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La dynamique de convergence en méditerranée. Un système d'évaluation basé sur l'analyse multicritère

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par Yasmine GUESSOUM
Université de la méditerranée Aix- Marseille II - Doctorat d'économie 2006
  

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I. FONDEMENTS THEORIQUES
EVALUER PAR L'ANALYSE MULTICRITERE

Le choix d'une méthodologie d'évaluation dépend de l'approche adoptée lors de la collecte des informations et de la modélisation des faits. Il est donc indispensable de cerner les apports théoriques et empiriques de l'analyse multicritère, comparativement aux méthodes d'optimisation...

1. Principes de l'aide à la décision : De l'optimisation à l'analyse multicritère

Avant l'émergence d'une logique multicritère, les problèmes de décision se ramenaient en général à l'optimisation d'une fonction économique. Cette approche avait l'avantage de déboucher sur des modèles mathématiques clairement posés mais qui ne reflétaient pas forcément la réalité. C'est alors que les méthodes d'analyse multicritère se sont substituées à l'optimisation. A l'occasion de la conférence de l'Université de Caroline du Sud, la première rencontre scientifique internationale spécialisée dans l'analyse multicritère a été organisée en 1972. Dix ans plus tard, une unité de recherche a été mise en place avec un groupe d'analystes aux centres d'intérêt hétérogènes. Ce fut tout d'abord un climat d'incompréhension qui s'est instauré, du fait de la diversité des origines scientifiques des pionniers de l'analyse multicritère.

Loin d'établir une parfaite synergie, c'est plutôt un choc des cultures qui a pris place, notamment entre le principe << decision making » de l'école anglo-saxonne et l'optique << decision aid » de l'école européenne. Il était difficile de faire accepter de nouvelles approches dans un milieu alors dominé par des postulats prônant la rationalité, l'optimalité et le quantitatif. Le premier courant, fondé sur des principes axiomatiques issus des travaux de Von Neumann et Morgenstern, ne remet pas en question les trois postulats prédominants de cette époque, tandis que le second courant les discrédite totalement. Au-delà des divergences entre les écoles multicritères considérées comme antagonistes, une perspective d'intégration a progressivement été instaurée dans le sens d'une complémentarité plutôt que d'une concurrence injustifiée (Bana-e-Costa [1993]).

Il a fallu disposer d'un ensemble cohérent d'instruments théoriquement bien fondé (d'où l'importance de son axiomatisation) et pratique (d'où l'importance de sa validation). Pour Bana-e-Costa, l'émergence de l'aide multicritère à la décision tient à un processus de réflexion méthodologique articulé autour de trois concepts-clés : imbriquer les éléments objectifs et subjectifs, introduire une démarche constructiviste d'apprentissage et instaurer une interactivité entre les parties impliquées dans la décision.

Ces trois principes offrent à l'utilisateur davantage de finesse et de subtilité dans la définition du système de représentation et l'agrégation des indicateurs.

<< L'aide multicritère à la décision ... foisonne de nuances qui, contrairement au monopole du simplexe en programmation linéaire, permettent l'élaboration de nombreuses méthodes, voire de variantes de méthodes. Mais face à cette abondance, comment choisir ? » (Ben Mena [2000], p. 91).

L'objectif du présent chapitre est de répondre à cette interrogation. A première vue, nous pouvons avancer que le choix de la méthode dépend des moyens techniques de l'évaluateur et du budget du décideur. Il dépend aussi de la qualité et de la quantité des informations disponibles, du type de résultat souhaité... En outre, l'expérience de l'évaluateur tout autant que les connaissances éventuelles du décideur en matière d'analyse multicritère sont déterminantes.

Nous allons, dans un premier temps, introduire un bref rappel théorique concernant les origines et les fondements de l'analyse multicritère. Comment se présente un modèle d'aide à la décision et quel type de problématiques permet-il de traiter ? Dans un second temps, nous allons nous intéresser aux concepts de base qui constituent ce domaine. Quels sont les apports de l'analyse multicritère comparativement aux techniques dites classiques d'optimisation ? Enfin, nous allons exposer un échantillon de méthodes susceptibles de répondre à une problématique d'évaluation.

<< Adopter l'optique multicritère, en matière de décision, c'est avant tout prendre ses distances vis-à-vis de l'optimisation. C'est aussi quitter la recherche opérationnelle classique pour rejoindre l'aide à la décision. C'est encore abandonner les méthodes «dures» pour des méthodes plus «douces». Mais c'est surtout la critique de l'optimisation qui est importante. Elle est à l'origine de l'optique multicritère » (Scharlig [1985], p. 15).

