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Potentiel et dynamique des stocks de carbone des savanes soudaniennes et soudano- guinéennes du Sénégal

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par Cheikh Mbow
Université Cheikh Anta Diop de Dakar - Doctorat d'état en sciences 2009
  

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Section 16.07 VII.7. Adaptation versus atténuation, quelles priorités pour le Sénégal ?

Le MDP est un des mécanismes de marché flexible du Protocole de Kyoto qui permet aux pays Annexes I d'engager des projets de réduction de GES dans les pays en voie de développement pour pouvoir utiliser les crédits d'émission générés (CER) pour atteindre leur objectifs de réduction. Après la première année de la première période d'engagement, il convient de questionner les intentions du MDP et les enjeux pour l'Afrique. Selon plusieurs documents officiels, l'objectif du MDP est double ; il permet d'une part d'aider les pays industrialisés à atteindre leurs objectifs de réduction des GES émis tout en permettant un transfert de technologies et un appui économique au pays en voie de développement.

La première interprétation qu'on peut faire de cette allégation est que le privilège du développement industriel est réservé aux pays du Nord, et que les pays du Sud doivent se contenter de nettoyer l'atmosphère.

La deuxième interprétation réside dans le fondement éthique du MDP. Bien avant que les changements climatiques aient été considérés comme défi majeur de l'humanité, la question du développement de l'Afrique a été posée à travers une amélioration du système agro-sylvo pastoral. Les échos et engagements sur ce problème d'amélioration de ces systèmes de production n'ont pas été, à l'époque, aussi favorablement accueillis qu'ils ne le sont aujourd'hui, parce que simplement la question est devenue à la fois un problème éthique et une solution potentielle à la réduction des GES. En d'autres termes, le principe de la responsabilité commune et différenciée engage, pour la recherche de solution, toute la communauté, mais les bénéfices réels au bout du compte sont mal répartis au sein de cette communauté.

En outre, le Sénégal, dans le souci de tirer le meilleur parti de cette nouvelle économie verte a eu l'idée de développer le secteur des biocarburants. Cette option pourrait contrarier l'engagement pour la production agricole dans le but d'arriver à une production alimentaire suffisante pour les besoins du pays. A cet égard, les programmes comme la GOANA et le REVA, semblent plus cohérents au contexte actuel du pays parce qu'orientés vers la production agricole pour l'autosuffisance alimentaire. Dès lors que la sécurité alimentaire est une préoccupation majeure dans le contexte de pauvreté rurale marquée, l'esprit de promouvoir les biocarburants devient peu attractif. Ainsi, au lieu d'orienter les grandes ambitions agricoles vers le développement de Jatropha curcas, il serait mieux de mettre

l'accent sur les cultures vivrières ou la maîtrise de l'eau pour atténuer la crise du milieu agricole.

Exemple du prix du carbone

La valeur de la tonne de carbone sur le marché international tourne dans le meilleur des cas autour de 20 US $ (prix d'aoflt 2008). Il faut d'abord noter que l'effort à consentir pour capturer 1 tonne de carbone correspond à un effort correspondant à la production de 2 tonnes de biomasse. L'utilisation de cette biomasse pour la satisfaction des besoins énergétiques donne une plus grande plus value aux populations que sa vente sur le marché du carbone. Dès lors, il faut penser aux caractères compétitifs de ces projets MDP qui ne doivent pas être réduits à leur simple et triviale dimension financière. Vu sous l'angle de cette tyrannie, l'esprit des MDP - qui est d'abord une responsabilité sociale et un devoir à l'endroit de l'environnement et non pas une loi aveugle du marché- risque d'être altéré par le jeu de la spéculation des cartels et autres lois ultra capitalistes.

Le développement de projets MDP est un processus très complexe. Il sera difficilement à la portée des populations locales pourtant essentiellement visées par cette mesure. Le cycle d'un projet MDP nécessite beaucoup de temps qui dépasse largement les délais de réponses requises par les populations pour parer à l'urgence des questions de pauvreté. La figure 104 schématise le cycle d'un projet MDP.

Figure 104. Cycle d'un projet MDP (synthèse des étapes)

Les détails à considérer dans la structuration de projets MDP sont donnés dans les développements qui suivent.

Le Project Idea Note (PIN)

C'est l'idée de projet proposé par un porteur sur la base d'une étude de faisabilité pour évaluer les possibilités de développer un projet complet. Cette étude de faisabilité prend en compte le potentiel de réduction de GES, les coOts associés, l'additionalité et la possibilité que le projet soit approuvé par le pays hôte, le Bureau Exécutif du CDM et l'investisseur si déjà identifié. En somme, le PIN donne une idée générale d'un projet, mais en fournit au moins les informations indicatives sur l'additionalité et le financement.

