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Les conflits liés à  la mise en pratique de la décentralisation territoriale en Côte d'Ivoire. Cas du district d'Abidjan

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par Togba Gagui ZOHORE
Université de Cocody- Abidjan - DEA en criminologie 2008
  

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III.1.2 - Ecrits sur le conflit

La forme la plus simple du conflit est celle qui place un acteur entre deux stimulations qui se contrarient ou s'équilibrent. Certains peuvent refuser de parler ici de conflits, puisqu'il n'existe qu'un seul acteur. Mais l'intérêt de ce cas est de permettre, dans les meilleures conditions, une analyse de conflit considéré comme comportement de l'acteur dans un champ de vecteurs. C'est Kurt Lewin [1948] qui introduit ce point de vue en faisant distinguer quatre types principaux de situations conflictuelles.

- Le type attraction-attraction est souvent représenté, par la situation de l'âne de Buridan, placé à égale distance entre deux bottes de paille, et qui se trouve incapable de choisir entre des stimulations supposées égales, mais agissant en sens opposé. Equilibre extrêmement instable, puisque le plus léger mouvement accroît une des forces d'attraction et diminue l'autre, ce qui engage un processus irréversible mettant fin au conflit.

- Le type attraction-répulsion est plus important et conduit à un conflit plus stable. Plus l'acteur s'approche du but qui l'attire, plus il est repoussé par une stimulation négative, par un coût de plus en plus grand de la tâche. L'enfant qui désire atteindre un objet interdit se trouve dans ce type de conflit et a le plus souvent un comportement de vacillation ou de fuite.

- Le type répulsion-répulsion exerce une pression encore plus forte sur l'acteur, qui doit accomplir une tâche désagréable sous peine d'être puni. Sa réponse est souvent de retrait ou d'explosion agressive, puisqu'il ne peut résoudre la situation conflictuelle où il se trouve.

- Le type attraction-répulsion est le plus complexe. L'acteur se trouve placé entre deux buts qui l'attirent et le repoussent également. L'attraction ou la répulsion peuvent ne pas se situer au même niveau de conscience. La théorie psychanalytique a insisté sur cette ambivalence de l'objet.

Kenneth Boulding [1962], lui, aborde la notion de champ conflictuel qu'il définit par les rapports entre plusieurs acteurs. Il part lui aussi de l'acteur, représenté comme une unité de comportement (individuelle ou collective, peu importe), cherchant à se placer dans la meilleure situation possible à l'intérieur de certaines frontières, qui limitent sa capacité de mouvement. Un individu, par exemple, peut vouloir aller étudier au Japon, mais ses ressources financières ne le lui permettent pas.

Deux acteurs définis de la même manière peuvent voir les champs de leur action possible se recouper. Si un point de cette zone de recouvrement ne peut être simultanément occupé par les deux, le conflit apparaît.

Toutefois, même en se limitant à un exposé succinct de la théorie de Boulding, on aperçoit l'intérêt et les limites de son entreprise, qui sont fortement marqués par ses soucis d'économiste. Il s'agit pour lui d'étudier davantage la concurrence que le conflit. Ce qui manque ici pour qu'il y ait un véritable conflit, c'est que les deux acteurs se réfèrent à un code d'action commun. Le champ de conflit ne peut être réduit à la rencontre d'intérêts ou d'attitudes définissant la conduite de chaque acteur. Même lorsqu'il s'agit de conflits inter-acteurs, la différence entre la concurrence et le conflit tient précisément à ce que dans le premier cas, le cadre de l'interaction est défini indépendamment de la relation des acteurs. Il correspond par exemple au marché dans lequel se rencontrent et s'affrontent des oligopoles. Dans le conflit, au contraire, l'interaction est telle qu'elle met en cause ce qui n'est plus un cadre social, mais un système de rapports sociaux.

Plusieurs autres auteurs ont traité des conflits organisationnels. Dans ce cadre, R. Dahrendorf [1957] a repris et étendu les remarques de M. Weber qui avait déjà insisté sur l'importance centrale du type d'organisation qu'il nommait Herrschaftsverband (association à organisation hiérarchique). Il n'hésite pas à appeler rapport de classe les rapports d'autorité, ceux qui unissent et opposent dirigeants et dirigés. Toute grande entreprise hiérarchique, qu'elle soit industrielle, commerciale, administrative, militaire, hospitalière, etc., tend à définir de manière de plus en plus stricte les relations d'autorité et les symboles de niveau social. L'activité de chacun est plus étroitement dépendante des instructions reçues du niveau hiérarchique supérieur. La différenciation des rôles, qui tend à atténuer certains conflits, s'accompagne dans les sociétés bureaucratisées du renforcement des organisations et des filières hiérarchiques, ce qui accroît l'importance des rapports d'autorité.

Ceux-ci sont assurément chargés de tensions, mais peut-on parler ici de conflits ? On le pourrait s'il s'agissait des rapports de pouvoir ; mais le cadre ou les chefs de service ne détiennent pas le pouvoir, ils n'ont qu'une délégation d'autorité. Leurs rapports avec leurs subordonnés sont définis de plus en plus strictement à l'intérieur de normes et de règles. Et ce qui nous intéresse chez Dahrendorf, c'est quand il affirme que plus l'autorité est impersonnelle, s'applique à des rôles et non à des personnes, moins elle entraine de conflits.

En substance, tous ces écrits mettent en relief le caractère immanquable du conflit dans la société et ses impacts sur l'acteur social. Et la politique de décentralisation, en tant que système qui met en interaction plusieurs acteurs, ne fait pas exception à cette constante sociologique. Ainsi, la mise en pratique de la décentralisation connait de nombreux conflits qui la minent. Dès lors, il importe pour nous d'analyser ces conflits. A la suite de ces différents écrits, nous nous inscrivons dans la perspective durkheimienne de la sociologie criminelle. Notre position théorique le mentionne plus clairement.

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