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La dynamique de convergence en méditerranée. Un système d'évaluation basé sur l'analyse multicritère

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par Yasmine GUESSOUM
Université de la méditerranée Aix- Marseille II - Doctorat d'économie 2006
  

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III. DEMARCHE METHODOLOGIQUE
CERNER L'EVALUATION A L'ECHELLE DE PAYS

Comment mettre en relation un référé, à savoir l'objet de l'investigation, avec un référent, à savoir la norme ? L'idée est d'enchaîner de manière successive, les étapes d'observation, de comparaison, de jugement, de décision et d'action. En somme, évaluer...

1. Cadre épistémologique : Quelques rappels sur la notion d'évaluation

L'évaluation intervient dès lors qu'un jugement est émis ou un avis sollicité. Pourtant, cette démarche est accompagnée d'une complexité due à la confusion entre les valeurs, les intérêts et le vécu de l'évaluateur (l'analyste) et ceux de l'évalué (l'objet de l'analyse). Ce processus est souvent accompagné de préjugés et d'appréhensions associés aux finalités que le système lui donne. Dans ce même ordre d'idées, évaluer une économie est un acte qui consiste à porter un jugement critique, partant d'un éventail de critères d'ordre qualitatif ou quantitatif. Elle permet de prendre une décision politique, de lancer un projet économique ou d'entamer une réforme sociale. Ce jugement de valeur issu d'informations observées, relève d'une connaissance descriptive. A partir de là, on associe aux conséquences la polarité positif / négatif.

Cette pratique est encore fortement associée aux notes émises par les spécialistes. Elle donne lieu à des appréciations accessibles au grand public, source de frustration tout autant que de notoriété. De ce fait, il est utile de s'interroger sur les fondements de l'évaluation, sur les motivations de l'évaluateur et sur le recul qu'il peut avoir par rapport à l'objet de l'évaluation. Rappelons que l'évaluateur et l'évalué font tous deux parti d'un même système de représentation, ce qui remet en question l'objectivité de la démarche ainsi que l'impartialité de l'analyste. Dans ce sens, l'évaluation ne doit pas se limiter à la juxtaposition ponctuelle de situations notées mais doit rendre compte des difficultés rencontrées par l'objet évalué afin d'y remédier, sans égard au résultat final.

L'intérêt de l'évaluation est avant tout, de disposer de règles ou, tout au moins, d'un support théorique régissant la conception, l'élaboration et la conduite de l'analyse. A l'échelle macroéconomique, il s'agit de rendre compte du niveau de crédibilité des études appliquées à l'évaluation des profils-pays (rating et benchmarking). La théorie relevant de ce domaine reste toutefois peu développée. La construction du cadre épistémologique relatif à l'évaluation à l'échelle de pays, nous a donc été inspirée des sciences humaines : nous en avons extrait les principes de base, adopté le raisonnement, puis ajusté la démarche au sujet ciblé.

a. Un compromis entre objectivité et subjectivité

L'évaluation est une opération de conversion dont le point de départ est la représentation factuelle d'un objet et le point d'arrivée est la représentation normée de ce même objet (Barbier [1985]). Cependant, l'évaluateur n'a pas accès à une réalité purement objective et neutre car il n'y a pas, à proprement parler, de représentation factuelle donnée avant le jugement. En fait, ce regard porté sur l'évalué et qui dépend de l'objectif ciblé produit une représentation de la réalité qui a pour particularité d'être normée. A partir de là, l'expert chargé de l'évaluation se prononce sur ce qu'il observe. Il apprécie puis estime une valeur, en fonction d'une norme. Il se place ainsi dans une position intermédiaire, entre le prescripteur qui dit comment devrait être l'objet évalué et l'observateur qui dit comment est l'objet dans sa réalité concrète (Dispaux [1984]).

L'évaluation est, par conséquent, une opération de médiation à l'issue de laquelle il y a prise de position. Se pose alors un conflit entre l'objectivité de la méthode et la subjectivité du jugement. L'adjectif « subjectif » peut mettre le doute sur la rigueur scientifique attendue d'un critère d'évaluation. C'est pourquoi il est utile de faire le point sur l'utilisation des critères subjectifs, leurs propriétés et les méthodes de validation. Mais avant toute chose, il faut établir une définition consensuelle du critère subjectif : il s'agit d'une situation difficile à traduire en donnée numérique directement utilisable dans la pratique. C'est une variable qualitative pour laquelle il n'existe pas d'instrument de mesure standard.

L'examen de différentes études empiriques permet de constater que l'intégration de critères subjectifs aux côtés de critères objectifs pose des problèmes de hiérarchisation, de corrélation et de pondération. Si ces deux types de facteurs coexistent, le critère objectif ne doit pas nécessairement être considéré comme critère principal et la place du critère subjectif doit être discutée au cas par cas, en fonction de la finalité et de la nature de la situation évaluée. Il semble donc important de pouvoir hiérarchiser les critères employés en fonction de la finalité de l'étude. Les critères objectifs semblent toutefois plus limités et parfois moins pertinents que les critères subjectifs. Ces derniers permettent de décrire un état avec plus de subtilité, mais leur utilisation au sein d'une base de données requiert un effort supplémentaire de conversion, vu la nécessité d'attribuer une échelle de mesure spécifique à chaque nouvel indicateur.

Par ailleurs, un problème méthodologique se pose au niveau de la conception du système de mesure. Pour y remédier, l'évaluateur peut se baser sur des supports antérieurs et y apporter des modifications pour adapter l'approche initiale au nouveau contexte. L'utilisation d'échelles de mesure suppose l'introduction d'instruments standards validés au préalable. Une revue de la littérature est alors suffisante car il s'agit d'agrégats reconnus et fréquemment employés (l'évolution du PIB est généralement utilisée pour mesurer la croissance économique et la PPA pour représenter le niveau de vie). Autrement, l'instrument de mesure doit faire l'objet d'une description complète dans laquelle il est fait mention des éléments de validation.

Dans tous les cas, il faut anticiper, fournir et justifier a priori l'intégralité des détails relatifs à l'agrégation des données. Concernant la gestion des données manquantes, la démarche méthodologique doit être rigoureuse, notamment sur les critères subjectifs. Les résultats peuvent être difficiles à extraire d'un échantillon à l'autre car la moindre différence de contexte peut modifier la sensibilité et la signification d'un indicateur. Face à l'urgence de la situation, l'analyste ne dispose pas du temps suffisant pour effectuer des retours réflexifs sur sa démarche. Ceci réduit la crédibilité de ses résultats et entraîne des réactions négatives de la part des évalués : ils ne croient plus en l'opportunité d'aide que leur offre l'évaluation et appréhendent le moment où une note, faisant état de leur bilan, est émise. C'est pourquoi les ratings sont si redoutés par les dirigeants des entreprises ou des pays sujets à la notation.

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"Un démenti, si pauvre qu'il soit, rassure les sots et déroute les incrédules"   Talleyrand