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Acteurs et interactions autour des ressources halieutiques du Parc National de la Salonga. Cas de l'exploitation de la rivière Luilaka en RDC

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par Billy Kambala Luadia Tshikengela
Université catholique de Louvain - Master complémentaire en développement environnement et sociétés 2009
  

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1.5. Développement local

Parler de développement local est un concept à plusieurs dimensions. Définir ce qu?il est constitue déjà une gageure, et on en trouve autant de définitions que d?ouvrages qui lui sont consacrés. Revenons à une des définitions classiques, donnée par Jean-Philippe Peemans : « Le développement local est un processus de mobilisation et utilisation des ressources d'un territoire, dans lequel la population de ce territoire définit à travers un cadre institutionnel approprié, son rapport à la nature et son mode de vie, perfectionne son organisation sociale (lien social), améliore son bien-être et construit son identité (campagnes et villes viables) >>125.

Le développement local, c?est aussi un secteur clé qu?il faudra prendre en compte dans cette recherche d?intégration en vue des objectifs de la conservation et de la gestion durable de la diversité biologique. C?est dans cette perspective qu?il convient notamment de circonscrire l?implication des communautés dans la gestion des forêts et des aires protégées. C?est ce qu?on appelle la « gestion communautaire >>.

123 MULIMA K.D. (2009), Programme National forêts et conservation en RDC: la Banque Mondiale accorde un don de 77 millions USD. La référence du 01/06/2009/Economie.

Voir http://www.digitalcongo.net/article 58478 pour plus de détail.

124 LUHUMU S. et KIYULU J. (2001) Intégration de la problématique de la biodiversité dans le secteur forestier de la RDC, in

l?Intégration de la biodiversité dans les programmes nationaux de planification forestière, atelier international tenu au siège du CIFOR, Bogor, Indonésie, du 13 au 16 Août 2001, p 17

125 PEEMANS J.-P., (2010), Cours d?Acteurs et Territoires en Master Complémentaire en Développement, environnement et Sociétés, 2009-2010, Institut de Développement, Université Catholique de Louvain.

Cependant, trois points nécessitent d?être clarifiés. Premièrement, d?un point de vue sémantique, il y a lieu de faire observer la confusion possible que véhicule ce terme << gestion communautaire >>. << Communautaire >> peut signifier << en commun >>, et dans ce sens il fait référence à un système de gouvernance où les responsabilités et les tâches sont reparties entre différents groupes d?acteurs. Par contre, il a aussi un sens plus « local » faisant référence à la << communauté >>, qui dans le vocable anglo-saxon peut aussi se traduire par << community >>. Pris dans ce cas, le terme gestion communautaire veut tout simplement dire << community-base management >>, faisant référence à un autre système de gouvernance, où cette fois les responsabilités et les tâches reviennent à une quelconque << communauté >>, limitant de facto le rôle des autres groupes d?acteurs126.

Nous inclinons pour l?utilisation du terme dans le premier sens, c'est-à-dire dans le sens d?une gestion « collaborative », impliquant les différents groupes d?acteurs (acteurs conventionnels de la conservation des ressources naturelles), mais aussi invitant d?autres acteurs (nouveaux acteurs: communautés riveraines, ONG locales, etc.) à s?impliquer dans cette gestion. Cette gestion collaborative, dans le jargon anglo-saxon est aussi appelé << co-management >> (<< co-gestion >> en français), par opposition au terme << community-based management >>.

Deuxième point, le concept de << gestion collaborative >> ou << co-gestion », c?est en fait un nouveau paradigme en termes de gouvernance des ressources naturelles et en particulier de gestion des AP. Ce type de gestion est en train d?être mis en place dans un nombre croissant de pays à travers le monde. L?approche « co-gestion >> a été, ces dernières années, très fortement soutenue par les bailleurs et les institutions en charge des programmes de conservation de la biodiversité.

Cette forte soutenance a poussé les chercheuses Aurélie Binot et Véronique Joris, à se poser la question de savoir << dans quelle mesure « cette participation » des populations au projet environnementaliste débouche-t-elle sur un réel partenariat? >>127.Encore faut-il observer attentivement pour se rendre compte de son impact sur la vie des communautés locales.

