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L'apport de « Héritiers de la Justice » à  l'émergence d'une culture juridique et de paix au Sud- Kivu en RDC

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par Isaac Kitoka Moke Mutondo
Université protestante d'Afrique Centrale (Cameroun ) - Diplôme d'études approfondies en théologie option éthique politique 2006
  

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Chap. IV. APPROCHE GLOGALE ET GLOBALISANTE DE LA SOCIALISATION JURIDIQUE

Ce chapitre développe l'accès aux lois comme un droit constitutionnel en RD Congo, la nécessité du rôle joué par l'Eglise dans la socialisation juridique en RD Congo et propose la manière dont HJ pourra capitaliser les différents milieux de socialisation dans le processus d'information et de formation des citoyens au droit au Su-Kivu.

II.4.1. L'accès aux lois comme droit constitutionnel en R. D. Congo

L'article 12 de la Constitution121 de la RD Congo dispose que tous les congolais sont égaux devant la loi et ont droit à une égale protection. Cette égalité démocratique a une vertu pédagogique, pivot des valeurs républicaines et fondement de la légalité et du respect du droit qui ne peut être garantie aux citoyens que par la mise sur pied de dispositions officielles assurant l'accès de tous les congolais aux lois. Elle est la condition préalable d'une éthique fonctionnelle qui préfigure l'Etat de droit et constitue la seule base d'un développement durable et juridiquement garanti tant attendu par la population. Le contenu du deuxième paragraphe de l'article 62 de la Constitution qui dispose que toute personne est tenue de respecter la Constitution et de se conformer aux lois de la République sous- entend l'obligation qu'a chaque Congolais de se comporter conformément aux lois du pays. Et pourtant, le droit ne commande l'action de l'homme qu'après avoir été reçu matériellement et psychologiquement par celui à qui il s'adresse ; conçu et bien un accès réel à tout ce qui est objectivement présenté comme étant le droit.

C'est pourquoi, comme nous l'avons constaté chez les juifs, l'Etat de droit et de paix ne peut survivre que par la socialisation juridique des citoyens dans le cadre des valeurs et règles propres à assurer son fonctionnement. L'accès aux lois constitue de ce fait une donnée essentielle dans la réalisation de l'Etat de droit, non seulement dans la déclaration des textes de principes, mais aussi dans la réalité concrète. Car, toute culture juridique passe par les conditions de socialisation juridique et par les modalités de civilité au quotidien dans les modes de régulation.

121 Il s'agit de la Constitution régissant la troisième République promulguée et le 16 février 2006

C'est dans ce sens que le sixième paragraphe de l'article 45 de la Constitution dispose:

Les pouvoirs publics ont le devoir d'assurer la diffusion et l'enseignement de la Constitution, de la Déclaration universelle des droits de l'homme, de la Charte africaine des droits de l'homme et des peuples, ainsi que de toutes les conventions régionales et internationales relatives aux droits de l'homme et au droit international humanitaire dûment ratifiées.

Ce devoir de l'Etat congolais vis-à-vis de la population sous entend que l'accès aux lois du pays est un droit de chaque Congolais et suppose la réduction de l'ignorance de la loi par les citoyens ; l'accès aux lois dans le sens de la connaissance effective des normes et règles qui régissent l'ensemble du corps social ; l'accès aux lois comme la possibilité matérielle pour tout Congolais de faire valoir ses droits par les procédures prévues par la loi.

Les dispositions prévoyant explicitement l'accès aux lois sont nombreuses dans la Constitution de la RD Congo. Au lieu d'en faire une liste exhaustive, nous essayerons d'en faire un survol. La revendication de ses droits par la population suppose l'accomplissement préalable d'une mesure officielle d'information suivant la nature de la règle : publication, notification ou affichage constituent la formule la plus répandu d'informer les citoyens sur les lois les régissant. La publication des lois au journal officiel est l'un des moyens prévus par la Constitution dans son article 141; mais l'insuffisance de la pratique du journal officiel dans la publication et la diffusion des lois en RD Congo a conduit à l'ignorance quasi-totale des lois du pays par les citoyens. En ce début de la troisième République, l'Etat devrait respecter les clauses de l'article 45 qui lui demandent d'intégrer les droits de la population à la connaissance de la loi au programme d'alphabétisation et d'enseignement aux différents cycles scolaires et universitaires et dans tous les programmes de formation des forces armées, des forces de sécurité publique et assimilés. Il devrait également l'assurer dans les quatre langues nationales, par tous les moyens de communication de masse, en particulier par la radiodiffusion et la télévision, la diffusion et l'enseignement des lois.

régissent : Non seulement elles affirment l'obligation du pouvoir public à pourvoir et à faciliter l'accès aux lois, mais encore, elles en prévoient les moyens. On comprend dès lors que le principe « nul n'est sensé ignorer la loi » de l'article 141 puisse être contesté en RD Congo en l'absence d'une véritable politique de publication et de diffusion des règles juridiques. La pratique du Journal Officiel est très limitée dans ce pays et circonscrit l'accès aux textes juridiques aux seules chefs lieux des provinces si ce n'est qu'à Kinshasa, et encore qu'il faut avoir le moyen de se le procurer.

