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Dynamique forestière post-exploitation industrielle: Cas de la forêt dense semi- décidue de Mbalmayo au sud Cameroun

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par Déric KEMADJOU MBAKEMI
Université de Yaoundé I - Master II géographie 2011
  

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III- PROBLEMATIQUE

L'Afrique centrale qui intègre le bassin forestier du Congo présente, après le bassin de l'Amazonie, la deuxième plus vaste étendue contiguë de forêt tropicale humide. Celle-ci occupe une surface d'environ 2 millions de km2 (Mayaux et al, 2006)1. Plus particulièrement, les forêts du bassin du Congo réparties entre le Cameroun, la RCA, le Congo, la RDC, la Guinée Equatoriale et le Gabon, constituent par endroits de vastes espaces ininterrompus considérés comme des «forêts frontières» (WRI, 2000). Ce nom attribué par le WRI désigne les zones forestières primaires suffisamment grandes pour que l'écosystème reste intact à long terme. Elles constituent donc un réservoir génétique pour les espèces animales et végétales et un important bassin de stockage de CO2. On y compte près de 400 espèces de mammifères, 1000 espèces d'oiseaux, 200 espèces d'amphibiens, 300 espèces de reptiles et plus de 900 espèces de papillons (Duveiller et al 2007). Ici, l'accroissement de la population, les difficultés économiques, l'ouverture des fronts pionniers, les besoins en bois d'oeuvre et l'émergence des opportunités de marché en Asie en l'occurrence sont à l'origine de la forte pression que l'on observe sur ces forêts. Pour les pays d'Afrique centrale essentiellement pauvres, l'exploitation forestière représente une part très importante des revenus d'exportation (Hall et al 2002). Celle-ci est la cause d'un taux de déforestation annuel estimé à 0.21% et de dégradation de près de 0.15% (Duveiller, op.cit.). Même si à l'échelle régionale cette déforestation est peu importante comparée à celle observée dans d'autres zones (Afrique de l'Ouest par exemple ou Asie du Sud est), il est à craindre des répercussions importantes sur les forêts du bassin du Congo.

Du fait de son appartenance à cet ensemble, le Cameroun présente sur sa partie méridionale une importante couverture forestière estimée à 22 millions d'hectares par la FAO (1998), soit environ 45 % du territoire national. Avec cette superficie, il est placé au deuxième rang des pays forestiers africains après la République Démocratique du Congo. L'espace forestier camerounais représente un volume total en bois de 4 milliards de m3 soit 12,6 % des forêts denses tropicales mondiales (Ngoufo, 2005). La grande richesse de cette forêt en essences exploitables en a vite fait un enjeu économique. Ainsi, les activités d'exploitation forestière du Cameroun commencent au début du XXè siècle sous la colonisation allemande. Letouzey (op. cit.) situe les origines de ces activités à partir de 1906. Elles se développent d'abord en zone côtière avant de gagner

1 Mayaux P., Defourny P., Devers D., Hansen M., Duveiller G.2006. «Cartographie et évolution du couvert forestier en Afrique centrale», Etat des forêts d'Afrique centrale .PP 80-89

progressivement l'intérieur à la faveur de la multiplication des voies de communication, surtout le chemin de fer. Cette exploitation s'est poursuivie sous la période franco-britannique. Au lendemain de son indépendance, le Cameroun comme tous les autres pays en voie de développement présente une économie essentiellement fondée sur le secteur primaire. Cette économie est d'abord développée grâce aux produits agricoles de rente comme le cacao et le café. Le pétrole prendra le relais par la suite du fait de l'effondrement des prix des grands produits agricoles sur le marché international. Avec la crise économique de la fin des années 80, la forêt apparaît comme un capital plus important dont il faut profiter pour assurer le développement économique et social. Pour l'Etat et les exploitants forestiers, la forêt constitue une importante source de dévises. En effet, le Cameroun est devenu le deuxième grand exportateur africain de bois après le Gabon et en tire une partie importante de son PIB. Selon la Direction des forêts, les recettes forestières sont passées de 36,3 milliards en 1984-1985 à 53,4 milliards de francs cfa en 1993. Les recettes fiscales dérivées sont elles aussi passées de 4,5 milliards à 8 milliards dans la même période. Mais cette participation au PIB s'est malheureusement accompagnée d'une dégradation de la couverture végétale c'est-à-dire un ensemble de changements progressifs introduits dans les forêts, changements parfois difficiles à déceler et à quantifier. La FAO utilise l'expression « dégradation forestière » pour désigner « les changements de catégorie de forêt affectant négativement le peuplement ou le site, et abaissant ainsi sa capacité de production de biens et/ou de services »2.

