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Les contraintes de l'action humanitaire dans les situations de conflits armés: cas de la Côte d'Ivoire

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par Trazié Gabriel LOROUX BI
Université de Cocody- Abidjan - Diplôme d'études supérieures spécialisées en droits de l'homme 2006
  

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2/ CONTEXTE D'ETUDE

L'étude des contraintes de l'action humanitaire dans les situations de conflits armés dans le cas particulier de la Côte d'Ivoire, se veut une contribution au mouvement international de diffusion du DIH. Elle participe également à l'amélioration de la pratique humanitaire dans le monde, en Afrique subsaharienne et surtout en Côte d'Ivoire où les hostilités ont été des plus dévastatrices19(*). Elle est menée dans le cadre de la préparation du Diplôme d'Etude Supérieure Spécialisée (DESS) en Droits de l'Homme organisé par l'Institut de la Dignité et des Droits Humains (IDDH) du Centre de Recherche et d'Action pour la Paix (CERAP). Ce DESS est organisé en partenariat avec l'Université d'Abidjan Cocody (Faculté de droit) et, la présente promotion, en est la troisième.

La recherche ayant été balisée dans son contexte scientifique, il convient de la définir dans son cadre spatio-temporel. Une telle démarche présenterait l'avantage de la précision et de la concision de l'étude.

Ainsi ratione loci, le champ de celle-ci ressort du thème lui-même, à savoir « les contraintes de l'action humanitaire dans les situations de conflits armés : cas de la Côte d'Ivoire ». Ce critère purement géographique nous parait le mieux approprié, dans la mesure où il nous permet de nous limiter à la Côte d'Ivoire avec toutefois des possibilités d'ouverture sur le reste du sous continent. Cependant, nous avons pris soin de nous « limiter » à un échantillon c'est à dire à la région ouest du pays, celle du « Moyen Cavally et des 18 montagnes » qui pour nous sont représentatives de la Côte d'Ivoire au point de vue des difficultés humanitaire rencontrées sur l'ensemble du territoire ivoirien.

Un tel choix n'est pas fortuit. Il repose sur trois raisons principales. Au delà des difficultés communes, la pratique humanitaire connaît d'autres contraintes du fait des spécificités qui sont propres à ces régions. D'abord, la région Ouest du pays à l'image de la région du Moyen Cavally et des 18 montagnes a payé le plus lourd tribut : pertes en vie humaine très élevées et pertes matérielles (des villages entiers rayés de la région20(*), les plus gros charniers : Monoko Zohi, Guitrozon et les grands assassinats dans des villages qui n'ont pas encore révélés21(*)). Aussi l'ouest de la Côte d'Ivoire est elle à cheval sur les trois zones caractéristiques de la guerre depuis le 19 septembre. Ce sont la zone sous contrôle gouvernementale, la zone sous contrôle rebelle et la zone de confiance qui sépare ces deux zones antagonistes. Ensuite, cette région a été la première à accueillir un camp de réfugié (Peace Town à Guiglo mais le reste des réfugiés a connue une bonne insertion dans des familles de la région). Enfin existe le phénomène des déplacés de guerre qui a atteint une proportion démesurée22(*) sur fond de problème du foncier rural. Toutes ces difficultés se trouvent exacerbées avec les conditions insupportables de la pratique humanitaire. Ces spécificités propres à la région, de par leur gravité, menacent la paix et la stabilité de toute la Côte d'Ivoire et de toute la sous région. A cela, il est à ajouter que même si les contraintes semblent pratiquement être les mêmes, les explications diffèrent en fonction des réalités de chaque région. Par exemple, les spécificités des zones du nord influent singulièrement sur les difficultés humanitaires rencontrées au nord. Il en va ainsi des autres zones du pays.

Ratione temporis, la situation des contraintes relativement à l'action humanitaire dans les situations de conflits armés en Côte d'Ivoire ne sera envisagée pour l'essentiel qu'à partir du moment où la Côte d'Ivoire a franchi le rubicond de turbulence depuis le 24 décembre 1999, date inaugurant le cycle de déstabilisation de l'Etat.

Par cette étude, Il s'agit ainsi de réaliser l'espoir suscité par le mouvement international de codification en faveur des sinistrés de guerre. Cette codification permettra de leur apporter le réconfort nécessaire dans le sens du respect de leur dignité. Par cela seul la notion de droit d'assistance humanitaire selon le secrétaire général des Nations unies Kofi Anan, « deviendra en quelque sorte, l'une des dimensions opérationnelles de la garantie des droits de l'Homme »23(*).

* 19 L'effet dévastateur s'entend ici des conséquences dramatiques tant au niveau humain que matériel. Cet effet se ressent plus au nord et à l'ouest du pays, c'est à dire de façon générale dans les zones sous contrôle rebelle.

* 20 C'est le cas de Koharo, petit village yacouba installé au coeur de la région Guéré (la région de Bloléquin dans le Moyen Cavally). Pour l'histoire, une lutte hégémonique a vu chasser d'un village yacouba de Zouon houein, le chef déchu avec ses notables qui lui sont restés fidèles. Ceux ci se sont vus accorder asile par les Guérés pour fonder ce village. La guerre ethnique éclatée entre Yacouba et Guérés, le village s'est vu rayé de la carte par les Guérés sans même tenir compte de l'asile qu'ils leur ont accordé. La situation de ce petit village a interpellé tous les humanitaires qui se sont penchés sur leur cas. Aujourd'hui le village commence à renaître comme un phoenix de ses cendres.

* 21 C'est le cas de Bahoubly (petit village de la localité de Péhé sous préfecture de Toulépleu dans le Moyen Cavally) Aux premières heures de la crise, les insurgés ont enterré vivant plus de 47 personnes dans une fosse qui a servi à la construction d'une maison en terre. Les habitants, après la guerre ont érigé un monument sur le site pour conjurer le mauvais sort et aussi avoir toujours en mémoire ce drame. Ces informations ont été recueillies sur le site auprès des villageois lors du retour des déplacés.

* 22 Les allochtones (Guinéens, maliens, burkinabés et autres peuples ivoiriens) ont été expropriés de leurs champs et ont été la cible de tueries sauvages. Ils ont été recueillis à Guiglo au camp CATD (centre d'accueil temporaire des déplacés) jusqu'en 2007 date à laquelle l'OIM a commencé à les accompagner après que leurs différents tuteurs aient accepté de les recevoir à nouveau suite à une sensibilisation préalable à la cohésion sociale. Dans le cadre de notre stage nous avons participé à une de ces opérations le 06 août 2007 dans la région de Péhé Bloléquin.

* 23 Extrait du Discours du Secrétaire général des Nations unies, M. Boutros Boutros-Ghali, prononcé à l'ouverture de la conférence mondiale sur les droits de l'Homme sur le thème : Les défis du CICR et du DIH, Vienne, 14 juin 1993

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"En amour, en art, en politique, il faut nous arranger pour que notre légèreté pèse lourd dans la balance."   Sacha Guitry