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La dynamique de convergence en méditerranée. Un système d'évaluation basé sur l'analyse multicritère

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par Yasmine GUESSOUM
Université de la méditerranée Aix- Marseille II - Doctorat d'économie 2006
  

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III. MODE DE FONCTIONNEMENT
DEUX EXEMPLES EMPIRIQUES

Quel est le positionnement des PM compte tenu des objectifs de Barcelone ? Comment évaluer l'aptitude du Mercosur à adopter une politique monétaire commune ? L'utilisation de l'agrégation multicritère dans une optique de benchmarking / rating permet de mesurer la convergence des pays et d'analyser leur aptitude à évoluer vers un objectif commun...

1. Etude de cas n° 1 : Converger vers le libre-échange en Méditerranée

L'Europe a depuis des décennies amorcé un processus d'intégration régionale, alors que les PM en sont encore aux premiers stades du libre-échange. L'asymétrie entre les deux régions n'a pas empêché d'établir une alliance euro-méditerranéenne car les perspectives des pays concernés restent étroitement liées. Par ailleurs, l'évolution du contexte mondial durant les années 90 a donné lieu à un nouvel environnement où cohabitent globalisation et régionalisation. De leur côté, les PM ont préservé une logique nationale individualiste et tenté de l'intégrer dans un contexte global de mondialisation.

Face à un tel paradoxe, le meilleur compromis a été de modifier les relations entre les deux rives de la Méditerranée, au profit d'une coopération Nord-Sud.

A cet effet, un partenariat a officiellement vu le jour en novembre 1995, à l'issue de la Conférence de Barcelone. Il lie 27 pays (15 européens18 et 12 méditerranéens19) et permet d'instituer les fondations d'un nouvel ensemble régional. Ces pays ont pris l'initiative unique et ambitieuse de former, à l'horizon 2010-2012, une zone de libreéchange et de prospérité économique, mais également un espace de stabilité politique et de bien-être social. Trois grands thèmes ont été abordés :

- Le volet politique et de sécurité : définition d'un espace commun de paix et de stabilité en renforçant le dialogue politique et sécuritaire.

- Le volet économique et financier : construction d'une zone de libre-échange au moyen d'un partenariat économique et financier.

- Le volet social, culturel et humain : rapprochement des peuples par un partenariat
favorisant la compréhension des cultures et les échanges entre les sociétés civiles.

18 Les quinze pays membres de l'Union Européenne avant l'entrée des dix nouveaux candidats de l'Est.

19 Algérie, Chypre, Egypte, Israël, Jordanie, Liban, Malte, Maroc, Palestine, Syrie, Tunisie et Turquie.

La concrétisation de l'alliance euro-méditerranéenne présente une opportunité à double sens. En premier lieu, elle permet à la rive Sud de bénéficier des transferts de technologie et d'épargne européens. En second lieu, elle profite à la rive Nord par les transferts de ressources naturelles et humaines méditerranéennes. Soulignons que les accords d'association ont été freinés durant les quatre premières années du processus de négociation par des difficultés d'ordre politique et juridique. Aujourd'hui, d'autres problèmes surgissent dans les domaines de l'agriculture, des services et des migrations. Certains pays sont confrontés à des carences au niveau de leurs mécanismes de marché, alors que d'autres souffrent encore de pauvreté prononcée et de monopoles étatiques rigides. Le tout, ponctué d'une instabilité politique au Proche-Orient et d'un processus de paix de plus en plus menacé.

Les progrès que les PM réalisent pour pallier leurs déséquilibres macro-économiques en faveur d'une intégration régionale restent lents. Les programmes d'ajustement structurel mis en place par le FMI et la BM, en échange de l'adoption de réformes d'ouverture, s'échelonnent sur un intervalle de vingt ans. Ces faits semblent a priori indiquer qu'un long chemin reste à parcourir pour que la Méditerranée atteigne un niveau de convergence concluant. C'est pourquoi il est utile d'évaluer les performances politiques, économiques et sociales des pays de la zone puis de les situer par rapport au reste du monde. Dans cette optique, nous avons envisagé de réaliser un benchmarking global de la région et de le compléter par un rating détaillé des pays. L'objectif final est de retracer leur évolution entre le début et la fin de la décennie 90.

