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Les facteurs associés à  la malnutrition des enfants de moins de cinq ans en Guinée

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par Lansana CAMARA
Institut de formation et de recherche démographiques de Yaoundé - En vue de l'obtention du diplôme d'études supérieures spécialisées en démographie 2005
  

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En guinée, l'allaitement maternel, bien que pratiqué par près de 85% des mères, ne commence pas toujours immédiatement après la naissance. Certaines mères attendent plusieurs heures, voire quelques jours, avant de mettre l'enfant au sein (Barry, 1981). Il leur arrive alors de donner au nouveau-né des infusions, notamment le quinkéliba. Le colostrum, premier liquide qui sort du sein après l'accouchement, n'est pas toujours donné à l'enfant (FAO, 1999). Ces erreurs existent dans la population guinéenne, quoique minoritaires. Elles devraient être corrigées avec tact.

On peut parfois s'appuyer sur la tradition plutôt que sur la science pour corriger ces erreurs. Ainsi, dans certaines sociétés, il est dit que «si l'enfant ne tête pas le colostrum de sa mère, plus tard il sera battu par les autres enfants» (Chérif, 1980). Cette image, très juste si on l'évalue à la lumière de nos connaissances scientifiques, peut être utilisée par les communicateurs pour promouvoir une mise au sein rapide, juste après la naissance de l'enfant.

Les pratiques alimentaires, notamment le sevrage, sont inadéquates après 6 mois (Barry, 1981).

L'enquête ENAMOG, réalisée en milieu rural (Moyenne Guinée), témoigne des faits suivants:

· Des liquides autres que le lait maternel (lait de vache, de chèvre, infusion, etc.) sont souvent introduits prématurément: avant 3 mois.

· Les aliments semi-solides sont parfois introduits trop tardivement: à 11 mois et même davantage.

· Les bouillies de sevrage existent, mais elles sont inadéquates sur le plan nutritionnel: composées de maïs, riz ou fonio avec une addition de sucre dans les 2/3 des cas et de lait dans 1/5 des cas, elles ont indiscutablement une densité énergétique trop faible.

· Lors des épisodes de maladies, la prise en charge diététique est très mauvaise: près de la moitié des enfants ne mangent pas en cas de diarrhée.

Ces mauvaises pratiques ne semblent pas exclusives du milieu urbain puisque les résultats de l?« Enquête sur la Consommation des ménages de Conakry (ECOMEC, mai 1992) » révèlent que 20% des mères introduisent des aliments complémentaires avant 3 mois, donc à un âge où les enfants n'en ont pas encore besoin. D'un autre côté, 30% des femmes diversifient seulement après 10 mois, donc beaucoup trop tardivement.

Dans les comportements habituels, le nombre insuffisant de repas - un, deux ou trois repas par jour influence négativement la croissance des enfants en bas âge. La prise de repas se faisant en groupe, les plus jeunes sont lésés tant pour la qualité que pour la quantité de la nourriture. Les meilleures parties des repas (protéines, matières grasses) sont attribuées au père de famille. Les enfants et les femmes sont lésés.

Par ailleurs, il existe des interdits qui sont soit permanents, soit temporaires.

· Les interdits permanents sont le plus souvent d'origine religieuse ou totémique: le porc pour les musulmans, la chair de certains animaux (reptiles, singes, panthères, etc.) pour les autres;

· Les interdits temporaires touchent des groupes particuliers d'individus à un moment donné de leur vie (femmes enceintes, femmes allaitantes, enfants en bas âge, en particulier avant les cérémonies rituelles). Paradoxalement, ces interdits portent sur des aliments indispensables à ces groupes (viande, oeuf, poisson, etc.)

Il convient de remarquer que dans l'évolution récente des habitudes alimentaires en Guinée, le riz est devenu la céréale dominante dans les moeurs alimentaires des populations.

Autrefois, jusqu'aux premières années après l'indépendance du pays (1958), le régime alimentaire était fonction de la production de chacune des quatre régions naturelles: en Basse Guinée, l'aliment de la base était déjà le riz, le maïs, en Moyenne Guinée, c'était le fonio, le maïs, et le taro; en Haute Guinée, c'était le manioc et le mil, alors qu'en Guinée Forestière, c'était le manioc et le riz.

Le repas principal comprend deux bols de tailles différentes: le plus grand, constituant le plat de résistance est toujours fait de céréales (riz, maïs, fonio, mil ou sorgho, etc.) ou de féculents (manioc, igname, etc.). Le plus petit, qui vient accommoder le premier plat, est la sauce à base de protéines animales (viandes, poisson, etc.) ou végétales (niébé, arachides), de feuilles vertes (manioc, patate, etc.) et de légumes (aubergines, citrouilles), d'huile d'arachide, de palme, de palmiste ou de karité auxquelles sont ajoutés des condiments (piment, sel, soumbara).

Il ressort de ce qui précède que l'alimentation traditionnelle de l'adulte guinéen est plus ou moins équilibrée, mais que ce qui pose problème, c'est l'alimentation des groupes vulnérables: les jeunes enfants, les femmes enceintes et les femmes allaitantes, les populations pauvres ou déplacées. Ajoutons encore que les procédés de conservation, de transformation et de préparation des aliments ne permettent pas toujours de préserver leur qualité nutritive.

Des études menées dans différentes régions d?Afrique ont montré que la mauvaise qualité des aliments de suppléments expliquerait en grande partie les taux de malnutrition relativement élevés chez les enfants (Dackam, 1981 ; Akoto, 1993 ; UNICEF, 1998 ; Ngo Nsoa, 2001).

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