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Fécondité des adolescentes en RDC: recherche des facteurs explicatifs

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par Frédéric POUMBOU
Université de Yaoundé II - Cameroun - Diplôme d'études supérieures spécialisées en démographie 2008
  

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II.1.2.6. Les facteurs comportementaux (ou les déterminants immédiats)

Les comportements sont très largement structurés par un ensemble de facteurs relatifs au statut de l'adolescente, statut résultant de ses caractéristiques socio-démographiques, socio-économiques et culturelles. Ainsi selon les auteurs de l'approche comportementale, les facteurs comportementaux constituent des facteurs qui agissent directement sur le risque de procréer ; il s'agit, en effet, des éléments qui dépendent essentiellement de certains comportements de l'individu qui réalise le risque.

a) Age aux premiers rapports sexuels

Les mutations socioculturelles en cours dans la plupart des sociétés africaines entraînent des changements significatifs dans les jeunes générations. Le mariage n'est plus le cadre exclusif de l'activité sexuelle ; les adolescentes entament leur sexualité avant même de projeter sur une union quelconque, et le plus souvent sans prendre des précautions nécessaires qui permettent d'éviter les grossesses non désirées ou une maternité précoce. L'entrée en vie sexuelle constitue de ce fait un facteur d'exposition au risque de maternité précoce et, plus tôt serait cette entrée plus longue serait donc le temps d'exposition ce qui signifie que, les filles qui entament précocement leur activité sexuelle seront plus exposées au risque de maternité précoce que celles qui l'entament avec un certain retard.

En effet, de nombreuses études ont montré que le début des rapports sexuels est un facteur important des risques qu'encourent les adolescentes quant aux grossesses/naissances non désirées et/ou précoces et aux infections sexuellement transmissibles comme le VIH/Sida (Calvès, 1996 ; Kuate-Deffo, 1998 ; UNFPA, 2005b). Il est évident qu'une fille ayant débuté sa vie sexuelle à 15 ans court plus de risque de tomber enceinte et est plus exposée aux IST durant sa vie reproductive que celle ayant eu ses premiers rapports sexuels à 20 ans. De même lorsque l'activité sexuelle est précoce, il y a de fortes chances que les rapports sexuels soient non-protégés et de surcroît avec de multiples partenaires et, en l'absence d'une utilisation adéquate des méthodes contraceptives telle que fréquemment observée en Afrique subsaharienne cela augmenterait la probabilité d'une maternité précoce.

Dans une étude comparative de l'UNFPA (2005b), il s'est avéré qu'en Afrique centrale l'importante activité sexuelle au sein des adolescentes va de pair avec une contribution élevée à l'ISF ; et c'est au Gabon où sept adolescentes sur dix ont déjà des rapports sexuels qu'on note la contribution la plus élevée. Le calendrier d'activité sexuelle est donc susceptible d'influencer sur celui de la maternité. Selon Kuate-Defo (1998) les jeunes filles précocement sexuelles ont un risque plus élevé de connaître leur première naissance avant la fin de leur adolescence ; le calendrier des rapports sexuels est considéré dans la plupart des études sur la fécondité des adolescentes comme le second facteur explicatif de ce phénomène. Dans le contexte de la RDC, Kibali et al.(2004) parviennent à la conclusion selon laquelle  « l'âge aux premiers rapports sexuels détermine le comportement sexuel à risque ».

b) Age au premier mariage ou à la première union

En Afrique, la coexistence entre les systèmes légaux des tribunaux officiels avec les systèmes coutumiers et traditionnels des institutions locales ou de la famille, fait que les législations sur le mariage ne sont pas toujours respectées. Et la plupart du temps, le système légal cède la place au système coutumier pour les questions liées à la famille. De ce fait, les mariages arrangés restent courants dans la plupart des sociétés africaines. Et, si dans certaines sociétés, les intéressés peuvent accepter ou de refuser l'arrangement une fois qu'ils se sont rencontrés, dans d'autres les arrangements familiaux sont définitifs, en particulier lorsque le mariage a déjà eu lieu. Dans la plupart des sociétés d'Afrique subsaharienne, le mariage est le cadre idéal de la procréation ; on se marie avant tout pour faire des enfants. Dans les cultures où les jeunes mariés sont censés fonder une famille immédiatement, une naissance qui ne se fait pas attendre ne peut qu'affermir le mariage ; et d'une manière ou d'une autre, de fortes pressions s'exercent sur les jeunes couples mariés pour les amener à avoir des enfants le plus tôt possible.

