qui ont réduit relativement le recouvrement des couronnes. Ceci conduit à une relative fragmentation de cette parcelle du fait de l'exploitation du bois. Ces constats faits sur la base des mesures de terrain nous permettent de valider notre hypothèse de départ selon laquelle l'exploitation industrielle de l'écosystème forestier entraîne un éclaircissement et une réduction de la surface terrière.

· Les impacts floristiques post-exploitation industrielle contredisent une opinion couramment répandue qui considère que l'exploitation forestière est à l'origine de la perte de la biodiversité. Après vérification de cette hypothèse on constate que d'un site à l'autre, il n'existe pas de grande différence en ce qui concerne la composition spécifique. A quelques rares exceptions, les différentes familles se retrouvent sur l'une et l'autre parcelle, certes en proportion variable. Il en est de même des genres et des espèces. On compte 121 genres sur la parcelle exploitée contre 122 sur la parcelle non exploitée. Au plan spécifique, l'équilibre persiste car la parcelle exploitée compte 165 espèces contre 161 pour la parcelle qui est restée relativement intacte et que nous avons considéré comme site de référence. A ce niveau on peut conclure que l'exploitation forestière sélective ne modifie pas fondamentalement la composition floristique d'un peuplement forestier. Il existe une base floristique commune à l'ensemble des deux parcelles.


· Les impacts sur l'abondance et la dominance des individus et des espèces : dans l'ensemble, les indices de similitude attestent d'une grande ressemblance entre les deux parcelles. Lorsqu'on combine les critères abondance (nombre d'individus) et dominance (taille des individus), ce sont des espèces appartenant aux familles des Ulmaceae (Celtis spp) et des Sterculiaceae (Sterculia spp, Cola spp) qui sont les plus importantes. Il en est de même des familles secondaires qui sont les mêmes dans les deux parcelles (Apocynaceae, Euphorbiaceae, Sapindaceae). Toutefois, les Violaceae (Rinorea spp) et les Ebenaceae (Diospyros spp) sont plus représentées en forêt mature qu'en forêt exploitée. Par contre, la forêt exploitée a la particularité d'une forte présence des Cecropiacea ou Moraceae (Musanga cecropioides, Myrianthus arboreus) moins représentées en forêt mature. On note aussi des différences liées par exemple à la densité des catégories d'individus. La forêt exploitée comporte 51,1 % d'individus de diamètre compris entre 5 et 10 cm pour 47,4 % dans la forêt mature. A l'opposé, on dénombre 28 grands individus (Dbh = 50 cm) dans la forêt exploitée contre 32 dans la forêt non exploitée. De plus, l'exploitation forestière semble stimuler le développement de certaines monocotylédones comme les Marantaceae et les Zingiberaceae et aussi de certaines espèces commerciales.

Notre deuxième hypothèse n'est que partiellement vérifiée car l'étude établit que l'exploitation industrielle sélective ne modifie pas très sensiblement la composition de la forêt, à moyen terme, d'une part, mais conduit tout de même à la raréfaction des individus de gros diamètre d'autre part. Pour le cas particulier des espèces à bois précieux, les deux parcelles partagent les mêmes caractéristiques en terme de biodiversité mais pas en taille. De plus, la parcelle exploitée a mis en évidence des espèces ayant un rôle important dans les successions forestières. Les connaissances sur le fonctionnement naturel des forêts et de leur reconstitution après dégradations sont essentielles car elles constituent les bases scientifiques permettant de proposer des méthodes sylvicoles de réhabilitation de zones dégradées. Elles permettent également aux acteurs impliqués dans l'exploitation de la forêt d'agir en connaissance de cause pour planifier le rythme des rotations d'exploitation et éviter une dégradation irréversible de la forêt.

Au bilan, la dynamique forestière 7 ans après exploitation se traduit par le développement des herbacées appartenant à la famille des Zingiberaceae et des Marantaceae, le développement des jeunes arbres et arbustes de la classe de 5-10 cm qui assurent la régénération forestière et la multiplication de certaines espèces héliophiles tels que Musanga cecropioides, Macaranga sp.

Cette étude aurait pu être encore plus intéressante si elle avait associé la méthode diachronique à la méthode synchronique en prenant par exemple appui sur des photographies aériennes prises sur la période d'étude considérée, mais aussi si elle s'était faite sur une chronoséquence plus longue, en prenant par exemple d'autres parcelles de forêt post-exploitation de 15, 25 et 40 ans. L'épaisseur de temps ainsi considérée nous aurait permis de mieux apprécier l'évolution de la réaction de la forêt à l'exploitation sélective. Mais, compte tenu du temps relativement court imparti à notre étude et de la modicité des moyens à consacrer à des relevés de grande ampleur, nous nous sommes limités à l'étude d'une seule parcelle 7 ans après son exploitation. Les éléments de la dynamique constatée dans ce cas ne seront pas forcément les mêmes que ceux qu'on pourra observer sur une parcelle 40 ans après son exploitation. La dynamique de la forêt sera déjà rendue à une autre phase de son évolution. Il serait donc souhaitable de compléter ce travail par une étude couvrant des parcelles exploitées plus âgées.

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