WOW !! MUCH LOVE ! SO WORLD PEACE !
Fond bitcoin pour l'amélioration du site: 1memzGeKS7CB3ECNkzSn2qHwxU6NZoJ8o
  Dogecoin (tips/pourboires): DCLoo9Dd4qECqpMLurdgGnaoqbftj16Nvp


Home | Publier un mémoire | Une page au hasard

 > 

La dynamique de convergence en méditerranée. Un système d'évaluation basé sur l'analyse multicritère

( Télécharger le fichier original )
par Yasmine GUESSOUM
Université de la méditerranée Aix- Marseille II - Doctorat d'économie 2006
  

précédent sommaire suivant

Bitcoin is a swarm of cyber hornets serving the goddess of wisdom, feeding on the fire of truth, exponentially growing ever smarter, faster, and stronger behind a wall of encrypted energy

b. Déroulement du rating par Electre III

Notre objectif est à présent de départager le contenu des catégories issues du tri. En utilisant le procédé de distillation d'Electre III, nous avons réduit le nombre d'ex æquo au sein d'une même classe. Nous n'allons pas introduire de profils car il s'agit de comparer les pays directement entre eux et de les ordonner (rating). L'exécution des algorithmes de classement suppose la définition de seuils de préférences faible et forte pour comparer les performances des actions. La méthodologie utilisée introduit un seul seuil de préférence faible et un seul seuil de préférence forte par critère. Ils peuvent varier d'une période à l'autre en fonction de l'évolution des performances des actions.

Ces seuils ont été calculés à partir du même raisonnement employé lors de l'application méditerranéenne (étude de cas 1). En effet, nous avons utilisé les écarts entre le 50ème et le 30ème centiles des performances pour le seuil d'indifférence, puis le 50ème et le 80ème centiles pour le seuil de préférence. Nous n'avons pas introduit de seuils de veto pour les mêmes raisons évoquées précédemment.

En revenant aux résultats issus d'Electre Tri, nous avons décelé quatre classes dont le
cardinal est supérieur à 1 (deux pour la première période et deux pour la seconde). Cecinous a amenés à appliquer Electre III à quatre reprises pour évaluer les distances entre

tous les pays et pour les deux périodes. Notre analyse permet de constater que la plupart des pays ont amélioré leur position par rapport à celle préconisée par les critères traditionnels et financiers. Cependant, des difficultés les maintiennent à un niveau moyen ou faible comparativement à la situation des pays européens avant l'adoption du traité de Maastricht (cf. encadré 35).

Source : Gimet et Guessoum [2003], p. 12.

Encadré 35 : Rating des pays du Mercosur

Après avoir subi les conséquences de la crise mexicaine de 1995 (contagion par l'effet << Tequila »), l'Argentine revient sur le marché financier international dès la seconde moitié de l'année 1995 et termine en tête du classement en 1996. L'intervention du FMI l'aide à consolider son secteur privé et à renforcer son currency board. Le taux de chômage est raisonnable et le taux d'inflation est faible par rapport au reste de la zone. Le pays bénéficie également d'un important niveau de réserves internationales et d'un taux d'intérêt inférieur à celui de ses voisins.

Une production diversifiée, que l'on appréhende par le poids du secteur industriel, permet à l'Argentine de répartir les risques lors d'un choc externe. Après avoir subi les conséquences néfastes de la crise asiatique (1997) puis de la dévaluation du real brésilien (1999), le pays a dû recourir à un ajustement entraînant une récession dès 1999. Sa situation économique se dégrade, marquée par une augmentation importante du taux d'intérêt et du taux de chômage. De plus, le pays souffre d'une réduction de son épargne interne qui se traduit par une hausse de vulnérabilité et aboutit en 2001 aux performances les moins satisfaisantes de la zone.

Au Brésil, l'adoption du << Plan Real » depuis 1993 n'a pas suffi à stabiliser l'économie. Le pays souffre d'un taux d'intérêt trop élevé, d'un important taux de chômage et ne parvient pas à maîtriser l'inflation. Les IDE sont quasi-inexistants et les banques accordent un surplus de crédit par rapport aux liquidités disponibles. L'économie brésilienne est aussi fragilisée par un important déséquilibre de sa balance courante et par un endettement externe qui ne cesse de croître.

Particulièrement touché par la crise asiatique et ne pouvant pas maintenir une politique économique rigoureuse, le pays dévalue sa monnaie en 1999. Il se maintient alors dans la catégorie la plus faible en 2001, contraint par le déficit de sa balance courante et le poids dominant du secteur bancaire. Il réalise quelques progrès en réduisant son taux de chômage et son endettement externe. Le Brésil tente également d'augmenter la part des IDE et des réserves internationales en limitant l'entrée des capitaux de court terme à caractère déstabilisateur.