La construction des critères d'évaluation nous a été inspirée des thématiques traitées durant les accords d'association euro-méditerranéens. Précisons que cinq conférences se sont succédées depuis la signature de la Déclaration de Barcelone, incitant les PM à prendre part au processus (Barcelone I, II, III, IV et V)20. Il s'agit de promouvoir une démarche de régionalisation en vue d'intégrer une Méditerranée unique. Cette démarche a pour perspective de dépasser les tensions issues du climat d'instabilité politique (conflit israélo-palestinien), d'insécurité (Algérie) et de crise (Turquie).

Concrètement, notre étude de cas permet de faire le point sur les performances de onze pays des rives Sud et Est de la Méditerranée, sur les trois volets de la Déclaration de Barcelone. Nous avons donc réuni les critères au sein de trois grandes familles faisant référence aux préoccupations du partenariat. Nous avons ensuite constitué des sousespaces de critères au niveau de chaque famille, en vue de disposer d'une liste exhaustive traduisant la logique avec laquelle l'étude a été réalisée. Au final, nous avons obtenu un total de 44 critères, répartis en treize sous-espaces (cf. annexes 9 et 10).

La première famille de critères, intitulée « volet politique et de sécurité », contient dix indicateurs répartis en quatre sous-espaces (cf. encadré 25). La seconde famille, intitulée « volet économique et financier », contient dix-neuf critères répartis en cinq sousespaces (cf. encadré 26). Enfin, la dernière famille, intitulée « volet social, culturel et humain », contient quinze critères répartis en quatre sous-espaces.

20 L'étude a été effectuée en 2003 et ne tient pas compte de la dernière conférence de Barcelone qui a eu lieu en novembre 2006.

Il reste a déterminer le système de pondérations (cf. encadré 27). L'échelle des poids varie de 1 a 5 et permet d'accentuer les effets d'un critère de façon spécifique mais aussi ceux d'un sous-espace de façon globale.

Dans la première famille de critères, l'accent a été mis sur les sous-espaces << risque pays et liberté de la presse » et << secteur militaire et armement » qui traduisent le degré de stabilité du contexte politique. Pour la seconde famille de critères, les sous-espaces << investissements et mouvements de capitaux » et << situation macroéconomique » ont été mis en avant. Le premier comprend l'indice de liberté économique et le second est composé de fondamentaux intervenant dans les ajustements réel et nominal. Enfin, la dernière famille de critères a favorisé l'espace << développement humain et qualité de vie » qui englobe la majeure partie des paramètres sociaux, notamment a travers l'indice de développement humain.

Encadré 25 : Critères du volet politique et de sécurité en Méditerranée

Risque pays et liberté de la presse

- Rating risque-pays : note sur une échelle a 7 niveaux émise par la COFACE pour évaluer les risques politique et économique. A1 << situation très stable », A2 << situation stable », A3 << situation moyennement stable », A4 << situation a peu près stable », B << situation incertaine », C << situation très incertaine », D << situation grave ». Ces notes alphabétiques ont été traduites en notes numériques (1 pour D a 7 pour A1).

- Indice de liberté de la presse : note sur une échelle de 1 a 5 émise par RSF pour évaluer la situation de la liberté de la presse dans le monde. 1 << situation très grave », 2 << situation difficile », 3 << problèmes sensibles », 4 << situation plutôt favorable », 5 << situation favorable ».

- Portée des médias : pourcentage de journaux achetés quotidiennement par les citoyens. Cet indicateur traduit la diffusion et le libre accès a l'information.

Participation des femmes dans la vie politique

- Sièges attribués aux femmes dans le Parlement : indique la participation des femmes aux décisions politiques.
- Implication des femmes dans le gouvernement : indique le nombre de titres ministériels attribués aux femmes.

Sécurité et mouvements des réfugiés

- Personnel de sécurité par rapport a la population totale : effectifs de l'armée de terre, de l'air et des forces navales, ainsi que les effectifs du personnel paramilitaire comme la gendarmerie, la douane et la police des frontières. Cet indicateur traduit le niveau de sécurité d'un pays et sa capacité a faire face aux conflits.

