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Acteurs et interactions autour des ressources halieutiques du Parc National de la Salonga. Cas de l'exploitation de la rivière Luilaka en RDC

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par Billy Kambala Luadia Tshikengela
Université catholique de Louvain - Master complémentaire en développement environnement et sociétés 2009
  

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1.6. Pratiques populaires

Ce concept est présenté dans un contexte purement africain, où les populations locales face à la crise de l?Etat se montrent capables, dans certains cas, d?inventer un ensemble de règles et de les rendre effectives dans le cadre d?un espace clairement identifié131.

Les pratiques populaires sont des stratégies et logiques des acteurs locaux, plus ou moins élaborées et liées à des contextes définis par l?histoire ancienne et récente, aux résultats de rapports de force, à la nature particulière de la crise de l?Etat132. Comme le déclarent Etienne Verhaegen et Patricia Vandamme, « Les pratiques populaires ne sont pas un phénomène nouveau. Elles existent depuis toujours et sont une réponse en permanente évolution aux sollicitations externes ou internes que

130 VIKANZA P. (2004) Op.cit. p.39

131 PIERRE-JOSEEPH LAURENT et JEAN-PHILIPPE PEEMANS (1998), Les Dimensions socio-économiques du Développement Local en Afrique au Sud du Sahara : Quelles stratégies pour quels acteurs? , Le bulletin de l?PAD, n° 15, Les dimensions sociales et économiques du développement local et la décentralisation en Afrique au Sud du Sahara, mis en ligne le 20 Décembre 2006. URL: http://apad.revues.org/document553.html, consulté le 8 juin 2010

132 CHARLIER S. et al. (2004) Gouvernance locale, économie sociale, pratiques populaires face à la globalisation, Presses Universitaires de Louvain, p.25

l'homme appréhende dans son quotidien. Elles peuvent etre le fait d'individus ou de groupes évoluant dans des espaces divers: la famille, le clan, la tribu, la commune, la ville, le village, etc. elles tentent de répondre à des préoccupations indissociablement économiques, culturelles, familiales ou claniques. » 133.

La grande caractéristique de ces pratiques, c?est la mise en place de régulations originales destinées à sécuriser les acteurs populaires concernés. Souvent derrière les pratiques populaires, on peut vivre deux réalités, à savoir : (i) la ruse des institutions qui détournent et instrumentalisent ces pratiques populaires en les fondant dans les objectifs définis par leurs propres projets; et (ii) la dynamique inverse où les pratiques populaires montent des mécanismes propres pour contourner et détourner le projet des institutions. Donc elles rusent et déjouent à la fois.

133 VERHAEGEN E. et PATRICIA VANDAMME, « Ruses institutionnelles et détournement des pratiques populaires», atelier 1, p55 in CHARLIER S. et al. (2004) Gouvernance locale, économie sociale, pratiques populaires face à la globalisation, Presses Universitaires de Louvain

Figure 4. Actions mises en oeuvre sur le terrain par opposition au niveau de la rhétorique conservationniste

Niveau conceptuel

Niveau de la pratique

Activités proposées aux populations

Niveau de la pratique locale

Développement durable

Gestion participative

Aménagement du territoire

Configuration étatique, para étatique de projet

Réalisations concrètes

Logiques et stratégies d'acteurs

Appropriation des réalisations concrètes

Lutte contre la pauvreté

Source: Inspiré de JOIRIS D. V. (rapport annuel n°3 GEFAC, 2006) 1.7. Conclusion partielle

A la fin de ce chapitre, sur le cadre théorique et conceptuel, il sied de démontrer l?essentiel des points abordés jusqu?ici.

La gestion foncière telle qu?elle est pratiquée par l?Etat congolais en milieu urbain est parfois en opposition avec une gestion foncière locale complexe. Cette situation paradoxale suscite souvent des conflits entre l?Etat congolais et les communautés autochtones quant à la propriété et donc à la cession des terres.

En général la gestion des espaces forestiers en RDC, dans et autour du PNS en particulier, est handicapée par la superposition de deux logiques foncières: il y a opposition entre régime légitime mais considéré comme illégal, le régime « coutumier » et un régime de droit moderne, instauré par l?Etat et toujours contesté par les populations autochtones.

Selon les autorités de l?Etat, « le sol et le sous-sol appartiennent à l?Etat » alors que pour les
villageois, la forêt leur appartient et ils déclarent très souvent: « la forêt est le passé de nos

ancêtres et l?avenir de nos enfants », étant donné que les forêts constituent pour ces populations locales un réservoir vital d?où elles tirent l?essentiel des éléments contribuant à leur subsistance, matériaux de construction et pharmacopée.

Dans le paysage Salonga-Lukenie-Sankuru, nous assistons à une gestion soumise au principe de la domanialité publique, qui postule que seul l?intérêt général de la protection de l?environnement soit privilégié. Dans cette perspective, aussi bien les normes que les institutions sont élaborées et mises en oeuvre par l?Etat, le régime de gestion étant étatique et excluant la participation des particuliers, cela au détriment des intérêts des populations locales.

Il y a lieu d?harmoniser les rapports entre les populations locales et les zones protégées afin d?éviter des conflits de gestion des terres et de mieux préserver la diversité biologique, notamment en organisant des activités de développement social et économique en faveur des populations vivant à la périphérie ou même à l?intérieur du parc et des zones protégées.

Dans une perspective de développement durable, l?enjeu est de maximiser durablement et équitablement non pas la biodiversité (variabilité), mais les services écosystémiques, tant planétaires (conservation des espèces, régulation du climat) que locaux, sans les confondre ni confondre les « bénéficiaires » et leurs attentes respectives. Donc, il s?agit ainsi de gérer la « biodiversité » au sens large, en tant que biosphère, mais non de la maximiser (car n?étant pas quantifiable) même strictement, de la protéger.

Il en est de même pour l?environnement, il n?est pas menacé de disparaître mais se transforme, dans des directions plus ou moins défavorables, et ce sont ces transformations qu?il nous faut maîtriser dans un esprit de développement durable: pour une satisfaction équitable des besoins du présent, sans compromettre les capacités de subvenir à ceux des générations futures.

Il faut souligner la nécessité d?allier l?exploitation des ressources biologiques au développement durable en mettant en place un programme cohérant de gestion susceptible de garantir la pérennité des ressources renouvelables mises en exploitation, et d?opérer un choix stratégique en ce qui concerne le développement local organisé sur la complémentarité et la solidarité des territoires ruraux et urbains.

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"Enrichissons-nous de nos différences mutuelles "   Paul Valery