Enfin, l?on constate que les concepts de « communautés » et de « participation » ont été conçus par les acteurs dominants, comme des procédés par lesquels les organisations internationales de conservation parviennent à la réalisation de leurs objectifs déjà définis, bien avant la participation ou l?implication des communautés locales, ces dernières étant considérées comme une passerelle,

126 BENE C. et al. (2006), Op.cit. p.20

127 AURELIE BINOT. et VERONIQUE JOIRIS (2006), << Règles d?accès et de gestion des ressources pour les acteurs des périphéries d?aires protégées: foncier et conservation de la faune en Afrique subtropicale >>. Colloque international Les frontières de la question foncière-Atthe frontier of land issues, Montpellier.

pour accéder au contrôle de leurs ressources naturelles. Dans de telles conditions, l?on se demande si ce type de gestion conduit à une amélioration ou au contraire à une dégradation des conditions de vie des populations locales, et en quoi les politiques de conservation ont des répercussions sur le développement local ?

En effet, la présentation des projets de conservation ou d?exploitation durable des ressources naturelles laisse voir clairement que la notion de << populations locales >> à laquelle il est fait référence dans la rhétorique conservationniste, recouvre une conception stéréotypée; on retrouve cette vision institutionnelle idéalisée et limitée des << populations locales >>128.

Tel que l?a bien souligné Olivier de Sardan « ~une généralisation sélective et abusive s'opère, qui aboutit à une représentation biaisée de la paysannerie, formée d'images enchantées ou déformées de la réalité >>129. Cette vision masque une conception monolithique de la communauté, qui ne serait composée que de paysans ou d?exploitants « locaux », irrémédiablement sédentaires, dépourvus de salariés, fonctionnaires, marchants, etc., et qui n?entretiendrait pas de liens économiques, sociaux et politiciens avec « l?extérieur » et ses représentants à l?étranger,...

Sous couvert de participation et d?autonomie, les populations locales sont souvent en fait de simples exécutants. Dans la plupart de cas, les cadres qui fixent les responsabilités des commissions et modalités d?installation, sont apportés par les projets. Ces populations locales sont considérées par les agents de conservation comme si elles n?étaient que rurales, sans initiatives concrètes, pourtant elles maîtrisent les connaissances et les pratiques traditionnelles pour la conservation de la biodiversité et l?utilisation durable de ses éléments.

En plus, les paysans connaissent bien la ville. Depuis des années il y a relation entre ville et campagne. Ils ne sont jamais enfermés, il y a le réseau populaire qui articule les déplacements entre villes et campagnes, mais qui est invisible aux yeux des autres acteurs. Ils ont une élite, qu?il s?agisse au sein des villages ou à l?extérieur de ceux-ci, qui les a toujours mobilisés face aux opportunités, et manipulés en faveur ou en défaveur d?un projet.

Pour le cas de la population riveraine au PNS sous étude, l?on sait que celle-ci connaît d?énormes difficultés en ce qui concerne ses conditions de vie: importante marginalisation sociale et économique, pauvreté chronique très marquée, interdiction d?accéder à des ressources dont elle considère avoir été spoliée, de surcroit elle est enclavée et manque de tout.

128 AURELIE BINOT et VERONIQUE JOIRIS (2006). Op.cit. p.7

129OLIVIER DE SARDAN, J-P. (1995) Anthropologie et développement: Essai en Sociologie-anthropologie du changement social. Marseille: AFAD-Karthala, p.59-69

Dans ces conditions, comment parvenir à convaincre une telle population qu?il est de son intérêt d?investir dans la gestion du PNS et la conservation de ses ressources naturelles, en particulier halieutiques?

La gestion et la protection de la nature, ne dépend pas seulement de l?apport de financement des partenaires internationaux et/ ou des politiques coercitives de l?Etat mais aussi de facteurs socioculturels, économiques qui sont en étroite interaction. Elle n?est possible que si les politiques des organisations conservatrices de la nature rencontrent une réponse positive en termes de changement dans les comportements de la population locale face à l?exploitation des ressources naturelles. Cela nécessite donc à la fois une volonté politique et des mesures sociales de la part de l?Etat pour mettre en place un mode de gestion adapté, et au niveau de la population locale, un environnement social qui rendrait possible l?adoption de nouveaux comportements.

Ceci doit aboutir à la négociation d?un terrain d?entente et à une légitimation des intérêts et préoccupations locales, offrant aux acteurs locaux davantage de possibilités de manoeuvrer.130 Faute de politique non négociée en matière de gestion et protection des ressources naturelles, dans laquelle la population locale ne trouve pas son compte, cette dernière adopte d?autres comportements et procède à d?autres moyens pour faire face à cette gestion qu?elle juge injuste, coercitive et imposée.

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