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Potentiel et dynamique des stocks de carbone des savanes soudaniennes et soudano- guinéennes du Sénégal

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par Cheikh Mbow
Université Cheikh Anta Diop de Dakar - Doctorat d'état en sciences 2009
  

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(d) VII.6.4. Les réponses adaptatives communautaires

Les formes d'adaptation sont nombreuses et variées. Il est difficile, partant du cas du Saloum Oriental, de lier les réponses adaptatives aux seuls changements climatiques. Les facteurs économiques et politiques sont tout aussi déterminants dans le processus d'appauvrissement des populations locales. Pour simplifier l'analyse, nous présentons les formes d'adaptation selon une typologie qui dépendra des options et des formes d'adaptation, mais aussi selon les échelles de temps et d'espace de l'adaptation sur la zone étudiée.

Les populations peuvent développer des stratégies d'amélioration de la production agricole (adaptation au champ) ou explorer d'autres activités permettant d'assurer leur survie (adaptation hors champ). Les formes d'adaptations au champ sont très variables.

* Les agriculteurs développent des stratégies de reconstitution de la fertiité de terre à travers les options suivantes (adaptation réactive et préventive) :

- la fertilisation organique : utilisation de quelques résidus agricoles, des bouses de

vache, en lieu et place des fertilisants minéraux qui sont chers et peu accessibles ;

- la promotion de l'agroforesterie qui consiste à promouvoir un nombre d'arbres plus

important dans le champ et autour du champ (haie vive) pour d'une part atténuer

l'érosion, et d'autre part faire jouer à l'arbre (surtout Faidherbia albida et Cordyla

pinnata) le rôle de pompe de nutriments profonds que les racines des plantes cultivées ne peuvent atteindre ;

- les jachères de courte durée pratiquées de plus en plus sont une réponse à la saturation foncière. Il s'agit donc d'une réponse au manque de terre. Cependant, quand les jachères sont courtes, elles ne permettent de reconstituer la fertilité du sol. Dans de tel cas on parle de mal-adaptation.

* Les changements de techniques et d'options culturales (adaptation préventive et planifiée) :

- alternance de cultures (alternance de plantes fixatrices d'azote comme l'arachide à des plantes vivrières comme le mil) ; cette approche réduit les pertes rapides de fertilité des sols et est combinée à un choix de semences à cycle court ;

- diversification agricole, par l'introduction et la promotion de nouveaux cultivars comme le bissap, le melon d'eau, le sésame, qui peuvent générer des revenus et compenser les faibles performances de la culture arachidière. Les cultures introduites sont adaptées aux conditions de faible pluviométrie. Il faut aussi noter que dans la zone, la culture vivrière du mil a pris une grande importance pour des raisons de sécurité alimentaire des populations locales, mais aussi parce que le mil est devenu un important `vivrier marchand' des centres urbains en pleine expansion (en particulier Touba, Kaolack et Dakar) ;

- utilisation des bas fonds, moins inondés et l'abandon de certains champs de plateaux aux sols pauvres ;

- promotion de la culture de contre saison, avec notamment le maraîchage comme activité émergente, promue par des projets de développement et des ONG ; le maraîchage occupe ainsi les populations pendant la période sèche longue de 8 mois, ce qui leur permet d'avoir des revenus additionnels non négligeables, tout en améliorant leur niveau de vie ;

- le développement de l'élevage intensif (stabulation).

A côté de ces stratégies au champ, d'autres initiatives adaptives sont développées dans d'autres secteurs de la vie économique et sociale afin d'atténuer les impacts des contraintes liées à la variabilité climatique et aux facteurs politico-économiques.

Les dynamiques récemment observées dans le Saloum Oriental montrent une amélioration de la dynamique organisationnelle en termes de solidarité de groupe. Les populations mettent en place, avec l'appui des projets de développement ou des ONG des comités locaux appelés Organisations Communautaires de Base (OCB) qui peuvent être des Comités

Villageois de Développement (CVD), des Groupements de Promotion Féminines (GPF), des Groupements d'Intérêt Economiques (GIE), des Associations Sportives et Culturelles (ASC), des organisations d'orientation socio-religieuses ou Dahiras, etc. Cette dynamique organisationnelle est réconfortée par le contexte de décentralisation qui donne plus de responsabilités aux Collectivités Locales, responsables de la gestion des ressources naturelles entre autres compétences transférées. La mise en place de Plans Locaux de Développement (PLD) montre un souci de mise en cohérence de la politique locale avec une identification des acteurs et des interventions prioritaires susceptibles de promouvoir le développement à la base. Cependant, les PLD écrits en français ne sont pas accessibles à la majorité des populations locales. Dans de nombreux cas, les PLD représentent plus une liste de souhaits, de projets à faire par l'Etat, ou des bailleurs de fonds extérieurs ou les ONG, qu'une stratégie cohérente permettant d'identifier les problèmes de gestion durable des ressources naturelles. Il faut retenir toutefois que les réseaux sociaux et les organisations sociales constituent la première ligne de défense des ménages pour faire face aux chocs et met en avant les femmes qui du fait de certaines pesanteurs sociales se déplacent moins facilement que les hommes.