L'exploitation forestière pour le bois d'oeuvre est ainsi considérée comme un facteur de dégradation des forêts denses. Cette dégradation est qualitative et peut entraîner la disparition des porte-graines de certaines espèces parmi les plus prélevées, mettant en cause les possibilités de régénération naturelle. La forêt dense camerounaise a ainsi été marquée par son intense exploitation qui devait se traduire par des modifications parfois difficilement perceptibles. En même temps, l'exploitation forestière a été citée parmi les causes de déforestation3.

2 FAO cité par Tsayem, 2002.

3 Le concept de déforestation, qui diffère selon les auteurs, signifie ici la diminution ou la perte de la biodiversité de la forêt. Pour Puig (2001), le concept renvoie à la transformation du couvert végétal d'un état « naturel » à un état artificialisé qui peut entraîner la perturbation du fonctionnement de l'écosystème. Pour la FAO, la déforestation « implique la disparition durable ou permanente du couvert forestier ainsi que le passage à une autre utilisation des terres (...). Elle inclut aussi les cas où la surexploitation et la modification de l'environnement affectent la forêt de façon telle qu'elle ne peut maintenir un couvert arboré dépassant le seuil de 10 % » (FAO, 2001, cité par Tsayem). Pour la FAO, le terme déforestation « exclut spécifiquement les zones où les arbres ont été enlevés par exemple pour en exploiter le bois et où la forêt devrait se régénérer soit naturellement, soit avec l'aide de mesures sylvicoles ». En d'autres termes, la déforestation est la transformation ou la conversion des forêts en d'autres types de couvert, plus ou moins dépourvus de végétation ligneuse (Tsayem, 2002).

En 1980, le rythme de déforestation au Cameroun était estimé à 80 000 ha par an par la FAO. Entre 1980 et 1995, près de 2 millions d'hectares de forêt ont disparu (WRI, 2000). L'évolution du couvert forestier entre 1990 et 2000 indique un taux de déforestation de 0,9% au Cameroun, soit le maximum absolu dans la sous-région Afrique centrale (FAO, 2001 cité par Makon Wehiong et al, 2005). L'espace forestier sud-camerounais est désormais considéré comme un "hot spot", un espace présentant un risque majeur de déforestation (Mayaux et al, 2003).

La région de Mbalmayo n'a pas échappé à cette ruée sur les ressources ligneuses de la forêt. Avec la construction de l'embranchement de chemin de fer Mbalmayo-Otélé terminé en 1927 et l'aménagement d'un quai fluvial sur le Nyong en 1934, l'arrondissement connaît une forte exploitation forestière doublée d'une importante activité agricole qui ont fortement contribué à amenuiser et à dégrader son espace forestier. Il a par exemple perdu 54 786 ha de forêt entre 1952 et 1985, soit un taux de déforestation annuel de 2,9 % (Mbida Fils, 1999). De nombreuses entreprises (COCAM, ECAM Placages, IBC, PK...) se sont très tôt installées dans la région et ont écrémé les forêts alentour. Leur activité n'a pas été sans dommages pour le couvert végétal car elle a modifié forcément la physionomie des forêts tout comme la composition floristique des peuplements végétaux. L'exploitation commerciale du bois constituant une grande menace pour l'intégrité des forêts (Verbelen, 1999), elle soulève forcément des problèmes écologiques qui reposent sur la problématique de la préservation des écosystèmes forestiers et la conservation de leur biodiversité. C'est de ce constat que nait la nécessité de s'interroger sur le scénario de l'évolution de ces espaces abandonnés par les exploitants forestiers.

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"L'ignorant affirme, le savant doute, le sage réfléchit"   Aristote