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Ressources fourragères et représentations des éleveurs, évolution des pratiques pastorales en contexte d'aire protégée. Cas du terroir de Kotchari à  la périphérie de la Réserve de biosphère du W au Burkina Faso

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par Issa Sawadogo
Museum national d'histoire naturelle de Paris (ED 227) - Docteur du museum national d'histoire naturelle spécialité physiologie et biologie des organismes  2011
  

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CHAPITRE VI

LE TROUPEAU AU PATURAGE : LOGIQUES,

REPRESENTATIONS ET REALITES DU TERRAIN

172

6 .1. Introduction

La province de la Tapoa, en particulier la commune de Tansarga, depuis quelques années, est confrontée à un accroissement constant des effectifs de bétail, une raréfaction et une dégradation des espaces pâturables suite à la pression anthropique et aux mises en place d'aires protégées. Face à ce que l'on peut qualifier de péril certain pour l'élevage, il apparaît urgent d'entreprendre des actions visant à enrayer voire inverser la tendance ainsi observée. Comme nous l'avons développé plus haut (voir chapitre II) pendant longtemps le système pastoral a été l'objet de visions stéréotypées (Moorehead & Lane, 1995 ; Steinfeld et al. 1997 ; Bary, 1998 ; Nori 2007 ; Nori et al. 2008) focalisées sur un prétendu manque de rationalité. Les efforts des politiques et des développeurs ont donc pendant longtemps été portés principalement vers l'amélioration des ressources (exemple : ouverture de points d'eau permanents) (Baroin, 2003) et le contrôle des grandes épizooties (Boutrais, 1999b ; Touré, 1994 ; Thébaud, 2002), et ont fait l'impasse sur les éleveurs, leurs modes d'occupation de l'espace, leurs pratiques et les impacts de celles-ci sur lesdites ressources. Or aucun système d'exploitation ne peut être bien appréhendé si on dissocie les potentialités ou contraintes du milieu des techniques mises en oeuvre par les acteurs (Hoffmann, 1985). Bon nombre de spécialistes de la question pastorale (Lhoste & Milleville, 1986 ; Sinsin, 1991 ; Kièma S., 1992 ; Daget & Godron, 1995 ; Kagoné, 2000 ; Baroin, 2003 ; Diallo, 2006 ; Dongmo, 2009 ; Vall & Diallo, 2009 ; Vall et al. 2009 ; Dongmo et al. 2010) sont unanimes de nos jours sur l'intérêt d'appréhender les connaissances ou savoirs techniques locaux ainsi que les stratégies et les motivations qui les sous-tendent pour une intervention plus efficiente sur le système global. Il s'agit de prendre en compte les représentations que les éleveurs ont des ressources naturelles et d'examiner comment ils mobilisent ce corpus de savoirs pour les valoriser par leur bétail. Par ailleurs, les informations recueillies par enquêtes sont parfois insuffisantes, il existe bien souvent un certain décalage entre ce que les acteurs, en l'occurrence les éleveurs, disent faire et ce qu'ils font réellement. A ce propos, Boutrais (1999a) fait observer qu' "un savoir pastoral est rarement identifiable par lui-même mais à travers des pratiques qui, souvent, ne sont pas exprimées par les informateurs". Identifier donc l'écart qui pourrait exister entre le discours et la réalité par l'observation des faits et les motivations liées en interrogeant les acteurs peut être un gage de meilleure appréhension des pratiques et donner des indications sur les contraintes que ceux-ci rencontrent dans la mise en oeuvre de leurs connaissances.

Rappel des hypothèses de recherche

Dans le précédent chapitre consacré aux pratiques pastorales en général, nous avons abordé la question de l'exploitation des parcours, notamment du choix des lieux fréquentés par les troupeaux en saison sèche, en interrogeant les éleveurs. Dans le présent chapitre nous approfondissons cette question par le suivi des animaux au pâturage. Ces observations sont faites dans l'objectif d'identifier les principaux facteurs qui les déterminent et de mettre à l'épreuve les hypothèses que nous avons faites (encadré VI-1). De manière concrète il s'agit de comprendre comment les éleveurs appréhendent et apprécient les milieux qu'ils exploitent et comment, par leurs troupeaux, ils valorisent leurs connaissances desdits milieux. Par

ailleurs, la nature de la biomasse végétale des parcours arides et subarides (flore complexe, diversifiée et hétérogène) ne renseigne pas bien sur la composition de la ration ingérée, ce qui donne toute son importance à l'étude du comportement alimentaire des animaux (Daget et Godron, 1995).

Encadré VI-1. Les hypothèses de recherche

· Dans une localité donnée, les éleveurs évaluent et classent les pâturages sur des critères écologiques, mais aussi de risques de conflits, de risques sanitaires, etc. Cette évaluation/classification change en fonction des périodes de l'année.

· Dans une localité donnée, le choix des itinéraires par les animaux et/ou leurs bergers repose sur cette évaluation/classification locale qui croise une classification des milieux végétaux et une échelle de risque. Il se fait en fonction de la distribution spatiotemporelle et de la valeur pastorale des ressources végétales ainsi que du niveau d'exposition aux différents risques évoqués ci-dessus.

 

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"Le doute est le commencement de la sagesse"   Aristote