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Potentiel et dynamique des stocks de carbone des savanes soudaniennes et soudano- guinéennes du Sénégal

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par Cheikh Mbow
Université Cheikh Anta Diop de Dakar - Doctorat d'état en sciences 2009
  

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I.12. La recherche sur le stock de carbone ligneux au Sénégal

La question du carbone n'a été que récemment un centre d'intérêt pour les pays sahéliens, même si les efforts de reboisement et de reconstitution des terres dégradées ont été un aspect central des politiques nationales de conservation des sols et des ressources forestières. Dans un premier temps, la pertinence du reboisement a été mise en relation avec la production agricole et les phénomènes d'érosion. En sus de ces aspects, le carbone des écosystèmes est devenu une source d'enjeu économique, écologique et social en relation avec les développements récents relatifs aux changements climatiques (Woomer et al., 2001; Elberling et al., 2002; Woomer, 2003; Liu et al., 2004; Parton et al., 2004; Tschakert et al., 2004; Tschakert et Tappan, 2004; Tschakert, 2004; Wood et al., 2004; Woomer et al., 2004a; Woomer et al., 2004b; Mbow, 2005; Mbow et al., 2008). La littérature montre que très peu d'études ont été consacrées au stock de carbone ligneux dans les écosystèmes de savane du Sénégal. La plupart des études portent soit sur le carbone du sol (Elberling, et al., 2002;

Tieszen et al., 2004; Tschakert et al., 2004; Takimoto et al., 2008) soit sur une estimation de la biomasse ligneuse basée sur des modèles écologiques (Manlay et al., 2002; Manlay et al., 2004; Gray et al., 2005; Mbow, 2005; Lufafa et al., 2008). L'estimation du carbone ligneux requiert une base d'information consistante à partir de données d'inventaire qui sont peu nombreuses (Sambou, 2004). Le Sénégal n'a pas encore réalisé l'inventaire national de ses formations forestières même si le PROGEDE a fait un effort considérable dans cette direction avec la mise en place d'un SIEF (Système d'Information Ecologique et Forestier). Les inventaires nationaux ont permis dans de nombreux pays de faire un inventaire du carbone de la végétation ligneuse sans avoir recours à des processus d'approximation issue des modèles. Au Sénégal, les travaux de l'ISE dans les Forêts Classées et les Parcs Nationaux, constituent une base utile pour estimer les stocks de carbone et leur dynamique, (Sambou, 2004).

Pour combler le manque d'information, la plupart des analyses des stocks de carbone a été basée sur des modèles comme CENTURY. En utilisant le modèle CENTURY, Liu et al. (2004) ont pu estimer une perte de 37 % du stock de carbone entre 1900 et 2000 au niveau du sol et de la végétation au Centre Sud du Sénégal. Les résultats du modèle indiquent une tendance à la diminution qui ne peut être corrigée qu'avec des mesures d'aménagement et de gestion durable. Utilisant le même modèle, Parton et al. (2004); Woomer et al. (2004a) et Woomer et al. (2004b), ont essayé de suivre l'évolution du carbone dans le temps en fonction des types d'utilisation des terres, et en s'appuyant sur des données de terrain. Les résultats ont montré une perte de 0,477 Gt de carbone de 1850 à 2000. Woomer (2004) a essayé de relativiser ces pertes en fonction de 11 types d'utilisation des terres et en fonction de différentes périodes. Par contre selon ces mêmes auteurs, une amélioration des pratiques de gestion pourrait permettre une augmentation de 0,116 Gt de C de 2000 à 2100. Dans la même lancée, Lufafa et al. (2008) ont couplé CENTURY avec un Système d'Information Géographique (SIG) pour générer des données de distribution spatiale de carbone dans le vieux bassin arachidier. Ces derniers travaillant dans les zones de jachères à Guiera senegalensis dans la région de Thiès ont montré des stocks de carbone variant entre 0,01 à 0,45 Mg C/ha. Ils ont conclu que la séquestration de carbone de ces jachères dépend dans le long terme d'un aménagement sans utilisation des feux sur les résidus agricoles et sur la biomasse issue de la préparation des champs ; elle dépend aussi des types de sols et des scénarios d'aménagement. Les travaux de Lufafa et al. (2008) montrent que si on arrive à maintenir un retour des défrichements tous les 50 ans, on pourrait augmenter les stocks de carbone de 200 à 350 % au niveau de la végétation (sans fertilisation) et de 270 à 483 % au niveau des sols (avec un peu de fertilisation). Ainsi ces résultats montrent qu'il existe un réel

potentiel de séquestration de carbone des terres dégradées ; il suffit pour cela d'un aménagement approprié.