- Réfugiés par pays d'asile : nombre d'individus venus se réfugier dans le pays en raison de persécutions liées a leur origine, nationalité, ethnie ou opinion politique. Cet indicateur joue en faveur du pays concerné.

- Réfugiés par pays d'origine : nombre d'individus fuyant le pays en raison de problèmes liés a leur origine,
nationalité, appartenance ethnique ou opinion politique. Cet indicateur joue en défaveur du pays concerné.

Secteur militaire et armement

- Dépenses militaires par rapport au PIB : montant des dépenses du Ministère de la Défense relatives au recrutement et a l'entraînement des soldats, a l'acquisition et la mise en place des équipements militaires. Cet indicateur traduit l'éventualité que le pays concerné soit exposé a un risque de guerre ou de conflit.

- Importations d'armes conventionnelles : montant des importations d'armes et équipements destinés a des fins militaires (navires, avions de chasse, véhicules d'assaut, missiles, artillerie, systèmes de détection et radars). Cet indicateur traduit l'éventualité que le pays concerné soit exposé a un risque de guerre ou de conflit.

Source : Guessoum [2003a], annexe 1.

Encadré 26 : Critères du volet économique et financier en Méditerranée

Internationalisation et échanges commerciaux

- Indice d'ouverture : rapport entre les flux du commerce extérieur et le PIB (imports + exports / PIB). Cet indicateur traduit la densité du commerce international comparé à la taille de l'économie.

- Termes de l'échange : rapport entre les montants en dollar des échanges (exports en valeur / imports en valeur). Une valeur inférieure à 1 signifie qu'il y a déficit de la balance commerciale.

- Secteur du tourisme : recettes du tourisme par rapport aux exports. C'est une forme d'exportation qui s'effectue au

niveau local. Cet indicateur permet d'évaluer les échanges avec l'étranger qui se passent à l'intérieur du territoire.
- Trafic aérien : nombre d'avions quotidiens annoncés au départ. Cet indicateur traduit la densité du trafic aérien et

donc la fluidité des mouvements de personnes, du courrier et de certaines marchandises.

Situation macroéconomique (indicateurs d'ajustement réel)

- Taux de croissance annuelle du PIB : mesure la progression ou le recul de l'économie, d'une année à l'autre.

- FBCF par rapport au PIB : proportion de l'investissement global par rapport à la taille de l'économie. Ceci mesure

l'importance accordée à l'accumulation du capital en équipements de production, terrains, immobiliers...

- Solde budgétaire par rapport au PIB : montant des revenus courants, des capitaux et des aides financières reçues,

duquel est déduit le montant des dépenses.

- Solde courant par rapport au PIB : montant net des flux issus du commerce extérieur (exports - imports) et des transferts courants.

Situation macroéconomique (indicateurs d'ajustement nominal)

- Taux d'inflation : mesure la progression du niveau général des prix.

- Service de la dette par rapport au PIB : coût des emprunts accordés au pays concerné. Il s'agit du montant des intérêts payés sur les dettes de long terme, de court terme et issus des prêts accordés par le FMI.

- Aide au développement reçue par rapport au PIB : montant des prêts ou dons octroyés par le Comité d'Aide au Développement. Il s'agit d'une ressource financière qui n'engendre pas de coûts.

Investissements et mouvements de capitaux

- Investissement privé par rapport à la FBCF : évalue l'importance du processus de privatisation.

- Flux nets d'IDE par rapport au PIB : mouvements de capitaux étrangers sous forme d'investissements directs.

- Capitalisation boursière par rapport au PIB : valeur totale des titres proposés sur le marché boursier. Cet indicateur

évalue l'importance du marché financier et mesure une partie des investissements de portefeuilles.

- Indice de liberté économique : note sur une échelle de 1 à 5 émise par Heritage Foundation pour estimer les

contraintes de l'Etat sur l'activité économique (interventionnisme, régulation, politique commerciale, politiques

fiscale et monétaire, marché de capitaux, systèmes bancaire et financier, droits de propriété, marché parallèle).

