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Les contraintes de l'action humanitaire dans les situations de conflits armés: cas de la Côte d'Ivoire

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par Trazié Gabriel LOROUX BI
Université de Cocody- Abidjan - Diplôme d'études supérieures spécialisées en droits de l'homme 2006
  

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Paragraphe 2 : La protection des intérêts et le soutien des

populations aux programmes humanitaires

Les réalités sociopolitiques ne cesseront de retentir sur la qualité de la pratique humanitaire si chaque acteur n'a seulement en vue que la protection égoïste ses intérêts économiques (A) ou si chaque population se garde d'apporter sa participation communautaire aux différents programmes mises en place pour la restauration de la dignité humaine bafouée par la guerre (B).

A : La protection des intérêts économiques

internationaux

L'Afrique subit avec une acuité particulière les « destabilisations politiques et sociales dûes à la mondialisation. En effet, déja fragiles, les jeunes Etats independants ont hérité d'une souverainété chancelante que la domination des multinationales et la dislocation des sociétés sous l'effet des politiques d'ajustement structurel ont achévé de reduire à néant. Ainsi, la puissance publique devient une fiction dont on cherche à tirer profit et le coup d'Etat un mode naturel de conquète du pouvoir133(*) ». C'est la réalité de nos pays subsahariens comme celle de la Côte d'Ivoire dont la situation reste cependant marquée par une certaine forme de prédation économique.Tant que l'économie de ces Etats sera fortement dirigée par les Etats développés et les plus riches134(*), les intérêts économiques continueront de peser lourdement sur la dynamique des conflits135(*). Les Etats africains sont fortement interdependants. Et cela depend pour beaucoup des interêts des multinationales. Qu'elles soient européennes ou orientales, elles ont soumis et dompté les appareils d'Etat, ont aboli de facto les frontières héritées de la colonisation, en modifiant la nature des Etats et en en faisant des annexes ou bureaux de contrôles. Dans un tel cas de figure, les conflits ethniques ne sont souvent que le paravent des calculs d'interêts effectués par ces multinationales. Ces derniers instrumentent les conflits pour obtenir ou conserver des marchés et des concessions136(*).

Les analystes estiment que Paris s'est servi de la rébellion pour faire pression sur le gouvernement ivoirien afin qu'il renouvelle le contrat de la CIE-SODECI qui est la Compagnie d'électricité et de distribution d'eau appartenant au puissant groupe français Bouygues et qui prospère en Côte d'Ivoire. Le contrat de CIE-SODECI renouvelé par l'Etat de Côte d'Ivoire, la France ne voyait plus de raison de soutenir Guillaume Soro (le leader des Forces nouvelles) et ses hommes. La rébellion, hier moyen de pression, n'a plus de raison d'être soutenue, Il faut donc lui couper tous les conforts, à commencer par l'eau, l'électricité et emmener les rebelles à désarmer au plus vite ». Ceci explique la coupure d'eau et d'électricité pendant plus d'un an à partir de 2003137(*).

L'intervention des certains Etats par le biais de leur grandes firmes dans le sens de la protection et de la conservation de leurs intérêts, est un des facteurs déclencheur et catalyseur de la crise ivoirienne. Cette analyse n'est pas totalement erronée dans la mesure où les actes de la métropole comme certains accords politiques n'ont enregistré que des contestations souvent violentes. L'économiste Yves Ekoué Amaïzo138(*) voit « derrière le soulèvement rebelle et l'arrangement de Marcoussis, la main des multinationales dont les intérêts étaient menacés par le pouvoir en place à Abidjan : ayant pris le contrôle des juteuses filières agricoles, réalisant des profits exorbitants contre quelques « pourboires » versés traditionnellement à l'Administration, ces sociétés, dont les contrats arrivent à terme en 2004, verraient d'un mauvais oeil les réformes envisagées par Laurent GBAGBO, sur l'attribution des marchés notamment139(*) ».

Cela peut être un « acte normal » de la métropole ou de ses entreprises de protéger des intérêts, mais les réactions (réactions contre l'accord de Marcoussis, contre les forces Licornes et contre les décisions des Nations unies qui ont dégénéré en véritable guerre) des populations à ces conceptions et actes de défense (qu'ils jugent comme une recolonisation), n'ont pas permis à certains moments une fluidité des activités aussi civiles qu'humanitaires. Conscients de cette entreprise de la part de la métropole, les réactions étaient encore plus « sauvages » et dirigées contre les humanitaires qui pour eux sont à leur solde, mettant ainsi à mal toutes leurs activités de foi. Cela pourrait expliquer l'attitude timide de la population face aux programmes humanitaires.

* 133 Pierre Franklin TAVARES, « pourquoi ces coups d'Etat en Afrique », in le monde Diplomatique janvier 2004

* 134 Dans une interview à ONUCI FM en septembre 2007, l'ambassadeur de France en Côte d'Ivoire, André Jarnier confiait qu'en 2006, la France a contribué à 50% de la recette fiscale et de 30% du PIB de la Côte d'Ivoire par le biais des entreprises françaises implantées sur son sol. Chose qui confirme le contrôle total de l'économie ivoirienne

* 135 Déclaration de Pierre Krähenbühl, directeur des Opérations au CICR au Conseil des Délégués du Mouvement international de la Croix-Rouge et du Croissant-Rouge - Séoul, République de Corée, 16-18 novembre 2005 sur le thème « Défis de l'action humanitaire dans les situations de conflit armé et de violence interne ». Le directeur fustige l'attitude des grandes firmes internationationales qui tiennent en otage des Etats en leur imposant leurs seules volontés dans le sens de la conservation de leurs interêts économiques.

* 136 Pierre Franklin TAVARES, « pourquoi ces coups d'Etat en Afrique », in le monde Diplomatique janvier 2004

* 137 Yves Ekoué Amaïzo est un économiste à la Banque mondiale. L'analyse qu'il fait de la crise ivoirienne est à titre personnelle.

* 138 Yves Ekoué Amaïzo, op cit

* 139 Idinama Kotoudi, « Comprendre et traiter la crise en Côte d'ivoire », Institut Panos Afrique de l'Ouest, Faits et documents, novembre 2004, 172 p.

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