Ce contexte nouveau est confronté cependant à des barrières liées au financement des besoins prioritaires, à la connaissance des textes de la décentralisation et aux questions de démocratie interne (Ribot, 1998 ; Ellison, 2004). Il est reconnu que la diversification des revenus en milieu rural et la mise en place de services financiers desservant les populations rurales sont les domaines de politiques et de dépenses publiques accusant des lacunes importantes. En outre, la présence encore apparente de l'Etat dans la politique d'exploitation forestière limiterait les capacités de contrôle de la dégradation des ressources forestières par les populations locales.

Une autre dynamique positive est l'engagement plus significatif tourné vers l'alphabétisation et l'éducation de base. La zone du Saloum Oriental comme pour plusieurs zones du Sénégal tire profit du programme structurel de l'Etat pour améliorer l'éducation de base et le niveau d'instruction des populations. Les capacités d'innovation et l'utilisation efficiente des ressources naturelles requièrent un bon renforcement des capacités techniques locales. L'engouement et l'intéret porté à l'éducation s'explique par une volonté de plus en plus marquée de recherche d'un emploi salarié sécurisé plutôt que la dépendance à une production agricole contingente. Les interventions diverses et variées des structures de développement fortifient cette volonté de renforcement des capacités locales dans le cadre des approches participatives qui privilégient les besoins des populations locales.

Par ailleurs, des actions de terrain menées pour réduire l'occurrence des feux de brousse, améliorer la couverture végétale par des activités de reboisement ou de mise en défens sont autant de réponses à la dégradation de l'environnement. A ce niveau, beaucoup d'efforts de communication sont menés à travers les radios rurales ou communautaires, les assemblées villageoises, etc. Ces actions sont parallèlement conduites avec une valorisation commerciale de certains produits forestiers ligneux et non ligneux (Mertz et al., 2009). Cette dernière option est encore marquée par des tares qu'il faut corriger pour que le souci du profit immédiat, favorisé par les opportunités des marchés (louma ou marchés hebdomadaires), ne prenne le dessus sur la conservation durable des ressources forestières.

L'une des formes d'adaptation non agricole les plus sensibles en termes social et économique est la migration des populations. Une des premières réponses à la dégradation des ressources naturelles, base de survie des populations, est d'aller faire fortune ailleurs (Mertz et al., 2009). Les études sur les migrations rurales montrent qu'il s'agit d'une question complexe. De façon générale, les ruraux se déplacent par étapes, d'abord en direction des villes secondaires (Touba, Kaolack), vers les villes côtières comme celles de la zone des Niayes, Saint-Louis et Mbour (pour la pêche et le maraîchage) ; ensuite une bonne partie arrive à Dakar pour se déployer dans le secteur dit `informel'. Puisque l'agriculture n'est plus `compétitive' comparée au recyclage des ordures, au petit commerce urbain, au travail de gardiennage, à l'agriculture périurbaine, les populations rurales sont attirées par les grandes villes et étoffent les grands effectifs de population, surtout de celle de Dakar. La chaine de migration explique le regroupement des familles au niveau des quartiers périphériques dans des conditions écologiques et économiques très précaires (Mbow et al., 2008).

Quelque soit les réponses apportées à la dégradation de l'environnement, on peut faire une analyse temporelle ou spatiale fine permettant de mieux caractériser les dynamiques en cours. En effet, l'adaptation peut concerner des réponses individuelles sur de petites surfaces (le lopin de terre, la vie du ménage), ou collectives (reboisement, projets de groupes au sein des OCB, initiatives des CR). Ces réponses peuvent aussi être menées comme des réactions immédiates à un problème ponctuel (vendre du bois pour inscrire son enfant à l'école, produire du charbon pour payer les frais sanitaires d'un malade), ou se projeter dans le long terme par l'implantation de vergers, ou la mise en défens forestier. Parfois, le court terme peut constituer une contrainte sur le long terme ; par exemple une forte exploitation de bois de Vèn (Pterocarpus erinaceus) pour gérer des besoins immédiats peut nuire à la conservation durable des ressources naturelles si l'ampleur de cette forme d'exploitation est grande et si elle est non planifiée.

Chacun des éléments de réponse développés dans le cas du Saloum Oriental constitue une simplification et un rappel des grands facteurs qui jouent dans la vulnérabilité et l'adaptation. L'idée est de comprendre l'interaction des mécanismes fonctionnels qui régissent la dynamique de l'environnement et les réponses dynamiques des populations par rapport à sa dégradation. La figure 103 est une synthèse des idées développées ici. Elle permet de mieux comprendre comment se pose la question de l'adaptation dans le Saloum Oriental.

Figure 103. L'adaptation est une réponse à plusieurs stress dont les changements climatiques. Source : Mbow et al. (2008)

Dans la mesure où l'adaptation a été posée comme une priorité dans le cadre des changements climatiques pour l'Afrique, nous proposons une analyse croisée avec les efforts d'atténuation véhiculés dans les pays en voie de développement par la mise en ~uvre de projets MDP.

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"Nous voulons explorer la bonté contrée énorme où tout se tait"   Appolinaire