Diffusion de la technologie dans les domaines de l'information et de la communication

- Lignes téléphoniques pour 1000 personnes : accessibilité et densité des télécoms d'ancienne génération. - Téléphones mobiles pour 1000 personnes : accessibilité et densité des télécoms de nouvelle génération. - Nombre d'internautes : accessibilité des moyens de communication de nouvelle génération favorisant la diffusion de

l'information et de la technologie.

- PC pour 1000 personnes : diffusion des technologies et des procédés modernes de traitement de l'information.

Source : Guessoum [2003 a], annexe 1.

Sur le plan méthodologique, nous avons procédé à une analyse multicritère afin de déterminer la position relative des pays méditerranéens. Notre évaluation se décline en deux étapes : la première consiste à appliquer Electre Tri de manière globale sur l'ensemble de l'échantillon sélectionné (benchmarking) et la seconde vise à appliquer Electre III de manière partielle sur les sous-échantillons issus du tri.

Les deux méthodes ont en commun les performances des actions et les pondérations des critères, tandis que les seuils d'indifférence et de préférence sont propres à chaque procédure. En effet, Electre III opère sur des sous-ensembles de pays qui sont comparés entre eux (rating), alors qu'Electre Tri opère sur l'échantillon complet par rapport à des profils (benchmarking). Par conséquent, cette dernière méthode introduit des paramètres supplémentaires qui sont les performances des normes de référence.

Encadré 27 : Critères du volet social, culturel et humain en Méditerranée

Développement humain et qualité de vie

- Indice de développement humain : indicateur compris entre 0 et 1 mesurant le niveau d'accomplissement des individus sur trois catégories (longévité et santé, niveau d'instruction, qualité de la vie).

- PIB par tête : part de chaque individu dans l'économie. C'est un indicateur du niveau de vie moyen.

- Taux de mortalité infantile : proportion de décès chez les enfants par rapport à la population totale. Cet indicateur permet d'évaluer la qualité de l'environnement dans lequel évoluent les individus.

- Accès à l'eau potable : proportion de la population ayant accès à une source d'eau potable. Cet indicateur évalue la qualité de vie des individus.

Engagements dans le domaine de la santé (dépenses, ressources et accessibilité)

- Dépenses de santé par rapport au PIB : montants attribués aux secteurs public et privé de la santé.

- Médecins pour 100 000 personnes : nombre de médecins généralistes et spécialistes, y compris les diplômés, enseignants et chercheurs au sein des facultés de médecine.

- Accès aux médicaments de base : proportion de la population ayant accès aux premiers soins et aux

médicaments essentiels. Ces médicaments sont recensés sur une liste établie par les services de l'OMS.

- Accès aux commodités sanitaires essentielles : disponibilité d'installations sanitaires satisfaisant aux normes

(systèmes d'évacuation, fosses septiques, canalisations...).

Engagements dans le domaine de l'éducation (dépenses, alphabétisation et scolarisation)

- Dépenses d'éducation par rapport au PIB : montants attribués au secteur de l'éducation publique et privé

(primaire, secondaire, universitaire), y compris les subventions et les dépenses des administrations.

- Indice du niveau d'éducation : c'est l'un des indicateurs de développement humain. Il est calculé à partir du

taux d'alphabétisation des adultes et du taux de scolarisation primaire, secondaire et universitaire.

- Taux d'alphabétisation des adultes : pourcentage des personnes de 15 ans et plus, ayant la capacité d'écrire et

de lire des phrases courtes et simples.

Situation du marché du travail et des employés

- Taux de chômage global : proportion de la population active n'ayant pas d'emploi.

- Niveau d'activité : proportion de la population en âge de travailler.

- Compétences des ressources humaines : proportion de la population ayant fait des études à l'université. Cet indicateur permet de distinguer le niveau de qualification de la population active.

- Femmes exerçant une activité économique : proportion des femmes travaillant dans un secteur hors agriculture par rapport aux hommes. Cet indicateur estime le niveau d'inégalité hommes / femmes concernant la répartition des emplois.

