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Potentiel et dynamique des stocks de carbone des savanes soudaniennes et soudano- guinéennes du Sénégal

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par Cheikh Mbow
Université Cheikh Anta Diop de Dakar - Doctorat d'état en sciences 2009
  

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Section 16.03 VII.3. Complexité et portée pratique de l'adaptation

L'adaptation est une notion très complexe. Elle relève d'interactions complexes entre les facteurs de vulnérabilité (facteurs humains et physiques) et les éléments de réponses (économiques, techniques, sociale, politiques) structurées par les populations.

Plusieurs modèles conceptuels ont été proposés pour caractériser la vulnérabilité et l'adaptation. Le modèle développé par Huq et Reide (2002) montre des interrelations complexes entre l'adaptation et les facteurs qui l'influencent.

Figure 93. Diagramme de l'adaptation (Huq et Reide, 2002)

D'autres modèles simplifiés ont été proposés par Adejuwon et al. (2001); Burton et al. (2001); Olmos (2001); Adger et Brooks (2003); Thomas et al. (2005) ; Burton et al. (2002) ; Winograd (2006) mais ils ont tous en commun une vision transversale qui fait intervenir des facteurs humains et physiques montrant essentiellement que l'adaptation est un facteur dynamique qui a commencé bien avant et qui est en mutation perpétuelle dans le temps et dans l'espace. C'est grace aux ajustements des pratiques des populations aux nouvelles conditions

environnementales que les populations du Sahel ont été résilientes aux différentes modifications du climat. Ces mutations sont elles-mêmes fonction de la dynamique des facteurs structurants qui sous-tendent la vulnérabilité (facteurs climatiques, économiques, politiques, environnementaux, ..) et des capacités des systèmes d'apporter des réponses adéquates.

Dans la CCNUCC, il existe deux formes d'adaptation qui impliquent deux types de stratégies. Le premier consiste à prévenir les interférences graves des activités humaines sur l'atmosphère avec la concentration de gaz à effet de serre, il s'agit là de l'atténuation. Le second consiste à minimiser la vulnérabilité des sociétés humaines et des écosystèmes aux changements climatiques par les processus d'adaptation. Dans les deux cas, il est nécessaire de mesurer l'impact des changements climatiques pour dimensionner l'effort sur la forme d'adaptation choisie. Les enjeux pour des pays comme le Sénégal se situent au niveau de la réduction de la vulnérabilité. Selon Burton et al (2002), il existe un dilemme entre l'effort d'atténuation et celui d'adaptation. Selon cet auteur, plus l'impact est important plus l'effort d'atténuation l'est; mais plus l'effort d'adaptation est grand pour la réduction de la vulnérabilité, moins il sera urgent de réduire les émissions de GES. Il faut équilibrer entre les efforts d'atténuation et ceux d'adaptation en utilisant une approche appropriée.

Dans la même lancée, Burton et al. (2002) et Winograd (2006) ont essayé de proposer un canevas permettant d'harmoniser l'approche d'évaluation de la vulnérabilité en simplifiant la prise en compte des relations entre les différents facteurs. La figure 94 insiste sur la mise en relation dynamique entre les impacts et la vulnérabilité pour mieux appréhender les formes d'adaptation, plus particulièrement celle dite autonome et qui relève des populations affectées.

Figure 94. Liens entre Changements Climatiques, Adaptation et Atténuation (Burton et al., 2002 ; Huq et al., 2003).

Dans la plupart des cas, le climat n'affecte les sociétés humaines qu'indirectement par la modification des conditions et du milieu de vie. Pour les sociétés humaines dépendantes des ressources naturelles pour leur survie, les effets des changements climatiques sont à la fois directs et indirects puisque ces sociétés ne se donnent pas de marges de manuvre pour d'éventuelles modifications des conditions climatiques.

L'adaptation peut prendre plusieurs formes. Selon Adejuwon et al (2001), les adaptations communautaires sont invariablement des réponses réactives aux stress issus des changements climatiques sans interventions des services publics. Parallèlement on peut avoir une série de mesures structurelles à travers la mise en ~uvre de stratégies nationales visant à réduire au Sénégal la vulnérabilité des populations dans plusieurs domaines :

- agricole (exemple GOANA, REVA),

- forestier (projets pour satisfaire les besoins en produits ligneux)

- stress hydrique (bassins de rétention, Projet Sectoriel Eau, amélioration des systèmes d'irrigation) ;

- niveau de revenu des populations (microcrédits, subventions, diversification des activités de production) ;

- social (dynamique organisationnelle, éducation, santé) ;

- démocratique (bonne gouvernance, démocratie interne), etc.

