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Les contraintes de l'action humanitaire dans les situations de conflits armés: cas de la Côte d'Ivoire

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par Trazié Gabriel LOROUX BI
Université de Cocody- Abidjan - Diplôme d'études supérieures spécialisées en droits de l'homme 2006
  

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Chapitre deuxième: Les réalités socio économiques comme frein à l'action

humanitaire et l'influence de l'évolution de la situation

politique sur les contraintes.

Si les contraintes de la pratique humanitaire se révèlent être connues généralement sur le terrain juridique, les réalités locales montrent cependant que les facteurs socio économiques sont d'une part importante pour ce qui est des difficultés (section 1), cependant l'évolution de la situation politique a eu un véritable retentissement sur les difficultés tout au long de cette activité sacerdotale (section 2).

Section 1 : L'effet subversif des réalités socioéconomiques sur la

pratique humanitaire

Les articulations diverses des réalités locales qui se sont tissées entre acteurs et enjeux du conflit ivoirien ont montré les limites d'une approche victimaire de certaines populations (A). A cela il est à ajouter la suspicion portée sur les réfugiés libériens du fait de la situation conflictuelle à l'ouest à laquelle ils auraient pris part (B).

Paragraphe 1 : Les limites de l'approche victimaire de certains

acteurs

Cette approche victimaire s'analyse à deux niveaux, d'une part au niveau de la qualité multiple des civils, c'est à dire la casquette civilo-militaire (A) et d'autre part au niveau des réfugiés libériens dans leur prétendue implication dans la crise à l'ouest du pays (B).

A : La double casquette civil/militaire

La crise ivoirienne, à l'instar de celles de certains Etats comme du Liberia, de la Sierra Léone et d'autres Etats, s'est trouvée confrontée à des moments et à des lieux à l'épineuse question de la qualification de certains intervenants. En effet, ces intervenants quels qu'ils soient, se retrouvent dans des situations où les catégories habituelles122(*) (du type civils/ militaires) ne font plus grand sens. La logique humanitaire123(*) ne permet pas de résoudre ce problème en Cote d'Ivoire lorsque, dans les zones sous contrôle rebelle où dans certaines zones (l'ouest)124(*), les soldats peuvent être des enfants, ou des réfugiés. Aussi les civils que voudrait-on voir ou réduire au statut de « victimes » passives ou neutres, s'affirment partiellement comme des acteurs authentiques de la crise125(*).

La situation à l'ouest a montré combien les « acteurs locaux » pouvaient changer de casquette rapidement. Aujourd'hui civils meurtris dans la chair et dans la dignité, demain seigneur de guerre, après demain notable local, commerçant ou autorité religieuse ou même représentant de la société civile. Ainsi dans le Moyen Cavally, on ne peut pas s'étonner de voir une situation aussi malheureuse mais vrais qui déjoue les pronostics des humanitaires, rendant ainsi complexe la situation humanitaire à cerner et à faire face. La situation particulière du ZOU illustre malheureusement ce tableau noir. Pour l'histoire c'est une zone (Bangolo dans la Zone de Confiance) où les Yacouba aidés par les miliciens pro rebelles, en guise de riposte, ont délogé les Guérés de leur zone. Pendant que les humanitaires s'apprêtaient à les accueillir dans les zones de transit, ils (Guérés) ont organisé une autre attaque contre les allochtones en majorité des Burkinabés qui à leur tour les ont chassé de leur zone (Bangolo). Fuyant la situation, ils ont eu pour refuge les champs des autochtones guérés de Guiglo qui pour certains ont fuit la rébellion et pour d'autres ont chassé les allochtones de leur champs mettant ainsi les humanitaires dans une situation de « casse tête chinois ». Cette situation paralyse l'ouest entier dans la mesure où les guérés de Guiglo qui ont accepté de rétrocéder les champs des allochtones ne peuvent pas retrouver les leurs, parce que investis par ceux du ZOU qui refusent retourner chez eux à cause des allochtones qui règnent en maître absolu sur leurs villages et champs. Cette situation indélicate risque de compromettre tout le travail abattu par toutes les bonnes volontés venues aider l'Etat de Côte d'Ivoire dans les moments difficiles qu'il traverse. Le « Far West » crée à l'ouest ivoirien, fait planer un vent de suspicion sur les allochtones pour leur « prétendue » participation à la guerre. C'est le cas des réfugiés libériens.