Source : Guessoum [2003a], annexe 1.

a. Déroulement du benchmarking par Electre Tri

Le benchmarking que nous avons élaboré par Electre Tri répertorie les PM en trois catégories : meilleures performances (30%), performances moyennes (40%) et mauvaises performances (30%). Celles-ci sont délimitées par deux profils : 70ème centile (profil 1) et le 30ème centile (profil 2) de la distribution mondiale. Ainsi, un PM qui surclasse le profil 1 réalise de meilleures performances que 70% des pays du monde. De même, un PM qui surclasse le profil 2 et qui est surclassé par le profil 1 réalise de meilleures performances que 30% des économies dans le monde. Par contre, si un pays est surclassé par le profil 2, il fait partie des économies qui sont surclassées par 70% de la distribution mondiale.

Catégorie 3

Graphique 3 : Evolution du classement des pays méditerranéens par région

Graphique 1 : Evolution de la position relative des pays méditerranéens

Graphique2 : Evolution de la position absolue des pays méditerranéens

Catégorie 2

Catégorie 1

Source : Guessoum [2003a], p. 10.

Source : Guessoum [2003a], p. 11.

Source : Guessoum [2003a], p. 10.

Catégorie

3

Catégorie 2

Catégorie 1

Catégorie 3

Catégorie 2

Catégorie 1

L'introduction de seuils de préférences faible et forte permet de comparer les performances des actions potentielles et celles des deux profils de références. C'est pourquoi la méthodologie utilisée suppose l'existence de deux seuils de préférence faible et de deux seuils de préférence forte. Ils peuvent varier d'une période à l'autre, en fonction de l'évolution des performances relatives aux actions et aux profils.

Afin de fixer les seuils de façon méthodique, nous avons eu recours à des fonctions statistiques telles que la moyenne, l'écart-type, le maximum et le minimum. Sur chaque critère, le seuil de préférence faible a été défini à partir de l'écart (en valeur absolue) entre les performances du profil 2 et le maximum des performances des actions potentielles. Parallèlement, le seuil de préférence forte a été calculé à partir de l'écart (en valeur absolue) entre les performances du profil 1 et le minimum des performances des actions potentielles. Nous avons tenu compte des écarts moyens entre les performances des actions et celles des profils, puis procédé à un recoupement pour déterminer les seuils définitifs21.

Il est à noter que les seuils de veto n'ont pas été introduits étant donné le nombre considérable de critères et la restriction de l'échelle des poids (l'écart entre les pondérations des critères est faible). Une action dont seule une performance sur un critère en particulier domine le reste de l'échantillon ne doit pas être prioritaire, puisqu'elle réalise des performances peu concluantes sur le reste des critères.

Nous avons opté pour des niveaux de coupe ë spécifiques aux familles de critères et fixes dans le temps. Rappelons que ë est la valeur minimale de l'indice de crédibilité ó(ai , bh) concordant avec l'affirmation (ai S bh). Concrètement, ë = 0,65 pour le volet politique, ë = 0,73 pour le volet économique et ë = 0,76 pour le volet social. Une fois les algorithmes de tri exécutés, nous avons obtenu une répartition des PM sur les trois catégories prédéfinies. Cette classification ne donne pas de détails concernant l'ordre des éléments appartenant à une même catégorie (cf. encadré 28).

Nous constatons que les PM appartiennent majoritairement à la catégorie 2, quels que soient le volet et la période considérés. Ceci signifie qu'ils font partie des pays qui réalisent de meilleures performances que 30% du reste du monde mais se font devancer par 30% des pays. Ils font donc partie de la classe moyenne et leur position est stable à travers le temps. Nos résultats montrent que cette distribution est plus équilibrée entre les catégories et moins stable dans le temps au niveau du volet social. Les PM ont des situations politiques et économiques assez proches mais restent hétérogènes dans le domaine social.

21 Ce mode de calcul est expérimental et a été pensé à l'issue de l'un de nos articles (Guessoum [2003]). Il a ensuite servi de support à la création de l'option « seuils facultatifs » de notre logiciel (chapitre III).

