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Dynamique de la matière organique d'Acacia auriculaeformis (Cunn. A. ) ex Benth.(Mimosaceae). Et influence de la fertilisation organique et minérale dans les systèmes agroforestiers

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par Aballo Georges Agbahungba
Université de Cocody- Abidjan - Docteur de l'Université de Cocody- Abidjan 2007
  

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INTRODUCTION

INTRODUCTION

Au Bénin, le secteur agricole compte pour 34 p.c. du Produit Intérieur Brut (PIB), fournit 80 p.c. des exportations et emploie 54 p.c. de la population (Anonyme, 2000a). Le secteur est dominé par les petits paysans cultivateurs de vivriers et de coton. Les principales cultures vivrières sont les céréales, les racines et les tubercules alimentaires. Parmi les céréales, le maïs est le plus cultivé avec 30 p.c. des superficies totales emblavées et comptant pour 70 p.c. de toutes les céréales. En outre une autre caractéristique non moins importante pour le secteur est l'accès aux facteurs de production notamment à l'engrais.

Le Bénin, comme les autres pays en Afrique Sub-Saharienne, a initié des programmes de réforme des marchés des intrants de son agriculture, conséquence du programme d'ajustement structurel et de la dévaluation du franc CFA (FCFA). Les effets de la réforme du marché des intrants agricoles, engrais et pesticides, sont déterminants dans des décisions d'investissement et fournissent des informations en vu de l'introduction d'approches alternatives pour l'amélioration de la fertilité des sols et/ou de leur gestion. Ces effets affectent particulièrement l'utilisation des intrants agricoles par les petits paysans (Katary, 1999), voire même négativement la conservation et la gestion durable des ressources naturelles et notamment des ressources en sols pour l'agriculture. Il y a un besoin de développer des stratégies et technologies efficientes de gestion de la fertilité des sols pour les petits paysans. En plus, le prix de l'engrais influence le choix des cultures et celui des filières agricoles par les paysans.

Depuis 1992 près de 54 p.c. des producteurs trouvent que la culture du maïs : Zea mays L., est plus profitable, alors que pour 38 p.c. le coton est devenu plus profitable (Kormawa et al., 2003). Le maïs apparaît ainsi comme une spéculation alternative, pouvant suppléer la filière coton. Toutefois, le maïs : Zea mays L., est une plante qui affectionne particulièrement les sols riches en matière organique (Aman et Despatie, 1997). Malheureusement, le Sud-Bénin qui est la région traditionnelle de production du maïs au Bénin, connaît depuis plus de deux décennies quelques contraintes majeures au développement de cette culture. Il

faut ajouter que la disparition des temps de jachère a accéléré la dégradation des sols dans cette zone avec pour conséquence la perte de fertilité.

Houngnandan (2002), en rédigeant un synoptique sur un projet de restauration de la fertilité des sols au Sud et au Centre du Bénin, constate qu'à l'issue de cultures céréalières successives sur plus de trois décennies sans restitution organique et inorganique, des terres agricoles sont fragilisées avec une chute drastique de la teneur en matière organique du sol (<1 p.c.).

Cette dégradation des sols, avec ses corollaires de baisse de fertilité et de faibles rendements agricoles, constitue alors de nos jours une préoccupation majeure au Bénin et a même donné naissance à un programme national appelé "Initiative de la Fertilité des Sols" en liaison avec un réseau régional de même nom (Anonyme, 2002a). Ce phénomène se trouve amplifié sans cesse par la pression démographique et la quasi-disparition de la jachère naturelle ou friche dans les pratiques culturales, notamment dans le Sud-Bénin. Par ailleurs, l'ampleur de la dégradation des sols observée est fonction des types de sols.

Les principaux sols représentés au Bénin sont, suivant la classification française, les sols ferrallitiques, les sols ferrugineux tropicaux, les sols minéraux bruts et les vertisols. Les deux premiers types de sol, les plus importants s'étendent surtout dans les zones de production du palmier à huile et du cotonnier et représentent 89 p.c. de la superficie totale du pays (Anonyme, 1977). Leur caractéristique principale est qu'ils sont pour la plupart très appauvris. L'humus stable est la fraction colloïdale de la matière organique du sol. L'humus forme avec l'argile le complexe argilo-humique. La matière organique constitue la base de la fertilité de ces sols qui sont des sols à oxyhydroxydes de fer et d'aluminium (Sanchez et Miller, 1986 ; Greenland et al., 1992 ; Feller, 1994;). Pieri(1989), dans une étude approfondie de la fertilité des terres de savanes de l'Ouest-Africain, a tenté de circonscrire l'action fondamentale de la matière organique par trois de ses rôles :


· elle favorise le développement racinaire des cultures et stimule l'activité biologique ;


· elle est l'agent principal de stabilisation de la structure des sols pauvres en argile ;


· elle influence directement la nutrition des plantes et les propriétés physicochimiques des sols (capacité d'échange, acidité, ...) par sa minéralisation et son importance dans la dynamique de l'azote.