Le Project Design Document (PDD)

Il s'agit du projet détaillé avec un scénario de base, une méthode de suivi, un calendrier et les périodes d'accréditation, les impacts environnementaux et sociaux. C'est ce document ainsi ficelé qui sera soumis aux étapes administratives et de validation entre l'AND, le Bureau Exécutif et l'Entité Opérationnelle avant sa mise en ~uvre. En gros un PDD comporte 5 grands points :

A. La description générale du projet

B. Le scénario de base et la méthode de suivi

C. La durée du projet et la période d'accréditation choisie

D. Les impacts environnementaux et sociaux

E. L'avis ou les commentaires des partis prenants En plus il faut produire 4 annexes :

Annexe 1. Les contacts de l'instituions (s) qui soumet le projet Annexe 2. Les informations sur le financement public

Annexe 3. Les informations détaillées sur le scénario de base Annexe 4. Le plan de suivi

Les méthodes approuvées

Tout projet MDP doit se référer à une méthode approuvée pour la description de son scénario de base, de la méthode de suivi, de l'additionalité etc. Au total, 10 méthodes sont approuvées par la Convention (AM-AR1-10, avec une méthode consolidée ACM-1, à la date d'Aoflt 2008). En développant un PDD, il faut choisir la méthode approuvée qui du point des activités sont les plus proches de ce qu'on a choisi de développer comme projet. La méthode approuvée est une standardisation des caractéristiques des scénarios de base, du calcul de l'additionalité et des réductions d'émission. La méthode de suivi y est aussi harmonisée à travers les paramètres et modes de suivi des activités.

La validation par l'Entité Opérationnelle Désignée (EOD)

Il s'agit d'une évaluation indépendante du projet qui vérifie si les conditions du MDP sont respectées au moins au niveau des aspects suivants :

- le PDD répond-il aux exigences du MDP ?

- la méthodologie choisie est-elle applicable et correctement utilisée ?

- le projet est-il additionnel ?

- les documents d'approbation de l'autorité nationale désignée sont-ils obtenus ?

C'est après ces vérifications que le projet est mis sur la page web de la convention dans la rubrique validation, pour des commentaires ouverts pendant un mois avant validation finale. Pendant ce processus le porteur du projet est régulièrement invité à effectuer des clarifications et corrections en fonction des remarques issues des évaluateurs. Cette validation peut être une relecture du document de projet, mais elle peut comporter une visite de site. Le document ne peut être enregistré par le Bureau Exécutif qu'après avoir franchi ces étapes.

Mise en oeuvre du projet

La mise en ~uvre du projet doit être basée sur un respect strict de la méthode de travail.
Une comptabilité correcte du carbone séquestré est requise avec l'élaboration régulière de

rapports de suivi qui doivent être transmis à l'Entité Opérationnelle Désignée, laquelle doit être différente de celle qui a évalué le projet. A cette étape, la vérification consiste à voir si les émissions certifiées déclarées dans le document de projet sont atteintes lors de la mise en ~uvre. L'entité opérationnelle qui fait l'évaluation de la mise en ~uvre envoie les résultats du projet pour que des Certificats d'Emissions Réduits (CERs) lui soient délivrés par le Bureau Exécutif. Ces certificats d'émissions réduits sont vendus sur le marché du carbone.

Les concepts du CDM foresterie

Les pays en voie de développement doivent définir la notion de forêt avant de pouvoir mettre en ~uvre tout projet de boisement ou reboisement dans le cadre du Protocole de Kyoto. Pour ce faire, des critères nationaux doivent être définis mais en conformité avec ceux définis par les Accords de Marrakech sur la surface minimale, le taux de couverture et la hauteur des arbres. Dans ce cadre, les critères pour définir une forêt sont les suivantes :

- surface minimale entre 0,05-1,0 ha,

- taux de couverture des arbres 10-30 %,

- auteur des arbres 2-5 m à maturité.

Dans la plupart des pays, ces critères de définition ne sont pas encore fixés. L'une des difficultés majeures liées au choix de ces critères est son influence à la fois sur les terres éligibles, sur la faisabilité des projets, mais aussi sur la cohérence avec les objectifs du pays (Neeff et al., 2006). Si on choisit des critères qui maximisent les terres éligibles et la faisabilité, on peut introduire une contrainte sur les objectifs de développement du pays, par exemple sur ses activités de développement agricoles. Un choix optimal est donc très difficile à faire.

Il faut noter que l'application de ces critères au Sénégal convertit en forêt la plupart des formations de savane, les jachères de longue durée, quelques vergers, etc. Ces critères ont été un ajustement de la première définition donnée par la FAO (surface minimale 1 ha, hauteur minimum des arbres 7m, et taux de couverture > 20 %). L'abaissement des seuils a entraîné une augmentation rapide et consistante (300 millions d'ha) des surfaces forestières du globe (Neeff et al., 2006). Ces définitions ne précisent pas la différence entre forêts naturelles et forêts artificielles.