Les clauses du septième paragraphe de l'article 45 revêtent un intérêt particulier étant donné qu'elles prévoient que l'Etat a l'obligation d'intégrer les droits de la personne humaine dans tous les programmes de formation des forces armées, de la police et des services de sécurité. Ces dispositions sont pertinentes dans le contexte de la RD Congo étant donné que ce sont les militaires, les policiers et les agents de sécurité qui ont battu le record en violation des DH de la deuxième République à ce jour en passant par la période de transition allant de 1990 à 2006. Et pourtant, en sa section XII, la loi n° 04/023 du 21 novembre 20 04122 portant organisation générale de la défense et des forces armées pendant la transition, prévoyait la création d'un service d'éducation civique et patriotique des forces armées. Et qu'en son article 115, la même loi précise que le rôle de la justice militaire est de faire respecter la loi et de renforcer le maintien de l'ordre public et de la discipline au sein des Forces Armées.

Le contenu de l'article 45 de la Constitution de la troisième République, ainsi que des articles de la loi ci - haut citée, montrent également la nécessité de procéder à la socialisation juridique des militaires, policiers et des agents de sécurité en RD Congo.

Par ailleurs, le préambule de la Constitution présente la volonté du peuple congolais à bâtir, au coeur de l'Afrique, un Etat de droit et une nation puissante et prospère fondés sur une véritable démocratie politique, économique, sociale et culturelle; bien que ce préambule réaffirme l'adhésion et l'attachement du peuple congolais à la Déclaration Universelle des Droits de l'Homme, à la Charte Africaine des Droits de l'Homme et des Peuples, aux Conventions des Nations Unies sur les Droits de l'Enfant et sur les Droits de la femme ; même si les lois de la RD Congo

122 CEDAC, Loi n°04/023 du 12 novembre 2004 portant organisation générale de la défense et des forces armées, éd. du CEDAC, Bukavu, mars 2005, pp. 59 et 53

étaient bonnes et présentaient des garanties suffisantes pour les citoyens, le fait qu'elles soient ignorées des citoyens restreint leur application et ne permet pas à ces derniers de les revendiquer ou de les défendre123. La stabilité politique et la construction de la paix en RD Congo ont besoin du droit. Or, seule la connaissance de ce droit peut en être le moteur. Mettre à la disposition des Congolais tout l'arsenal normatif (Constitution, Traités, lois, décrets, conventions internationales ratifiées par le pays) qui gouverne leurs activités et toutes les formes de rapports qu'ils entretiennent avec l'Etat, les collectivités et entre eux est un moyen indispensable pour l'émergence d'une culture juridique et de paix devant conduire à la stabilité politique et au développent tant attendu par tous.

L'accès aux lois sous entend à la fois une adaptation des moyens d'information et de publication des différentes lois et une diversification des acteurs pouvant contribuer à la socialisation juridique.

En République Démocratique du Congo, la présence des ONGDH (notamment celles appartenant aux églises) depuis la démocratisation du pays en 1990, a joué un rôle important dans ce domaine, surtout au Sud - Kivu où ces structures non gouvernementales se sont investies, non seulement dans les questions du développent local et des droits de l'homme, mais aussi dans la socialisation juridique; car, la « démission de l'Etat » dans ces domaines depuis la deuxième République montre bien l'abandon de la population à son propre sort.

La seule pratique de moyens classiques, et d'ailleurs insuffisante, de publication des lois (publication au Journal Officiel, notification ou affichage) est incapable d'atteindre le but dans un pays aussi continental que la RD Congo. L'expérience de la diffusion de la Constitution et de la loi électorale par la Commission électorale indépendante, a montré que le but de faire accéder tous les citoyens aux lois est loin d'être atteint ; soit à cause de l'ignorance, par la population, de l'importance de connaître les lois ; soit à cause des moyens financiers insuffisants, nous croyons surtout à la cause essentielle de l'analphabétisme de la population.

Le dispositif de l'article 45 de la Constitution propose des voies plus adaptées au
contexte de la RD Congo. : l'usage des médias, la vulgarisation des lois
fondamentales par l'enseignement aux niveaux primaire, secondaire et universitaire,

123 L'exemple de la deuxième République est très significatif sur ce point : Les forces de l'ordre traînaient arbitrairement la population en prison sous prétexte des manquements graves aux idéaux du parti qui étaient totalement ignorés par celle-ci.

puis des programmes de formation adaptés à certains corps de l'administration, la conception de la formation des fonctionnaires dans le contexte des mutations politiques et institutionnelles en cours dans le pays. Pour que cette socialisation juridique soit globalisante, l'article 142 de la Constitution demande au Gouvernement d'en assurer la diffusion en français et dans chacune des quatre langues nationales dans les délais de soixante jours à partir de la date de promulgation de la loi. Cet article soulève la question, non seulement de l'accès de tous à la loi, mais aussi de l'importance à y attacher pour mettre la population au courant de la loi le plutôt possible. C'est pourquoi, conscient du taux exorbitant de l'analphabétisme dans le pays, l'article 44 de la Constitution fait de l'éradication de l'analphabétisme un devoir national pour la réalisation duquel le Gouvernement doit élaborer un programme spécifique.

La « défaillance de l'Etat » congolais constatée depuis la Deuxième République, dans plus d'une de ses missions, dont celle de socialisation juridique ; le souci de stabiliser les institutions issues des élections de 2006, ne permet pas d'imaginer pour demain une structure étatique spécifiquement conçue et adaptée à la socialisation juridique des citoyens en République Démocratique du Congo. Ce qui rend encore plus nécessaire l'implication de l'Eglise, à travers ses ONGDH, dans le processus de socialisation juridique dans ce pays.

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