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Ressources fourragères et représentations des éleveurs, évolution des pratiques pastorales en contexte d'aire protégée. Cas du terroir de Kotchari à  la périphérie de la Réserve de biosphère du W au Burkina Faso

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par Issa Sawadogo
Museum national d'histoire naturelle de Paris (ED 227) - Docteur du museum national d'histoire naturelle spécialité physiologie et biologie des organismes  2011
  

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1.5.2.3. Concepts de pastoralisme et de pratiques pastorales

La mobilité est un phénomène historique, caractéristique des peuples pasteurs qui en usent pour gérer l'imprévu et les risques (Scoones, 1995 ; Nori, 2006 & 2007 ; Nori et al. 2008) dans les milieux arides et subarides. Le terme pastoralisme se réfère par ailleurs, selon Wane (2006), aux modes de conduite des troupeaux sur pâturage naturel, et donc, aux systèmes où l'élevage est pratiqué de manière extensive avec peu ou pas de complémentation et sans pratique de cultures fourragères.

Un élevage pastoral ou élevage mobile est, selon Brunschwig et al. (2001), un système d'exploitation basé sur l'utilisation de superficies composées en majorité de parcours non récoltables et dont l'utilisation est assurée uniquement par le pâturage des animaux. Pour Asiedu et al. (2009), si plus de 90 % de la matière sèche consommée par le bétail provient des pâturages cela est suffisant pour qualifier le système de pastoral. Adoptant une approche économique, Swift (1988) considère qu'un système de production pastorale est un système dans lequel au moins 50 % du revenu brut des ménages proviennent de l'élevage ou d'activités qui lui sont liées ou dans lequel plus de 15 % de la consommation d'énergie alimentaire des ménages se composent de lait ou de produits laitiers produits au sein des ménages. A contrario, selon le même auteur, un élevage agropastoral est un élevage dans lequel, le revenu brut des ménages est généré à plus de 50 % par l'agriculture ou dans lequel entre 10 à 50 % de ce revenu proviennent de l'élevage. Dans le système agropastoral, le cheptel est fortement dépendant du fourrage cultivé (Nori, 2007).

Si l'on se réfère à l'amplitude des déplacements14 et à leur fréquence, on peut distinguer l'élevage sédentaire (ou sur parcours villageois), l'élevage transhumant (petite et grande transhumance) et l'élevage nomade.

L'élevage sédentaire est le type d'élevage extensif qui implique le moins de mobilité. La mobilité, réduite, est généralement interne à l'espace des terroirs villageois ou des villages les plus proches et il n y a pas de déplacements cycliques (Nori, 2007).

14 Nous faisons référence aux déplacements "habituels" qui doivent être distingués des déplacements d'urgence imposés par les crises (sécheresse, épidémie, conflit).

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La transhumance, selon Lhoste et al. (1993) et Wane (2006), est « un système de production animale caractérisé par des mouvements saisonniers de caractère cyclique, d'amplitude variable. Ces mouvements saisonniers préétablis (Nori, 2007) s'effectuent entre des zones écologiques complémentaires, sous la garde de quelques personnes, la plus grande partie du groupe restant sédentaire ». Selon l'ampleur du déplacement on parle de petite transhumance15 (délocalisation temporaire et à une courte distance des animaux pour éviter les dommages causés dans les champs pendant la saison des pluies) ou de grande transhumance16 (Bierschenk & Le Meur, 1997 ; Convers, 2002). Cette dernière concerne surtout les bovins (Saidou, 1986) et donne lieu à une minutieuse organisation (Toutain et al. 2001).

Le nomadisme se réfère à une pratique de mobilité en élevage dans laquelle les pasteurs n'ont pas d'habitat fixe et permanent (Wane, 2006 ; Nori, 2007) : toute la famille suit les déplacements du troupeau, parfois sur de longues distances (des centaines de kilomètres). Ils se déplacent avec leurs troupeaux et du fait de cette mobilité, les nomades pratiquent peu d'activités agricoles.

Notons que la transhumance tout comme le nomadisme relèvent du genre de vie pastoral (Benoit, 1979 ; Boutrais, 1992; Daget & Godron, 1995).

Les pratiques sont définies comme l'ensemble des actions mises en oeuvre dans l'utilisation du milieu (Blanc-Pamard & Milleville, 1985) ou les façons dont l'opérateur met en oeuvre une opération technique (Lhoste & Milleville, 1986).

Selon ces auteurs, l'approche des pratiques renvoie à trois séries de questions : (i) l'identification des pratiques et leur caractérisation, (ii) l'évaluation de leurs effets (impacts sur le milieu, le bétail à travers sa dynamique et son niveau de production) et la recherche des causes qui les motivent (les stratégies). Guérin & Hubert (1995) épousent ce point de vue lorsqu'ils affirment que les manières de faire des éleveurs peuvent être caractérisées par leurs modalités (pratiques), leur efficacité (résultats des actions) et leur opportunité (motivations des actions), selon que l'on s'intéresse aux aspects décisionnels, descriptifs ou techniques.

La difficulté majeure pour comprendre le fonctionnement des exploitations d'élevage est de mettre en évidence le projet de l'éleveur, d'analyser sa cohérence avec des choix stratégiques qu'il s'agit d'identifier. En analysant les « manières de faire » des éleveurs, on en arrive à mettre en lumière les décisions qu'ils prennent et leurs objectifs. Landais & Deffontaines (1989) disaient si bien à ce propos qu'« on connaît les projets par les pratiques, on comprend les pratiques par les projets ». Dans le processus d'identification des projets des éleveurs, il ne s'agit cependant pas de rendre compte du processus de décision lui-même (Girard, 1995) mais de se focaliser sur les pratiques pour expliquer la cohérence dans laquelle s'inscrivent un certain nombre de décisions.

15 yawtooru en langue peule (Convers, 2002)

16 bartoje en langue peule (Convers, 2002)

La relation troupeau/végétation est pilotée par un éleveur (Lhoste, 84 ; Landais 92 & 94) qui met en oeuvre un certain nombre de pratiques, elles-mêmes fonction des informations dont il dispose sur l'état de cette relation (Guérin & Hubert, 1995) et de ses projets propres.

En milieu pastoral, il existe trois types de pratiques (Landais, 1994)

· Les pratiques d'élevage stricto sensu à travers lesquelles les éleveurs interviennent directement sur le troupeau. Elles concernent (i) les pratiques d'agrégation ou de constitution du troupeau ou encore d'allotement qui concernent la formation des groupes d'animaux, (ii) les pratiques de conduite du troupeau qui regroupent toutes les opérations d'entretien (soins, reproduction, alimentation, etc.) effectuées sur les animaux afin d'améliorer leurs performances, (iii) les pratiques d'exploitation qui concernent toutes les opérations de prélèvements (traite, abattage, tonte, etc.), (iv) les pratiques de renouvellement qui ont trait aux actions de renouvellement de la composition (réforme des animaux âgés et des malades, sélection de jeunes d'allotement, etc.) et (v) les pratiques de valorisation (transformation et mise en marché) qui s'appliquent aux productions animales (fromage, charcuterie, etc.) .

· Les pratiques fourragères regroupent toutes les opérations agronomiques qui ont lieu sur les pâturages. Dans le contexte soudano-sahélien, les pratiques fourragères sont quasi-absentes, les éleveurs se contentant bien souvent d'exploiter l'herbe naturelle avec peu ou pas d'actions agronomiques.

· Les pratiques de gestion du pâturage et des stocks fourragers qui mettent en relation le troupeau aux parcelles fourragères.

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