Ces estimations sont certes utiles mais doivent être mises en relation avec la réalité de terrain et la mise en ~uvre de stratégies appropriées pour une amélioration du stockage de carbone. C'est ce que Woomer et al. (2004b) ont constaté en étudiant les stocks de carbone de la végétation et du sol sur 5 sites le long d'un transect Nord-Sud dans la zone sahélienne du Sénégal. Les données collectées leur ont permis d'estimer le biovolume à partir du taux de couverture et la hauteur moyenne du couvert. Des mesures de terrain ont aussi permis à Touré, (2002) de procéder à des analyses de sols, pour estimer les quantités de carbone du sol en mettant l'accent sur les différences pédologiques et l'existence ou non de pratiques agricoles. Cette étude a permis d'estimer les stocks de carbone des sols dans l'ordre de 20 tG/ha pour les sols sableux et 40 tC/ha pour les sols argileux des zones cultivées du bassin arachidier du Saloum Oriental. Les stocks sont de 31tC/ha (sol sableux) et 64 tC/ha (sol argileux) pour les sols non cultivés de la même zone. D'autres études plus ouvertes sur le Sahel ont été menées par Takimoto et al. (2008) dans des systèmes agroforestiers (300-700 mm/an) ; ces études montrent que les stocks de carbone de la biomasse au Sahel varient entre 0,7 et 54 Mg C/ha, alors que les stocks de carbone du sol varient entre 28,7 et 87,3 Mg C/ha. Ces données permettent de dire que les sols ont plus de carbone que la biomasse, mais il faut remarquer que la dynamique de séquestration du carbone est une chaine qui commence par la photosynthèse. Le carbone du sol dépend largement de ce que la végétation est capable de fixer. Le carbone du sol n'est pas éligible aux MDP, mais il est important de bien le conserver pour améliorer les activités de production agricole car il s'agit d'une composante essentielle de la fertilité des terres de culture (Tieszen et al., 2004).

Pour compléter ces analyses purement physiques, Tschakert et al. (2004); Tschakert et al., (2004) et Mbow (2008) ont noté que malgré la dégradation des ressources dans le Bassin Arachidier du Sénégal, les systèmes agricoles locaux adoptent des stratégies d'adaptation avec une diversité de méthodes de fertilisation des sols. Ces auteurs proposent ainsi une approche d'amélioration de la séquestration du carbone basée sur les techniques locales.

Ces études ont le mérite de dégrossir la question du stock et de la dynamique du carbone au Sénégal. Cependant, elles n'ont pu bénéficier de données de terrain abondantes pour calibrer les estimations issues des modèles qu'ils ont utilisé. Par ailleurs, la quantité de données collectées sur le terrain reste également insuffisante pour une meilleure estimation du stock de carbone dans les différents écosystèmes. En effet les sites étudiés sont presque tous

localisés dans le Nord du pays alors que l'essentiel du potentiel végétal ligneux du Sénégal est situé dans la moitié Sud du pays (voir carte de végétation, figure 7).

Conclusion

Cette synthèse générale montre que le réchauffement climatique est un fait réel dont la manifestation directe est une augmentation des températures terrestres du fait de l'augmentation graduelle des gaz à effet de serre (GES) de l'ordre de 1,4 ppm/an. Les impacts de ces changements climatiques sont nombreux et affectent différents secteurs de la vie économique par la modification des processus biophysiques qui jusque là ont connu un certain équilibre relatif. Pour agir efficacement, la Convention Cadre des Nations Unies sur les Changements Climatiques à travers de nombreuses conférences des parties a pu amener la communauté internationale à s'engager à mener des efforts de réduction des GES émis (pays Annexe I) ou à participer aux efforts de fixation de carbone atmosphérique à travers des projets MDP financés par les pays pollueurs du Nord au profit des pays en voie de développement du Sud (Pays non Annexe I). Les MDP peuvent être de différentes formes, et on en trouve dans l'industrie, les mines, le secteur énergétique, au niveau des déchets, etc. Le secteur sur lequel l'Afrique a un grand intérêt est celui des MDP foresterie qui permet de contribuer doublement aux objectifs de la Convention, notamment sur l'atténuation et l'adaptation aux changements climatiques.

Le secteur forestier est compté parmi les secteurs les plus dynamiques et les plus prometteurs de l'atténuation des changements climatiques. Il s'agit aussi d'un secteur qui mérite une attention particulière du fait de sa forte vulnérabilité aux modifications du climat. Les impacts des changements climatiques ont déjà affecté plusieurs écosystèmes à travers des modifications significatives des températures et des précipitations. L'homme, par son lot de besoins en produits ligneux, vient entamer les formations forestières et crée un déséquilibre parfois irréversible dans les fonctions naturelles du couvert végétal. Ainsi, en relation avec les changements climatiques, les forêts sont considérées à la fois comme facteur contribuant au problème (dégagement de GES, feux de brousse), mais aussi et en même temps comme un secteur à investir pour résoudre en partie le problème des GES par la séquestration accrue des GES.

Il faut noter cependant qu'il existe une grande variété dans les formations végétales, avec des capacités de séquestration qui dépendent du contexte, des impacts climatiques ou humains subis, des types d'espèces rencontrées et des formes d'aménagement mises en ~uvre. Cette synthèse de l'état de la question nous permet de voir clairement que le futur de

la séquestration du carbone se situe sous les tropiques, avec une marge de manuvre en termes d'espace disponible et des possibilités énormes d'amélioration des modes d'aménagement et de gestion. Aussi, pour des raisons liées au principe du Protocole de Kyoto et à ses objectifs, les pays en voie de développement sont-ils les réceptacles des projets MDP foresterie pour amener les pays industrialisés à investir dans ces projets.

Des avancées scientifiques sont notées dans le sens d'une meilleure connaissance des stocks de carbone des savanes, mais il reste beaucoup d'incertitudes sur les dynamiques végétales qu'on ne peut tenter de combler qu'avec une collecte d'informations directes sur le terrain. Ce mémoire conduit dans la moitié Sud du Sénégal est une contribution dans ce sens. La description du milieu biophysique de la zone d'étude permettra de mieux comprendre le contexte géographique de l'étude.

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"Soit réservé sans ostentation pour éviter de t'attirer l'incompréhension haineuse des ignorants"   Pythagore