Les bases de l'analyse multicritère sont inspirées des méthodes d'optimisation et plus précisément de leur critique. En effet, ces méthodes permettaient de traiter uniquement les problèmes qu'il était possible d'isoler de leur contexte. A la fin des années soixante et après une période d'hégémonie de quinze ans, la recherche opérationnelle ou << management scientifique » a essuyé une vague d'échecs (Bouyssou [2003]). Ackoff, pionnier de l'optimisation qui s'est consacré au développement de ces techniques, a finalement abouti à une sérieuse remise en question. L'auteur démontre qu'un problème de décision peut être abordé selon trois optiques (Ackoff [1981]).

L'approche << resolve » solutionne un problème et obtient une réponse satisfaisante par le bon sens. C'est une méthode clinique subjective courante dans le domaine de la gestion. L'approche << solve » résout un problème et aboutit à une solution optimale par une démarche analytique. Il s'agit d'une méthode scientifique objective que l'on retrouve en recherche opérationnelle. Enfin, l'approche << dissolve » permet de décomposer le contexte de l'évaluation et d'en modifier les paramètres pour les ajuster au problème traité. Cette approche, fondée sur la synthèse, relève de l'expérimentation.

Il apparaît clairement que les questions auxquelles est confronté un décideur, qu'il soit à la tête d'une structure microéconomique ou d'un Etat, ne se cantonnent pas à la recherche de solutions optimales. L'aide à la décision ne se limite pas à dissoudre un problème dans son environnement mais doit permettre de s'adapter à celui-ci. L'objectif final est d'atteindre une solution acceptable ou réalisable, compte tenu de cet environnement et des possibilités qu'il offre. La démarche méthodologique adoptée pour ce faire doit allier les aspects qualitatifs et quantitatifs des critères introduits dans le système de représentation.

a. Critiquer l'optimisation pour raisonner en multicritère

La recherche opérationnelle a épuisé ses ressources car on lui a attribué une mission trop ambitieuse, à savoir la prise de décisions optimales en toutes circonstances. Dès lors, une série de travaux allant à l'encontre des fondements de l'optimisation ont alimenté la critique. Pour commencer, les articles << Il faut désoptimiser la recherche opérationnelle » (1965) et << Critique et dépassement de la problématique de l'optimisation » (1977) de Roy sont incontournables en la matière. En somme, l'auteur remet en question le postulat suivant : tout problème de décision aboutit au moins à une solution optimale réalisable à partir du moment où l'on y consacre le temps et les moyens nécessaires. L'existence d'une telle solution repose sur trois hypothèses (contraintes implicites) : globalité, stabilité et complète comparabilité transitive. Cependant, elles ne sont pas toujours vérifiées.

La première hypothèse permet de désigner une solution optimale unique parmi un ensemble d'actions potentielles. Elle suppose que ce résultat englobe tous les aspects du problème posé et suffit, à lui seul, à répondre aux attentes du décideur. Il y a donc une contrainte de globalité car les décisions envisageables sont souvent complémentaires. La réalité est plus complexe. La seconde hypothèse suppose que les solutions répondant à la problématique initiale ne sont pas remises en question au cours de l'étude. La décision optimale n'est affectée ni par les constats internes ni par les effets externes. Il y a donc une contrainte de stabilité puisqu'au fur et à mesure de l'avancement du processus décisionnel, de nouvelles idées jaillissent. L'interaction entre l'analyste et son environnement permet d'exclure ou d'inclure des critères. La dernière hypothèse permet de comparer les actions sur la base de la préférence stricte et de l'indifférence. Elle stipule que ces deux relations sont nécessairement transitives. Il y a donc une contrainte de complète comparabilité transitive, à savoir que le processus de décision peut aboutir à une situation d'incomparabilité ou de préférence faible. Les relations entre deux actions ne sont pas toujours radicales.

Ces faits prouvent finalement que la marge de manoeuvre de la recherche opérationnelle est limitée, en raison des contraintes mathématiques requises par la modélisation des faits, le plus souvent simplificatrices à l'excès. Cette façon de procéder peut manquer d'efficacité face aux problèmes de décision où l'intuition joue un rôle majeur. Ainsi, une simple analyse coûts / bénéfices montre très vite ses limites et son inadéquation pour traiter des problèmes complexes tels que l'évaluation des politiques de réformes.

Quels facteurs sont en faveur de la croissance ? Quels critères garantissent un cadre légal efficient ? Ou encore, comment financer le développement ? Il s'agit des principaux thèmes qui peuvent être abordés en amont d'un processus de transition. Dans cet intérêt, l'analyse multicritère propose un éventail varié de méthodes où finesse d'esprit et subtilité sont omniprésents. Sur le plan empirique, notre intérêt porte sur l'évaluation des pays euro-méditerranéens. Il s'agit d'un terrain d'application favorable pour tester l'adaptabilité des méthodes multicritères aux problèmes macroéconomiques.

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"Qui vit sans folie n'est pas si sage qu'il croit."   La Rochefoucault