On comprend qu'à défaut d'argile à capacité d'échange élevée, la teneur en matière organique de ces sols constitue un élément très important, voire un facteur limitant de la production végétale à cause de son rôle dans les propriétés physiques, chimiques et biologiques des sols. Mais la qualité de cette matière organique ne dépend-elle pas de la source de cette matière organique ? Houngnandan (2002) fait le constat que le potentiel symbiotique des légumineuses arbustives et herbacées expérimentées au Bénin n'a pas encore été suffisamment exploré.

La plupart des recours à un amendement organique, voire une fertilisation biologique, s'appuient de nos jours surtout sur des légumineuses dont la qualité est principalement liée à leur efficacité dans la fixation biologique de l'azote atmosphérique. Cependant, la plupart des programmes de criblage des arbres à buts multiples pour l'agroforesterie, notamment la culture en couloirs, visaient surtout la production de biomasse d'émondes en quantité pour le paillis. En effet, certaines légumineuses ligneuses ne fixant pas l'azote atmosphérique ont été pendant longtemps utilisées dans les programmes d'agroforesterie : C'est le cas de certaines Caesalpinioïdeae comme Senna siamea (Lam.) Irwin et Barneby et Senna spectabilis, arbres de référence utilisés dans le programme « Alley Farming Network for Tropical Africa (AFNETA) ». Des opinions contrastées sont encore entretenues sur le bénéfice de ces légumineuses sans nodules dans les systèmes de cultures en couloirs. Des travaux de Aïhou et al. (1999) et Tossah et al. (1999) qui constatèrent que S. siamea a accumulé plus d'azote que Leucaena leucocephala et Gliricidia sepium sur des sols pauvres au Bénin et au Togo alimentent encore ces débats au sein des chercheurs agroforestiers. Par ailleurs, certaines espèces nodulent facilement avec des souches locales de rhizobium mais d'autres plus exigeantes nodulent difficilement dans de telles conditions avec les souches indigènes de rhizobium comme c'est le cas pour Leucaena leucocephala

Lam de Wit (Ojo, 2001). Quelques facteurs stationnels sont des contraintes à la fonction de fixation de l'azote atmosphérique comme la concentration des sols en azote minéral, en phosphore (Giller, 2001).

De même, avec la pression démographique dans le Sud-Bénin (300-350 hbts/km2) et la quasi-disparition de la jachère naturelle dans cette région (Agbahungba, 1984), cette contrainte liée à la situation critique de la matière organique du sol devient plus sévère, voire exacerbée, avec pour conséquences des chutes de rendements en maïs grain dans les zones dégradées qui dépassent parfois l'entendement, comme c'est le cas à Niaouli, Zouzouvou et Églimè (Houngnandan, 2000). En effet, les rendements sont passés de 4,9 t.ha-1 à 0,6 t.ha1 et de 6,4 t.ha-1 à 0,2 t.ha-1 respectivement en 1996 et 1997 à Zouzouvou et de 3,1 t.ha-1 à 0,4 t.ha-1 respectivement en 1996 et 1997 à Églimè. L'importance et la pertinence du problème expliquent alors pourquoi depuis les années 1980, plusieurs travaux de recherche ont été réalisés sur la matière organique de ces sols (Djegui, 1992 ; Azontonde, 1994 ; Assogba-Komlan, 1996 ; Houngnandan, 2000). Ces travaux se sont focalisés sur l'amélioration du potentiel de production des sols en agissant sur le stock organique par l'utilisation des légumineuses herbacées comme certaines plantes de couverture et surtout Mucuna pruriens. Il n'est fait cas seulement des arbres fixateurs d'azote et arbres à buts multiples, que pour la simple production d'émondes pour les cultures en couloirs. Cependant, pour suppléer la jachère traditionnelle de longue durée ou friche en voie de disparition, l'expérience de la friche plantée communément appelée jachère plantée au Bénin a démarré en 1980 à la station forestière de Pahou (Agbahungba, 1984) avec, entre autres espèces ligneuses en criblage, Acacia auriculaeformis (Cunn. A.) ex Benth.. L'espèce développe une biomasse très importante (Dah-Dovonon et Tandjiekpon, 1994 ; Moumouni et Simon, 1999). Elle est présentée même dans certains systèmes agroforestiers de la sous-région, notamment en Côte-d'Ivoire comme une alternative à l'utilisation de l'engrais azoté d'origine minérale (Zakra, 1997).