Encadré 28 : Comparaison des PM aux benchmarks mondiaux

Période

1990

2000

Volet

Catégorie 1

Catégorie 2

Catégorie 3

Catégorie 1

Catégorie 2

Catégorie 3

Politique et
de
sécurité

Chypre
Malte

Algérie Egypte Jordanie Liban

Maroc
Syrie

Tunisie
Turquie

Israël

Malte

Algérie Chypre Egypte Jordanie Liban

Maroc
Syrie

Tunisie
Turquie

Israël

Economique
et
financier

Chypre

Algérie Egypte Israël Jordanie Liban

Malte

Maroc
Tunisie
Turquie

Syrie

Israël

Algérie Chypre Egypte Jordanie Liban

Malte

Maroc
Syrie

Tunisie
Turquie

 

Social,
culturel
et humain

Israël

Chypre Jordanie Liban

Malte
Turquie

Algérie Egypte Maroc Syrie Tunisie

Chypre
Israël
Malte

Algérie Egypte Jordanie Liban

Syrie

Tunisie
Turquie

Maroc

 

Source : Guessoum [2003a],

p. 6.

 

L'évolution des profils, liée au développement du contexte socio-économique mondial, suscite un intérêt particulier pour l'évolution des positions relative et absolue des pays entre le début et la fin de la décennie 90. L'approche relative décrit l'évolution des PM en même temps que celle de leur environnement (cf. encadré 29, graphique 1), alors que l'approche absolue traduit leur comportement en faisant abstraction des changements de contexte (cf. encadré 29, graphique 2). C'est une sorte d'analyse dynamique dont l'arrière-plan reste fixe.

Concrètement, nous avons cherché à observer le comportement dynamique des PM et celui des références. Il s'agit de comparer les données de 1990 par rapport aux profils de 1990, puis les données de 2000 par rapport aux profils de 2000 (c'est l'approche relative). Il s'agit ensuite de comparer les performances de 2000 en utilisant les références de 1990 (c'est l'approche absolue). A partir des graphiques 1 et 2 (cf. encadré 29), nous avons superposé, deux à deux, les cadres relatifs à un même volet et conclu à une convergence des PM.

Sur le volet politique, les pays de la catégorie 1 régressent et ceux de la catégorie 2 progressent avec la même intensité en termes relatif et absolu. Ces pays sont en phase avec l'évolution mondiale des économies de la même tranche. Les pays de la catégorie 3 régressent en position relative et progressent en position absolue. Ils évoluent moins vite que le contexte politique mondial (sécurité, démocratie, droits de l'homme...).

Encadré 29 : Evolution du contenu des catégories en Méditerranée

Sur le volet économique, les PM de la catégorie 1, régressent en position relative de manière plus prononcée qu'en position absolue. Les standards internationaux sont plus exigeants. Les PM des catégories 2 et 3 progressent avec la même intensité en positions relative et absolue. Ces pays sont en phase avec leur environnement économique.

Sur le volet social, les trois catégories ont les mêmes niveaux d'évolution en termes relatif et absolu. Les PM sont en phase avec les normes sociales de la distribution mondiale. Il s'agit d'une régression pour les pays de la classe 1, d'une progression pour les pays de la classe 2 et d'une très forte amélioration pour les pays de la classe 3.

Pour finir, nous avons étudié le comportement dynamique par région (cf. encadré 29, graphique 3). Les résultats liés aux critères politiques montrent que la moyenne méditerranéenne se situe au centre de la catégorie 2, en début et en fin de période. On observe, toutefois, une légère dégradation à la fin de décennie 90. Celle-ci est influencée par le déclin des pays du Maghreb dont les performances restent nettement supérieures à celles du Machrek22 (notons que le conflit israélo-palestinien s'est traduit par une baisse des notes risque-pays attribuées au Proche-Orient).

Sur les critères économiques, les PM se situent en moyenne au centre de la classe 2, en début de période, avec une tendance à se rapprocher du sommet de la catégorie en fin de période. Cette amélioration revient aux progrès réalisés par la Méditerranée dans son ensemble et par le Machrek en particulier.

La situation sociale de la moyenne méditerranéenne évolue vers des standards de meilleure qualité. Ceci est dû aux progrès remarquables qui ont été réalisés par le Maghreb tout autant que par le Machrek. Une amélioration qui a permis aux pays des deux régions de se hisser vers le sommet de la catégorie 2.

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"Ceux qui vivent sont ceux qui luttent"   Victor Hugo