Les activités éligibles sont le boisement (afforestation) et le reboisement (reforestation). Le boisement fait référence aux conversions directes en zones forestières par activités humaines, des terres qui n'étaient pas des forêts depuis au moins 50 ans, par une plantation d'arbres, des semis direct, ou par promotion de la régénération naturelle. Le reboisement

est une conversion directe par l'homme de terres non forestières (après déboisement), en terres forestières par des plantations, des semis directs, ou par la promotion de la régénération naturelle. Pour la première période d'engagement, les terres éligibles au reboisement sont celles qui n'ont pas été des forêts depuis le 31 décembre 1989.

Les contraintes d'un projet MDP foresterie

La rédaction de projets MDP bancables dans le domaine de la foresterie est un exercice ardu et complexe. Il y a plusieurs difficultés liées à l'élaboration de ces types de projets. La première difficulté est leur manque de flexibilité. On est même tenté de dire que les mécanismes de flexibilités ne sont pas aussi flexibles qu'on le dit et qu'on peut l'entendre. A ce sujet et pour qu'un projet puisse être retenu, il faut tenir compte de quelques contraintes présentées ci-dessus.

- Le projet doit satisfaire aux exigences et rigueur d'une méthode élaborée ailleurs dans d'autres écosystèmes notamment ; il existe à l'heure actuelle près de 6 AR (Afforestation, Reforestation Methods) `applicables' au niveau des écosystèmes tropicales, mais aucune n'a été proposée pour répondre aux exigences des savanes de l'Afrique de l'Ouest.

- Une bonne partie des données requises pour calculer l'additionalité et les quantités de carbone certifié, ne sont pas disponibles pour le moment (la productivité des écosystèmes, la vitesse de croissance des espèces ; les fuites liées à la satisfaction des besoins locaux, etc.).

- La difficulté pour caractériser la ligne de référence (absence de données et de documentation).

- Les approches sont très techniques et il existe peu de spécialistes de la question dans les pays d'Afrique.

- Les nombreuses étapes d'approbation avant la finalisation d'un projet MDP : par exemple il faut élaborer un PIN, soumettre le PIN à l'AND, qui l'examine et le soumet au Comité National sur les changements climatiques. Si l'idée est acceptée, un budget est sollicité, après rédaction, une re-soumission est faite auprès de l'AND, qui le transmet au Bureau Exécutif pour avis des experts. Si le projet est accepté parce techniquement valable, il est finalement déposé auprès d'un bailleur de fonds.

- L'approche est trop structurelle pour des populations locales qui se retrouvent mieux dans la foresterie communautaire que dans des systèmes qui rappellent étrangement la logique des plantations en régie.

La complexité du cycle des projets MDP rend difficile l'accès aux fonds alloués à cette activité et explique la part congrue de l'Afrique dans les transactions de carbones sur le marché international. Cependant le potentiel est là et ne s'articule pas nécessairement aux activités éligibles de la phase 2008-2012. Une étude menée par Skurtsch (2005) montre un grand potentiel de la foresterie communautaire dans les pays en développement pour les CDM. L'argumentaire de cet auteur est basé sur les avantages financiers d'une telle approche compte tenu des coOts minimes liés à leur mise en ~uvre comparé aux grands projets de boisement/reboisement. Il suffit dans ce cas de bien former les populations pour les travaux techniques de suivi et d'évaluation.

Même si les plantations en régie sur de grands espaces peuvent jouer un rôle actif dans le puisage du carbone, il faut remarquer qu'elles sont d'un faible apport pour l'atténuation directe de la vulnérabilité des populations si ces dernières ne peuvent y tirer profit dans le cadre d'une valorisation durable. Le plus souvent les plantations en régie ont des fortunes différentes au Sénégal. Elles sont en général sous l'apanage de la DEFCCS sans grande intervention des populations. Par contre, l'aménagement forestier communautaire déjà en cours mais non éligible d'après Skurtsch (2005), peut pourtant donner des résultats satisfaisants en termes de conservation des écosystèmes et de développement local. Ces résultats n'ont pas été articulés dès le départ avec les changements climatiques, mais il faut noter que la reconstitution des formations végétales à travers ces projets contribue significativement à l'atténuation des GES mais aussi et surtout à la réduction de la fragilité des écosystèmes et à l'augmentation du potentiel de séquestration de carbone au fil des années. Plusieurs organismes et ONG appuient déjà avec succès de telles entreprises à travers des microcrédits et une impulsion d'une dynamique organisationnelle permettant aux populations locales de mieux s'organiser et de promouvoir une démocratie interne au sein des structures d'aménagement et de gestion. La foresterie communautaire s'articule bien avec les réformes administratives et de gouvernance des deux dernières décennies et portant sur la décentralisation. La gestion des ressources naturelles est une compétence transférée entre autres et donne droits de contrôle et de gestion durable de ces ressources aux communautés de base. Si donc dans le cadre des MDP on ne s'inscrit pas dans la tendance actuelle en matière de GRN, on peut passer largement à côté des objectifs initiaux.

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"Piètre disciple, qui ne surpasse pas son maitre !"   Léonard de Vinci