Les formes d'adaptation communautaires sont les plus difficiles à réussir du fait de la pauvreté chronique de certaines communautés. Que l'adaptation soit une initiative directe des populations ou initiée par l'Etat, elle est toujours un processus complexe pas exclusivement et nécessairement lié aux changements climatiques. D'autres déterminants peuvent influencer la vulnérabilité des populations en plus des changements climatiques. On peut citer les plus apparents que sont les politiques de développement mal adaptées (ajustement structurel) et la dynamique des prix de produits de base sur le marché international (prix de l'arachide, prix du pétrole, prix du cacao) (Adger et Brooks, 2002). La figure 103 donne une idée simplifiée du concept d'adaptation en Afrique (Mbow et al., 2008). Les formes d'adaptation planifiées peuvent être réactifs (pour les chocs et les stress) ou anticipatif pour contenir des impacts prévus des changements climatiques.

Un aspect important de la vulnérabilité et de l'adaptation est sa dimension historique. L'analyse dans le temps est non seulement un regard sur les formes d'adaptation du passé, mais aussi une analyse de la façon dont un groupe social projette de construire son avenir et d'en mesurer l'adéquation par rapport aux défis annoncés par la tendance actuelle. Le recours au passé peut se faire grâce aux profils historiques utilisés par les sociologues, mais aussi à la revue de la littérature et des archives qui capitalisent des réponses que chaque communauté a pu développer face à des problèmes environnementaux. L'ouverture vers le futur est moins évidente et n'est basée à l'heure actuelle que sur un développement de scénarios ou de modèles conceptuels du genre « si. alors » sans beaucoup de certitude vu le caractère dynamique et quelque peu aléatoire de l'adaptation (plus on s'ajuste au système, plus on le maîtrise et moins on devient vulnérable). Sur ce plan, certains spécialistes proposent l'approche par analogie qui veut qu'on cherche des conditions similaires des manifestations des changements climatiques dans le passé ou au niveau d'autres groupes sociaux contemporains et identifier les stratégies (les bonnes) ayant permis de survivre aux conditions difficiles liées au climat (Adger et Brooks, 2002). Là-dessus, la dimension culturelle (réceptivité des technologies colportées, barrières culturelles), pourrait constituer un problème dont il faut tenir compte.

Il existe une grande variété dans les formes d'adaptation, mais dans bien des situations où la vulnérabilité est très avancée (état de pauvreté extrême), les solutions sont difficiles à envisager dans des formes d'adaptation autonome. Dans des conditions de pauvreté, les formes d'adaptation qui accrochent plus les populations sont celles où le retour à l'investissement se fait dans un très court terme, du fait de l'urgente nécessité à trouver une

solution de survie. L'auto adaptation peut être entravée par certaines barrières notamment financières (microcrédit), institutionnelles/juridique (police forestière, décentralisation) ; ou le manque d'expertise pour le développement de l'innovation locale (capacités techniques). C'est pour ces raisons, en grande partie, que l'adaptation des populations locales porte sur des solutions simples à bénéfice immédiats. Parfois, cette préférence pour les solutions à action rapide dévie les populations locales des perspectives du long terme. Et quand le court terme l'emporte, on peut engager des alternatives qui mettent en péril les ressources dans le long terme (« advienne que pourra »). C'est ainsi qu'on a souvent vu des populations s'adonner à la collecte de ressources forestières notamment le bois de valeur et les fruits. Les bénéfices qu'on peut en tirer incitent à une exploitation aussi démesurée que non planifiée et dans un temps assez court. Cette situation entraînant alors un épuisement rapide de la ressource. La vulnérabilité qui a été atténuée en apparence pendant un court terme devient encore plus cruciale parce que la ressource sur laquelle on s'est basée est vite dilapidée. C'est pour cette raison que les plans d'aménagement et de gestion sont essentiels à la gestion des ressources naturelles.

Chaque groupe social a eu à faire face dans le passé à des défis environnementaux qui ont nécessité des formes d'adaptation variables en nature et en engagement communautaire. Il s'agit donc d'une construction sociale influencée par des dynamiques politiques et institutionnelles (Adger et al., 2003).

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"En amour, en art, en politique, il faut nous arranger pour que notre légèreté pèse lourd dans la balance."   Sacha Guitry