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La micro-assurance de santé dans les pays en développement

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par Khaled MAKHLOUFI
Université de la méditerranée Aix- Marseille II - Master ingénierie économique et financière 2002
  

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II. Pertinence de la Micro-assurance face aux risques :

Par une analyse de la littérature sur les expériences de MAS dans le monde et d'informations détaillées sur les projets montés dans plusieurs pays, on va essayer dans un premier lieu, de rendre compte de la relation entre micro-assurance et microfinance. Pour en tirer les messages intéressants, on va ensuite essayer de discuter la ou les réponses que la micro-assurance pourra fournir comme couverture contre les risques naturels. Mais jusqu'à quand la micro-assurance et plus précisément celle de santé (MAS) va-t-elle rester prisonnière du cadre expérimental ? Est-ce de la nature même du caractère « micro » de ce service ou bien la faisabilité ou l'identification en MAS pour aborder un nouveau terrain, qui ne peuvent se surpasser du décryptage du contexte en question afin de répondre aux questions-clés et des éléments dans lesquels le programme doit se situer ? Une standardisation des procédures d'identification, de faisabilité et de conception n'est donc pas possible ou encore quand elle existe, va souffrir de plusieurs nuances et insuffisances ?

1. Micro-assurance, Microfinance et modèles économétriques :

On a jugé utile de situer brièvement la MAS par rapport aux services de la « microfinance» et ce en se référant au site du CGAP. Le terme « Microfinance » désigne l'offre de services financiers aux ménages à faibles revenus : prêts, épargne, assurance ou services de transfert. La plupart des bailleurs de fonds ont limité l'essentiel de leurs interventions à une seule de ces prestations, à savoir le microcrédit. Bien que le crédit ne crée pas en lui-même de potentiel économique, il peut le libérer, permettant ainsi aux pauvres d'utiliser leur capital humain et productif de façon plus rentable. Au-delà du crédit, les pauvres font appel aux services d'épargne et d'assurance pour planifier leurs dépenses futures importantes et pour réduire le risque découlant des variations de revenus et des besoins soudains. L'épargne permet aux pauvres de se protéger contre des événements ou des crises à venir mais la micro-assurance offre un moyen de gérer des risques spécifiques en répartissant le coût d'événements imprévisibles entre un grand nombre de ménages pauvres. Les institutions de microfinance commencent à accorder plus d'importance à la micro-assurance. Tout comme l'épargne, l'offre directe de prestations d'assurance exige des compétences et des systèmes importants, ainsi qu'une permanence institutionnelle (Pearce et Parker, 2010). Le fait que le microcrédit soit fourni par un prestataire spécialisé sur une base commerciale, est un service non financier car tout simplement « L'octroi de crédit sans discipline n'est rien de plus que de la charité. La charité ne suffit pas à vaincre la pauvreté. La pauvreté est une maladie dont les effets sont paralysants pour l'esprit et le corps. Un véritable programme de réduction de la pauvreté aide

les gens à se prendre en charge pour tenter de percer les murs qui les entourent » (Yunus, 1998). Puisque la micro-assurance est une intervention figurant sur un menu d'interventions financières permettant de générer revenus et emplois, et de réduire dans une certaine mesure la pauvreté. Dans les lignes qui suivent on va discuter le rôle de la micro-assurance surtout la MAS dans la réduction de la pauvreté, puis faire une revue de littérature des estimations économétriques des modèles de l'offre et de la demande de MAS.

a/ Rôle de la micro-assurance chez les pauvres :

Les services de la micro-assurance peuvent englober : la vieillesse, le décès, certains risques liés à l'activité agricole comme la mort ou la perte d'une partie du bétail. Pour être rigoureux dans notre analyse et éviter de diluer sa pertinence, on va se concentrer sur la micro-assurance de santé. Du moment où la MAS a un ou des rôles à jouer pour réduire la pauvreté des populations cibles, ces rôles impliquent des besoins à satisfaire et donc naturellement des facteurs favorables à la sensibilisation des populations pour l'adhésion à cette MAS. Par l'étude de ces facteurs de sensibilisation, on discutera les rôles que la MAS peut jouer pour changer la vie des pauvres.

La pertinence du projet de micro-assurance a trait à ses apports supplémentaires par rapport à d'autres outils financiers de gestion du risque du point de vue du ménage, comme le crédit et l'épargne dans le cas du Cambodge, ainsi que la complémentarité entre ces services financiers pour sécuriser les revenus des ménages contre les coûts catastrophiques et la décapitalisation(projet d'assurance santé SKY mené par le GRET au Cambodge, phase d'extension prévue : 2008-2011dans le cadre du programme global STEP du ILO).