B : La suspicion sur les réfugiés libériens en Côte

d'ivoire du fait de la situation à l'ouest

Fidèle à sa réputation de pays hospitalier, la Côte d'Ivoire a accueilli plus de 60000 réfugiés libériens sur son sol126(*), installés en partie dans un camp de réfugié (Peace town ou village de paix à Guiglo) et le reste dispersé dans des villages et villes. Nombreux parmi eux étaient des ex-combattants soit de Taylor soit anti-Taylor qui ont déserté les rangs de l'armée et des milices depuis 1996127(*). Cela dit, tous ces ex combattants ont été recrutés de part et d'autre dans les milices progouvernementales, pro rebelles et les milices d'auto défense qui sont nées à l'ouest. Ces ex combattants réfugiés libériens étoffaient à plus de 70%128(*) ces groupes puisqu'ils sont rompus à la guérilla suite à leur participation à la guerre du Liberia. L'implication des réfugiés libériens dans la crise à l'ouest n'est plus à démontrer même si de façon officielle les rapports des Nations unies n'en font pas large écho. Mais l'une des raisons essentielles de leur implication reste l'argent et le butin de guerre (pillage totale des villes et villages). Cette implication à mis en danger la vie de tous les réfugiés et des réfugiés129(*) au point que le HCR a cherché à partir de 2003, à les relocaliser130(*). Plus de 8000 ont été évacués vers les Etats unis d'Amérique et plus de 11000 ont été rapatriés en juin 2005. La situation était tellement invivable que des fonctionnaires des organisations humanitaires se sont également préoccupés de la sécurité des réfugiés libériens et même des Burkinabés131(*) déplacés dans la partie ouest de la Côte d'Ivoire où certains font porter la responsabilité de la reprise des combats à des ressortissants étrangers. C'est cette inquiétude que le porte-parole régional de l'Office des Nations Unies du Haut Commissariat aux Réfugiés Fati Kaba exprime en ces mots, « les tensions dans la partie ouest de la Côte d'Ivoire présentent le risque d'affecter négativement la protection des réfugiés, parce que chaque fois qu'il y a un conflit en Côte d'Ivoire, la population locale a tendance à être hostile aux réfugiés, à cause de l'implication passée des Libériens dans les combats132(*) ».

Toute cette situation, a malheureusement crée un contexte invivable entre autochtones et allochtones (réfugiés) alors qu'il est question de cohésion sociale de paix, gage d'une Côte d'Ivoire prospère réconciliée avec le développement.

* 122 Béatrice pouligny, L'humanitaire non gouvernemental face à la guerre : Evolutions et enjeux, CERI, Paris, 29-30 mai 2000

* 123 Le droit international humanitaire trouve fondement dans la distinction entre combattant et non combattant.

* 124 Par l'ouest du pays nous entendons les régions du Moyen Cavally et des 18 montagnes.

* 125 Selon l'analyse de Ruth Marshall, la situation particulière à l'ouest, La régionalisation de la guerre en Côte d'Ivoire montre que le « système de conflit » qui s'est cristallisé à partir de la guerre au Libéria depuis 1989 a encore gagné du terrain. L'opposition entre les (Krahns ethnie soeur des Wê guéré en Côte d'Ivoire)du LURD fidèles à feu Samuel Doe et le LIMA( a forte consonance Yacouba, une ethnie ivoirienne) du MODEL proche de Prince Johnson, s'est transposée en Côte d'Ivoire entre ces deux ethnies, exacerbée par le conflit foncier rural.

* 126 Op cit Ruth Marshall Fratani, liaison dangereuse

* 127 L'analyse de Ruth Marshall Fratani abouti à cette conclusion de qui d'ailleurs est confirmée tant par les humanitaires que par les miliciens de Mao Glofiéhi et du Pasteur Gami qui ont eu à les côtoyer sur les fronts de guerre. Ces milices à l'ouest sont étoffées en majorité de combattants libériens.

* 128 Cet estimation est le fait des combattants de Mao Glofliéi qui ont bien voulu se prêtés à nos questions. Certains humanitaires sans officiellement le confirmé en font allusion c'est le cas de certains chefs de sous bureau qui pour des questions de sécurité nous voulons bien taire les noms.

* 129 La situation des déplacés est tellement alarmante que le représentant spécial du Secrétaire général de l'ONU pour les droits de l'homme et des personnes déplacées, l'Allemand Walter Kälin, a demandé au gouvernement ivoirien de « prendre les mesures nécessaires » pour assurer la sécurité des déplacés en Côte d'Ivoire. Selon lui, ces personnes déplacées « ont été victimes, tout au long de la crise, de violations graves des droits de l'homme de la part de toutes les parties en conflit et d'autres acteurs impliqués ». Rapport de l'ONU avril 2006

* 130 Ouattara Abou, Mémoire de DEA sur le thème les réfugiés dans la crise ivoirienne, Université de Cocody, UFR des Sciences Juridique, administrative et Politique, 2005, p 44. « en 2002 et 2003, les autorités et populations de Grand Lahou ont refusé d'offrir un site pour la relocalisation des réfugiés au motif qu'ils transportent la guerre chez eux.

* 131, 7000 Burkinabé déplacés se trouvent au Centre d'Assistance Temporaire des Déplacés à proximité de « peace town » camp des réfugiés à Guiglo.

* 132 Rapport de Human wrights de mai 2005 sur le conflit ivoirien www.hrw.org

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