L'utilisation de l'espèce en jachère plantée a fait ses preuves (Agbahungba, 1984 ; Brouwers et al., 1994) au point où sa vulgarisation dans les systèmes agroforestiers (culture en couloirs, jachères, contour des champs, culture en bandes, « choc-Acacia » pour les sols "comateux") semble devancer de loin la

maîtrise scientifique des différentes technologies dont elle est actuellement le support (Floquet et al., 1996). Par ailleurs, la matière organique est l'élément essentiel au coeur des diverses technologies agroforestières dont la maîtrise est requise.

Globalement, pour accroître le stock organique des sols et restaurer leur fertilité, divers paquets technologiques sont vulgarisés dans le Sud-Bénin à travers des systèmes de cultures (cropping system), notamment :

· les systèmes à base d'Acacia auriculaeformis ;

· les systèmes à base de Cajanus cajan ;

· les systèmes à base de Mucuna pruriens ;

· les systèmes à base de Gliricidia sepium.

Yamoah et al. (1986) à Ibadan (Nigeria), montrèrent que Gliricidia sepium assure une production périodique soutenue d'émondes avec des quantités conséquentes de teneur en azote comparé à Senna siamea qui n'apporte d'azote que pour une seule coupe. Ceci indique par conséquent que Senna siamea n'est pas adaptée au régime d'émondage des systèmes de culture en couloirs, alors que l'émondage et les cultures en couloirs vont de pair. Les espèces utilisées et performantes pour les cultures en couloirs sont surtout celles supportant l'émondage.

En ce qui concerne les systèmes à base de Cajanus cajan, ce sont des systèmes très anciens sur le plateau Adja au Bénin et qui ont donné le nom à l'une des communes de la zone : Klouékanmè, <dans les pois cajans>. Cajanus cajan y est semé en même temps que le maïs à une forte densité, 31.626 plants à l'hectare. L'effet résiduel du Cajanus cajan sur le maïs peut-être estimé à plus de 41 kg.ha-1 d'apport en azote. Cet apport peut être plus important et atteindre 200 kg.ha-1 (Kumar et al., 1987). L'apport le plus élevé d'azote est obtenu après 40 semaines de végétation. Cajanus cajan a aussi accès aux formes de phosphore normalement dans les sols pauvres.

Des exsudats racinaires de cet arbuste contiennent un acide organique, l'acide piscidique qui a l'habilité spécifique de solubiliser des phosphates de fer (Ae et al., 1990). Un autre mécanisme est celui qui accroît la possibilité d'explorer

un volume important de sol, à travers le développement d'un système racinaire fin et abondant et son infection par les mycorrhizes (Rao et al., 1999). Des expériences ont été faites à Zouzouvou, Églimè et Tchi respectivement dans les Départements du Mono et du Couffo dans les régions naturelles des plateaux de terre de barre (sols ferrallitiques), des savanes humides sur sols ferrugineux et des vertisols par le Projet de Recherche Appliquée en Milieu Réel (RAMR) (Versteeg et al., 1998 ; Houngnandan, 2000 et Azontonde, 2000).

Pour les systèmes à base d'Acacia auriculaeformis, il s'agit de systèmes de culture où Acacia auriculaeformis est la source de matière organique du sol et surtout une source d'apport en azote et d'autres nutriments pour la plante cultivée. A. auriculaeformis est un arbre fixateur d'azote et, à ce titre, a été vite introduit dans des travaux de régénération des sols. En 1982, l'espèce est introduite au Bénin et sa vulgarisation a démarré en 1985 par le projet de reboisement du gouvernement PBF (Projet Bois de Feu) au Sud-Bénin.