Le Paraguay réalise des performances moyennes en 1996. Il est avantagé par le faible poids du secteur bancaire dans l'économie et par l'influence minime des investissements étrangers volatils de court terme. Il bénéficie d'importants IDE qui lui valent sa place parmi les pays qui réalisent les meilleures performances de la zone. Le Paraguay est tout de même déstabilisé par la dévaluation du réal brésilien. Il est contraint d'assouplir son régime de flottement contrôlé, ce qui diminue sa crédibilité aux yeux des marchés étrangers.

C'est ainsi que la situation économique du pays se détériore. Il s'ensuit une diminution du niveau des IDE qui s'accompagne d'une croissance des flux d'investissements de court terme fragilisant l'économie. Les risques liés au recours à l'intermédiation bancaire et au déficit de la balance courante ne cessent de croître. Le pays se retrouve alors dans la catégorie 3.

L'Uruguay connaît en 1996 une situation économique et financière défavorable par rapport aux autres pays du Mercosur. Ces fragilités sont dues à un taux de chômage très élevé, une main-d'oeuvre peu mobile, un taux d'inflation excessif et un taux d'intérêt nominal considérable. Sa vulnérabilité est accrue par un manque d'épargne nationale, un endettement externe trop lourd, une insuffisance des IDE par rapport aux flux d'investissement de court terme, et par l'importance de l'intermédiation bancaire. Autant dire que le pays ne respecte aucun des critères lui permettant d'évoluer vers une union monétaire.

Il reçoit alors l'aide du FMI et de la BM, ce qui lui permet de résister aux perturbations internationales. Sa situation économique se solidifie, et il parvient à maintenir son système de crawling peg à la suite de la dévaluation du réal brésilien. C'est ainsi qu'en 2001, on le compte parmi les pays ayant réalisé les meilleures performances de la zone. Son taux de chômage, son taux d'intérêt et son taux d'inflation chutent considérablement de même que sa dette externe amorce une baisse. La crédibilité du pays augmente et, avec elle, la part des IDE. Sa fragilité s'atténue grâce à un recours de moins en moins prononcé au système bancaire.

La Bolivie et le Chili, membres associés au Mercosur, réalisent des performances moyennes. En 1996, l'économie bolivienne est entravée par des taux de chômage et d'inflation élevés. De même, elle paraît fragilisée par le poids du secteur bancaire et un déficit de la balance courante. En contrepartie, l'économie chilienne connaît des taux d'inflation et de chômage modérés, mais reste fragilisée par un manque d'épargne nationale et un déficit de la balance courante.

Ces deux pays connaissent une évolution qui aboutit en 2001 à une situation opposée à celle de 1996. En effet, la Bolivie se retrouve en catégorie 2 car elle a su diversifier son économie, rétablir l'équilibre de sa balance courante et diminuer le poids de sa dette de court terme. En revanche, le Chili se retrouve en catégorie 3 car il a été défavorisé par une hausse démesurée du taux d'inflation, un recul des IDE et un recours croissant à l'intermédiation bancaire.

Au final, les résultats de notre analyse font ressortir la fragilité et l'instabilité du Mercosur par rapport aux profils européens avant le traité de Maastricht. La région ne semble pas prête à abandonner les instruments de politique monétaire et de change pour résorber les déséquilibres internes. Bien que certains pays aient évolué vers une stabilisation de leur économie, ils restent sensibles aux chocs externes du fait de leurs fragilités financières. Les conséquences néfastes de la crise asiatique sur le Mercosur puis de la dévaluation du réal brésilien témoignent de cette vulnérabilité.

Le résultat le plus marquant a été l'amélioration de la situation économique en Uruguay. Alors qu'en 1996 le pays n'était pas en mesure de respecter les critères de convergence, il se retrouve cinq ans plus tard en tête du classement. On note aussi la dégradation de la situation en Argentine qui se retrouve classée parmi les pays les moins performants de la zone. Le pays n'est pas arrivé à faire face aux pressions externes et s'est enlisé dans la récession.

Pour conclure, rappelons que la présente étude a permis d'envisager la capacité d'un ensemble de pays à évoluer vers une union monétaire. Pour ce faire, nous avons élaboré un comparatif multicritère des économies du Mercosur (rating) tout en tenant compte de la situation économique et financière des pays européens (benchmarking). Nous avons opté pour l'utilisation des procédures Electre III et Electre Tri qui se sont révélées particulièrement satisfaisantes dans le traitement d'une telle problématique. En tant que méthode d'affectation, Electre Tri concorde parfaitement avec la logique de benchmarking, tandis qu'Electre III, qui est une méthode de rangement, correspond au rating.

précédent sommaire suivant






Bitcoin is a swarm of cyber hornets serving the goddess of wisdom, feeding on the fire of truth, exponentially growing ever smarter, faster, and stronger behind a wall of encrypted energy








"I don't believe we shall ever have a good money again before we take the thing out of the hand of governments. We can't take it violently, out of the hands of governments, all we can do is by some sly roundabout way introduce something that they can't stop ..."   Friedrich Hayek (1899-1992) en 1984