Toutefois de nos jours, on rencontre de plus en plus des situations où la fécondité intervient hors union ou dans le cadre des unions consensuelles ; ceci est d'autant plus fréquent en milieu urbain où le premier mariage est de plus en plus tardif et le célibat féminin en augmentation. Pour Kuate-Defo (1998), « dans les sociétés où le coït est encore rare hors mariage, l'âge à la formation des unions constitue un important déterminant de la fécondité adolescente ». Mais pour Antoine et Nanitélamio (1990), « le comportement matrimonial est fortement touché par les mutations en cours. Dans de nombreux pays africains le mariage reste en général précoce pour les jeunes filles, mais on assiste cependant à un recul de l'âge au premier mariage dans les grandes agglomérations, et la période du célibat tend donc à se prolonger. » Ainsi, Delaunay (1994 et 2001) dans l'analyse de la fécondité à Niakhar (Sénégal) conclut de la manière suivante : « On observe, en effet, un recul de l'âge d'entrée en premier mariage et un allongement du premier intervalle entre les naissances qui d'ores et déjà se traduisent par un recul de calendrier de la fécondité dans les générations récentes ».

Enfin, même si diverses situations peuvent être observées quant à l'entrée en union et à la prévalence du mariage dans un pays, la plupart des femmes (y compris les adolescentes) font leurs enfants lorsqu'elles sont union ; il est ainsi évident que l'âge au premier mariage peut expliquer les variations de la fécondité au sein d'un pays. Pour les adolescentes, ce constat est vrai qu'elles utilisent moins couramment la contraception que les autres femmes.

c) Pratique contraceptive

La contraception est l'ensemble de méthodes visant à éviter, de façon réversible et temporaire, les grossesses. Ces méthodes entraînent un régime de fécondité caractérisé par la procréation retardée et restreinte, c'est-à-dire à une fécondité contrôlée : les couples ou les femmes prévoient le nombre des naissances et le moment de la procréation. Les méthodes contraceptives se répartissent en deux groupes : les méthodes traditionnelles (coït interrompu, l'abstinence périodique, etc.) et les méthodes modernes (pilule, préservatif masculin, stérilet, etc.) ; les premières sont moins efficaces que les secondes. Et l'utilisation de ces dernières réduit considérablement le risque naturel pour une femme d'être enceinte. Ceci implique que, les adolescentes qui utilisent les méthodes contraceptives modernes soient moins exposées au risque de maternité précoce que celles qui n'utilisent que les méthodes traditionnelles ou celles qui n'utilisent aucune méthode.

La connaissance et l'utilisation de la contraception sont des facteurs importants de régulation de la fécondité en général, et celle des adolescentes en particulier. En fait, l'activité sexuelle expose les adolescentes aux risques de grossesses/naissances précoces ou non désirées, surtout dans un contexte de sous-utilisation des méthodes contraceptives. Tandis que, dans les sociétés modernes, cette exposition est largement influencée par le niveau d'utilisation et d'efficacité de la contraception (Kuate-Defo, 1998). Dans une étude effectuée à Dakar, BA et al. (1999) montrent qu' « il existait un écart important entre la connaissance des méthodes et la pratique contraceptive. Dans l'ensemble, 17 % des adolescentes connaissaient une méthode contraceptive. Seulement, 2,1 % des adolescentes avaient pratiqué une méthode contraceptive avant la grossesse et l'oubli de la contraception avait été responsable de la grossesse dans 1,4 % des cas. ».

Sur la base de cette revue de littérature, nous avons émis plusieurs hypothèses et élaboré un schéma conceptuel et ces deux éléments seront discutés dans la section suivante

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