On a jugé utile de mettre en lumière la notion de vulnérabilité. «La vulnérabilité est définie par le degré de capacité des individus et des ménages à faire face au risque, elle dépend de l'exposition aux chocs, de l'ampleur du choc et de la résilience c'est-à-dire de la capacité à gérer les chocs»(Lepine et Petitpierre, 2006). Les coûts des soins qui sont généralement catastrophiques, le risque maladie, la probabilité de ce risque et avec quelle fréquence sont autant de facteurs qui façonnent le dispositif de MAS. Mais quels sont les autres facteurs qui favorisent la pénétration de la MAS c'est-à-dire le fait de convaincre les populations cibles d'adhérer ? Ces facteurs sont les suivants:


· Les personnes couvertes:

La MAS cible effectivement les exclus de la protection sociale, plutôt que les populations
pauvres. Dans la plupart des régimes d'adhésion volontaire, la capacité financière effective de
la population joue un rôle déterminant : ce sont les plus solvables des exclus qui adhèrent

(Letourmy et Pavy Letourmy, 2005). «La micro-assurance de santé ne s'adresse pas tant aux pauvres qu'aux exclus, qui sont ceux qui souffrent d'une participation et d'un accès inapproprié à la vie sociale»(Dror et Jacquier, 1999). Certains exemples prouvent ce constat : les régimes d'assurance UMASIDA en Tanzanie, SEWA (un syndicat créé en 1972 pour les femmes du secteur informel) en Inde s'adressent à des travailleurs ou travailleuses du secteur informel, organisés en coopératives ou syndicats. L'Association Por Salud de Barillas au Guatemala s'adresse aux habitants de la commune de Barillas ; une région rurale isolée constituée principalement de planteurs de café et de travailleurs du secteur informel. Encore les populations assurées au Zimbabwe par les régimes d'assurance à faible coût des gestionnaires d'assurances de santé privées appartiennent à la fois aux secteurs formel - des salariés ou des fonctionnaires dont les revenus ne leur permettent pas d'adhérer à un régime d'assurance classique - et informel de l'économie. On ne va pas s'intéresser au fait que le secteur informel est le secteur qui échappe à la légalité, et que ce secteur «informel» n'a rien d'informel du moment où il influe fortement la sphère économique. «L'ensemble des populations concernées peuvent être considérées comme «pauvres», dans la mesure où elles n'ont pas accès à certains biens et services en raison de ressources matérielles inégales»(Dror et Jacquier, 1999). L'accessibilité financière à des soins de qualité est entravée au même titre pour le planteur de café guatémaltèque et l'habitant de la commune de Barillas. «Si les dispositifs de micro-assurance ne ciblent pas tous les pauvres, c'est parce que l'assurance suppose une capacité contributive. Les personnes sans ressources rencontrent a priori des difficultés à s'acquitter de leurs cotisations [...] Faut-il s'interroger sur la capacité contributive des exclus «récupérables» par la MAS ainsi que sur la façon dont la MAS traite les indigents ou les «ultra-pauvres». Au sein des exclus sociaux, ce sont ceux qui disposent le plus de ressources qui adhèrent préférentiellement aux organismes de micro-assurance ou aux mutuelles. Quant aux vrais indigents, ils ne profitent pas du système, sauf dans les situations de forte cohésion sociale qui ne s'observent que sur des territoires circonscrits (mutuelles rurales du Bénin) ou bien s'il existe une volonté délibérée de leur donner accès aux soins ou de les associer aux régimes, en payant pour eux (au Bangladesh). (Letourmy et Pavy Letourmy, 2005). Exclus sociaux ou «indigence chronique ne posent pas problème du moment où un surplus de ressources existe et qu'une volonté de partage de ce surplus pour élargir la sphère d'accessibilité est admise et acceptée. Ce sont les deux principaux principes de l'objectif de la Couverture Maladie Universelle. D'ailleurs, les dispositifs de MAS ont facilité la CMU au Ghana et au Rwanda. (Criel et al, 2010).


· Le panier de soins offerts :

Si on va se limiter aux seules cotisations, «les garanties offertes sont généralement modestes, car elles dépendent des ressources des populations. La couverture des petits risques occupe ainsi une place privilégiée. Cette tendance s'expliquerait par divers facteurs : la rareté des hôpitaux, la difficulté à négocier avec eux, les préférences des populations elles-mêmes » (Letourmy et Pavy Letourmy, 2005). Partant du fait que l'efficience allocative et technique des fournisseurs de soins, et les besoins de santé, diffèrent d'une région à une autre au sein d'un même pays, «plus la population ciblée est pauvre, plus la couverture du petit risque prend de l'importance parmi les garanties de la MAS» (Letourmy et Pavy Letourmy, 2005). Peu d'exemples de couvertures de soins complètes ou quasi-complètes, c'est-à-dire que l'assuré bénéficie d'un accès à une gamme de soins. «Le régime de l'ORT Community Multipurpose Cooperative de La Union aux Philippines offre par exemple un panier important comprenant l'ensemble des soins primaires et secondaires»(Letourmy et Pavy Letourmy, 2005). Ce n'est pas uniquement la faiblesse des cotisations, mais aussi le choix des assurés ayant des besoins «spécifiques» qui fait la prédominance de la couverture du petit risque, si bien sûr ils ont vraiment un mot à dire dans la définition des prestations. «L'accès à ces services de base dépasse déjà la capacité contributive individuelle des ménages et la mutualisation du risque est intéressante dès le niveau primaire»(Letourmy et Pavy Letourmy, 2005). Le moment est venu pour traiter la question de couverture des risques naturels par la micro-assurance.

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"Nous voulons explorer la bonté contrée énorme où tout se tait"   Appolinaire