Des expériences de choc-acacia, de jachère ou friche plantée avec épandage des émondes ont été réalisées surtout à Zouzouvou et Églimè (Koudokpon, 1992). Toutefois, malgré un potentiel remarquable de production de biomasse, les différents systèmes à base d'Acacia auriculaeformis n'ont toujours pas permis d'atteindre les résultats attendus. L'efficacité de la fixation biologique de l'azote atmosphérique par la légumineuse A. auriculaeformis n'est pas toujours évidente d'une localité à une autre. Il est aussi reproché à Acacia auriculaeformis une décomposition lente (Gaiser et al., 1997). Les programmes d'économie forestière conduits au Bénin jusqu'ici, ainsi que les criblages d'arbres à buts multiples pour l'agroforesterie (production d'émondes et de bois) se sont heurtés au fait que Acacia auriculaeformis ne rejette pas de souche (Anonyme, 1995a) et, par conséquent se prête mal aux émondages successifs. Ce défaut de rejet de souches est une contrainte majeure au renouvellement facilité des plantations en fin de rotation par simple traitement en taillis ou régénération naturelle végétative. Ce qui aurait le mérite de limiter les coûts de renouvellement des plantations et accroître la rentabilité de l'entreprise de production de bois de feu. Par ailleurs, si les émondes ont surtout fait l'objet de travaux aussi bien par la recherche en station que par la recherche-développement, peu de travaux ont

porté sur la litière d'Acacia auriculaeformis bien qu'elle offre beaucoup de potentialités (Agbahungba, 1999) et soit disponible à profusion dans le SudBénin, avec le développement des plantations villageoises. En effet, Acacia auriculaeformis occupe aujourd'hui une place de choix dans l'espace rural au Bénin. Plus de 100 000 ha de cette espèce, sont déjà plantés. Un projet de reboisement initié par le Gouvernement du Bénin, le « Projet Plantation de Bois de Feu (PBF) dans le Sud-Bénin », pour des raisons de bonne production de biomasse et de qualité d'arbre à buts multiples, a choisi l'espèce pour la restauration des sols et la production de bois sur les stations forestières de Sèmè, Pahou, Ouèdo et Toffo et dans l'ensemble des Départements du SudBénin pour les aspects de plantations rurales.

La présente étude vient à propos pour contribuer à la connaissance de la dynamique de la matière organique d'Acacia auriculaeformis.

L'objectif global est de relever la fertilité des sols appauvris dans le SudBénin en utilisant la litière produite par les plantations d'Acacia auriculaeformis dans une combinaison de l'engrais organique (litières et/ou émondes) et l'engrais minéral pour la culture du maïs.

Il s'agit spécifiquement :

· de déterminer la dynamique de la matière organique d'Acacia auriculaeformis sur trois stations forestières (de Pahou, Sèmè et Ouèdo) au Sud-Bénin ;

· de caractériser la biomasse d'Acacia auriculaeformis sur ces différents sites d'étude ;

· de procéder à une évaluation des capacités symbiotiques d'Acacia auriculaeformis sous trois pédoclimats (station forestière sur sable jaune du cordon ancien du littoral, sable grossier du cordon récent du littoral et sol ferrallitique dégradé) du Sud-Bénin ;

· de tester les techniques d'exploitation (enfouissement et fumure minérale) pouvant accroître la vitesse de décomposition de la matière organique dans le système Acacia auriculaeformis-maïs ;


· d'évaluer les pratiques paysannes de gestion de la biomasse d'Acacia

auriculaeformis et leur impact sur la régénération naturelle de l'espèce.

Les hypothèses de travail pour vérifier les objectifs spécifiques sont nombreuses.

Hypothèse 1 : La litière produite par les plantations d'Acacia auriculaeformis

sur les sols appauvris au Sud-Bénin relève leur stock organique.

Hypothèse 2 : La capacité symbiotique d'A. auriculaeformis diffère d'une

station forestière à une autre.

Hypothèse 3 : Le système agroforestier A. auriculaeformis - Maïs dépend

de la technologie de gestion de la biomasse (litière - émondes) mise en oeuvre.

Hypothèse 4 : L'apport complémentaire de l'urée au système agroforestier

A. auriculaeformis - Maïs accroît le rendement en maïs grain du système.

Hypothèse 5 : Les pratiques paysannes de gestion (brûlis) de la biomasse

d'A. auriculaeformis favorisent la régénération naturelle de l'espèce par leurs effets sur le potentiel séminal édaphique.

Le document est organisé en trois grandes parties :

· la première partie, axée sur la revue de littérature et le cadre de l'étude, comporte deux chapitres ;

· la deuxième partie, consacrée au matériel et aux méthodes, est divisée en deux chapitres ;

· la troisième partie, réservée aux résultats et discussion, est subdivisée en six chapitres.

Le document dans sa dernière partie est surtout marqué par la conclusion et les suggestions qui font état des limites et des faiblesses de l'étude et suggèrent d'autres axes de recherche permettant d'étendre ou d'obtenir de meilleurs résultats et des applications intéressantes.

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"En amour, en art, en politique, il faut nous arranger pour que notre légèreté pèse lourd dans la balance."   Sacha Guitry